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EAN : 9782221140727
496 pages
Robert Laffont (13/03/2014)
3.56/5   88 notes
Résumé :
La limite de l'équilibre et du déséquilibre est franchie à plus d'un titre; pour les personnes ayant la haine, cela risque d'être un ressort à passer à l'acte, quel qu'il soit, et le sera certainement malheureusement dans leur vie pour certains, car les faits décrits en sont déjà des exemples vécus antérieurement

L'apologie de la révolte à l'état pur, bestial : oui, on se doit certainement d'être contre toute injustice, dans tous les milieux, mais on ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 88 notes
Voilà un premier roman et un auteur Julien Suaudeau qui devrait faire parler de lui.
Car c'est pour moi, une vraie et belle surprise.
Fiction mélangeant habilement terrorisme, politique, désespérance sociale, solitude, vengeance. Un cocktail savamment dosé, passionnant de bout en bout. L'analyse de Suaudeau est pessimiste, reflet d'une société qui ne croit plus au discours politique.
Echec de l'intégration, pauvreté du débat politique, il y a belle lurette que l'espoir a fait ces valises. Chacun s'accommode pour rendre son existence vivable.
Des personnages complexes qui luttent contre leurs démons intérieurs. Suaudeau ne les juge pas, chacun va au bout de sa logique.
Les dialogues sont à la hauteur de l'intrigue, jamais pontifiants, ils sonnent justes et apportent une belle densité à l'ensemble.
« Dawa » c'est noir, la génération « Black, blanc, beur » n'est plus qu'une utopie, la déliquescence de notre société en marche. Espérons que Julien Suaudeau se trompe. On peut rêver.

Un grand merci aux Editions Robert Laffont et à Babelio.

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Allez, courage, un pas en avant! N'attendons pas que le couperet tombe, J-5...
J-4... Ne procrastinons plus, jetons-nous courageusement à l' eau sans noyer le bébé avec bien entendu!
Dawa m' est rapidement sorti par les yeux, cinquante, soixante pages plus loin, mais quoi Lorraine, tu nous pètes une durite? C'est pourtant un polar, tu adores les polars: pour toi c'est comme un scone tiède avec de la clotted cream, le bon Dieu en culottes de velours!
Le sujet, revenons au sujet! Nous sommes en banlieue parisienne, la cité des trois mille, la banlieue nord de la capitale: "la banlieue c'est pas rose la banlieue c'est morose" comme l'écrit mon philosophe préféré.
Assan est un algérien immigré de la deuxième génération au parcours remarquable: Science Po, enseignant à la fac de Paris VIII, le seul hic serait la jeune fille qu'il fréquente, nouvellement convertie à l'islam et qui évoluerait dans les milieux intégristes.
La section antiterroriste est sur les dents!
Et moi sur reculoir car je n'ai pas du tout accroché à cause des phrases proustiennes et alambiquées de Julien Suaudeau!
Ce tout premier livre d'un auteur que l'on sent épris d'informer à travers son roman est très prometteur mais un roman ne se conçoit pas comme un article de journal même si Zola est passé par là!
Je remercie tout de même Babelio et les éditions Robert Laffont pour cet envoi dans le cadre de la dernière masse critique, et je promets d'essayer plus tard de relire ce roman que je n'ai peut-être pas su apprécier à sa juste valeur!

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Un pavé en plein visage, c'est la sensation que j'ai éprouvé à la lecture des premières pages de ce livre. Et quand on reçoit un pavé en plein visage, et bien ça met de mauvaise humeur, ça met en colère et ça donne envie de le renvoyer à l'expéditeur.
Ce livre, DAWA , ressemble à un parpaing par sa forme, par la couleur de la couverture et son toucher granuleux, râpeux sous les doigts, et ces quatre lettres majuscules écrites au pochoir vous regardent d'un sale oeil.
Je me suis donc sentie agressée, agressée par le ton de ce livre entre vindicte et dédain. Exaspération d'autant plus forte que l'auteur est français et vit depuis huit ans aux Etats-Unis. Normalement, j'aurai du me débarrasser de ce « pavé » au bout d'une centaine de pages. Mais, reçu grâce à la Masse Critique, je me suis sentie obligée d'en achever la lecture, et maintenant, le livre terminé, je m'en rejouis.

Ce roman noir, ce sont deux tornades qui s'entrechoquent pour prendre plus de force.
La première prend son départ chez un homme, « Al-Mansour, le Victorieux, le fellaga terrible (qui) a tout perdu ». Aujourd'hui, il est ce vieillard flétri, atteint de la maladie d'alzeimer qui attend, l'enfant, ce petit garçon de onze ans devant lequel il a tué le père il y a une cinquantaine d'années. Mais il y a aussi ses fils, qu'il a entraîné dans une vie de ravage. Si l'un d'eux est mort, l'autre le hait. Ces deux hommes, l'enfant devenu directeur des services secrets, et son second fils Assan, professeur en faculté d'arabe, ne vivent que pour se venger de lui.
La seconde tornade, ce sont les municipales de mars 2014, dont la course au pouvoir est dynamitée par la menace d'un attentat à la bombe d'un groupe de djihadistes. Tout cela sur un fond de marigot entre lutte de pouvoirs, colonisation en devenir de la société française par les finances du Qatar de tous (ou presque) des points clés de notre belle démocratie en cours d'effondrement.

Deux « aires de jeux » : les beaux quartiers parisiens et la cité des 3000 à Aulnay.

Souvent les premiers romans reposent sur des données autobiographiques. Julien Suaudeau me donne plutôt l'impression de construire son récit sur son travail de journaliste d'investigation et de réalisateur et scénariste de documentaires et court-métrages. La politique il connaît et elle le passionne sans aucun doute . En 2004 il avait réalisé un documentaire consacré à la lutte des prétendants à la succession du Président de la Côte d'Ivoire Houphouët-Boigny. Il connait parfaitement les circuits politiques, financiers et policiers, leurs imbrications et leur ressorts, les chemins pour faire carrière.
En janvier dernier, il publie un article sur l'affaire Dieudonné , où se retrouvent toutes les grandes lignes de son roman : la souffrance et la détresse de ceux qui vivent au 3000, abandonnés par la puissance publique et reprise en main par les gangs qui y font la loi, la scission de la société avec le risque de voir apparaître de nouveaux boucs émissaires, etc...
Il connaît également le milieu de ces seconde, troisième génération d'émigrés plus ou moins impliqués dans le « deal », de leurs difficultés et de leurs amertumes, mais aussi de leur force.

Tout cela pour saluer le brio avec lequel il entraîne son lecteur dans une plongée infernale et sombre de ces deux sociétés, séparées par ce mur qu'est le périph, mais pas que.

Le thème dominant, celui de la vengeance : comment elle pourrit la vie de celui qui s'y consacre et pourrit celle de sa famille, ses enfants. Rien du glamour de « Colomba ». La vengeance est une spirale infinie « « Mais la vraie question, fils, ce n'est pas de qui on se venge. C'est qui se vengera de nous. »
Le recrutement pour le djihad est souvent imputé à un lavage de cerveau. Or ici, l'embrigadement des jeunes prêts à se faire exploser, ce n'est pas la raison profonde de leur engagement, ni leur désir de suicide, mais aussi « la soif d'aventure, de discipline et le désir d'accomplir des actes héroïques, de transgresser des interdits tout en servant une cause plus grande que soi » . Provocateur ce raisonnement ? Oui, mais aussi généreux. Dans ce roman, il y a aussi ces jeunes qui s'engagent et s'épaulent, se réchauffent.

C'est l'autre point fort de M. Suaudeau : sa profonde tendresse pour ses héros. Même pour Al-Mansour, le vieux fellaga, même pour son fils qui veut mettre Paris à feu et à sang, même pour ces politicars coincés. Il décrit avec la même attention ces jeunes lascars et leur devenir : ou dépouille jeté dans un terrain vague, ou chef de gang, en attente d'être supplanté, ou vieux errant dans la cité.
Par contre il est sans pitié, ni pour la gouvernance, ni pour la société française des nantis et bobos de tout poil.

Son écriture est fluide et provocante. Elle gratte là où ça fait mal. Ou du moins, c'est ainsi que je la ressens. de belles trouvailles, pleines de finesse.
Maestria dans la composition du récit : de petits chapitres qui tissent au fur et à mesure et la densité des personnages, et leurs cheminements, et l'avancée de l'intrigue. C'est vrai qu'il est un scénariste expérimenté.
En filigrane, l'image du père, comment il construit (ou ne construit pas, détruit) le futur adulte. L'importance pour l'enfant de voir ses progrès reconnu par l'adulte, par sa fratrie. Et aussi le deuil (quasi impossible) à faire de l'enfance.

Et puis, après avoir beaucoup rouspéter, tempêter , son roman m'a ouvert quelques axes de réflexion.

Joli coup de communication aussi de le publier juste avant les élections.

Ce qui me restera de ce roman ? Lucidité et tendresse.

Un joli court-métrage de Julien Seaudeau raconte bien l'histoire d'une « ré-insertion » dans la vie familiale : « Une pierre au coeur » (http://www.youtube.com/watch?v=8usG0mFleUE).
Parce qu'ils ont tous une sacrée pierre au coeur tous ces personnage de « Dawa ».

Merci pour cette "masse critique" qui m'a fait passer, en quelques pages, de la colère à l'enthousiasme.
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Paris tremble : une vidéo a été diffusée sur internet montrant un commando suicide annonçant leur intention de faire éclater 5 bombes dans des endroits d'affluence le 13 mars prochain. Paoli, le directeur du service renseignement intérieur, a deux semaines pour éviter la catastrophe.
Mais tout n'est pas si simple dans la ville des lumières. On est en période d'élections municipales. le représentant du culte musulman, Ferhaoui, grand ami du maire sortant, et secrètement attentif aux intérêts du Qatar, donne un nom à surveiller à la police française. Paoli est un enfant d'Algérie qui, en 62, a vu ses parents assassinés sous ses yeux par des membres du FNL. le nom donné par Ferhaoui, Bakiri, est celui du descendant de cet assassin dont il a juré de se venger. En parallèle, la DGSE cherche à le faire démettre de son poste. L'adjoint de Paoli, Franck, jongle entre l'investissement dans cette mission et l'érosion de sa vie de famille, avec une petite fille, Zoé, qu'il voit un weekend sur quatre et la femme qu'il aime vivant loin de lui depuis qu'elle a demandé le divorce. Elle, elle est journaliste et cherche à se faire un nom, avec un scoop. Elle est chargée d'interviewer Hélène Faure, candidate sans parti institutionnel à la mairie de Paris, outsider qui fait trembler les candidats sur leur fauteuil et a des chances de l'emporter. Assan Bakiri s'en est bien sorti dans la vie depuis que sa famille a quitté l'Algérie ; il est professeur d'université, vit dans un pavillon de la cité des 3000 avec son père, le fameux mercenaire du FNL, à présent diminué tant physiquement que mentalement par la maladie d'Alzheimer. Amoureux sans espoir de Zohra, la compagne de son frère mort en martyre pour l'Islam, il décide lui de tirer le rideau sur cette vie-ci au cours d'un évènement qui saura supplanter les actions de son frère. Momo aussi vit dans la cité des 3000. Lui a une chance de s'en sortir : après une petite carrière de délinquant, aux ordres du Tchétchène, le boss de la cité, il est sélectionné pour participer à un tournoi de boxe qui pourrait faire de lui un boxeur professionnel. Et puis la belle Sybille aime se pendre à son bras. Issue de la bourgeoisie parisienne, elle rêve de vivre la vraie vie, pas comme ses planqués de parents, et se prend pour une dure parce qu'elle traverse les banlieues chaude de la région parisienne au bras de son amant.

J'arrête là mon résumé de cette histoire, même s'il y a des personnages non évoqués qui ont une importance certaine dans le récit (pour en citer quelques-uns : Soul bien sûr, le ministre de l'intérieur, Delphine, Alex…).
En écrivant ce synopsis, je me dis que là est le problème de "Dawa" : il a trop de tout ! Trop de personnages, on s'y perd. Trop de milieux évoqués. Trop d'intérêts divergents. Trop de stratégies en tout genre. Trop de corruption. Trop de tenants et d'aboutissants. Chaque personnage mène sa guerre personnelle, de vengeance, de rébellion, d'espoir, de gloire, de pouvoir… Julien Suaudeau évoque trop de sujets, trop d'histoires personnelles. Chaque personnage à droit à l'évocation de son passé, de ses motivations, de ses doutes, du peu de choix qui s'offrent à lui. Ses phrases, pour évoquer la vie dans les cités, la politique, la justice, etc… sont trop longues, superposition de propositions qui n'en finissent pas de perdre leur lecteur au détour d'une virgule.
Et c'est bien dommage. Car ce premier roman de Suaudeau a quand même de grandes qualités : qu'il évoque la vie des cités ou les méandres de la politique, le discours est documenté, argumenté, ultra-réaliste. Certaines formulations font mouche. Les personnages sont fouillés, même s'ils franchissent parfois d'un pas allègre la frontière qui mène à la caricature. le fond est intelligent, le monde décrit n'est pas noir et blanc, et chaque personnage subit son destin autant qu'il en décide.
Il n'empêche qu'à tout prendre, comme le fait cet ouvrage, j'ai trouvé le temps long, sauf sur les 100 dernières pages où l'histoire s'accélère. Il y a trop d'ambition derrière ces pages, et le récit aurait gagné en lisibilité et en puissance en étant plus synthétique. Dommage !
Un grand merci aux Editions Robert Laffont et à Babelio pour cette découverte.
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Terrorisme: 5 attaques-suicides annoncées d'ici 15 jours.
"Il faut détruire Paris", prévient le commando Dawa.
Ce pourrait être le titre phare du prochain journal de 20h!

Une vidéo sur le net et c'est le remue-ménage dans toutes les strates de notre société.

Chez les gentils, on retrouve la cellule anti terrorisme en brainstormings, des policiers de terrain intuitifs et revanchards, des politiciens opportunistes, des hommes de l'ombre des cabinets, des journalistes au dents longues... Et un fonctionnement étatique discutable sur fond de secrets d'état, d'egos d'électrons libres et d'alliances géo-politiques improbables.

Et les méchants sont tous dans le camp du monde arabo-musulman, dans les banlieues et leurs cités, territoires-vivier de haine et de violence, de chômeurs, de trafics en tout genre, et de jeunes sans avenir.

Et en fait, ce n'est pas si simple...
Et bien plus que la trame terroriste, j'ai aimé le contexte social et politique.

Julien Suaudeau offre un thriller très actuel et d'une bien triste réalité, où tout manichéisme est gommé, où la part d'ombre de chaque personnage donne une densité crédible et désespérante à la narration. La psychologie y a la part belle au détriment de l'action. Certains VIP de notre monde politique se dénichent avec amusement ( j'ai particulièrement aimé le "matamore" de la place Beauvau). Les rouages de la mécanique étatique se positionnent sur un large éventail de tensions internes, d'inimitiés personnelles et de compromissions minables.
Vu de mon fauteuil de lectrice, ça semble tellement vrai!

La plume de l'auteur est alerte, virulente, sans langue de bois, brillante dans les dialogues. C'est un vrai plaisir de suivre certaines discussions. Dans le contexte noir du propos, l'humour ou l'ironie sont vivifiants. Julien Suaudeau nous offre sa petite philosophie personnelle et un regard plutôt pessimiste sur notre société.

Il reste un livre agréable bien qu'un peu long, bien écrit, assez documenté dans la narration pour provoquer spontanément ses images de bon thriller politico-terroriste.
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critiques presse (1)
Bibliobs
16 mai 2014
La France, ses banlieues, ses politicards, ses terroristes... Dans le premier roman de Julien Suaudeau, c'est le "Dawa".
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Je pense que le problème de ce pays n’est pas de nature culturelle ou idéologique, mais sociale. Vous avez parfaitement le droit d’avoir une vision magique du monde et d’être convaincue, à l’image de tous vos collègues, que tout ira mieux lorsque vous serez aux affaires. La réalité, dont les gens comme moi ont le devoir de se préoccuper, c’est que les choses continueront à se dégrader, drones américains contre djihadistes, tant que dix à vingt pour cent des Français croupiront dans un état de misère morale et économique. Il n’y a pas de guerre des civilisations, d’islam contre les valeurs occidentales. Il n’y a que des pauvres, des culs-terreux au front épais et à gamelle creuse, dont la religiosité est un réflexe de fierté infantile, une tentative de reconquête de soi face à un consumérisme qu’ils identifient aux Etats-Unis et à Israël, parce qu’ils continuent à s’appauvrir pendant que la rente engraisse. Vous pouvez rire, mais croyez-vous que les talibans existeraient si le PIB des zones tribales était dix fois supérieur à ce qu’il est ? Eduquez-les, soignez-les, occupez-les, vous ne rencontrerez plus beaucoup de candidats au martyre ou à l’émeute.
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Cinq siècles de centralisation pour en arriver là, d’un patient affermissement de l’État-nation et du vivre ensemble, à cette poudrière, cette guerre civile qui ne dit pas son nom, ce pathétique morcellement communautaire, autochtones contre allogènes, nomades contre sédentaires, de souche contre d’ailleurs, aigris du fond contre parasites de la forme, ces convulsions ethniques et religieuses d’un temps reculé, et à leur répression ferme mais proportionnée par une police qui n’est autre que le bras armé de ceux qui se croient dans leur bon droit, parce qu’ils étaient là les premiers. Ou plutôt, non, ce choc de surface n’est que la représentation médiatique de collisions à la fois plus profondes et plus ravageuses ; la tectonique des plaques, pense-t-elle en se remémorant les prophéties d’un vieux marxiste de Cambridge, c’est cette dialectique infernale, prérévolutionnaire pour ainsi dire, entre un establishment atlantiste, cosmopolite et ami « éternel » d’Israël, et la coalition improbable de tous les mécontents de l’Hexagone, les marioles de la quenelle et les hargneux à bonnet rouge, les vrais rentiers de la dissidence et les faux enculeurs du système, les prolos et les pauvres largués par le PS, les cathos agressés par les réformes libertaires du gouvernement, les Français moyens assommés par l’impôt parce que leur pouvoir de nuisance politique est considéré comme nul, et les Rebeus convaincus d’être persécutés par l’État, modernes huguenots après la révocation de l’édit de Nantes.
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Il avait d’abord pensé, comme tous les djihadistes 2.0, aux attaques individuelles à l’arme blanche ou à l’arme de poing. Elles n’exigeaient aucune logistique, elles étaient moins risquées, mais leur dimension low cost et foutraque lui déplaisait d’instinct. Pas de rationalité, pas de maîtrise : on était là aux confins du terrorisme et de la psychiatrie. Il avait imaginé ensuite des voitures-suicides, sur les nationales ou à contresens sur l’autoroute. Le principe de cette justice aveugle était déjà beaucoup plus séduisant, dans la mesure où les victimes resteraient anonymes et indistinctes, hélas son exécution manquait de précision, elle était fatalement plus douloureuse qu’une bombe pour le kamikaze, donc plus source de tergiversations, et à l’arrivée on ne pouvait jamais être sûr de faire mouche.
Non, pour frapper l’imagination, rester dans les mémoires, il fallait quelque chose de soigné et de spectaculaire. Et en la matière, il n’y avait pas mieux que les modèles classiques, New York 2001, Madrid 2004, Londres 2005.
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L’absence d’élan vital de ses parents, leurs horizons étroits et leurs petits rêves, le refus de s’élever au-dessus de leur condition, elle ne les a jamais acceptés ; très tôt, elle en a conçu une aversion définitive pour tout ce qui ressemble à du fatalisme, dans lequel elle continue à voir une passion de la défaite, pourrie de médiocrité et d’apitoiement sur soi. Puis, montée à Paris pour y faire son droit, elle a découvert la satisfaction rance de ceux qui tirent les ficelles en ignorant le prix du ticket de métro, intellectuels comme industriels, politiques surtout, puis l’effroyable ennui de ces dîners mondains, peuplés de gens sûrs de leur fait sans avoir jamais mis les pieds dans le fumier du monde. La compagnie des puissants la désole ; le souvenir des soutiers lui fait honte. Hélène aime la France d’un amour platonique, mais le fait est qu’elle n’aime pas les Français.
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Pour se sortir du talus, il restera toujours le basket, le rap et le foot, mais si on regarde les choses en face ce sont moins des débouchés pour la poignée d'heureux élus que des mythes émollients dont la masse des pouilleux est invitée à s'abreuver à l'envi pourvu qu'elle continue à crever sans trop importuner les honnêtes gens de l'autre côté du périph'.
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Videos de Julien Suaudeau (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Suaudeau
Entretien avec Mame-Fatou Niang, Alain Policar et Julien Suaudeau. Dans leurs ouvrages, ils montrent comment l'idéal universaliste a été détourné pour préserver des hiérarchies sociales, mais mérite encore d'être poursuivi. Extrait.
Pour voir l'émission intégrale : https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/180222/sauver-l-universalisme-malgre-ses-devoiements#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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