Straczynski, le créateur de la série Babylon 5, a fait généralement des incursions remarquées dans le monde du comic-book ; ses variations sur Spider-Man mais surtout sa reprise de Supreme Power sont de véritables réussites, bien qu'iconoclastes et provocatrices - mais elles montrent un sens aigu du récit où s'entremêlent des prises de conscience douloureuses et des questionnements sur la natu
re du surhomme. Moins politisées que celles de
Warren Ellis, ses histoires sont invariablement denses et refusent le côté épisodique de nombreux comics.
Avec
Midnight Nation, et encore une fois associé au remarquable Gary Frank, il se penche sur la question du destin, de la Foi et du Salut au travers de ce personnage de flic qui se retrouve piégé dans un monde intermédiaire, entre la vie et la mort, l'Etre et le Néant, devenu invisible aux humains mais vulnérable aux attaques de créatures démoniaques qui se nourrissent d'âmes et d'espoir. Il lui faudra traverser les USA à pied pour retrouver son âme dérobée, et dans un temps limité, avec l'aide parcimonieuse d'autres pauvres hères oubliés du monde.
Sombre, violent, crépusculaire, ce premier volet reste volontairement nébuleux tant les secrets sont nombreux et la progression lente. Mais on a envie d'aller plus loin.