Je pris mon élan et y allai à fond. Je lui balançai un coup de pied vicieux, expurgeant tout ce que je me trimbalais sur le coeur depuis trois mois. C’est à peine si la voiture, en admettant qu’on puisse l’appeler comme ça, accusa le coup. L’aile frémit légèrement et s’effondra un peu plus, mais ce n’était rien comparé aux innombrables points de rouille, aux déchirures du métal, à la corrosion qui rongeait son toit bringuebalant. Je n’arrivais pas à croire que je conduisais cette poubelle. Je lui flanquai un autre coup de latte. Si j’avais eu un chien ou une femme, je leur aurai aussi botté le train. Je ne me sentis pas mieux pour autant. Je réussis juste à me tordre la cheville.
Ce n’était pas un hasard si Bob avait commencé à assister de plus en plus souvent aux réunions de stratégie à l’étage au-dessus, tandis que je continuais à végéter à la tactique. Bob était un battant doublé d’un conformiste. Malgré tout, je ne le haïssais pas. C’était sa nature.