Son pays, c'était surtout son village.
Peu importe l'éloignement géographique, un départ est cruel s'il fabrique un passé.
Dans l'immédiat après-guerre, les partis politiques italiens issus des rangs de la Résistance (à la guerre, aux nazis ou au fascisme) eurent le vent en poupe. Non moins éphémères comme force politique de premier plan, les communistes. Puis dès 1948, la Démocratie chrétienne, couramment appelée DC (Prononcer Ditchi).
Ce parti possédait de nombreux atouts. Il était généreusement financé par les milieux bancaires et industriels pour faire rempart aux Rouges. Le Vatican ne pouvait que soutenir une démocratie dite chrétienne. Enfin, comme ce parti était centriste dans l'acception le plus large du mot, il pouvait à sa guise tirer un bord une fois sur sa gauche, une autre sur sa droite, selon les évolutions de la société et les résultats d'élections rendant parfois nécessaires des coalitions. Le tout, sans jamais chavirer.
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Noélie voue un culte aux enfants. Ils sont lumière. Ils sont innocents. Ils ont raison. Noélie a-t-elle jamais été plus heureuse qu'entourée de bambins ? Elle m'a appris à chasser les papillons. A siffler comme un gecko. A grimper aux arbres. A piloter une mobylette. Une voiture. Un bateau. A savoir reconnaître, parmi toutes les beautés cachées sous la mer, la tanière d'un poulpe. Tout simple. Si tu vois un édifice splendide, avec colonnades de bernicles empilées et petit jardin japonais à l'entrée, c'est qu'une madame poulpe vit là. Le poulpe est esthète. Comme les enfants, il aime construire des châteaux merveilleux. Viens, mon chaton, je t'emmène en voir un.
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Ce serait cocasse et pas finaud, qu'un père tombé du ciel tue au petit feu de l'indifférence une mère bénie des dieux.
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Cet homme rendait sa mère idiote ou heureuse, selon qu'on était d'humeur jalouse ou généreuse au moment du constat.
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Il y avait une raison autre qu'hormonale au vague à l'âme qui planait. Tous avaient le mal d'un pays qui n'était pas le leur. A l'aurore, Noelie allait piazza di Spagna, au pied du grand escalier qui mène à Trinità del Monti. Ce n'était pas pour en admirer le plan ou l'église, mais pour respirer à pleins poumons le crottin des chevaux amoncelé pendant la nuit. Odeurs d'avant. Au lever du jour, les touristes n'avaient pas encore pris les calèches d'assaut, et Noelie se tenait droite au milieu des croupes, narines contre naseau,x, les larmes au bord des yeux qu'elle finissait par fermer.
Il suffit souvent de s'intéresser aux choses pour qu'elles deviennent intéressantes. Cette leçon simple peut remplir une vie.
Parfois, comprendre ne sert à rien.
- Kif ennec ?
Comment ça va ?
- Labès !
ça va !