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Citations sur Il est difficile d'être un dieu (11)

Il y aura toujours des rois, plus ou moins cruels, des barons, plus ou moins barbares, et il y aura toujours un peuple ignorant,admirant ses oppresseurs et haïssant ses libérateurs Et cela parce qu' un esclave comprend bien mieux son maître, si cruel soit-il que son libérateur, car chaque esclave s'imagine très bien à la place de son maître, mais bien peu à la place d'un libérateur désintéressé.
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Car l'élévation du niveau culturel du peuple, dans tous les domaines, depuis les progrès des sciences naturelles jusqu'à l'amour de la musique est mortelle pour les égoïstes incultes et les fanatiques...
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- Quelle idée ! s’étonna Roumata. Tu veux tous nous faire moines ? »
Le père Kin pressa ses mains l’une contre l’autre et fit un mouvement en avant.
« Laissez-moi vous expliquer, don Roumata », dit-il avec chaleur, après avoir passé la langue sur ses lèvres. « L’important est ailleurs. L’essentiel est dans les grandes lois d’un nouvel État : elles sont simples et elles sont au nombre de trois : une foi aveugle dans l’infaillibilité des lois, une soumission absolue à icelles, et également, la surveillance sans relâche de chacun par tous et vice versa.
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A force de réfléchir, on invente la poudre
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Car l’élévation du niveau culturel du peuple, dans tous les domaines, depuis les progrès des sciences naturelles jusqu’à l’amour de la musique, est mortelle pour les égoïstes incultes et fanatiques… Puis vient une époque de gigantesques ébranlements sociaux, qu’accompagne un développement inouï de la science, et en corollaire, un très vaste phénomène d’intellectualisation de la société ; alors, la grisaille livre un dernier combat, dont la cruauté ramène l’humanité au Moyen Âge, elle subit une défaite, et disparaît pour toujours en tant que force réelle.
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La cité dormait ou faisait semblant. Les habitants se rendaient-ils compte que chose d’effroyable se préparait cette nuit ? Ou bien pensaient-ils, comme le gentilhomme de grand esprit, qu’on allait fêter la Saint-Mika ? Deux cent mille homme et femmes, deux cent mille forgerons, armuriers, bouchers, merciers, joailliers, bourgeoises, prostituées, moines, changeurs, soldats, vagabonds, lettrés rescapés se retrouvaient dans leur lits étouffants qui sentaient la punaise, dormaient, s’aimaient, supputaient leur bénéfices, pleuraient, grinçaient des dents de colère ou d’humiliation… Deux cent mille personnes. Il y avait en elles quelque chose de commun pour un envoyé de la Terre ; presque tous sans exception n’étaient pas encore des hommes au sens actuel du mot, mais de la matière brute, gueuse, que seuls des siècles d’Histoire sanglante transformeraient en hommes fiers et libres. Ils étaient passifs, cupides et invraisemblablement, fantastiques égoïstes. Psychologiquement, ils étaient presque tous des esclaves : esclaves d’une foi, de leurs semblables, de leurs passions mesquines, esclaves de leur cupidité, et si par la volonté du destin, quelqu’un d’entre eux naissait ou devenait un maître, il ne savait que faire de sa liberté, s’empressait de se faire l’esclave de sa richesse, de choses superflues, d’amis débauchés, esclave de ses esclaves. L’énorme majorité d’entre eux n’était en rien coupable. Ils étaient trop passifs, trop ignorants. L’esclavage prenait sa source dans leur passivité et leur ignorance, et celles-ci à leur tour engendraient l’esclavage. S’ils avaient tous été semblables, tout espoir aurait été vain, le courage aurait manqué pour se mettre à la tâche. Mais tous étaient des hommes, porteurs d’une étincelle de raison, et tantôt ici, tantôt là, s’allumaient en eux les petites lueurs d’un avenir incroyablement éloigné mais proche. S’allumaient envers et contre tout. En dépit de leur apparente inutilité. En dépit de l’oppression. Bien que personne ne se souciât de ces hommes. Bien que dans le meilleur des cas ils pussent compter sur une pitié méprisante et étonnée…
Ils ne savaient pas que l’avenir était avec eux, que l’avenir, sans eux, était impossible. Ils ne savaient pas que dans ce monde de fantômes terrifiants, ils étaient l’unique réalité du social. Détruisez cette vitamine, la société se gangrène, c’est le début d’un scorbut social, les muscles faiblissent, la vue baisse, les dents tombent. Aucun État ne peut se développer sans culture, quand l’État n’est plus capable de pratiquer l’autocritique, il commence à encourager des tendances erronées, développer chez ses citoyens l’instinct de consommation et la présomption, pour finir, quand même, victime de voisins plus intelligents. Il est possible de persécuter longtemps les hommes de savoir, d’interdire les sciences, de détruire l’art, laisser le chemin libre à tout ce que détestent tellement les despotes et les ignorants obtus. Les hommes gris qui sont au pouvoir ont beau mépriser la science, ils ne peuvent rien contre l’objectivité historique, ils peuvent freiner mais non arrêter le mouvement. Craignant le savoir, ils finissent toujours par l’encourager dans l’espoir de se maintenir. Tôt ou tard, ils sont contraints d’autoriser les universités, les sociétés scientifique, de créer des centres de recherche, des observatoires, des laboratoires, de former des cadres, hommes de pensée et de savoir qui échappent à leur contrôle, qui ont une mentalité totalement différente, des besoins totalement différents. Ces hommes ne peuvent vivre, et encore moins travailler, dans une atmosphère de basse cupidité, d’autosatisfaction béate, de besoins strictement physiologiques. Il leur faut une autre atmosphère, de savoir universel, de tension créatrice, ils ont besoin d’écrivains, d’artistes, de musiciens. Les hommes gris sont obligés de céder sur ce point aussi. Ceux qui s’entêteront serons éliminés par des rivaux plus rusés, mais ceux qui cèdent, inévitablement et paradoxalement, creusent leur propre tombe. Car l’élévation du niveau culturel des peuples, dans tous les domaines, depuis les progrès des sciences naturelles jusqu’à l’amour de la musique, est mortelle pour les égoïstes incultes et les fanatiques… Puis vient une époque de gigantesques ébranlements sociaux, qu’accompagne un développement inouï de la science, et en corollaire, un très vaste phénomène d’intellectualisation de la société ; alors, la grisaille livre un dernier combat, dont la cruauté ramène l'Humanité au Moyen Age, elle subit une défaite, et dans une société, libre de toute oppression de classe, disparaît pour toujours en tant que force réelle.

pp. 140-141
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Rien ne m'intéresse. Je m'amuse. Je ne suis ni dieu ni le démon. Je suis le chevalier Roumata d'Estor, un joyeux gentilhomme, accablé de caprices et de préjugés, habitué à la liberté dans tous les domaines. Vous vous rappellerez ?
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Regardez, regardez, mes amis, pensait Roumata en tournant lentement la tête de droite à gauche. Ce n’est pas de la théorie. Cela personne ne l’a encore vu. Regardez, écoutez, filmez… et appréciez, aimez, le diable m’emporte, votre époque, inclinez-vous devant ceux qui sont passés par là ! Regardez ces faces, jeunes, obtuses, indifférentes, habitues à toutes les cruautés, et ne faites pas les dégoûtés, vos aïeux ne valaient guère mieux…
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..., je n'ai que faire de théorie. Je ne sais qu'une chose : l'homme est le porteur objectif de l'intelligence. Tout ce qui empêche l'homme de développer son intelligence est un mal,...
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Aucun État ne peut se développer à l'écart de la science, ses voisins l'anéantiraient. Sans arts et sans culture, un État n'est plus capable de pratiquer l'autocritique, il commence à encourager des tendances erronées, engendre à chaque seconde des hypocrites et des crapules, développe chez ses citoyens l'instinct de consommation et la présomption, pour finir, quand même, victime de voisins plus intelligents.
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