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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Scandaleuse, mademoiselle Julie, qui danse avec les domestiques en cette soirée de Saint Jean, au lieu de rester avec son père, le Comte ?
Sa présence déroute le 'peuple', dérange la bienséance. Sont-ils obligés de la tolérer parmi eux, eu égard à sa condition ?
« Ne prenez pas ça comme un ordre ! Aujourd'hui c'est la fête et nous sommes tous égaux, sans distinction de rangs ! »
Devient-elle l'une des leurs ? Quid du respect qu'ils estiment devoir à leurs maîtres (pour se respecter eux-mêmes) ?

Est-ce la question du désir, qui est au centre de la pièce ? Fugace, alors - le petit coup d'un soir. Jeu de séduction pour elle, faire fi des conventions. S'amuser, et s'accrocher sans pudeur lorsqu'il s'avère que le domestique, prétendument amoureux, se dérobe une fois 'la chose' faite et montre froidement ses intentions.

La pièce a choqué à sa sortie, à la fin du XIXe siècle.
Il semble exagéré de la trouver 'crue' et féministe, aujourd'hui.
L'auteur nous parle d'émancipation féminine, certes, mais limitée.
J'y ai surtout perçu des enjeux de pouvoir, de domination - homme/femme, maître/serviteur, dominant/dominé - avec un mouvement d'alternance perpétuel. Et la volonté de s'extraire d'une condition sociale déterminée à la naissance.

Légère déception, je m'attendais à un texte plus universel, à la fois plus 'flamboyant' et plus subtil, après avoir entendu l'envoûtante Anna Mouglalis* en parler.
___

* Elle joue actuellement la pièce au théâtre de l'Atelier, à Paris (jusqu'au 3 novembre).
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A l'occasion de la sortie en salles d'une nouvelle-la 15ème- adaptation de la pièce d'August Strinberg, par la suédoise et muse de Bergman Liv Ullman, il est bien de revenir sur ce texte que j'ai découvert avec la précédente adaptation en 1999, celle du britannique Mike Figgis, qui m'avait donné envie de lire la pièce dans la foulée.

En effet, je me souviens avoir été à l'époque frappé par la puissance du texte une vraie tragédie qui nous amène magnifiquement dans un jeu de séduction-répulsion aussi bien pervers qu'érotique entre deux personnes de classe sociale différente, et chacun, au fil d'une seule nuit, va tour à tour soit dominer l'autre, soit être à sa merci, avant une fin forcément tragique (dans une tragédie, c'est un peu logique que la fin le soit, non?).

Bref, voilà donc une oeuvre pleine d''acuité et de justesse sur les faux semblants dans un jeu de séduction, avec des personnages complexes et qui frappait par son universalité et sa modernité, plus d'un siècle après l'avoir écrit.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mademoiselle Julie est une pièce du dramaturge suédois August Strindberg relatant le face à face entre deux figures : Julie, personnage éponyme, jeune aristocrate au comportement étrange et Jean, un domestique dévoré d'ambition. Entre eux, un unique personnage secondaire, Christine, cuisinière figée dans l'attente et le silence, domestique prisonnière des convenances sociales. Un unique décor : la cuisine de la maison du comte, la nuit de la saint-Jean. Et oscillant sans cesse entre grandeur et décadence, passant de l'amour à la haine, les personnages s'affrontent, en écho aux bouleversements sociaux du temps ... Ainsi, mademoiselle Julie danse avec les domestiques, sans soucis de son rang, et se donne à l'un deux tout en conservant le sentiment d'un honneur tout aristocrate. Ainsi, Jean, tout en tremblant devant le comte quand il n'a pas ciré ses bottes à l'heure dite, rêve de noblesse et d'élévation. Les distinctions sociales s'estompent, et chaque personnage se trouve comme prisonnier, à tenter encore de penser à travers elles.

Ce qui m'a particulièrement intéressée dans cette pièce, c'est qu'elle se veut l'application d'une réflexion sur l'art dramatique. Strindberg a en effet interrogé la pratique théâtrale, souhaitant la renouveler en partie, l'adaptant à un monde en pleine mutation où l'on ne s'intéresse plus vraiment à ce qui se passe sur les planches. Alors, pour recréer l'illusion (à son sens mise à mal), il a écrit une pièce qui se joue d'un seul tenant, sans entracte, sans division d'aucune sorte. Rechercher plus de naturel et échapper à un théâtre emprunté et plein d'affectations, où des acteurs sur-maquillés et mal éclairés récitent un texte en guettant les applaudissements du public. Dans sa préface, Strindberg décrit longuement les décors, éclairages et types de jeu qu'il appelle de ses voeux, pour un renouvellement de la forme théâtrale.
Les positions de Strindberg par rapport à la construction du personnage sont intéressantes également. A partir d'un sujet "pris dans la vie tel qu'il l'a entendu relater il y a quelques années", il crée avec Julie et Jean deux personnages riches et changeants. Point de caractère préétabli que le personnage portera jusqu'au bout comme marque de fabrique : tous deux apparaissent comme un conglomérat d'impressions, de sentiments, de souvenirs, de lectures diverses, "tout comme l'âme elle-même est un assemblage de pièces de toutes sortes". Pour cette même raison, aucune explication ne sera donnée pour justifier leur comportement et le destin tragique de la jeune fille ne trouvera pas de causalité bien définie. L'on pourra au contraire lui trouver des motifs multiples, sans pouvoir trancher.

Mademoiselle Julie me semble une pièce réussie, d'un point de vue dramatique : l'action est intense, ramassée, et le lecteur-spectateur est vite entraîné dans l'étrange atmosphère de cette nuit de fête. Pour n'en ressortir qu'à la fermeture du livre, ou du rideau. Dans sa volonté de tenir le spectateur de bout en bout tout en le laissant souscrire à l'illusion théâtrale, Strindberg a ménagé des moments de pause permettant à l'attention de se relâcher un moment, grâce au ballet, à la pantomime ou au monologue. A ce titre, il accorde, lors de moments précis de la pièce, une liberté non négligeable à l'acteur qui doit lui-même inventer son propre monologue, construire sa gestuelle et non déclamer un texte déjà écrit.
Au final, je garde une très bonne impression de cette pièce lue d'une traite durant un voyage en train (pourtant particulièrement bruyant). C'est que je me suis véritablement laissée entraîner par le rythme et l'écriture de cette petite pièce.
Lien : http://carnets-plume.blogspo..
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À la fin du xixe siècle, par une nuit d'été à la veille de la Saint-Jean, le comte, père de Julie, est parti pour la soirée. Les domestiques organisent une petite fête.
Julie se mêle à eux. Elle invite Jean, le valet de son père à danser. Malgré ses réticences, celui-ci par accepter.
Julie finit par séduire Jean. Leur passion consommée, une véritable bataille finit par les opposer. Chacun a trahi sa classe et chacun veut dominer l'autre.
Julie s'est déshonorée, elle veut fuir. Jean, lui, hésite.
Le comte revient, chacun reprend son rôle. Mais, Jean va convaincre Julie de se suicider.
Lutte de classe, lutte homme-femme : il ne pouvait y avoir d'issue favorable à cette rencontre entre Julie et Jean.
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Ce grand classique de 1888 n'est pas de la veine de la comtesse de Ségur. Trois personnages, mais Christine, la cuisinière, n'a pas un rôle déterminant. Lors de la nuit de la St Jean, toujours fêtée dans les pays nordiques, la comtesse Julie profite de l'absence du comte et invite à danser son valet de chambre, Jean. Elle le provoque et se donne à lui. Dans la seconde partie, cet ignoble Jean tente de profiter de l'avantage, invite Julie à voler son père pour s'acheter un hôtel et fuir avec elle. le comte revient. Jean tend un rasoir à Julie, qui sort en sachant ce que Jean attend d'elle. Dans une Suède très luthérienne, ce fut un vrai scandale, à l'image de la vie privée de Strindberg, trois fois marié et aux relations orageuses avec les femmes. Il s'exila en France un moment et écrivit même une oeuvre en français. Strindberg fut aussi un peintre apprécié. Sa maison à Stockholm est aujourd'hui un joli petit musée à ne pas manquer si vous passez par là, mais soyez prudent. C'est bientôt la St Jean.
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