Quiconque a lu
Olive Kitteridge – prix Pulitzer 2009 – peut comprendre la résonnance particulière que procure la sortie d'un nouveau livre d'
Elisabeth Strout. Et donc pourquoi je me suis rué dès sa sortie sur
Oh, William, traduit par
Pierre Brévignon.
En parallèle d'Olive,
Strout continue de décliner la vie de Lucy Barton, son autre personnage fétiche, qui dans ce 3e opus se retrouve lancée dans une quête identitaire en compagnie de William, son ex-mari.
Divorcés depuis plusieurs années mais toujours étroitement liés, Lucy et William vont quitter un temps Manhattan pour le Maine, où William a découvert sur le tard l'existence d'un secret de famille qui l'intrigue, autant qu'il le craint.
L'occasion pour ces deux vieux amoureux sur le retour de se pencher sur ce que fut leur vie et la façon dont leurs origines respectives l'avait conditionnée ; mais aussi sur leur mariage et les non-dits qui l'obscurcirent.
« J'ai été saisie par le souvenir viscéral de cette chose hideuse que le mariage représentait parfois pour moi quand je vivais avec William : une familiarité si pesante qu'elle saturait la pièce, une connaissance si intime de l'autre qu'elle vous obstruait la gorge (…) L'intimité était devenue une chose effroyable ».
Rien de bien passionnant je l'avoue dans cette histoire et pourtant, j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver l'écriture d'
Elisabeth Strout, avec le sentiment d'être confortablement assis dans un bon fauteuil et d'écouter les souvenirs d'une vieille amie
Loin d'un livre dégoulinant de bons sentiments,
Strout écrit avec le coeur. Plus forte que l'amour, l'affection incroyable qui sourd à chaque ligne de dialogue entre William et Lucy est juste magnifiquement écrite, avec des mots simples et une sincérité qui transperce la frontière du papier.
À chaque «
Oh, William » que Lucy prononce, se devine toute une palette d'intonations, calées sur celle de ses sentiments : surprise, choquée, attendrie, énervée, admirative ou amoureuse… Lucy, personnage attachant qui respire la joie ; qui est la joie.
Une petite récréation littéraire, que je ne conseille qu'aux fans absolus.