Jean-Pierre Suaudeau/5
2 notes
Résumé :
Pourquoi s’évertuer à écrire à propos d’une idole, personnage au-delà de toute fiction puisqu’il est la fiction même, quand, depuis des décennies, journaux et magazines nous ont abreuvés du moindre de ses faits et gestes et alors qu’elle semble honnie par notre milieu d’élection ? À mon corps défendant, je dois reconnaître que mes lèvres fredonnent parfois les chansons de JH et que, malgré le rejet premier, spontané (parce que trop en phase sans doute avec la cultur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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Cinquante sept années de carrière, plus d'un demi-siècle ! Qu'on le veuille ou non, qu'on l'assume ou pas, Johnny Halliday nous aura tous marqués. Nous sommes tous capables de fredonner quelques vers de ses chansons les plus célèbres. Et pour détourner l'une d'entre elles, "il y a tous en nous quelque chose de Johnny !"
Tel est l'argument du livre de Jean-Pierre Suaudeau, ni une biographie, ni vraiment un roman...
L'auteur le reconnaît lui-même : bien que se sentant éloigné de la culture de JH, il a été, à son corps défendant, imprégné des grands succès du chanteur. Alors, après le décès de l'idole, il a voulu comprendre, rêver, imaginer, décrire, ce qu'avait pu être, ce qu'aurait pu être, la vie de Johnny.
C'est ce texte qu'il nous propose, qui plonge ses racines dans l'histoire du jeune Jean-Philippe Smet, futur JH, et qui, s'appuyant d'évidence sur une abondante documentation, nous fait partager son parcours, ses rares certitudes et ses nombreux doutes.
L'écriture de J.P. Suaudeau est celle que j'avais découverte dans un précédent roman (Les forges, chez le même éditeur). Elle enveloppe le sujet de circonvolutions poétiques. Et c'est un peu ce qui m'a gêné : si elle ne cache rien des addictions du chanteur, elle fait mal ressortir sa violence, sa bestialité, souvent autodestructrices... Comme si, fan malgré lui, l'auteur avait voulu nuancer certaines facettes trop noires de la personnalité de l'idole.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
Tel est l'argument du livre de Jean-Pierre Suaudeau, ni une biographie, ni vraiment un roman...
L'auteur le reconnaît lui-même : bien que se sentant éloigné de la culture de JH, il a été, à son corps défendant, imprégné des grands succès du chanteur. Alors, après le décès de l'idole, il a voulu comprendre, rêver, imaginer, décrire, ce qu'avait pu être, ce qu'aurait pu être, la vie de Johnny.
C'est ce texte qu'il nous propose, qui plonge ses racines dans l'histoire du jeune Jean-Philippe Smet, futur JH, et qui, s'appuyant d'évidence sur une abondante documentation, nous fait partager son parcours, ses rares certitudes et ses nombreux doutes.
L'écriture de J.P. Suaudeau est celle que j'avais découverte dans un précédent roman (Les forges, chez le même éditeur). Elle enveloppe le sujet de circonvolutions poétiques. Et c'est un peu ce qui m'a gêné : si elle ne cache rien des addictions du chanteur, elle fait mal ressortir sa violence, sa bestialité, souvent autodestructrices... Comme si, fan malgré lui, l'auteur avait voulu nuancer certaines facettes trop noires de la personnalité de l'idole.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
Citations et extraits (4)
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La politique n'avait pas encore pénétré notre étroite sphère et la musique si frayait une place mineur. Il s'en faudrait de quelques années, une ou deux, pour que cela occupe entièrement notre horizon du fait d'un général à moustache et Rayban, aux airs de ragondin furieux et cruel jaillit brutalement de quelque ténébreux terrier, qui avait fracassé l'espoir d'un peuple et les rêves enfantins de justice et d'égalité d'un pays inoffensif où on jouait de la flûte de pan coiffé de bonnets à oreilles, pensait-on, et où subitement il pleuvait littéralement des cadavres, ou les enceintes sportives devenaient des prisons et leurs vestiaires des salles de tortures dans lesquels les guitaristes avaient les mains broyées. La boule à neige sous laquelle nous nous ébattions serait pour toujours pulvérisée et les chanteurs à texte feraient leur entrée en nombre, comme par effraction, dans notre paysage musical.
L'une après l'autre, de jeunes chanteuses nouvellement arrivée sur le marché bombinent autour de lui, espérant sans doute faire leur miel de sa popularité. Elles ont vingt ans ou un peu plus, du talent ou aucun, peu importe, elles s'efforcent de briller, brillent d'une certaine manière, par défaut de l'idole, palliant ce silence en tenant des propos enthousiasmes et gais, lénifiants, pérorant sur la longévité de sa carrière, sur ses succès répétés, sur la place unique qu'ils occupent dans le paysage musical français (et qu'elles lui envient, quand elles ne sont qu'à un début qui a toutes les chances d'être aussi une fin).
Dans l'instant, surgit une deuxième évidence : ce n'est pas seulement JH qu'on voit là, pathétique, vieilli, transi, sur l'écran, c'est nous. Comme s'il suffisait de le regarder pour savoir où nous en sommes de notre vie, de nos espoirs, de ce qu'on en a fait, de ce que nous sommes devenus, collectivement : un vieux pays habité par un peuple fatigué et usé, au passé glorieux mais révolu, qui ne parvient plus à se réinventer quoi qu'ils en dise.
Sur quelle ligne d'équilibre, quel fil il progresse, si incertain, si hésitant dans les ultimes instants précédant l'arrivée sur scène, avant de s'y élancer la démarche assurée en même tant que précautionneuse, fil dont lui seul connaît la portée, la tension, à la fois résolu et fragile alors que le public retient encore son souffle, craignant un danger, une menace, puisque paraissent s'y jouer la vie aussi bien que la mort.
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