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Critique de svecs


svecs
23 septembre 2015
Parfois, les intentions de l'auteur sont excellentes, mais la réalisation est bien trop confuse pour que le livre soit réussi.
Pour la note d'intention, Julien Suaudeau nous montre la trajectoire d'un jeune qui se retrouve projeté dans la folie de l'Organistaion Etat Islamiste. Mais il refuse de tomber dans tous les stéréotypes d'usage. Son personnage sera une feuille blanche. On ne saura jamais son nom. Il deviendra tristement célèbre sous le pseudonyme du "français", ce qui veut tout et rien dire. On saura juste qu'il est blanc. En tout cas, qu'il passe pour blanc dans les rues de Bamako.
Pour le reste, c'est un jeune type de 20 ans, pas religieux, qui exerce un travail plutôt ennuyeux dans la région d'Evreux. Sa mère souffre en permanence depuis un accident du travail mal pris en charge. Son père est parti depuis belle lurette et s'en soucie comme d'une guigne. le nouveau compagnon de sa mère est violent et alcoolique. Un milieu qui fleure bon la misère ordinaire, sans perspective ni avenir. Lui aimerait partir mais ne sait trop comment s'y prendre. Puis il y a une connerie, une mauvaise rencontre, un accident stupide et l'engrenage infernal se met en place.
L'auteur entend démonter les clichés habituels sur la radicalisation. Il veut montrer comment des jeunes déboussolés peuvent basculer, sans le vouloir.
L'intention est louable et très intéressante; mais pourquoi est)ce que cela ne fonctionne pas ?Pour moi, Suaudeau commet deux erreurs.
La première est son choix de la narration à la première personne. Il veut que son personnage soit aussi anonyme que possible, que l'on en sache le moins possible sur son "passif". Il pourrait être n'importe qui. Mais ce choix narratif, mal maîtrisé, le rend complètement impersonnel. Suaudeau lui prête un langage et des idées qui paraissent trop articifiels compte tenu du genre de personne qu'il veut mettre en scène. Il paraît avoir trop de maturité, aporfois trop de recul par rapport à ce qui lui arrive. Je crois qu'une narration à la 3ème personne aurait été beaucoup plus appropriée.Paradoxalement, au lieu de nous rapprocher de son personnage, ce "je" nous en éloigne, nous donne l'impression d'être face à un acteur délivre une performance molle.
La seconde erreur tient en un dernier acte qui repose sur un twist qui brouille complètement les intentions de l'auteur. Pour ne pas spoiler, disons que Suaudeau se livre brusquement à un mélange des genres très mavenu, qui met à mal sa démonstration. Ce sont quelques éléments qui n'ont aucun sens, qui font de son personnage le jouet d'autre chose, qui l'embarque dans une mission absurde et sans but. A moins que Suaudeau n'aie voulu pointer un effet pervers de la politique actuelle. Mais ce twist, en plus d'être inutile, m'a complètement agacé. D'autant plus que ce dernier acte n'en avait pas besoin. Il aurait pû se dérouler sans cette intervention d'un deus ex machina qui ruine la crédibilité de l'intrigue à mes yeux.
C'est dommage parce que la note d'intention était vraiment intéressante.
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