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EAN : 9782810704880
191 pages
Presses Universitaires du Mirail-Toulouse (30/03/2017)
3.75/5   4 notes
Résumé :
The Hard Problem (2015) se situe à la croisée du théâtre et de la philosophie des sciences de la vie. La pièce pose la question de l'émergence de la conscience dans la matière vivante. Le Hard Problem annoncé dans le titre se trouve au centre des préoccupations du personnage principal, Hilary, recrutée par l'Institut des sciences du cerveau. La question de la conscience est intimement liée dans l'intrigue à celle de l'abandon, Hilary ayant laissé partir en adoption ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je réalise ce commentaire dans le cadre d'une masse critique et remercie donc les presses universitaires du midi pour m'avoir fait parvenir cet exemplaire d'un ouvrage somme toute fort stimulant par ailleurs.
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Sur le plan physique ce livre est un peu encombrant pour une lecture nomade (21*15*1.3 centimètres) mais reste léger et plaisant à tenir. La première de couverture annonce assez bien les points forts mais aussi le principal point faible (selon moi) de l'ouvrage en mettant en avant la photographie d'une jeune femme blonde au physique avenant regardant derrière elle une série de lumières bleues évoquant un vague concept scientifico-informatique relativement indéfinissable. La quatrième de couverture présente un ouvrage « à la croisée du théâtre et de la philosophie des sciences et de la vie », la pièce posant « la question de l'émergence de la conscience dans la matière vivante ». le prix est de 13€.
L'ouvrage comprend 191 pages dont 24 d'introduction (enrichissante mais que je conseille plus de lire après la pièce elle-même). le texte de cette dernière se décompose en 2 parties puisque la page de gauche est réservée à l'anglais et celle de droite à la traduction française.
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Cet ouvrage est une gageure puisqu'il prétend rien moins que de présenter sous une forme théâtrale une réflexion scientifique poussée sur la question de la survenue de la conscience au sein des êtres humains tout en analysant simultanément des questions éthiques comme celles de l'abandon d'enfant, philosophiques et même métaphysiques (Hilary, le personnage central, étant croyante). Nous allons aussi trouver des réflexions sur l'altruisme (un des éléments centraux du débat), la génétique, le matérialisme, la bonté, la science, les miracles, les probabilités, l'argent, les hormones…

Sur un plan pratique 10 personnage vont échanger des réflexions sur ces thématiques en convoquant divers éléments scientifiques ou culturels comme :
- En littérature Shakespeare (Hamlet), Keats, Wordsworth, Steinbeck. Nous sommes ici un peu dans la lignée de Huxley et du meilleur des mondes.
- En peinture Raphaël (vierge à l'enfant)
- En science le dilemme du prisonnier, le partage de sang de chauves-souris vampires, les vers de cerveaux, l'expérience de Milgram sur l'autorité (utilisée mais non citée comme référence)…
- L'amour au sein de couples comme maternel
- La religion.
C'est très intéressant car très riche et divers. D'une certaine façon nous avons en lisant l'impression de nous trouver au sein de vies d'intellectuels new-yorkais filmés par Woody Allen lors de sa période Bergman. Pour autant c'est aussi le côté un peu agaçant de la chose.
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J'aurais tendance à reprocher dans un premier temps une forme d'intellectualisme facile et assez commercial au mauvais sens du terme. Les références explicitées au-dessus sont toutes dans le « bagage classique de l'honnête homme de ce début du XXIe siècle ». J'avais parfois l'impression que l'auteur voulait me démontrer combien j'étais brillant et cultivé. Ce peut être lu avec le sourire mais aussi perçu comme un peu pédant et facile.
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Plus dérangeant encore, en mobilisant tant d'éléments en si peu de lignes chaque notion est caricaturée voire, dans certains cas, utilisée à contresens. Par exemple Brachylecithum mosquensis est plus souvent mangé par un oiseau que par une fourmi et, surtout, situer le niveau pertinent pour parler d'altruisme à l'échelle de l'insecte et pas de ses gènes est très discutable par qui a lu Dawkins. Globalement l'entremêlement de ces divers apports est fort peu compréhensible pour qui ne maîtrise pas ces savoirs mais assez vide aussi pour qui en a une connaissance autre que superficielle.
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Enfin il y a quelque chose de réellement agaçant à mobiliser tant d'auteurs et de connaissances diverses pour enfoncer des portes ouvertes du type : la conscience ne se résume pas à un super-ordinateur, l'abandon d'un enfant pose des problèmes de conscience, l'amour compte, la science seule n'est pas conscience, Dieu et la philosophie apportent d'autres réponses à la question de la conscience que la science… J'avais envie de dire parfois « Tout cela pour ça ! ». Et que dire de la trajectoire somme toute facile et assez pauvre de Hilary, sans doute destinée à favoriser une adhésion affective d'un public plus large ?
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Je n'ai rien appris sur la question de la conscience ni découvert de nouveaux axes de réflexion sur le sujet au final. C'est ma plus grande déception au sortir de cette lecture.

Après avoir été somme toute très critique précédemment ma note peut sembler assez élogieuse. Je la justifie pour les raisons suivantes :
- Cet OVNI est quand même un pari très audacieux et, si je n'estime pas qu'il atteigne tous ses objectifs, il reste fort stimulant.
- le texte, rythmé et agréable, doit être très plaisant à voir joué.
- Dans la même logique les ressorts théâtraux sont bien conçus et les différents personnages, bien campés, sont agréables à suivre le long d'un récit assez habilement construit. Comme pièce de théâtre c'est un travail que je trouve impressionnant.
- L'ouvrage, en associant anglais et français, peut servir d'outil linguistique. Par ailleurs la présence du texte anglais permet de profiter de certains aspects que la traduction, même très bonne, peine à restituer totalement.
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Je ne conseille pas donc cet ouvrage à qui veut réellement réfléchir profondément sur le problème de la conscience. Selon les penchants de chacun je suggère alors un ouvrage de vulgarisation (Harari par exemple), un livre scientifique, une approche philosophique ou la lecture de textes sacrés.
En revanche pour qui a une certaine culture générale et a plaisir à retrouver diverses références associées ce peut être distrayant. La pièce est très bien construite, les personnages assez vivants et le fait de pouvoir lire ce texte en français et/ou en anglais est clairement un enrichissement.
J'aimerais par ailleurs non la lire mais la voir mise en scène.
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J'ai lu ce truc il y a plus d'un an. Ça ne m'a pas marquée. Heureusement, ma manie de noter les quelques citations intéressantes qu'on peut relever d'un bouquin m'a aidée à me rafraîchir la mémoire. Il paraît que ça parle du difficile problème de la conscience, autant dire, trois fois rien. Des gens se demandent donc si la conscience vient du cerveau, d'une autre dimension, de l'au-delà ou d'autre chose. Pendant ce temps-là, en tout cas, on peut remarquer que la conscience fonctionne bien et qu'elle est capable de plancher pendant des heures sur des questions de moindre intérêt. Peu importe d'où ça vient tant qu'on s'amuse avec après tout.


Le problème c'est que la pièce en elle-même n'est pas très intéressante et nous ferait regretter le temps de la vie amibe, preuve de l'inanité des débats rationnels sur la rationalité que chacun envisage à sa propre manière irrationnelle, mais sans se l'avouer. Lisez cela comme si vous assistiez à un débat télévisé entre individus non consentants au changement d'opinion. Découvrez de nouvelles idées et de nouveaux arguments que vous pourrez revêtir, ou non, pour vos prochaines soirées philosophiques à deux balles. Lisez cela si vous voulez du théâtre qui change du drame. On peut toujours se trouver de bonnes raisons.
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Un grand merci aux Presses universitaires du midi et Masse Critique pour ce livre atypique et qui fait drôlement trampoliner les méninges. C'est du théâtre, en français "Le coeur du problème" et en anglais et en miroir "The hard problem".
Alors qu'est-ce qu'on a au coeur du problème ? La conscience, bien sûr !
Dans ce hard problem, on fait la connaissance d'Hilary, candidate à un doctorat à l'Institut Krohl qui se débat avec son propre cas de conscience : avoir dû abandonner sa fille à sa naissance (la casuistique de l'impossible).
Dans ce hard problème il y a Amal, candidat sérieusement compétitif, concurrent direct d'une Hilary bien moins bardée de diplômes, tous deux jetés dans le jeu du recrutement agressif de Jerry (C'est lui Krohl), oui jetés dans le jeu du prisonnier, allez savoir c'est peut-être pour étudier le fondement de l'intérêt particulier ou les dommages collatéraux de l'intérêt collectif !
Dans ce hard problème, on rencontre le hasard avec le personnage de Julia, qui n'est que pure coïncidence.
Dans ce hard problème, on tombe sur Cathy, l'enfant abandonnée et adoptée (par qui ? je vous dis pas), un miracle, je vous dis.
Dans ce hard problème il faut jouer au dilemne du prisonnier : le premier égoïste qui parlera dénoncera l'autre altruiste qui n'a jamais le temps de rien voir venir.
Alors qui est-ce qu'on découvre au coeur du problème ? Dieu, pardi !

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J'ai lu ce livre dans le cadre de Masse Critique et je me suis donc lancée dans un ouvrage qui aborde la question de la conscience sous un aspect scientifique, philosophique voire même spirituel.

Qu'est - ce que la conscience ? Peut - elle être mesurée, identifiée voire imitée ? Est - elle propre à l'homme ou peut - elle être reproduite via le numérique/ la mécanique ? Toutes ces questions parsèment la pièce en tentant d'y répondre, sans jamais y parvenir complètement. Ce thème est complexe, ne pas réussir à le résoudre est évident.

Il y a beaucoup de références, que ce soit au domaine littéraire comme au traitement des domaines scientifiques (sciences humaines, finances, neurobiologie etc.). Avec une culture suffisante, il peut être aisé de suivre le déroulement de la pièce. J'avoue avoir eu quelques difficultés pour suivre les passages qui pour moi étaient flous, mal amenés (ou peut-être trop complexes pour un lecteur lambda ?). Il est possible aussi que cette pièce soit une pièce à regarder, et non pas à lire comme le célèbre ouvrage De Musset : Un spectacle dans un fauteuil. L'auteur fait le choix de jouer sur la mise en scène pour appuyer son propos et parfois même en brisant le quatrième mur. J'aime beaucoup ces pièces qui jouent avec leur format parce qu'elles en deviennent plus intéressantes, plus riches.

J'avais l'impression de me replonger dans mes études de lettres, quand je lisais des oeuvres riches et complexes avec des sujets qui méritent la réflexion. Ici, la conscience est remise en question par Hillary, le personnage principal. Toute la pièce gravite autour d'elle, de sa remise en question philosophique à son passé affectif, notamment lorsqu'elle évoque l'adoption de sa fille. Cet aspect est visible dans le titre anglais et la traduction française a réussi à rendre compte de ce double sujet : "au coeur du problème" de la conscience, "problème de coeur". La traduction en ce sens est bien travaillée et permet de nous exposer les choix dramaturgiques et littéraires de l'auteur.

À l'inverse, je n'évoquerai pas le format, l'illustration ni la mise en page de la couverture. Je ne me suis intéressée qu'au contenu. L'apparence du livre est pour moi mal traitée malgré la symbolique de l'illustration.

Une bonne lecture, à lire la tête reposée. Et surtout, une pièce à voir.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Je vais plutôt vous raconter l’histoire d’un ver qui fait des choses incroyables. C’est un parasite de la vache. Ses oeufs se développent dans la bouse de vache. Problème : comment s’y prendre, si vous êtes un ver dans une bouse de vache, pour retourner dans une vache et boucler ainsi votre cycle vital ? Eh bien, voici une merveille de la nature. D’abord les oeufs sont mangés par des escargots dans lesquels ils se développent. Les larves se retrouvent dans la bave d’escargot dont les fourmis raffolent… À peu près la moitié des vermisseaux nouveau-nés se retrouvent ainsi dans l’estomac des fourmis. Et là, que font-ils ? Ils essaient de percer la paroi de l’estomac et cherchent à se frayer un chemin jusqu’au cerveau de la fourmi ! À peine un pour cent y parvient. Mais c’est suffisant. Celui qui y arrive modifie alors le comportement de la fourmi de telle sorte qu’elle n’ait plus désormais en tête qu’une seule idée : grimper dans l’herbe (ce que les fourmis ne font pas d’habitude), augmentant ainsi ses chances d’être broutée par une vache… À ce moment-là, la vie du ver se termine, car il n’a plus qu’à faire des oeufs dans la vache, lesquels atterriront dans une bouse de vache. J’appelle cela de l’altruisme profond…
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À Loughborough, nous avions l’habitude de faire un test de garde d’enfant. Tu décris deux parents. Le premier est dans la moyenne à tous les points de vue : santé, revenus, vie sociale, tout. Le second est plus contrasté. Il est plus riche, mais il voyage davantage, bons revenus, mais petits problèmes de santé, etc. Quand tu demandes auquel des deux parents il faut attribuer la garde des enfants, une majorité se dégage en faveur du second. Quand tu demandes auquel des deux parents il faut refuser la garde des enfants, tu obtiens encore une majorité en faveur du second. Impossible de mettre cela en algorithme. Ça ne marche pas. On a tenté plein de fois. Rien à faire.
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Jerry : […] Imagine que tu marches dans une rue et que tu tombes sur un ami d’enfance, tu vas dire que c’est une coïncidence : « étonnant ! Toi ici ! Quelle coïncidence ! »
Cathy Surtout si tu descends une rue au Japon.
Jerry Surtout dans ce cas-là, en effet. Tu vas dire : « Wow ! il y avait, quoi ? Une chance sur un million ? Quelle coïncidence ! » Mais si vous étiez au même endroit au même moment, ce n’est pas, en fait, un hasard. Et donc, en un autre sens, ce n’est pas du tout une coïncidence. Car la chose devait nécessairement se produire. Simplement, tu n’avais pas l’information.
Cathy L’information ?
Jerry Suppose que ton ami d’enfance était japonais, et suppose que vous étiez tous les deux fans de… dinosaures, mettons. Alors, au lieu d’avoir une chance sur un million de tomber sur lui, tu en avais une sur cent de le rencontrer en allant visiter un parc de dinosaures à Tokyo. Même si je n’aurais pas moi-même parié que cela se produirait.
Cathy Moi, j’aurais parié. Et j’aurais pu gagner cent fois ma mise…
Jerry Ou tu aurais tout perdu…
Cathy Hmm… Oui, c’est vrai.
Jerry Tu as besoin de plus d’informations. Tout ce qui rend la rencontre plus prévisible, tout ce qui fait qu’elle est moins une coïncidence, jusqu’au point où tu décides qu’il vaut la peine de parier, c’est l’information.
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Bo : J’ai peur d’avoir fait une connerie…
Hilary (Une pause) : Une connerie ? Quel genre de connerie ?
Bo : Au début, il y avait quatre-vingt-seize gamins.
Hilary : D’accord… Mais tu en as analysé quatre-vingt-huit… Quatre-vingt-huit ont participé.
Bo : Non, en fait, ils ont tous participé…
Hilary (Pause) : Mais… euh… attends… Les quatre-vingt-seize ont participé ? Et quoi ? Et il y en a huit qui ne sont pas allés jusqu’au bout, et donc tu as analysé ce qui restait – c’est bien ça ?
Bo : Non, j’ai fait l’analyse sur les quatre-vingt-seize.
Hilary : Et ensuite ?
Bo : Ce n’était pas clair… J’ai éliminé huit d’entre eux et j’ai refait l’analyse.
Hilary : Et puis ?
Bo : Puis je t’ai montré. Quand tu revenais d’Italie.
Pause.
Hilary : Comment as-tu choisi ceux que tu as éliminés ? Au hasard ?
Pause.
(Calmement) Merde.
Tu as retiré, dans chaque groupe, les résultats qui ne collaient pas avec la conclusion que tu voulais…
Bo : C’était… enfin, des résultats bizarres…
Hilary : Ce sont les marginaux, Bo ! Le hasard fait toujours ça… c’est pour ça que les choses ne tombent jamais tout à fait comme on attendrait. Comment peux-tu être si stupide ? Pourquoi as-tu fait ça ?
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Pourquoi est-ce qu’une machine à calculer ne pourrait pas savoir jouer aux échecs ? Mais quand c’est mon tour de jouer, est-ce que l’ordinateur est anxieux ou est-ce qu’il reste devant moi comme un vieux grille-pain qui attend qu’on lui fourre un nouveau toast ? La réponse, on la connaît : il attend comme un grille-pain.
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