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Hervé Duphot (Autre)
EAN : 9782501133098
144 pages
MARAbulles (07/10/2020)
4.31/5   224 notes
Résumé :
Ce roman graphique raconte l'histoire de ce manifeste publié le 5 avril 1971 dans les colonnes de l'hebdomadaire «Le Nouvel Observateur» et son impact sur la société. 343 femmes célèbres s'y accusent du délit d'avortement dans l'espoir de faire avancer le droit des femmes, contribuant ainsi à la future adoption de la loi Veil.
Que lire après Le Manifeste des 343 : L'histoire d'un combatVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Nicole Muchnik est journaliste au nouvel observateur dans les années 70. Très sensible aux sujets societaux de son époque et peut-être surtout très humaine, elle s'engage pour que la loi sur l'avortement extrêmement restrictive du député Claude Pegret,ne passe pas au détriment d'une véritable loi qui prendrait en compte le droit des femmes et des familles à maîtriser la natalité.
Mêlant la petite histoire à la grande, cet album raconte ce combat ; l'engagement de cette femme, son travail et sa confrontation pas toujours simple avec le MLF, ses rencontres avec des personnalités pour donner du poids et même une relative protection vis à vis des autorités : Catherine Deneuve,Françoise Sagan,Arianne Mnouchkine, bien sûr Simonne de Beauvoir, mais aussi une multitude de femmes non connues qui vont signer le fameux Manifeste des 343. Des médecins vont se joindre à la lutte,ayant déjà pris beaucoup de risque pour pratiquer clandestinement des avortements au nom du respect des femmes mais aussi de la santé publique.
Grâce à cet élan pour la dignité et le droit de choisir le moment d'accueillir un enfant,Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir créent " choisir" pour accélérer le mouvement engagé.
Le 20/11/71 une immense manifestation rassemble 40000 femmes,d'autres actions s'enclenchent et le 17/01/75, la loi sur l'interruption volontaire de grossesse est adoptée pour cinq ans.
Je termine par cette phrase de Nicole Muchnik qui ne sera jamais périmée :
"Cette vieille histoire nous rappelle que les idées les plus simples sont celles qui,parfois,changent le cours des choses. J'ai toujours pensé que c'est par la base que surviennent les grands changements de société. Lorsqu'on s'allie,alors,oui,on peut."
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50 ans nous séparent des événements décrits dans ce roman graphique. Cette docu-fiction. Sur base de faits réels et de témoignages de première main, les auteurs reviennent sur le Manifeste des 343 femmes ayant avorté. Ce que le regretté Cabu en Une de Charlie Hebdo appellera "les salopes" dans un pied-de-nez à Michel Debré.

Les faits sont bouleversants. La réalité des femmes subissant un avortement est dramatique. Et que dire de l'opinion publique à l'encontre des femmes qui avortent... Les acquits gagnés par les femmes sont fragiles, il suffit de peu pour que les milieux réactionnaires les remettent en question. Qu'il s'agisse de la Pologne ou des USA, les forces sont en place pour faire machine arrière et revenir sur les avancées. Ou l'Argentine où un candidat à la présidence est clairement opposé à toute forme d'avortement. Les auteurs mentionnent des faits, juste des faits, et ces faits parlent -malheureusement- d'eux-mêmes. Les faiseuses d'anges, les cintres, un bâton pointu pour avorter, les enquêtes de police, les traques, les interrogatoires, les médecins qui n'osent pas avouer...

Suivre les débats, les enjeux. Voir les positions respectives des groupes de pression comme le MLF, fort dogmatique, évoluer. Voilà le récit que cette BD nous propose. Même si on connaît la fin, ce combat reste prenant, poignant. C'est puissant et désespéré à la fois. Frustrant aussi car, en 1971, cela signifie pas mal de compromis (d'aucunes diraient des compromissions). Rétrospectivement, cela peut sembler évident. Ce roman graphique montre que cela ne l'était pas. Publier la liste des signataires dans un journal "bourgeois", quelle ignominie pour les plus engagées... Quelle honte pour le bon bourgeois... Se dire qu'il a fallu ruser, mordre, griffer, pour décrocher des droits évidents, cela laisse un goût amer en bouche et une boule au ventre. Car le patriarcat est partout. Au commissariat, dans la rue, dans les usines et même à la rédaction du journal où le "chef" est un homme. On mesure mal, 50 ans plus tard, l'importance des noms sur la liste, comme Deneuve, Seyrig, De Beauvoir, Sagan...

Il est difficile de rester de marbre. Cela dit, l'option "docu-fiction" prise par les auteurs ne m'a pas spécialement convaincu. Refaire un récit en agrégeant divers témoignages et "recréer" un récit unique (vrai et fictif à la fois), plutôt qu'un récit mutliple à plusieurs voix, cela ne me semble pas la meilleure option. J'aurais davantage été en phase avec un récit pluriel comme Leila Slimani dans Paroles d'honneur. Faire ressortir les différences, les divergences, les points de tangence à travers un récit multiple, cela m'aurait davantage plu.

Mais il ne faut pas faire la fine bouche, ce récit devait exister. Il faut rappeler aux génrations actuelles à quel point les luttes sont difficiles, et comment les acquits ont été obtenus, pour éviter qu'ils ne disparaissent.
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Dans "Le manifeste des 343 : L'histoire d'un combat" c'est la détermination d'une femme qui est à l'honneur.
Adeline Laffitte et Hélène Strag ont le mérite de publier un roman graphique retraçant le travail de la jeune journaliste Nicole Muchnik qui permettra la publication du manifeste des 343 salopes (dixit Charlie hebdo avec humour) dans le Nouvel Observateur le 5 avril 1971.
"Je me suis fait avorter" c'est ce que va signer un grand nombre de femmes célèbres ou pas dans la lutte pour la dépénalisation de l'avortement.
Soutenue par le MLF (Mouvement de libération des femmes) et surtout par Simone de Beauvoir qui rédige le texte, on voit tous les efforts et la détermination de Nicole pour convaincre qu'il faut publier ce manifeste dans le but de réveiller l'opinion publique sur le problème tabou de l'avortement, plusieurs années avant l'ouverture des premiers débats parlementaires sur cette question.
Je regrette juste de ne pas voir la liste des signataires qui ont eu le courage de s'engager à l'époque, ajoutée en annexe.
Cela reste un évènement essentiel qui va changer le cours de l'histoire qu'il est nécessaire de rappeler alors que les récentes remises en cause aux Etats-Unis notamment rappellent l'importance de la mobilisation pour le droit à la santé et pour les droits des femmes à disposer librement de leurs corps.


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Un roman graphique fort et bouleversant qui résume à lui seul pourquoi je lis et pourquoi je partage. Victor Hugo écrivait : « l'ignorance est la nuit qui commence l'abîme ». A l'heure des débats publics et privés sur le sujet et de la difficulté à inscrire le droit à l'IVG dans la constitution, il me parait indispensable de rappeler le début de ce combat. « Le manifeste des 343 », c'est la voix de 343 femmes qui ont osé pour celles qui se sont tues par peur des représailles, pour celles qui sont mortes des suites d'un avortement clandestin, pour celles qui ne pourront plus être mère et pour nous et nos filles qui seront peut-être un jour concernées.Nul besoin d'être féministe pour ressentir un profond respect pour toutes ces femmes qui en s'exposant nous ont offert un cadeau précieux : le droit de disposer de nos corps. Traité dans des tons rouges et roses, ce roman graphique est à l'image de la femme, sensible et fort.
A lire et à faire lire aux jeunes pour que la parole se libère. le sujet ne devrait plus être tabou! Car des drames, il y en a malheureusement encore trop de nos jours.
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Parler d'avortement est toujours une prise de risque. Tout comme publier une bande dessinée et même d'en parler sur son blog. Un sujet qui fait polémique pour son lien à la religion, l'éthique, la société, le masculinise... Pour résumer, quand on parle de donner des libertés aux femmes cela risque de remettre en cause d'une quelqu'une façon le pouvoir des hommes. Comme si d'une certaine manière, ils perdaient des parts du marché. Sur ce point, les choses changent assez peu. Pour preuve, on constate le nombre de manifestations des conservateurs prônant un retour à l'ancien temps. Ce qui prouve qu'il faut raconter les vraies histoires d'actions concrètes qui ont permis de changer les choses et un peu les mentalités.

Impossible d'avoir une sexualité épanouissante si à chaque rapport plane le risque de tomber enceinte. Quelle belle façon de les contrôler en les forçant à se marier et rester dans le carcan familiale. Combien d'hommes n'apprécient pas d'avoir à domicile à objet sexuel corvéable et qui peut lui faire des garçons qui porteront leur nom? le rôle d'une femme se résume assez souvent à faire les tâches ménagères et incubateur humain. Mais bien d'autres tentent d'avoir une vie libre et gérer le problème de la grossesse non désirés. le problème repose sur elle. Même dans les familles précaires, comment survivre avec 4/5 enfants? Après un viol, pourquoi la victime devrait garder l'enfant sans pouvoir choisir? Il est difficile de parler de cela dans une société patriarcale et religieuse. Des associations comme le MLF démontre que les femmes ont des idées et peuvent même agir. Pas besoin d'un homme pour lui dire quoi voter ou quel travail elle est apte à faire. D'ailleurs, elles iront déposer une gerbe pour la femme du soldat inconnu. Une action qui a fait polémique. Heureusement qu'elles étaient là pour faire bouger les lignes et trouver des célébrités pour dire publiquement qu'elles avaient avortés.

Adeline Laffite et Hélène Strag racontent ce moment assez important dans l'Histoire de la France. Elles posent le contexte, les situations selon le statut sociale, les tensions bien présentes... Qu'elles soient femme de ménage, militante, journaliste aux femmes de lettres et des arts, elles sont représentatives d'une société en souffrance. On leur interdit d'avoir le droit de profiter de leur corps aux principes d'infériorité mentale, du taux de natalité d'une nation, de la perpétuation d'un nom, d'une croyance... rien de très bienveillant, équitable et juste. On prône la fraternité et non la sororité. de plus, la police recherche les avortés comme les avorteuses pour les condamner à la prison à l'image de tueur et cambrioleur. C'est une chance que la France soit aussi le pays de la délation. L'injustice transpire dans les pages et plus cela aurait plus difficile à lire.

Hervé Duphot fait un choix esthétique audacieux avec la bichromie, juste en jouant avec des nuances de rouge/rose. La transition se fait en noir lorsqu'elle inclut des instants du journal télévision pour illustrer l'évolution du discours. Une façon de marquer la réalité avec des faits authentiques d'un côté et de l'autre sa libre interprétation avec les actrices du changement. Les pages se tournent avec l'émotion au coeur de l'estomac. Il a fallu en passer par-là pour en être où nous en sommes maintenant et cela reste encore un combat. Pourtant, il nous est raconté que l'avant publication et la publication des signatures dans le "Nouvelle Observateur". A travers cela se fait le témoignage de femmes ayant avorté certaines devant aller à la suite à l'hôpital et d'autres meurent. ""Pas besoin d'être mère pour être femme". La société très masculine pensent le corps de la femme. Bien que cela soit très romancé, l'essentiel est pourtant dit.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Nous voici cinquante ans plus tard et c'est pour moi un plaisir que d'avoir été sollicitée pour un projet d'esprit si moderne que ce roman graphique. L'histoire est là. Bien sûr, ce roman au rythme enlevé a transformé certains détails de ma vie professionnelle et personnelle. Le mari fictionnel n'a évidemment rien à voir avec mon mari réel et je n'étais pas à l'Observateur une novice hésitante. Mais ce que je retiens, c'est que le résultat pratique, généreux et tonitruant, tant en France qu'à l'étranger, du «Manifeste des 343» femmes gentiment rebaptisées «salopes» par Charlie Hebdo, montre, une fois de plus, que, devant les injustices, on peut agir. Cette «vieille histoire» nous rappelle que les idées les plus simples sont celles qui, parfois, changent le cours des choses. J'ai toujours pensé que c'est par la base que surviennent les grands changements de société. Lorsqu'on s'allie, alors, oui, on peut.

[Extrait de la postface rédigée par Nicole Muchnik, la journaliste du Nouvel Observateur dont le combat a très largement inspiré la présente Bande Dessinée]
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L'avortement est un délit d'intention. Il suffit que nous trouvions chez vous du matériel qui permette un avortement. (p.59)
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Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme.
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Déjà que c'est l'horreur d'être enceinte et d'avorter, il faut en plus se cacher ! Ne pas faire de vagues ? Y en a marre ! Je vais me coucher... Aucune femme ne devrait avoir à subir ça et pas question que je ferme les yeux.
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Derrière chaque avortement il y a un drame humain. (p.49)
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