Terre de mousson

Quelle trajectoire que la vie de ce fils de paysans précipité des rizières de l'Isan aux milieux élitistes et fortunés de la capitale anglaise.

Ce récit est sans doute en grande partie autobiographique, l'auteur nous convie d'abord à un voyage immobile dans le temps.
Immobile car s'il nous conte l'enfance, les traditions et la vie difficile des paysans tout en mentionnant parallèlement les soubresauts politiques du Royaume, il laisse entendre que ces bouleversements n'influent en rien la vie des pauvres qui demeurent ignorants, exploités et inféodés à un système corrompu.

Son expérience européenne l'amène à remettre en question ses convictions d'émancipation par l'éducation. Il découvre que la véritable frontière ne sépare pas le Thai du "Farang" mais qu'elle se situe plutôt entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien, d'où qu'ils soient.

Le voyageur curieux qui s'éloignera de Bangkok la frénétique et de Phuket la touristique pour visiter la province d'Isan sera stupéfié de constater que peu de choses ont changé depuis ce tableau de Pira Sudham.

Excellente lecture.

Dans les années 60, le petit Prem est gardien de buffles. Grâce au jeune maître d'école de son village, passionné et investi, qui remarque ses capacités scolaires, il ira en apprentissage chez un moine en ville et obtiendra même une bourse pour aller étudier à Londres…

Les deux premiers tiers du roman sont très agréables. On suit l'évolution intellectuelle de Prem, dont les préoccupations vont s'éloigner énormément de celles de sa famille restée au village à cultiver le riz. Mais peu à peu le roman délaisse cette fracture pour ne s'intéresser qu'à Prem et à ses pérégrinations européennes et j'ai trouvé cela lassant. Je comprends l'intérêt par rapport au message du roman : la chute est brutale quand Prem retourne au pays. Mais narrativement ce n'était pas des plus intéressants et j'aurais préférée avoir un vrai parallèle entre Prem et ses frère et soeur par exemple.

Sans aucun doute, ce sont les parties en Thaïlande que j'ai préférées. Elles m'ont rappelée un roman jeunesse qui m'a beaucoup marquée : Quitter son pays de Marie-Christine Helgerson, qui parle d'une famille laotienne fuyant la guerre. Alors que les parties en Europe et les réflexions de Prem m'ont plutôt rappelée Martin Eden – ce n'est pas une comparaison flatteuse au regard de mon plaisir de lecture personnel, mais peut-être que les personnes ayant apprécié Martin Eden seront intriguées !

Un roman historique plutôt sympathique pour découvrir la Thaïlande et ses remous dans les années 60 à 80, dommage que mon intérêt se soit émoussé vers la fin !

Largement autobiographique, ce roman d'apprentissage nous entraîne à la suite du jeune Prem, depuis sa petite enfance en Issan, dans les années 1950, jusqu'à son retour de l'étranger, quand il décidera de devenir moine bouddhiste, dans les années 1980.Nous y découvrons la vie très dure dans la région la plus pauvre de la Thaïlande. Prem , le jeune garçon dont nous suivons la vie au fil des pages et des années nous fait découvrir en plus de la générosité du monde paysan l'idéalisme de son instituteur. Alors qu'il aurait pu connaître la même vie que des générations de paysans avant lui : conduire les buffles , repiquer le riz .....
Grâce à son instituteur il prendra confiance en ses moyens , obtiendra une bourse et poursuivra ainsi ses études qui le conduiront jusqu'à l'université en Europe.Ce ne sera pourtant pas sans confrontations douloureuses , à l'indifférence des uns et au tragique des relations avec les autres . Renonçant à la modernité il reviendra finalement en Thaïlande pour y revêtir l'habit de moine .