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Gilbert Bosetti (Traducteur)
EAN : 9782864324775
90 pages
Verdier (15/06/2006)
4.17/5   27 notes
Résumé :
Entre ciel et mer, deux êtres liés par le sang - un père malade et son fils - ont abordé à l'île des origines (Lussimpiccolo, au large de l'Istrie) et s'interrogent sur la naissance et sur la mort à mots couverts, avec la pudeur de l'amour, dans un récit linéaire d'une émouvante essentialité. Giani Stuparich, né à Trieste en 1961 et mort à Rome en ig6i est ce qu'il est convenu d'appeler un " écrivain de frontière ".
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Comment dire, quand dire, que dire à un être aimé qui irrésistiblement s'en va et que l'on voit glisser doucement vers une mort déjà lisible dans son visage, dans ses gestes, dans ses yeux?

Ce court récit ou cette longue nouvelle, ce "racconto lungo" comme disent les Italiens, s'il m'a fort touchée, ne donne aucune réponse.

Un père atteint d'une tumeur inopérable à l'oesophage emmène son fils dans l'île istrienne de ses origines, au large de Trieste, pour passer avec lui quelques jours qui seront sans doute les derniers.

Pas de pathos, malgré la situation tragique: une torpeur insidieuse se glisse dans ces heures précieuses qui les étire infiniment, comme pour en jouir encore.

Chaque détail de vie prend le relief d'un événement majeur: le fils a pris un bain de vagues sur une côte dangereuse infestée de requins, le père a pris un bar énorme, leur hôtesse, une vieille paysanne liée à la famille, leur a préparé un succulent repas.. autant de petits faits qui se dressent comme des remparts contre la présence menaçante de la mort et semblent la tenir en respect.

Mais, lentement, à mesure que s'étrangle, au propre et au figuré, la voix du père, pointe chez son fils, comme une vrille, un terrible sentiment d'urgence: il faut parler, aborder l'angoisse ultime. A moins que le désir secret du mourant soit que son fils continue à participer à la comédie?

Magnifique récit, qui évite tous les pièges et toutes les réponses faciles, écrit dans une langue classique, pleine de retenue et de sobriété. Giani Stuparich au sommet de son art!

Tous ceux qui ont accompagné un très proche dans ce dernier bout de route, où la parole est tellement chargée de sens et d'émotions qu'elle en devient impossible, ont senti l'étranglement du fils devant celui du père.

Ou celui de la fille...
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Un père condamné par une tumeur demande à son fils de l'accompagner pour une quinzaine de jours sur l'île de ses origines,Lussimpiccolo,au large de l'Istrie.Ce séjour sera loin d'être une sinécure ....
Ce court récit d'inspiration autobiographique ,avec sa prose rudimentaire reste un brin superficiel.Oui,le fils souffre de voir son père mourir,oui, le père fait de son mieux pour ignorer sa maladie fatale,sans issu,mais trop de non-dits en font un récit trop silencieux,dont le style sobre en rajoute.
J'espérais lire un livre dans la veine de "La maison des autres" de Silvio D'Arzo,un petit bijou de littérature ,que j'adore,je suis un tout petit peu déçue.
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Un fils quitte les montagnes dans lesquelles il vit depuis des années pour répondre à l'appel de son père malade.
Tous deux vont faire un voyage ensemble dans l'île, leur île que le père avait craint ne plus revoir.
Ils vont vivre quelques jours, les derniers jours du père.

Un tout petit livre, 81 pages simples, délicates et très belles.
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J'ai lu « l'île ».
C'est un roman court pour décrire un moment court de la vie : le dernier voyage d'un fils et de son père mourant d'un cancer, sur l'île d'origine des deux hommes.
Ce sont les mots qui ne sortent pas et l'angoisse impuissante du fils qui plient devant l'évident bonheur – si le mot peut s'employer ici- du père qui plonge comme un dernier souhait dans les lieux et les souvenirs de sa jeunesse. Juste être là, quel qu'en soit le prix.
Au-delà de cette description sensible, l'intérêt et la réussite du roman s'arrête un peu vite à mon goût. Il n'y a pas de chair autour du récit. Les lieux et les moments sont peu réels. On a du mal à vivre avec eux ces instants, à cause de l'abstraction des descriptions : voir depuis le bateau quasiment les détails d'une maison délabrée ; se retrouver dans un salon alors qu'on a pas vu les voyageurs débarquer… autant d'ellipses qui placent le roman à mi-parcours entre une véritable histoire et l'incarnation d'une idée.
Se lit avec plaisir mais laisse sur sa faim. On attend plus.
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Ce roman de Stuparich m'a été soufflé par Claude et je lui dis un grand merci car j'ai pris un très grand plaisir à cette lecture.
L'Ile est un court récit qui évoque la relation entre un père malade et son fils. Ils sont venus sur l'île de Lussinpiccolo, juste en face de Trieste, pour passer pour la dernière fois quelques jours ensemble.
Ce voyage c'est le père qui le souhaite, il veut retourner sur son île natale « s'installer les jambes pendantes sur la jetée et oublier le monde » et surtout partager encore quelques moments avec son fils. le fils a quitté la côte Triestine depuis longtemps, il préfère la montagne, il vit loin.
Giani Stuparich sait à merveille évoqué cette inversion constante et parfois insupportable : enfant et parent échangeant leurs rôles, l'enfant devenant celui qui protège, le père celui qui a besoin d'aide.
Il écrit un récit lent, poignant, épuré, limpide et sobre. Un chef d'oeuvre de la littérature italienne à découvrir.
Il y a beaucoup de similitudes entre ce roman et celui d'Arzo Maison des autres que j'ai lu très récemment mais aussi avec le beau roman de Anna Luisa Pignatelli Noir toscan qui a concouru pour le Fémina étranger.
Le fils a longtemps regardé son père comme un héros distant et intouchable « le visage lumineux, la voix retentissante, avec des manières de conquérant. » Mais le père a vieilli, il est malade et maintenant « ses épaules semblaient veiller à maintenir son corps qui se serait affaissé sans la ferme volonté qui le dominait encore. »
Le père lui regarde son fils avec affection « il le voyait suivre sa route d'un pas assuré, et il en était fier. »
Chacun d'eux fait un voyage vers l'autre, les souvenirs partagés, les silences, les gestes simples, les objets, le père qui clot ainsi son existence et le fils qui lui ne fait qu'entamer le voyage.
L'auteur écrit que l'homme né sur une île est fait pour « courir le monde et ne revenir qu'à la dernière extrémité. »


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il n'est pas juste que je continue cette comédie.. .
Mais peut-être continuons-nous de la jouer à deux? Tu sais, n'est-ce pas, papa ? Toi aussi, tu gardes peut-être le silence pour ne pas m'effrayer. Mais alors, jetons les masques. C'est plus digne de nous, plus digne de toi qui m'as toujours appris à affronter la réalité à visage découvert. Ces quelques heures, les dernières, qu'il nous est donné de passer ensemble, ne les gaspillons pas en futilités. Ce n'est pas la baignade, ce n'est pas cette splendide matinée de soleil qui ont de l'importance.
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Quand il se retourna vers la terre, il vit une silhouette debout sur un rocher.
Son père. Sa tête nue, ronde, aux cheveux rares et courts, se dressait orgueilleusement sur son buste; sous la veste et le pantalon qui flottaient au vent, son corps se tenait ferme et droit. Qui sait depuis combien de temps il était la, le suivant du regard en silence.
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Toute cette matinée glorieuse, sans ombres, propre à redonner du courage et une confiance solaire, avait été soudainement assombrie par la révélation du mal toujours aux aguets : la preuve foudroyante d'une réalité à laquelle il n'était pas permis d'échapper.
La vie recommençait à se fissurer : une froide pâleur de mort voilait la transparence d'un sang chaud et exultant ; dans le cours d'une journée pleine de soleil, vécue dans la liberté de la lumière et du vent, survenait un marasme, un confinement étouffant, où le cerveau se dissolvait et où l'âme couvait ses peurs.
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Comme ces gens-là respiraient et circulaient tranquillement ! Mais ils lui faisaient l'effet d'acteurs imprudents qui joueraient leur rôle sur l'avant-scène sans avoir assuré leurs arrières. N'y avait-il pas, embarqué sur ce même paquebot, un voyageur qui portait en lui la mort? La mort, nichée dans son oesophage, à la hauteur de la troisième côte.
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Tout autour, le profil de l'île était d'une grande douceur ; entre les chevelures bleutées des oliviers transparaissait le ciel plus intense ; dans l'air immobile se dégageaient de réjouissantes senteurs, les arômes de la terre se mêlaient aux odeurs de la mer : le pin, la menthe et le laurier-rose au sel et aux algues.
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Video de Giani Stuparich (1) Voir plusAjouter une vidéo

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