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Critique de sandrine57


En 1962, à Jackson, Mississippi, il est de bon ton d'avoir, à domicile, une domestique noire, pour faire le ménage, la cuisine et s'occuper des enfants. Toute famille blanche et bourgeoise qui se respecte se doit d'employer une de ces perles rares et aussi de posséder, à l'extérieur de la maison de préférence, les toilettes qui lui sont destinées. Parce que les bonnes noires ont beau savoir cuisiner comme personne, connaitre les secrets de la pâtisserie, faire briller l'argenterie et calmer les enfants turbulents, il n'empêche qu'elles transportent avec elles nombre de microbes et bactéries qu'elles pourraient transmettre à leurs patrons blancs en utilisant leurs toilettes, leurs couverts, leurs verres ou leurs assiettes.
Les maîtresses de maison de la bonne société n'ont aucune vergogne à utiliser et exploiter ses bonnes formées dès l'enfance à servir les blancs.
Pourtant, au milieu de tant d'intolérance, de mépris et d'injustices, une petite voix essaie de se faire entendre; c'est celle de Miss Skeeter. Tout juste de retour de l'université, la jeune femme se lasse très vite des tournois de bridge et des parties de tennis. Elle postule donc au journal local et se voit confier la rubrique des arts ménagers. N'y connaissant rien, elle se rapproche d'Abileen, la bonne des Leefolt qui va lui confier tous ses trucs et astuces de bonne ménagère. Mais Miss Skeeter en veut, plus! Son rêve, c'est d'être écrivain et c'est d'une maison d'édition new-yorkaise que va lui venir l'idée d'écrire sur les conditions de vie des bonnes noires à Jackson. Mais ces dernières, méfiantes et apeurées, ne souhaitent pas parler et Miss Skeeter va devoir se montrer persévérante et patiente pour finalement se rallier Abileen, son amie Minny et enfin de nombreuses autres. Ensemble, elles vont secrètement braver les interdits pour écrire un livre-témoignage qui va chambouler la bonne société de Jackson.


Roman à trois voix, La couleur des sentiments porte l'histoire de deux bonnes noires, Aibileen et Minny et d'une jeune fille blanche, Skeeter Phelan.
Aibileen est une femme ronde et douce qui élève des petits blancs depuis bien des années. Elle essaie de leur inculquer le respect de soi et des autres et elle s'empresse de changer de maison dès qu'elle sent que l'école, les parents, la société ont raison de ses enseignements. Elle veut éviter à tout prix de lire le mépris dans les yeux d'un enfant qu'elle a élevé comme le sien. Sa vie, ses bonheurs, ses drames, ses chagrins, elle les laisse sur le pas de la porte de ses employeurs pour n'être plus qu'une bonne obéissante qui subit en silence toutes les humiliations.
Minny est bien différente d'Aibileen! Malgré les soucis que cela lui cause, elle a bien du mal à se taire et à rester à sa place. Réputée pour être difficile, elle trouve de plus en plus difficilement un travail, surtout quand ces dames se passent le mot pour ne pas l'employer. C'est finalement chez Miss Célia, rejetée elle aussi par la bonne société, qu'elle trouvera un engagement.
Miss Skeeter, fille d'une riche famille de planteurs, est différente de ses amies. Elle a choisi de faire des études et de travailler avant même de songer au mariage. Plus libre, plus moderne, plus ouverte d'esprit, elle était très attachée à Constantine, la nounou noire qui l'a élevée pendant 22 ans pour finalement partir sans lui donner la moindre explication. Skeeter cherche la vérité et à travers ce cas personnel, c'est toute la vérité sur la vie des bonnes noires qu'elle va connaitre. Et si lever le voile sur la discrimination et le racisme doit lui coûter un fiancé ou des amies, et bien tant pis! Skeeter veut défendre ce qui est juste.
Armées de leur seul courage, ces trois là vont nous entraîner dans une histoire tendre et émouvante mais non dénué de suspense. Avec elles, on tremble, on rit, on pleure, on se révolte, on se réjouit. Et surtout, on réfléchit...à l'injustice, à la bêtise humaine. 50 ans nous séparent de cette histoire, les choses ont changé, mais pas tant que ça...
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