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Robert Parienté (Éditeur scientifique)
EAN : 9782221093283
1024 pages
Robert Laffont (19/09/2002)
4.5/5   6 notes
Résumé :

Le tome 1 contient : Le Mythe napoléonien – Sur Alphonse Daudet – Autour de l’affaire Dreyfus – Autour de Voici l’homme – Autour de Sur la vie – Autour du Voyage du condottiere – Autour de Baudelaire – Tolstoï vivant – Idées et Visions – Péguy – Vue sur Cervantès et Don Quichotte – Autour de Shakespeare – Vues sur Debussy – Vues sur Maurice Ravel – Sur... >Voir plus
Que lire après Oeuvres, tome 1 : Idées et visions (1897-1923)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage contient un florilège des écrits de Suarès, beaucoup de critiques, d'exégèses, quelques textes politiques ou plus littéraires. Beaucoup d'oeuvres de Suarès ne sont plus rééditées depuis longtemps. Mais en vérité, Suarès écrivait beaucoup et il se répétait aussi, il y a du très bon et du plus anecdotique, je ne trouve pas qu'il soit nécessaire de tout connaître. Par bonheur, l'un des ouvrages les plus intéressants a été réédité dans les années 1990 et doit pouvoir se trouver encore facilement, il s'agit de « Poète tragique » sur Shakespeare. « Lord Spleen en Cornouailles » est aussi très bon, comme les petits extraits inédits du « Voyage du Condottière », magnifiques. « Pour et Contre Tolstoï » mérite aussi d'être lu, à mon avis.
Suarès en trois mots : Passion, orgueil et spleen. Une passion qu'il place au-dessus de toute morale, un immense orgueil qui ne peut pas aimer sans être préféré, et un spleen constant qui s'en déduit facilement. On trouve des tas de phrases comme celle-ci dans quasiment toutes ses oeuvres : « La vie est un trouble, un lieu d'excès, la passion des passions. Je le pense et je l'éprouve. de tous les hommes, ne suis-je pas le plus vivant ? Or, cette vie qui est en moi pareille à la lumière pour elle-même, je vais la perdre, demain, ce soir, tout à l'heure. » Avec ça on peut comprendre tout ce qu'il a écrit, même ce qu'on admet le moins, on comprendra son point de vue et si on le trouve violent on ne le trouvera pas faux.
Suarès et trois écrivains : Pascal, Stendhal et Nietzsche. Il confesse une admiration totale et constante pour Pascal, c'est certainement celui qu'il encense le plus, mais à mon avis il est davantage l'héritier de Stendhal. Ils ont la même façon de caractériser les peuples et les nations, ils donnent la même importance à l'amour, et partagent le même engouement pour l'Italie ou Napoléon. L'influence littéraire la plus ambigüe est celle de Nietzsche, mais elle est réelle et très sensible. Ce goût pour les aphorismes, cette rhétorique sur la morale (même s'il n'en tire pas tout à fait les mêmes conclusions) et ces apparentes contradictions, tout ça est nietzschéen au possible. Il est parfois lyrique jusqu'à la grandiloquence et parfois d'une concision extrême, grand amateur d'ellipses. En fait, je qualifierais sa prose de sentencieuse.
Sur le plan politique, c'est un républicain parfait, contrairement à nombre d'écrivains de sa génération, jamais il ne s'est perdu du côté monarchiste ou communiste. Grand patriote aussi, et en totale opposition aux nationalistes, il frise quand même l'anti-germanisme, même s'il faut admettre sa clairvoyance quant au racisme de la société allemande. Contrairement à son vieil ami Romain Rolland, il ne croyait pas à la non-violence tolstoïenne et soutenait l'effort de guerre. Enfin, il faut dire qu'il était très antiféministe et d'une manière générale détestait tout esprit partisan.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Alors, je croyais l'homme bon ! J'ai su, depuis, que la bonté est aussi une oeuvre, et qu'elle n'est point si naturelle à l'homme que la digue au castor. Je croyais à la joie. A quoi ne croyais-je pas ? J'avais tant de joie à tout ce qui compose la vie, que je parus douter de la vie seule. Ainsi, quand tous les moments sont d'or pur, le temps n'a plus de prix.
Mais j'ai vu que rien n'est bon que la puissance victorieuse de soi, qu'elle seule est amour, elle seule est force.
Tout ce qui me fit horreur, tout ce qui me fait mal et dégoût, je l'admets en soi-même, à présent. Ce n'est pas que je l'accepte. Mais le Destin n'a pas de plus intime confident. Je le réforme dans mon coeur ; au fond du coeur, je le broie, je le vaincs, je le fonds, je le coule. C'est là ma fatalité propre et ma mission.
Je vais vers la mort, comme tout. Et la vie est plus pleine que jamais, en moi. Je ne puis et ne veux la réduire. C'est l'âge fort. Il n'a point d'illusions, sinon celles qu'il crée.
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Le politique a la conscience débile ; bon sans honnêteté ; malhonnête à la façon de la femme qui ment, ou de l'enfant qui vole, sans être bien sûr s'il est ou non coupable ; qui met une sorte d'honneur dans le mélange de la bonté et de la faiblesse, qui s'y tient et y place sa vertu ; l'heureux nouveau venu, qui se persuade volontiers que son bonheur fait celui de tout le monde ; qui s'installe dans sa fortune, comme si elle lui était due, mais avec la crainte sourde de n'y être qu'un hôte de passage, et qui par là glisse à la facilité ; l'homme sans profondeur, qui se corrompt même à fleur de peau, sans jamais être corrompu tout à fait, - sans pouvoir l'être, dirais-je ; le bavard éloquent, l'orateur qui trouve son coeur et ses principes sur ses lèvres, au lieu de chercher ses principes dans son coeur ; qui bavarde pour se convaincre autant que pour persuader les autres, et chemin faisant y réussit ; qui ne connaît cet homme ? C'est Roumestan [personnage d'Alphonse Daudet]. Combien d'erreurs évitées, si, loin de s'indigner contre lui, on n'oubliait pas de le comprendre. Car cet homme est légion.
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[Un crépuscule à Venise]

Comme la mer, comme les îles, je me suis vu couvert de sang, et maintenant de cendres violettes. Une floraison brûlante de lilas descend sous les flots, aspirée par l'abîme. Je ne suis rien de plus qu'un reflet ; et rien ne l'est plus que moi. Venise, ville unique pour se voir mourir dans l'ivresse de vivre, vraie fleur de l'océan par là : son parfum se répand dans la lumière qui expire. Ainsi l'amour, battant des ailes, plane au-dessus de la mort, et rêve de se survivre.
Une cloche,... un son d'argent tinte dans l'air d'or. Certes, c'est le ciel tintant qui sonne à ce clocher et qui murmure : Amour. Entre l'heure éblouissante qui n'est plus, et l'heure tragique qui s'avance, le moment de la prière est venu. Amour est une prière. Ecoute : la salutation angélique du coeur à la tendresse t'appelle. En vérité, heure innocente comme le désir d'aimer. Innocence, en vérité : un tel amour a l'innocence de la puérilité.
La mer implore le ciel : encore un instant de couleur, encore un instant de clarté. Et le ciel implore la toute-puissance cachée. Tout l'univers demande grâce. Et je rougirais de le faire ? Ah, pour tout l'univers, c'est à moi de le demander. A l'irrésistible dénouement de la tragédie, je ne résiste plus ; mais à la splendeur qui se retire, moi aussi, je tends les mains, et je supplie : pas encore, pas encore !
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D'où vient que la mort et le désespoir sont au noyau de l'amour, et d'autant plus que la passion est plus sensuelle ? Parce que la vie s'y affirme follement, et que la vie est le mal, la vie telle que la donne la nature, la vie telle quelle, sans un passé infini, sans infini à venir. Or, l'amour est l'appétit, le besoin et le sens même de l'infini. Un mal dans le mal. De là, que l'amour moderne est saturé de douleur : il est le lieu même des infinis. Et de là vient aussi que l'amour est le combat toujours plus aveugle et plus âpre de l'homme avec la femme. Plus près de la nature, la femme est restée en amour absolue comme l'appétit de nature ; tandis que l'homme y est malade d'un autre infini, sitôt qu'il cesse d'y être une brute.
Il est une malédiction dans le désir, une damnation dans la soif éternelle de la volupté. Et d'autant plus que jamais ce désir ne peut se satisfaire, et jamais cette soif ne s'étanche. Elle s'irrite au contraire à mesure qu'elle s'abreuve, parce qu'elle se déçoit. Et à mesure qu'elle goûte à la satisfaction, elle en désespère.
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Reste la pensée. Elle est le plus haut effort et l'espoir de la vie, mais à la condition de ne jamais se confondre dans la raison seule, et de ne jamais omettre la vie même. "Nous ne cherchons jamais les choses, dit Pascal, mais la recherche des choses." Voilà bien la dynamique de la vérité. "Rien ne nous plaît que le combat, et non pas la victoire." Toute grandeur de l'esprit est, d'abord, dans la connaissance des caractères. Faute d'un psychologue, il n'y a pas de très grand esprit. La morale n'y suffit pas ; encore moins la politique. Connaître la nature humaine pour la purger de la bête, la délivrer du tout fait, et l'avancer en esprit, tel doit être le principe de la morale, jusqu'à ce qu'on en ait fait le principe de l'action.
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Vidéo de André Suarès
CHAPITRES : 0:00 - Titre
A : 0:06 - ACTE - Jacques Deval 0:16 - ACTION - Sacha Guitry 0:28 - ADMIRATION - Comtesse Diane 0:38 - ADULTÈRE - Daniel Darc 0:59 - ÂGE - Fabrice Carré 1:08 - AMI - Jean Paulhan 1:18 - AMIS - Madame du Deffand 1:30 - AMOUR - André Birabeau 1:40 - AMOUR - Madeleine de Scudéry 1:51 - AMOUR DES FEMMES - Edmond Jaloux 2:03 - AMOUR ET FEMMES - Paul Géraldy 2:16 - AMUSEMENT - Jean Delacour 2:36 - ANIMAL - André Suarès 2:47 - APPARENCE - Nathalie Clifford-Barney 2:57 - ARGUMENT - Léonce Bourliaguet 3:07 - AVARICE - Abel Bonnard 3:19 - AVENIR - Gustave Flaubert 3:28 - AVIS - Marie d'Arconville
B : 3:37 - BAISER - Tristan Bernard 3:49 - BEAUTÉ - Fontenelle 4:00 - BÊTISE - Valtour 4:13 - BIBLIOTHÈQUE - André de Prémontval 4:24 - BLASÉ - Louise-Victorine Ackermann 4:35 - BONHEUR - Henri Barbusse 4:45 - BUT - Richelieu
C : 4:54 - CAPITAL - Auguste Detoeuf 5:10 - CERVEAU - Charles d'Ollone 5:20 - CHANCE - Pierre Aguétant 5:31 - COMPRENDRE - Charles Ferdinand Ramuz 5:42 - CONSEIL - Maurice Garçot
5:55 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Jacques Deval : http://www.lepetitcelinien.com/2013/06/lettre-inedite-louis-ferdinand-celine-jacques-deval.html Sacha Guitry : https://de.wikipedia.org/wiki/Sacha_Guitry#/media/Datei:Sacha_Guitry_1931_(2).jp Comtesse Diane : https://www.babelio.com/auteur/Marie-Josephine-de-Suin-dite-Comtesse-Diane/303306 Jean Paulhan : https://jeanpaulhan-sljp.fr/ Madame du Deffand : https://fr.wikipedia.org/wiki/Madame_du_Deffand#/media/Fichier:Mme_du_Deffant_CIPA0635.jpg André Birabeau : https://fr.wikipedia.org/wiki/André_Birabeau#/media/Fichier:André_Birabeau_1938.jpg Madeleine de Scudéry : https://www.posterazzi.com/madeleine-de-scudery-n-1607-1701-french-poet-and-novelist-wood-engraving-19th-century-after-a-painting-by-elizabeth-cheron-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0078786/ Edmond Jaloux : https://excerpts.numilog.com/books/9791037103666.pdf Paul Géraldy : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Géraldy#/media/Fichier:Paul_Géraldy_by_André_Taponier.jpg André Suarès : https://www.edition-originale.com/fr/litterature/divers-litterature/suares-correspondance-1904-1938-1951-79921 Nathalie Clifford-Barney : https://www.amazon.fr/Eparpillements-Natalie-Clifford-Barney/dp/B081KQLJ87 Léonce Bourliaguet : https://www.babelio.com/auteur/Leonce-Bourliaguet/123718/photos Abel Bonnard : https://twitter.com/wrathofgnon/status/840114996193329153 Gustave Flaubert : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/
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