Second roman choc de
Julien Suaudeau après
Dawa, qui décrivait la préparation par une cellule terroriste de six attaques à Paris prévues un vendredi 13, le tout sur fond de campagne électorale… En s'attaquant une seconde fois au sujet du djihadisme, l'auteur tente d'apporter des éléments de réflexion sur les raisons du basculement vers la terreur, en cherchant à faire voler en éclat tous les préjugés et préconçus. C'est notre voisin de palier qui devient un bourreau, et son parcours est finalement plus une affaire de circonstances, de mauvaises rencontres que de convictions, religieuses ou autres. Dans la forteresse djihadiste se trouvent des hommes de toutes origines, dont un des points communs est le vide total, et l'idée d'une absence de perspectives offertes dans leurs pays d'origine. Mais ils ne répondent à aucuns stéréotypes. le roman dénonce la pauvreté, la misère sociale et affective, et surtout le vide culturel comme terreau de l'islam radical. Pour le personnage, le djihad n'est même pas une façon de donner un sens à sa vie, ce n'est en rien un engagement, plutôt une façon de montrer « sa vie de mort ». Certaines parties de l'histoire ne m'ont pas toujours semblé crédibles. le personnage, qui évoque son histoire à la première personne, semble avoir une vraie capacité d'analyse et un recul sur lui-même qui semble difficilement compatible avec son engagement aveugle et froid dans la terreur. Il m'a donc semblé que c'était l'auteur qui parlait à travers son personnage. Au-delà de ça, des phrases qui interpellent et qui interrogent les évènements actuels :
« Vous ne pouvez pas nous faire la guerre puisque nous sommes vous »
« Moi et tous les autres, Nono, les copains du fils Bianconi, mon père, ma mère, nous étions morts à la naissance parce que nous étions d'ici. Je voulais qu'ils sachent que j'étais parti me faire pendre ailleurs ; je voulais que tous se sentent morts et défaits en pensant à moi et qu'ils n'aient plus que leurs yeux pour pleurer dans leurs vies de morts. »
Florence (Le Vésinet)