Cette BD de
Liv Strömquist m'a encore fait rire, rire jaune, et rire.
Elle commence par une démonstration sur le "carpe diem" occidental, qui regarde peu les erreurs du passé et se soucie aussu peu du futur (épuisement des ressources naturelles, extinction d'espèces...), avec des collages assez hideux et des couleurs criardes. Les banquiers et chefs d'entreprise sont représentés par
Liv Strömquist comme de grands sages qui ne souffrent ni remords, ni remise en cause; l'injonction au bonheur et aux pensées positives est caricaturée par l'autrice comme aveuglement occidental, encouragé par les classes sociales les plus favorisées.
Ce sont les classes sociales et le genre qu'observe et pointe du doigt
Liv Strömquist à travers ces mises en scène grinçantes au possible. Sa vision de notre société, bien sourcée (philo, littérature, socio...), débouche aussi sur de l'autodérision, puisqu'elle se moque :
- de sa propre situation (artiste notamment parce qu'elle est blanche et de classe moyenne, et pas pour la simple raison de son immense talent),
- des écrivains qui relaient souvent une vision socialement située du monde et non universelle comme ils le voudraient,
- et d'une certaine gauche moralisante et bien-pensante, dont elle fait partie...cette gauche qui se veut exemplaire, qui fustige celles et ceux maladroits, incertains ou qui n'ont pas encore déconstruit toutes les représentations (elle ne parle pas de pureté militante mais on y pense)...mais qui n'arrive pas à construire un projet politique.
Elle finit avec une conférence pour aider les ultrariches à diminuer leurs richesses...retournant encore une fois le problème en montrant que ce sont eux qui ont besoin d'aide, englués dans leur addiction à l'argent !
Bref, elle n'a pas peur d'exercer son esprit critique de tous les côtés. C'est un régal d'humour grinçant, une BD politique corrosive !