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EAN : 9782881082559
Editions de l'Aire (02/04/1996)
3.88/5   12 notes
Résumé :
Dans Les Créanciers (1889), un ex-mari manipule le nouvel époux qui ne sait pas à qui il a affaire, le faisant mortellement douter de la fidélité de sa femme. Dans l’artisanat théâtral de Strindberg, nous observons la mise en oeuvre scrupuleuse d’un suspense policier : un meurtre calculé et improvisé, dont le mobile est improbable et l’arme reste introuvable. Car l’arme est ici le mot, le mot pur, pour lui-même, et c’est d’eux que l’on meurt. Il n’y a pas chez Strin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Trois personnages. Tout d'abord Adolphe, qui se plaint de sa femme Tekla, dont il ne peut se passer, dont les absences le rendent malade, et qui n'arrête pas de se plaindre. Gustave, plus ou moins un ami, du moins pour le temps de la scène un confident, qui s'échine à convaincre Adolphe que Tekla lui pourrit la vie et qu'il doit s'affranchir de sa tutelle dévastatrice. Pas d'acte, pas de scène à proprement parler, mais une construction très efficace puisque répartie entre trois confrontations successives, rythmées par les sorties et les entrées des trois personnages : Adolphe / Gustave - Adolphe / Telkla - Telkla / Gustave.


Nous voici donc repartis, après Mademoiselle Julie, dans le monde de souffrances de Strindberg, de ses récriminations contre les femmes, et des malheurs qui découlent des relations entre les deux sexes. Certes, Strindberg a évité les écueils de sa pièce précédente : pas de personnage franchement caricatural ou hystérique ici. Encore que... encore que Tekla la castratrice, telle qu'elle est montrée par Strindberg, c'est un peu lourd à mon goût. Donc, impossibilité de communiquer entre hommes et femmes, relations malsaines de couples, etc., etc. Alors oui, on sait que Strinberg était malheureux en mariage avec Siri à l'époque. Mais, personnellement, je m'en contrefous.


Je ne trouve pas la pièce novatrice, je ne trouve pas l'idée de la vengeance ourdie en sourdine d'une originalité débordante, et, même si je ne considère pas la pièce comme inintéressante, elle ne restera pas marquée au fer rouge dans ma mémoire. Et je considère que Strindberg a tout de même poussé le bouchon un peu loin en accusant Ibsen de l'avoir plagié avec Hedda Gabler. Mais bon, il est bien connu qu'ils se détestaient et nous mettrons cet accès de mauvaise humeur sur le compte de leurs relations pour le moins difficiles.


Ah, il faut que j'ajoute un petit quelque chose : d'habitude, je lis scrupuleusement les préface des livres, plutôt après le texte principal, d'ailleurs. Là, j'ai tenté très fort de lire celle de Marc-Vincent Howlett, avec ses phrases toutes sur le même modèle, telle "Un tel truisme n'infirme pas la thèse foucaltienne de l'absence de l'auteur ; il ne fait que déplacer la position de l'auteur, le sujet est décentré, pour..." Rassurez-vous, j'arrête là. Cette préface pompeuse, destinée avec ostentation à un public qui serait le plus étriqué possible, a eu raison de moi ; d'autant que j'en avais lue une autre, dans une autre édition, bien plus accessible et donc bien plus intelligente. Je ne dis donc pas merci aux éditions Circé pour ce morceau de grandiloquence pontifiante et ennuyeuse à souhait. de quoi vous dégoûter de Strindberg, du théâtre, et de la littérature tout court.




Challenge Théâtre 2018-2019
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Un hasard incroyable me fait lire cette pièce de Strindberg après "Un amour insensé" de Tanizaki : les deux oeuvres ont bien des points communs, notamment les relations de Tekla et de son second mari Adolphe, pygmalion dépassé par sa créature.
Cependant la perversité qu'on attribue à Tanizaki ne peut se comparer à celle de Strindberg qui dévoile à travers cet écrit une âme de comptable bien peu reluisante : le mari "donne donne donne". La femme "prend prend prend".
C'est ce qu'Adolphe confie au premier époux de Tekla, Gustave, manipulateur ayant pour dessein secret la destruction du nouveau couple. Non par pure vengeance, ce qui le rendrait en somme plus humain, mais pour récupérer sa mise.
Car pour Strindberg seul l'homme donne : l'homme étant "le père de la femme", comme il le dit crûment, l'épouse est redevable de tout à son mari : de l'avoir épousée, de l'avoir "éduquée" (comme l'imagine Tanizaki ou Molière dans l'Ecole des femmes, ce qui introduit le soupçon d'un fantasme quasi incestueux), de lui avoir fourni maison, parure, amis, loisirs. Bref le mari est le créancier de sa femme et la femme qui quitte son mari est une voleuse, tout simplement.
Avec pareille mentalité, on comprend que Strindberg ait été un homme aigri et qu'il ait raté sa vie sentimentale et conjugale.
Cette pièce fut mise en scène avec beaucoup de succès en 2018 par Anne Kessler pour la Comédie Française. Elle fut interprétée par Adeline d'Hermy, Sébastien Pouderoux et Didier Sandre.
J'aurais beaucoup aimé savoir comment Anne Kessler a fait vivre ce texte. Monter une pièce de théâtre, c'est la ré-écrire avec un souffle, une tonalité propres, parfois très différents de ce qu'un lecteur seul face à l'écrit peut percevoir. Le théâtre est fait pour la scène.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
GUSTAVE. Tu ne lui as rien appris d'autre ?
ADOLPHE. Si - mais ça reste entre nous - elle n'avait aucune orthographe, je la lui ai enseignée. Mais tiens-toi bien, quand elle a pris en main notre correspondance, j'ai cessé d’écrire ; et, c'est à peine croyable - faute de pratique, au fil des ans, j'en suis venu à oublier ma grammaire. Eh bien ! crois-tu qu'elle se souvienne que c'est moi qui la lui ai apprise. Non, aujourd'hui, évidemment, l'idiot, c’est moi !
GUSTAVE. Ah ! l'idiot, c'est toi ! Déjà !
ADOLPHE. C’est une plaisanterie, bien sûr !
GUSTAVE. Bien sûr ! Mais c'est du pur cannibalisme alors ! Tu sais ce que c'est ? Les sauvages dévorent leurs ennemis pour s'approprier leur énergie vitale. Cette femme a dévoré ton âme, ton courage, ta raison -
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ADOLF: Attention à ne pas aller croire que tu es la seule personne sensée dans un monde peuplé d'imbéciles.
TEKLA: C'est pourtant ce que chacun croit plus ou moins, non?
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(...) nous nous embrassons tellement que les gens de l'hôtel pensent que nous sommes amants, plutôt que mari et femme.
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ADOLPHE : Ecoute-moi : il est dangereux de s'imaginer qu'il n'y a au monde que des idiots,sauf soi-même.
TEKLA : C'est bien pourtant ce que, plus ou moins, on s'imagine.
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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