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Critique de Presence


Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2013/2014, avec un scénario de Joe Michael Straczynski (en abrégé JMS), des dessins et un encrage de Siddarth Kotian, et une mise en couleurs réalisée par Bill Farmer.

L'histoire commence alors qu'Alison Carter (surnommée Al) est en train de stopper un gourou qui vient d'appeler un démon mangeur de monde à dévorer Hollywood, à l'aide du sceau de Balthasar. al remédie à cette contrariété rapidement, et va passer à son bureau de détective privé. Sur place Mike Rose (un policier décédé, un cadavre ambulant) lui apprend qu'un sinistre individu a récupéré le Livre des Clefs, et s'amuse à ouvrir des portails transdimensionnels. le résultat est couru d'avance : il finira par ouvrir un portail connectant les Enfers, et ce sera la fin du monde. Avant de rentrer chez elle, elle passe voir son informateur occulte Max qui vit sous un pont et qui est tout le temps coiffé d'un couvre-chef en aluminium (pour empêcher les ondes néfastes de parasiter son cerveau). Il ne sait rien, mais il confirme les dire de Mike Rose et il prédit où se produira la prochaine ouverture de portail (c'est-à-dire maintenant et à l'angle des rues Hollywood et Vine). al s'y rend et se retrouve sous l'influence de ce qui est de l'autre côté du portail.

En 2013, Straczynski réactive sa marque de comics "Joe's comics" et entame plusieurs séries continues et récits complets : "Apocalypse Al", Ten Grand, Sidekick, Dream Police, Protectors, Inc., tous publiés par Image Comics. le présent récit a donc la particularité de former une histoire complète.

JMS explique rapidement qu'Al Carter est une détective privée spécialisée dans l'occulte, charge qui se transmet de père en fils (sauf que son père n'a eu qu'une fille). Au travers de ces aventures, le lecteur constate qu'il s'agit d'une femme enjouée, souriant régulièrement, capable de plaisanter, efficace et détendue. Elle peut aussi bien se moquer de petits gnomes lui tirant dessus depuis une voiture, alors qu'elle-même est en train de conduire, ou de Ronnie (son expert en technologie magique) qui rêve de la tripoter. le lecteur a accès à ses pensées, au travers de cellules de texte. le ton de ses réflexions est de type sarcastique, sans être méchant. JMS tente de reproduire le flux de pensée du stéréotype du détective dur à cuir (hardboiled), sans en avoir ni le côté cassant, ni le côté cynique, encore moins la pointe de résignation. Les dessins de Kotian représentant une femme bien de sa personne, souriante et enjouée tirent également ces réflexions vers la parodie ou le second degré.

Ces 4 épisodes sont denses, avec des péripéties qui se succèdent à un rythme rapide, un ou deux nouveaux personnages par épisode pour alimenter les aventures. Les dessins de Siddarth Kotian sont agréables à l'oeil, de type réaliste avec un bon niveau de détails, et un bon degré d'inventivité. Il est évident qu'il a pris un certain plaisir à dessiner al Carter, souriante, belle silhouette, poitrine opulente mais restant dans des proportions humainement possible. Conformément au caractère déterminé et sans chichi d'Al, il la dessine avec un beau décolleté qui laisse voir son soutien-gorge. le lecteur aperçoit à 2 ou trois reprises sa petite culotte, et il y a 2 scène de douches (mais pas de nudité frontale). Kotian (et JMS parce que c'est bien le scénario qui place al dans ces situations) réalise un "fan service" (de quoi se rincer l'oeil) gentil et raisonnable.

Kotian intègre un petit côté humoristique dans ces dessins. Cela transparaît dans l'expression de plusieurs personnages, que ce soit al Carter, ou ses relations professionnelles (avec un ton goguenard particulièrement bien rendu pour Ronnie, son expert informatique, avec sa mèche de cheveux qui lui tombe sur les yeux). Cette touche d'humour a tendance à désamorcer le sérieux de chaque scène. En particulier, il est impossible de croire à la dangerosité de l'Obscurité Ultime quand il sourit en toute franchise. Kotian investit également du temps pour donner de la personnalité à chaque endroit, pour dessiner régulièrement des décors qui ne se limitent pas à 2 ou 3 traits. Ainsi il est possible de voir le climatiseur sur le mur de la maison d'Al, les clous sur le fauteuil en cuir d'un bureau, le détail de la mécanique du dessous d'une voiture, le carrelage de la salle de bains, etc. Kotian reste à un niveau descriptif (pas de dimension expressionniste dans les décors), avec une régularité supérieure à la moyenne des comics.

Au bout d'un épisode, le lecteur a compris que le monologue intérieur d'Alison Carter ne dépassera pas le cynisme de pacotille, dépourvu de toute force de conviction. Ses aventures n'ont d'autre ambition que le divertissement spectaculaire, sans aucun second degré. Ce n'est pas spécialement idiot, mais c'est insipide ou peu s'en faut. Il y a plusieurs idées intéressantes, et des dessins sympathiques, mais la narration désamorce toute tension narrative. À un moment, al Carter met la main sur un troll sensé disposer d'informations de première bourre et elle le menace d'une sorte de taser. Elle finit par comprendre que ce troll est à tendance masochiste et qu'il se tait le plus longtemps possible pour qu'elle continue à lui faire mal avec le taser. Dans l'absolu, cette situation peu s'avérer drôle, à la lecture elle se révèle très plate, très factuelle, sans aucun sens du rythme qui permettrait de la transformer en séquence cocasse ou absurde, ou même perverse (malgré, ou à cause de dessins mignons de Kotian).

Parti pour une sorte de parodie mêlant roman noir et magie, le lecteur suit les pérégrinations d'Alison Carter avec sympathie, sans réussir à éprouver d'empathie pour cette dame énergique et un peu nunuche, sans que ses zygomatiques n'entrent en action du fait d'un humour basique et mal rythmé.
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