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Disons-le clairement : ce livre n'est pas pour tout le monde. Il est même réservé à un certain public extrêmement averti. Peut-être pas celui auquel vous pensez, mais pour en tirer un certain (plus ou moins grand) plaisir, un niveau minimal est requis.

Nous sommes dans un roman futuriste, transhumaniste, post-humaniste, prospectiviste et j'arrête-là l'inventaire. C'est traité sous un angle hard science (HARD SF, puisque c'est une fiction), c'est-à-dire que tout ce qui est énoncé est issu de spéculations "éminentes" et pourrait réellement se produire. Cela génère un énorme choc, à la limite du documentaire dans/sur le futur ou de l'essai. En supposant que la singularité soit acceptée comme un possible (déjà survenue, à venir, simple ou multiple).

Détails pour ceux qui n'ont pas quitté la page :

En premier lieu, c'est un pavé de 750 pages qui semblent écrites assez gros mais qui ne défilent pas si vite que cela. En cause, des phrases alambiquées très longues et parfois à plusieurs niveaux, utilisant en outre un vocabulaire non courant (j'y reviendrai). Ce n'est pas la totalité des phrases et il y a des passages qui se lisent très vite et sont plutôt simples, mais ce n'est qu'une infime partie du livre. Et il faut le reconnaître, il y a des phrases qu'il faut relire et certaines qui nous laissent sur notre faim. C'est parfois si abstrait qu'à mon avis seul l'auteur a compris ce qu'il a écrit (et encore, le doute est possible).

Personne ne peut échapper au glossaire de 50 pages qui se répartit entre des mots tirés de l'informatique, de la cosmologie, la physique (quantique, relativiste), des inventions de l'auteur ou de prospectivistes et post-humanistes ou transhumanistes à un stade avancé de décomposition. Cela signifie que lors de notre lecture, toutes les pages ou presque - surtout au début - il y a un mot (signalé par un astérisque) renvoyant au glossaire. Et, bien évidemment, ces mots sont souvent des néologismes ou des composés uniquement utilisés dans des sphères de population très restreintes. Par exemple "exaquops" est l'équivalent du MIPS pour l'informatique quantique. Si vous n'avez jamais entendu parler de MIPS, ce n'est pas grave, mais c'est un des exemples les plus simples ! Etant assez expérimenté après 40 ans d'informatique, j'ai encore découvert beaucoup de choses.

Et ce n'est pas fini, beaucoup de matières y passent. Parmi celles que je n'ai pas citées, il y a en premier lieu l'économie et cela devient compliqué quand elle est mêlée à l'énergie ou l'informatique et qu'une société correspond quasiment à un ensemble de données. La matière prend, elle aussi, une valeur informatique.

La première partie du livre ressemble à un roman cyberpunk ; la deuxième démarre en Space Opera tout à fait renversant. Pour la troisième, je ne vous révèlerai pas grand-chose. Sachez juste que l'aventure se déroule sur quasiment toutes les décennies de notre siècle et que l'accelerando est exponentiel en ce qui concerne la plupart des technologies.

Chose étrange, il y a quelques évolutions qui vont nettement moins vite que d'autres alors qu'on aurait pu supposer encore plus. Par ailleurs, l'attachement au corps humain est très surprenant. Mais pourquoi pas, nous devons nous laisser mener par l'auteur. Ce n'est pas la pire des choses au milieu de ces révolutions annoncées ! Notamment, les sphères de Dyson (donc le démantèlement de planètes) et l'échelle de Kardachev, avec lesquelles je ne suis pas d'accord, mais je posterai un article à ce sujet.

Pour quiconque recherche une sorte de descriptif de ce que pourrait être l'avenir, c'est un bonheur de découvrir autant de supputations, toutes étayées par des études récentes. A contrario, nous avons l'impression d'entrer dans un traité, une sorte d'état de l'art du futurisme. Il a fallu cinq ans à l'auteur pour réaliser ce livre, je comprends pourquoi.

Cela va loin, très, très loin. A la fin de ce livre, il faut prier pour que la singularité ne soit qu'une lubie de doux dingue. Aucun personnage du livre ne s'est vraiment montré heureux. Nous sommes restés focalisés sur une famille particulière sans réellement nous attarder sur les autres, cela nous laisse un grand malaise. Il manque une réelle histoire, au sens romanesque, et l'on a parfois l'impression qu'il y a des manques, comme des détails avec certaines entités évoluées et des interactions avec elles.

Content de l'avoir lu, indispensable à ma culture car je veux tout savoir et connaître sur ces thèmes.
Lien : https://pdefreminville.wixsi..
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Un roman de référence sur le thème de la transhumanité et des Singularités technologiques, mais qui ne plaira pas à tous

Il s'agit clairement d'un roman de référence sur le thème de la Singularité technologique, c'est-à-dire le moment où la capacité de calcul informatique atteint un seuil tel que des intelligences post-humaines émergent et entraînent dans leur sillage des changements, technologiques ou autres, à une vitesse non plus linéaire mais exponentielle et qui surtout font du futur et du sort de l'humanité (ou plus généralement des intelligences précédentes) des territoires imprévisibles.

La description des étapes de la première Singularité, puis des suivantes, est minutieuse et détaillée. Car non, la Singularité n'est en aucun cas un processus unique, elle est multiple. Les intelligences (humaines ou autres) issues d'une Singularité donnée paraissent incroyablement évoluées, intelligentes et riches matériellement / technologiquement parlant aux intelligences ayant précédé cette Singularité, alors que pour les êtres issus de la Singularité postérieure, ceux issus de la première Singularité sont des arriérés à la limite de l'intelligence et vivant dans un bidonville. En clair, les Transhumains et les premières IA issues de la première Singularité, avec leur nanotechnologie, sont complètement dépassés sur tous les plans par les intelligences issues de la seconde Singularité, qui sont elles-mêmes rendues obsolètes par celles de la troisième Singularité, etc.

J'ai pu lire un grand nombre de romans sur ces thèmes, et celui de Stross est de loin le plus ambitieux, le plus détaillé et le plus imaginatif. Aux classiques transhumains et IA issues d'ordinateurs / de logiciels, l'auteur ajoute une transformation en Intelligences d'entités juridiques (des huissiers) ou économiques (des corporations, et même les arnaques pyramidales !). Comme dans beaucoup de romans de ce type, certaines planètes sont démantelées, mais pas toujours par qui on croit et pour les raisons auxquelles on pense : si Mercure est déconstruite, c'est par des programmes de courtage en énergie devenus intelligents-conscients, et ce de leur propre initiative !
Comme si une description minutieuse de la Singularité terrienne / humaine ne suffisait pas, Stross y ajoute la description des Singularités technologiques ailleurs dans l'univers, faisant encore passer à son roman une étape dans l'échelle de la complexité, de la richesse et, à mon avis, de l'intérêt et de la grandeur. C'est là par contre que je trouve un défaut au roman, sur ce plan la fin laisse clairement sur sa faim, toutes les questions sont loin d'être résolues.

Le contexte

La description de ce contexte est faite de deux manières, classiques chez Stross : via les personnages (bien décrits et sympathiques), donc via un regard « interne », vivant en direct les changements entraînés par la Singularité, et via des « points » réguliers se plaçant d'un point de vue externe, global et général: on a régulièrement des sortes de briefing commençant par « décennie x du 21ème siècle : les dernières évolutions sont les suivantes, la situation de la planète z est la suivante ». Personnellement, ça ne me dérange pas, mais je sais que certains n'aiment pas cette injection artificielle d'infos dont les personnages ont ou non connaissance, et qui surtout s'appesantit sur un contexte qui sera peut-être trop décrit pour ceux qui sont là pour l'histoire et les personnages (personnellement, le contexte me fascine, donc pas de problème).

Un dernier mot sur le contexte : c'est un des rares romans de SF qui met en vedette les Naines Brunes et les planètes errantes (on peut aussi citer Permanence de Karl Shroeder), et c'est une chose que j'ai beaucoup appréciée. de même, ce livre s'inscrit dans un courant hard SF qui, s'il montre des choses très ambitieuses sur le plan technologique (comme des trous de ver ou la déconstruction de planètes via la nanotechnologie), n'en reste pas moins cohérent avec les théories et les lois de la physique actuellement établies. Pas d'hyper-espace ou de choses que la science n'a pas été capable de prouver ou théoriser, donc.

Style

Voici donc pour les qualités du roman. Passons à ses défauts. Stross est un geek, un informaticien et un adepte du techno-babillage. Et il a passé cinq ans à préparer son roman. Mettez tout ça bout-à-bout et vous obtenez un niveau de langage, des références à des concepts de maths / sociologie / psychologie / cosmologie / informatique qui en rendent la lecture au mieux malaisée, avec des renvois incessants à l'ENORME glossaire de fin de volume, au pire pénible. Si vous ne supportez pas du tout les quinze premières pages, si l'effort est trop gros, abandonnez le roman, même si, soyez-en certain, vous passerez à côté d'une description magistrale de la Singularité et de la Posthumanité.

Nouvelle collection

Un coup de chapeau au passage au traducteur, et à cette nouvelle collection qui a eu le courage d'éditer ce roman de référence qui traînait dans les limbes de la non-traduction depuis DIX ANS. Incroyable lorsqu'on y pense et qu'on voit des romans considérablement plus médiocres édités très facilement dès leur écriture, toutes autres maisons d'édition confondues.

Un dernier mot justement sur cette nouvelle collection SF : deux initiatives très intéressantes à signaler, et une beaucoup plus malheureuse. Commençons par ce qui fâche : le résumé au dos du bouquin comprend un énorme spoiler qui gâche beaucoup certaines surprises de la fin. Je pense qu'il aurait fallu éviter.
Par contre, deux initiatives très, très sympas : l'intérieur de la couverture avant comprend toutes les esquisses ayant menées au choix de la couverture finale, et surtout l'intérieur de la couverture arrière présente quelque chose de très sympa (et on espère que ce sera présent dans tous les futurs volumes de la collection) : un schéma avec quatre « points cardinaux » représentant les thèmes connexes à celui du roman, et la façon dont les livres des autres auteurs se placent par rapport à ces thèmes. Très utile si on a aimé le thème du roman de Stross et qu'on veut lire d'autres choses y ressemblant.
Pour finir, excellente initiative de taper dans les chefs-d'oeuvre que les autres éditeurs n'ont pas eu le courage de traduire (pas assez rentable probablement), pour info il y a pas mal de romans de Greg Egan qui mériteraient une traduction, à vot' bon coeur m'sieurs dames, hein *regard larmoyant*

En (ultra) bref, très intéressant, décrit avec une minutie maniaque, ultra hard-SF à la Egan, valant surtout pour le contexte mais qui ne vous satisfera pas forcément sur l'aspect romanesque (mais des personnages très attachants et bien décrits), mais présentant le pire des maniérismes d'écriture de Stross, et nécessitant donc de s'accrocher à la lecture (ou d'accepter de ne pas tout comprendre en sautant les mots avec une astérisque).

En résumé

Un roman de référence, très détaillé, minutieusement décrit, sur la Singularité technologique (émergence des intelligences artificielles et de la post / trans-humanité), dans son genre l'équivalent de ce qu'a fait Kim Stanley Robinson pour la colonisation de Mars. Cependant, ce livre souffre de deux particularités qui peuvent vous gêner : une fin qui pose plus de questions qu'elle n'en résout, et surtout, une écriture quasiment digne de Greg Egan (très technique), avec un énorme glossaire à la fin, qui en rendent la lecture exigeante (si vous avez lu le Bureau des Atrocités de Stross et détesté le techno-babillage de geek informaticien, ce roman ne sera pas pour vous).

Conclusion : un roman extrêmement intéressant, incontournable même, si vous êtes fan de hard-SF (ou de ultra-hard-SF à la Egan) ou fasciné par la Singularité, mais qui vous demandera certains efforts pour le déchiffrer et qui ne satisfera pas forcément ceux qui sont là pour le romanesque, et pas forcément pour le contexte, si parfaitement décrit soit-il. Mais si vous avez aimé les univers transhumains d'Illium / Olympos de Dan Simmons, ceux de certaines nouvelles de Greg Egan ou celui des explorateurs virtuels des Envoyés de Sean Williams / Shane Dix, ou encore les mondes des Naines Brunes de Permanence de Karl Shroeder, ce livre est pour vous.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Au début du XXIème siècle, Manfred Macx, courtier en trouvailles et inventions dans le domaine de l'informatique et des technologies de pointe, milite pour « l'open source », c'est à dire pour la totale liberté d'accès aux découvertes. Tout en se disant respectueux de la propriété intellectuelle. Totalement bénévole, il permet ainsi à pas mal de gens de s'enrichir. Lui-même vit très confortablement alors qu'il n'a officiellement aucun revenu. de discrets mécènes pourvoient à tous ses besoins. C'est la raison pour laquelle il est harcelé par un agent du fisc, en l'occurence son ex compagne, qui lui réclame une somme faramineuse... Un jour, Manfred se fait voler toute sa mémoire... Quelques années plus tard, sa fille Amber, conçue en éprouvette, vogue avec quelques amis vers une naine brune à la recherche d'un signal extraterrestre...
Avec « Accelerando », le lecteur se retrouve face à un OLNI (objet littéraire non identifié) tant l'ouvrage est étrange, inclassable et déroutant. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un roman d'un seul tenant avec une intrigue construite et une histoire classique avec début, développement et fin, mais de neuf chapitres ou de neuf nouvelles sans autre lien que des personnages récurrents qui évoluent à des périodes et dans des contextes différents. Mais il y a bien pire que cette impression de grand foutoir sans queue ni tête, il faut aussi subir le jargon permanent, l'abus de termes techniques voire pseudo scientifiques qui obligent le lecteur à se référer presque à chaque page à un important glossaire qui peut sans doute éclairer informaticiens, astrophysiciens, chimistes et autres scientifiques de haute volée mais qui laisse le béotien dans une frustrante incompréhension. de nombreux thèmes sont abordés comme le clonage, la fécondation in vitro, la post humanité, l'invasion numérique, l'avenir de l'humanité, l'intelligence artificielle ou l'optimisation des performances du cerveau humain. Mais l'ennui, c'est qu'une idée chasse l'autre, qu'une théorie scientifique annihile l'autre, qu'une tentative d'explication disparaît ou se ramifie dans une autre et qu'au bout du compte, tout ce verbiage se révèle confus, embrouillé et abscons. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément... » Avec Stross, c'est malheureusement loin d'être le cas et l'on a toutes les peines du monde à suivre les méandres d'un discours pour le moins obscur Très vite, Stross lasse la patience du lecteur le plus indulgent. Trop occupé à déballer toute cette esbrouffe scientifique, l'auteur devient vite pesant pour ne pas dire pédant tout en ne racontant rien de bien intéressant ni de bien original. La quatrième de couverture parle d'intelligence et d'humour. le lecteur, s'il n'est ni snob ni geek, les cherchera en vain.
Lien : http://lemammouthmatue.skyne..
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Ce livre ne peut laisser personne indifférent. Et au final il est quand même excellent !
Après, j'adore la Hard SF, j'ai adoré Palimpseste du même auteur, mais là je me demande si Stross n'en a pas fait un poil trop.
Il y a une foultitude d'idées brillantes, et beaucoup amènent des réflexions sur la nature de l'intelligence et sur notre futur. En cela, le livre est une réussite absolue.
Mais par moment cela devient tellement complexe que je me suis senti largué, ce qui m'arrive rarement.
Je pense que le problème vient aussi du fait qu'un cerveau humain (l'auteur) cherche à rendre intelligible les processus de pensée d'intelligences surhumaines, et à rendre cela crédible. C'est un exercice complexe. Je ne regrette pas de l'avoir lu et c'est un livre à mon avis important, mais je pense qu'il ne touche vraiment qu'un public restreint (très très Geek).

Par contre, une chose dont je suis sûr à la lecture de cette traduction, c'est que c'est le pire bouquin que j'ai lu depuis longtemps en terme de coquilles et de mauvaises traductions. C'est 10 fois pire que le pire des Bragelonne que j'ai pu lire...
Je ne sais d'ailleurs même pas si on peut parler de coquilles quand ce sont parfois des mots entiers qui manquent.
Il y a des phrases qui ne veulent rien dire, dont la construction grammaticale n'est pas Française.
Alors, je comprend que c'est compliqué de publier de tels bouquins, que le public est assez limité, et que l'argent ne coule pas à flot.
Mais quand même..., sérieusement, c'est si compliqué que ça de relire au moins une dernière fois un livre avant de l'envoyer à l'imprimerie ?

Et je ne parle pas de l'index qui est à la fin, et auquel nous pouvons nous référer chaque fois qu'un mot dans le roman présente une astérisque.
Je ne sais pas combien de fois il y a un mot en astérisque qui n'a finalement PAS son entrée dans l'index, je ne les compte plus.
C'est usant de se dire qu'on va trouver une explication à un concept, ou à un mot, et qu'en fait on ne le trouve pas.
C'est sans doute idiot, mais ça ma tué une partie du plaisir du livre.
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A l'image d'un Kim Stanley Robinson, d'un Greg Egan ou d'un William Gibson, Charles Stross fait partie de ces auteurs de la hard S.F., un genre littéraire qui ne se contente pas de se livrer à l'exploration de futurs possibles mais à accompagner leurs récits de références culturelles et surtout scientifiques (voire économiques, dans ce livre) pour tâcher de rapprocher, un peu plus, la réalité et la fiction.
Le thème central du roman est la singularité, ce moment où la technologie, connaissant un progrès sans pareil, permettrait à l'homme de dépasser ses propres capacités jusqu'à un niveau absolument imprévisible. La singularité aurait alors des conséquences irréversibles et extrêmement fortes sur les sociétés humaines. Ce moment, indique-t-on dans le livre, serait d'ailleurs peut-être déjà intervenu avec la création et l'avènement d'internet à la fin du siècle dernier. Ainsi, à travers les trois chapitres du livre, le lecteur suit la destinée familiale des Macx entre le début du 21ème siècle et les débuts du 23ème ou du 24ème siècle.

Manfred Macx est courtier en idées : il offre des idées gratuitement à des entreprises en échange de privilèges divers qui lui permettent de vivre très confortablement. Partagé entre son épouse Pamela et sa maîtresse Annette, Manfred connaît les dernières années d'un monde encore humain, grignoté lentement par la technologie mais aussi gangrenée par le droit, thème également récurrent du roman.
Amber Macx, la fille de Manfred et de Pamela, s'est proclamée souveraine d'un Etat en orbite autour de Saturne. Elle part bientôt, téléchargée dans une capsule dotée d'une voile solaire, à la rencontre d'un routeur extraterrestre à travers lequel elle espère trouver des intelligences aliens.
Autour de Saturne puis dans le vide intersidéral de l'espace, les Macx finissent par se retrouver. Amber veut se présenter en politique ; Manfred s'est dupliquée en de nombreux exemplaires de lui-même ; Sirhan, le fils d'une Amber restée autour de Saturne tandis que son autre elle filait vers le routeur, essaie de bâtir une nouvelle économie fondée sur la réversibilité et l'authenticité avant de rallier sa presque mère.

L'une des forces du roman réside dans le fait que Stross parte de problématiques actuelles – il faut songer au progrès technologique des années 1980-2010, tel que le monde n'en a jamais connu dans l'Histoire dans une période si rapprochée – et imagine, à partir de cela et de la probabilité d'atteindre cette notion philosophique de la singularité, un futur possible pour l'humanité. Evidemment, ce futur est à la fois exaltant – l'humanité sans limite, la victoire sur la mort, la possibilité d'une exploration infinie de l'univers – et déprimant. Car l'humanité et la post-humanité – ces entités uniquement mentales, téléchargées et qui acquièrent la puissance de calcul de superordinateurs – ont en commun l'obsession du détachement du corps physique, de la désincarnation, et ne vivent leur humanité que dans l'édification virtuelle de décors très 20ème siècle. Stross pose d'autres questions dans Accelerando : le rapport à l'intelligence artificielle, surtout quand celle-ci dépasse les capacités humaines (ainsi pour les aliens mais aussi pour Aineko, le chat intelligent et robotique) ou encore l'avenir de l'humanité dans un monde dominé par la technologie.

La question de l'existence légale de ces nouvelles entités que sont les post-humains ou les réplications d'humains et celle du droit commercial entourant ces nouvelles formes vivantes et économiques sont également très prégnantes dans le roman. Elles ne sont pas les moins intéressantes, bien au contraire. L'esprit du capitalisme anglo-saxon souffle bien sur ces 700 pages. Stross envisage donc cet avenir incertain sous un angle certes improbable mais qui est, déjà et à coup sûr, considéré sérieusement par les acteurs économiques d'aujourd'hui.

Le roman est truffé d'idées nouvelles et de références scientifiques et informatiques contemporaines. le lecteur saura s'y retrouver grâce à un lexique aussi salvateur qu'indispensable. Toutefois, c'est là l'un des défauts majeurs du roman : certains passages sont illisibles, dans le sens où ils ne créent aucune – ou presque – image dans l'esprit du lecteur (comme un film dont l'image serait coupée pendant quelques minutes) et déstabilisent la cohérence du roman, qui n'en avait pas besoin puisque le roman est originellement un assemblage de 9 nouvelles indépendantes. Illisibilité et inaccessibilité plombent, durant quelques pages, la lecture, et l'on ne peut s'empêcher de penser à Neuromancien de William Gibson, roman révolutionnaire mais d'un accès terriblement difficile pour toute personne étrangère de près ou de loin au monde de l'informatique.

Révolutionnaire, Accelerando l'est aussi. Brillant, il l'est à coup sûr. Clivant, c'est là encore une certitude : porté aux nues par beaucoup (il a remporté le prix Locus du meilleur roman de science-fiction en 2005), il ne pourra certainement pas être lu par tous.
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Trop complexe pour mon goût, plein de concepts geeks que je ne maîtrise pas et une histoire qui n'en est pas vraiment une. Dommage, le sujet, le transhumanisme, comme la tonalité du récit, étaient très intéressants, mais je me suis perdu en route.
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Je n'ai jamais lu de science-fiction, c'était un véritable défi pour moi qui suis fan de thrillers.
Grace à Babelio, j'ai enfin essayé et même si j'ai aimé cette lecture, je ne suis pas convaincue par le genre.

D'abord, j'ai eu l'impression d'évoluer dans un monde parallèle et de lire une langue inconnue. Heureusement, un glossaire se trouve en fin de livre et m'a vite aidé à y voir clair. Une fois ces difficultés aplanies, j'ai enfin pu me concentrer sur ma lecture.

Le roman est composé de 9 parties, chacune représentant une évolution de l'humanité. Si j'ai eu assez facile de comprendre la première partie du livre, j'ai eu beaucoup plus de mal pour les 3 suivantes, finissant par lire le roman sans bien en comprendre tous les tenants et aboutissants. J'ai compris l'essentiel de l'histoire mais pas du tout les notions scientifiques.

Malgré tout, je m'étais engagée à lire ce livre dans le mois, j'ai donc tenu parole et n'ai pas abandonné, même si l'idée a été tentante.

Bref, un bon livre pour les fidèles du genre mais pas pour les néophytes dont je fais partie.
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Définition de la hard science fiction :
La hard science-fiction (dite aussi hard science, hard SF, SF dure) est un genre de science-fiction dans lequel les technologies décrites, les formes sociétales présentes dans l'histoire et les découvertes ou évolutions ne sont pas en contradiction avec l'état des connaissances scientifiques au moment où l'auteur écrit l'oeuvre. La hard SF est caractérisée par son exigence forte de cohérence interne1 ainsi que, souvent, par un intérêt pour les détails scientifiques et techniques. L'intérêt des romans de hard SF réside souvent dans l'utilisation surprenante des techniques présentées. (Source Wikipedia)

J'ai profité de la Masse Critique (d'ailleurs merci à Babelio et au Livre de Poche) pour sélectionner uniquement des livres de « hard SF », un genre auquel je n'ai jamais osé m'attaquer auparavant.
J'ai des connaissances correctes en informatiques et généralement en sciences mais j'avais peur d'être dépassé avant de me lancer.
Pour commencer, je vais parler de la structure du livre qui est composé de 9 chapitres. C'est une saga qui se déroule sur 3 générations (3 chapitres pour chaque). La 4ème génération arrive dans les derniers chapitres mais c'est plus compliqué que ça (et inexplicable sans tout divulguer du roman). L'histoire débute au cours des premières décennies du 21ème siècle et on suit la vie de Manfred Macx, sorte de gourou technophile agalmique (qui prone une économie d'échanges de biens : logiciels libres, …). En parallèle, nous suivons l'évolution de la science qui est sur le point d'atteindre la singularité technologique (moment où les calculateurs et l'intelligence artificielle seront si avancés que les innovations technologiques seront incontrôlables et progresseront de façon exponentielles et non prévisibles). Tout ceci tendra vers le transhumanisme où l'être humain sera transcendé par la technologie.
N'ayez pas peur, ces notions sont clairement expliquées dans les 3 premiers chapitres (et dans un imposant glossaire en fin de livre) et j'étais plutôt fier de tout comprendre à ce moment là.
Mais après ça part en cacahuète quand l'histoire s'intéresse à Amber la fille de Manfred. Niveau technologique, je n'ai plus rien compris et je me suis laissé porté par tous ces termes compliqués et me suis surtout intéressé à cette famille 12.0 . Ca ne s'arrangera pas sur la fin avec Sirhan le « pseudo fils » d'Amber et les complications liées au franchissement de la singularité.
Par contre, ça laissera la place à de sublimes passages comme celui des explications donnés aux êtres réssuscités des siècles passés (on y croisera même à demi-mot H.P. Lovecraft) ou au fait que notre vie du début du XXIème sera considéré comme décadente (Manni le 11 septembre 2001 qui écoute du Type O Negative) dans un futur proche.
Deux personnages récurrents sont excellents et tiennent quasiment le livre à eux deux : ce sont le chat Aineko et Pamela l'ex-femme complètement cinglée de Manfred.
Je pourrais encore aligner des mots mais je vais faire bref. Ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il faut être prêt à encaisser un paquet de nouvelles notions sémantiques, scientifiques, technologiques… Mais le jeu en vaut la chandelle et j'ai passé un très bon moment avec ce roman même dans les passages les plus compliqués. Après, est ce que je lirai d'autres romans de hard SF ? Rien n'est moins sur !
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un tres bon roman mais ca a ete difficile pour moi de rentrer dans l'univers de l'auteur comme le livre est tres long (750 pages) je garde un souvenir mitigé de ce roman trop loin du palnher des vacches pour moi...Mais ce n'est que mon avis le livre recelle aussi des bons moments evidemment !
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Accelerando met un scène Manfred Macx, un expert en nouvelles technologies, qui dépose à un rythme effréné une dizaine de brevets par jour. Ce qui l'anime c'est justement d'empêcher les multinationales de s'accaparer les inventions du futur à leur seul intérêt. Sa solution ? Les déposer en "open source" et les rendre ainsi disponible à tous et à tout moment.
Evoluant dans un monde ultra-connecté, le héro est très souvent sollicité pour ses compétences et même pourchassé par des ayants-droits et le Fisc américain... Charles Stross nous livre également ses anticipations sur le monde de demain: valise intelligente, robot chat multifonctions, lunettes connectées (et son lot de spam continu!), crevettes connectées à internet (oui oui), etc.
Si l'idée de base valait la peine d'être traitée de la sorte, le récit quant à lui est émaillé de notions et concepts pour certains très pointus nécessitant d'interrompre la lecture pour se réferer au glossaire bien fourni en fin d'ouvrage. Bien que personnellement très intéressé par les thématiques abordées, ce fourmillement techniques rend la lecture lourde et fastidieuse. Ce livre conviendra aux lecteurs chevronnés et passionnés de science fiction, les puristes, qui trouveront de quoi épancher leur soif de connaissances et de questionnements sur la place de l'homme dans un futur incontrolable.
Peut être le format "livre" n'est pas adapté à cet oeuvre Sci-fi qui bénéficierait grandement d'une version numérique pour en faciliter la navigation, et ferait également écho à l'ambiance du récit.
Merci à Babelio et aux Editions Piranha pour ce livre.
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