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EAN : 9782330037895
384 pages
Actes Sud (08/10/2014)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Bucarest, 1956. Le narrateur a sept ans, et sa famille - une lignée de médecins-chercheurs et artistes, éprouvée par les expropriations et les emprisonnements arbitraires - est réunie pour fêter la libération du grand-père et de l'oncle. En grandissant, il se passionne pour la littérature et l'histoire ; le régime roumain se détend, les jeunes s'entichent des Beatles tout en bûchant leurs examens en faculté. A l'issue de la première année universitaire, une lueur d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
le narrateur est universitaire, il enseigne l'histoire de l'art. Il nous livre son récit d'apprentissage sous la dictature en Roumanie, dans les années 50 et 60. Malgré la gravité de quelques épisodes, (prisonniers politiques, absence d'Etat de droit), l'auteur a choisi une certaine légèreté. Es-ce la posture résiliente, comme le suggère la quatrième de couverture ? Es-ce la perspective de l'enfant de l'époque, qui a connu une enfance protégée ? Cependant, cette légèreté n'est pas l'insouciance.

La première partie est une chronique familiale aux tenus nuances satiriques; la deuxième partie évoque la naissance d'une vocation : l'éveil au monde de l'art. Dans cette deuxième moitié le récit gagne en cohérence. Voilà de charmants morceaux autobiographiques sur fond d'insurrection de Budapest et printemps de Prague.

En finissant le bouquin, je reviens en page 63 pour un de mes passages préférés, la pétition datant de 1954 que l'oncle Octave adresse au camarade Ministre de l'Instruction publique. Malgré des études brillantes, Octave avait été mis au placard ; il réclame une réhabilitation, mais aussi une ampoule électrique de 40 watt dans la salle de cours, en remplacement de celle de 25 watt.
« Pendant mes études dans la capitale française, j'ai fréquenté seulement des cercles progressistes, et je me suis tenu à l'écart de toute influence de la pensée idéaliste et petite- bourgeoise [ ]. Il est vrai que ma thèse portait sur des auteurs pré-marxistes [Aristote et Hegel], mais j'ai essayé de soumettre leur pensée à une dure critique, depuis les positions du matérialisme dialectique. []
Je vous prie par la présente, camarade Ministre, de bien vouloir étudier la possibilité de m'attribuer à nouveau le cours de littérature roumaine moderne et de doter une de salles de la rue Pitar-Mos d'une ampoule de 40 watts, ce qui me permettrait d'illustrer ce cours avec les citations adéquates de nos grands classiques, au bénéfice de nos étudiants roumains et coréens. »

Autres extraits :

« Avec nos dents en métal, nous mordons le quinquennal, étaient les vers d'un célèbre poème que tout pionnier de la RPR, fier de sa cravate rouge, devait connaître par coeur. »

« C'était en 1968. Partout en Europe, les étudiants bougeaient. Les nôtres aussi, mais au ralenti. Comme d'habitude, on attendait que les grands changements viennent d'ailleurs. Cet « ailleurs », pour nous, c'était Prague. »

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Accueillir oncle Octave chez nous pendant le grand hiver contenait une leçon tacite de la part de ma grand-mère par laquelle elle voulait démontrer que " lorsqu'il s'agissait de la famille ", la lutte des classes perdait sa signification. Grand-mère Agrippine était catholique ( pour être plus exact gréco- catholique), et ses principes étaient d'une autre nature : la pitié, la charité, le bon exemple, les bonnes oeuvres.Un certain art, assez subtil, de culpabilisation silencieuse s'y ajoutait.

( p.61)
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Les voilà. Ils sont tous là. On fêtait quelque chose, mais je ne sais plus exactement quoi.Staline était mort depuis trois ans.Mon grand-père, professeur universitaire, avait été libéré de prison, de même que mon oncle, ingénieur et prince.Peut-être qu'on ne fêtait rien, si ce n'était le désir de vivre et un certain retour à la normalité, un retour qui équivalait à un constat :
" Ce ne sera plus jamais comme avant, mais...."
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Ma curiosité s'assouvissait partiellement grâce à ces lectures désordonnées, sur lesquelles, hors de la maison, je me taisais.C'était, vraisemblablement, de la "culture bourgeoise ", et mieux valait ne pas trop s'en s'enorgueillir. La situation était bien étrange : cette semi- clandestinité augmentait l'appétit et le plaisir, mais interdisait l'échange.

( p.160)
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Nous, on s'évaporait bien vite, car
" les invités " nous semblaient tous un peu gâteux, ils parlaient beaucoup de politique, et n'avaient en fin de compte rien d'amusant. Je me rappelle qu'ils apportaient très souvent aux maîtres de céans
" L'Humanité ", le seul journal français qui entrait dans le pays, et que tante Margot dévorait. Elle aimait surtout l'édition de fin de semaine, à cause des pages culturelles, qu'elle lisait une fois seule, le soir, en compagnie d'un verre d'eau de vie.On n'avait alors pas le droit de la déranger (...)

( p.81)
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Les Bohémiens (die Zigeuner !) faisaient partie des êtres que ma grand-mère abhorrait .Si on ne se lavait pas les mains, si on ne cirait pas bien nos chaussures, si on avait les cheveux ébouriffés, on était comme les Bohémiens ( wie die Zigeuner !). Pour ne pas parler de la résistance aux dictées en écriture gothique (...) ou des gammes au violon! Sur ce point, je commençai pourtant à avoir des doutes.Oui, d'accord, les Bohémiens ne maîtrisaient pas l'écriture gothique, mais le violon...? Qui maniait le crincrin mieux qu'eux ? De plus, ils le faisaient en s'amusant, sans devoir, comme moi, " s'exercer, s'exercer, s'exercer"...

( p.91)
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