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Critique de oiseaulire


Un hasard incroyable me fait lire cette pièce de Strindberg après "Un amour insensé" de Tanizaki : les deux oeuvres ont bien des points communs, notamment les relations de Tekla et de son second mari Adolphe, pygmalion dépassé par sa créature.
Cependant la perversité qu'on attribue à Tanizaki ne peut se comparer à celle de Strindberg qui dévoile à travers cet écrit une âme de comptable bien peu reluisante : le mari "donne donne donne". La femme "prend prend prend".
C'est ce qu'Adolphe confie au premier époux de Tekla, Gustave, manipulateur ayant pour dessein secret la destruction du nouveau couple. Non par pure vengeance, ce qui le rendrait en somme plus humain, mais pour récupérer sa mise.
Car pour Strindberg seul l'homme donne : l'homme étant "le père de la femme", comme il le dit crûment, l'épouse est redevable de tout à son mari : de l'avoir épousée, de l'avoir "éduquée" (comme l'imagine Tanizaki ou Molière dans l'Ecole des femmes, ce qui introduit le soupçon d'un fantasme quasi incestueux), de lui avoir fourni maison, parure, amis, loisirs. Bref le mari est le créancier de sa femme et la femme qui quitte son mari est une voleuse, tout simplement.
Avec pareille mentalité, on comprend que Strindberg ait été un homme aigri et qu'il ait raté sa vie sentimentale et conjugale.
Cette pièce fut mise en scène avec beaucoup de succès en 2018 par Anne Kessler pour la Comédie Française. Elle fut interprétée par Adeline d'Hermy, Sébastien Pouderoux et Didier Sandre.
J'aurais beaucoup aimé savoir comment Anne Kessler a fait vivre ce texte. Monter une pièce de théâtre, c'est la ré-écrire avec un souffle, une tonalité propres, parfois très différents de ce qu'un lecteur seul face à l'écrit peut percevoir. Le théâtre est fait pour la scène.

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