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EAN : 9782730500340
314 pages
Éditions des Autres (30/11/-1)
2.92/5   12 notes
Résumé :
La Salamandre, fière corvette, vole sur les lames déchaînées.
Naufrage,.. L'art de vivre sur un radeau décomposition physique et mentale d'un équipage émérite, de passagers pas nécessairement recommandables, d'un moussaillon au sort funeste. Le capitaine est recueilli par les pirates et, vendu comme esclave, couve des oeufs sacrés dans un temple.
Une fabuleuse aventure maritime signée Eugène Sue.

Source : Editions des autres
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lorsqu'Eugène Sue fait une entrée fracassante dans le roman-feuilleton avec son révolutionnaire « Les Mystères de Paris » (1842-43), il a pourtant près de quinze ans de carrière derrière lui, et autant de livres qui lui ont déjà valu un succès critique.
C'est d'abord dans le roman d'aventures maritimes qu'il débute, sous l'influence américaine des livres de James Fenimore Cooper, pionnier du roman d'aventures, et particulièrement de son roman « le Corsaire Rouge » (1827), premier roman consacré à la piraterie, dont l'influence fut colossale pendant plus d'un siècle et demi, tant sur la littérature qu'au cinéma.
En France, il n'est pas exagéré d'affirmer que « le Corsaire Rouge » fut le roman d'aventures le plus emblématique de la Restauration, s'attirant l'admiration enthousiaste de Victor Hugo, Honoré de Balzac et Alexandre Dumas. le premier écrivain français à s'inspirer de ce nouveau genre fut néanmoins un jeune journaliste débutant, issu de l'aristocratie bonapartiste, et que ses dettes de viveur amenèrent à se risquer en littérature : Eugène Sue.
Entre 1829 et 1834, Eugène Sue va publier, avec un succès commercial croissant, quatre romans extrêmement novateurs et un imposant recueil de nouvelles qui, aujourd'hui, sont regrettablement éclipsés par son oeuvre sociale et politique postérieure, pourtant bien plus désuète, alors que cette éphémère – mais prolifique - période "maritime" garde, presque deux siècles plus tard, tout l'intensité et l'insolence que l'auteur allait développer une décennie plus tard dans ses romans-feuilletons.
Car, au contraire de Fenimore Cooper, Eugène Sue était ouvertement un romantique, et même un romantique tourmenté. Quelques critiques l'ont associé au romantisme noir, ce qui est très exagéré, car la plume d'Eugène Sue s'égare rarement dans la poésie fantastique ou la mortification narcissique. Eugène Sue est un immense artiste, mais pas fondamentalement un esthète : sa matière première est la réalité la plus âpre, et ses tourments sont résolument tournés vers la morale collective, politique et les injustices sociales.
En ce sens, « La Salamandre » (1832), avant-dernier roman de cette période faste, est une oeuvre charnière qui annonce la métamorphose politique de l'écrivain, que l'on sentait déjà poindre dans son roman précédent, « Atar-Gull » (1831), condamnation amère de l'esclavage et des traites négrières, mais dans lequel Eugène Sue est encore totalement dominé par sa misanthropie individualiste.
« La Salamandre » s'inscrit donc dans la continuité du style d'un romancier à scandales, mais il se veut déjà moins scandaleux, même si le roman garde quelque chose de pessimiste, de sombre et de désabusé.
Ce récit s'inspire en grande partie d'une tragédie de 1816 : le naufrage de la frégate « La Méduse », qui fit naufrage à une cinquantaine de kilomètres des côtes de Mauritanie, en s'échouant violemment sur un banc de sable et en brisant sa coque. du fait que le navire n'avait pas coulé, il fut possible de construire avec ses pièces un immense radeau d'une dizaine de mètres sur lequel prirent place les 140 hommes d'équipage et leurs passagers, tandis que les officiers, dont l'irresponsable capitaine, s'esquivèrent doucement en chaloupes.
Les boussoles à main n'existant pas en ce temps-là (elles étaient énormes et rivées au navire) et la frégate étant dépourvue de rames, les naufragés ne pouvaient donc rien faire d'autre de leur radeau que de le confier aux courants marins, lesquels mirent pas moins de treize jours pour mener les malheureux à la côte africaine. Entre temps, beaucoup périrent de dénutrition, de crises de démence les poussant à se jeter à l'eau pour s'y noyer, ou lors de rixes entre les survivants.
L'immense quantité de naufragés fut précisément ce qui causa leur perte. Il n'y avait pas sur ce radeau de quoi pêcher ou de quoi chasser les mouettes. La seule nourriture était constituée de poissons volants retombant sur le radeau, ce qui arrivait régulièrement, mais pas au point de pouvoir nourrir quotidiennement une centaine de personnes pendant treize jours. On commença alors par manger les semelles de chaussures et les ceintures de cuir, puis fatalement on en arriva au cannibalisme. Sur les 147 rescapés, seuls quinze purent être sauvés par un navire parti à leur recherche, et sur ces quinze, cinq moururent d'épuisement durant leur rapatriement.
Ce drame choqua d'autant plus l'opinion publique, qu'un jeune peintre romantique, Théodore Géricault, eut l'idée, alors saugrenue, de signer un grand tableau représentant « le Radeau de la Méduse », qui choqua et fascina autant par la crudité impudique de son sujet que par la perfection grandiose de sa réalisation.
C'est donc avec l'idée d'écrire un roman autour du drame épouvantable des naufragés de « La Méduse » qu'Eugène Sue imagina « La Salamandre », au titre immédiatement évocateur.
Mais Eugène Sue ne se contente pas d'une narration simple. Il insère dans cette tragédie collective deux autres tragédies personnelles, mais qui reflètent, chacune à leur manière, une semblable dénonciation du régime politique que fut la Restauration, tombé en 1830, deux ans avant la publication de ce roman.
Frégates et corvettes servaient alors autant au transport de marchandises qu'au transport de riches passagers. Pierre Huet est le commandant d'un équipage qui conduit « La Salamandre » dans ses trajets à la fois commerciaux et ludiques. C'est un homme intègre, dur, inflexible, qui place au-dessus de tout la discipline et le règlement à bord d'un navire. Tyrannique, mais hautement compétent, le lieutenant Huet est aimé de ses hommes, mais lorsque la corvette revient en rade à sa base de Toulon, tout l'équipage se faufile sur le port sans l'autorisation du lieutenant, afin d'aller dépenser leur solde dans des bordels et des bars louches, où ils provoquent d'ailleurs de singulières bagarres, puis reviennent au petit matin, à peine dessoulés, acceptant de bonne grâce, et même avec le sourire, les punitions exigées par le lieutenant Huet.
Seul mousse qui ne descend pas pour se défouler, Paul Huet est un jeune homme fort romantique, et c'est surtout le fils du lieutenant Pierre Huet. Bien que celui-ci mette un point d'honneur à traiter son fils comme n'importe quel autre homme d'équipage, Paul Huet ne leur ressemble guère : cest un garçon doux et rêveur, qui ne vit, lorsqu'il revient à Toulon, que pour aller épier, dans un charmant jardin, une jeune fille dont il est tombé fou amoureux au premier regard, il y a déjà de nombreux mois, mais à laquelle il n'ose se déclarer, n'étant qu'un jeune marin sans ressources.
Tout pourrait continuer comme ça longtemps, si Louis XVIII n'avait décidé de refermer la parenthèse républicaine et impériale en redonnant, à des aristocrates jadis démis de leur fonction, une nouvelle position plus digne de leur rang. Ainsi, un marquis vieillissant, qui tenait à Paris, sous un faux nom depuis vingt ans, une enseigne de marchand de tabac, se retrouve-t-il bombardé capitaine de la corvette « La Salamandre » à Toulon. Cette nomination honorifique l'embête bien, tant il s'était habitué à la tranquillité de son retour au peuple, mais on ne refuse pas un ordre du roi, et de toute façon, son épouse ne rêve que de quitter cette vie médiocre de petits commerçants.
En officier discipliné, Pierre Huet accepte de devoir obéir à un capitaine nommé d'office, mais il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que le marquis de Longetour est un vieillard en voie de sénilité, qui ne comprend rien à la direction d'un navire, et ne connait même pas les règles basiques de la navigation. Fort heureusement, Longetour est aussi conscient que son lieutenant de sa totale incompétence en la matière, et il ne demande qu'une chose : que Pierre Huet continue à diriger ce navire, comme il l'a toujours fait, et qu'il ne s'occupe pas de lui. Huet accepte, mais exige que les apparences soient sauves, pour l'honneur même de « La Salamandre » et de son équipage, et que Longetour fasse semblant de commander, allant même jusqu'à donner publiquement les ordres que Pierre Huet lui aura transmis. Cela embête bien le vieux marquis, qui préfèrerait passer ses journées à dormir dans sa cabine, mais il sent qu'il doit bien cela à ce lieutenant droit et vertueux qu'il a un peu honte de parasiter. Néanmoins, ce jeu de rôles, destiné à sauver la face, va signer la perte de « La Salamandre ».
de son côté, Paul Huet a l'agréable surprise de voir embarquer, en compagnie de sa tante, l'élue de son coeur, dont il apprend qu'elle se prénomme Alice. Pas encore prisonnière des idées bourgeoises de sa famille, Alice se sent naturellement attirée vers ce jeune et beau marin, au regard sain et enamouré. Mais hélas, un autre passager s'est invité, un individu étrange, torturé, à la fois beau et pervers, décadent et cynique : Szaffye est un individu mystérieux, qui ne semble s'être embarqué que pour faire le malheur de ses compagnons de voyage. D'abord instinctivement répugnée par cet homme glaçant, Alice ne tarde pas à en subir le magnétisme, et à en tomber folle amoureuse. Szaffye joue avec elle comme le chat avec la souris, et se paye même le luxe de narguer Paul, éploré, dont il a compris la secrète passion. Szaffye séduit facilement les femmes, aussi les méprise-t-il, et incite-il les autres hommes à les mépriser eux aussi. C'est son jeu favori...
le destin va néanmoins faucher ces destins contaires en quelques heures. Une sorte de gamin attardé et contrefait, ramassé sur un quai, baptisé Misère, employé comme vigie, et, qui est ponctuellement battu et moqué par les hommes d'équipage, parvient à créer une avarie dans la coque, et se suicide ensuite en sautant du haut de sa vigie. le naufrage est évité de justesse, mais le marquis de Longetour, révélant sa vraie nature, a la peur de sa vie, et se jette dans une chaloupe pour s'enfuir. Pierre Huet est obligé de le brutaliser, et même de le menacer d'un poignard, afin de lui rappeler qu'un capitaine doit être le dernier à quitter son navire. Mais hélas, en procédant ainsi, Pierre Huet se rend coupable de mutinerie, selon le règlement qu'il s'acharne pourtant à défendre.
Ayant repris ses esprits, Longetour est prêt à passer l'éponge sur le geste de son subordonné, qu'il reconnaît volontiers raisonnable, mais Pierre Huet exige lui-même d'être mis aux fers, car c'est le règlement. le marquis de Longetour ne dispose hélas pas de l'autorité nécessaire pour s'y opposer. La mort dans l'âme, il donne l'ordre de mettre Pierre Huet aux fers. Mais hélas, il se retrouve soudain seul à commander, et paniqué, se fie à l'expérience d'un passager qui dit bien connaître la région. Suite à son erreur d'estimation, « La Salamandre » s'échoue sur un banc de sable, au large de la côte africaine.
Paniqué, Longetour délivre Huet, qui ne réalise que trop bien que « La Salamandre » est irréparable et échouée pour de bon. Furieux contre Longetour, et lui rappelant que le capitaine doit rester avec son navire, il enferme le marquis dans sa cabine, puis ordonne à ses hommes que l'on construise un radeau à partir des pièces récupérables du navire.
A partir de là, le roman suit à peu près fidèlement l'histoire du calvaire des naufragés de « La Méduse », bien que la fin du roman s'en écarte largement : seuls Pierre Huet, son fils Paul et l'inaltérable Szaffye survivent au naufrage. le marquis de Longetour, délivré par des bédouins, est capturé comme esclave, puis acheté comme une semi-divinité par le riche gourou d'une secte, qui l'emploie principalement à couver des oeufs (???). Après quelques aventures, le marquis de Longetour parvient à revenir en France, où il est célébré comme un héros et un miraculé.
L'enquête sur le naufrage révèle, consignée sur le journal de bord, la mutinerie de Pierre Huet, qui est alors emprisonné, jugé et condamné à mort, ce qu'il ne conteste pas : le règlement, c'est le règlement. À l'heure où il est fusillé, par solidarité et parce qu'il n'a plus personne auquel se raccrocher, son fils Paul se tire une balle dans la tête dans sa chambre.
Cette fin dramatique, dénonçant l'iniquité d'une justice royale qui attend des hommes un comportement vertueux dont elle est elle-même incapable, est bien pire, finalement, que ne le fut la réalité de « La Méduse ». le naufrage de la frégate fut en effet reconnu comme étant uniquement dû à la responsabilité du capitaine, lequel était effectivement un vicomte vieillissant nommé par le roi, et qui se révéla notoirement incompétent. Mais la Justice le raya de sa liste d'Officiers de Marine, et le condamna à trois ans de prison.
Donc, Eugène Sue a cru bon de noircir un tableau qui était déjà sacrément noir. Si cela nuit évidemment à la reconstitution fidèle du drame de « La Méduse », il faut rappeler que c'est à dessein que l'auteur a créé sa « Salamandre » à partir d'une autre créature mythique, dont l'existence supposée fut décrite par Pline l'Ancien dans son « Histoire Naturelle », et qui aurait été un lézard géant, vivant entouré de flammes, et ayant le pouvoir d'empoisonner l'eau des puits et les fruits des arbres par sa seule présence.
En réalité, la Salamandre dont parle Eugène Sue, ce n'est pas seulement la corvette où se déroule ce récit, c'est surtout le personnage étonnamment moderne de Szaffye, romantique noir, décadent avant l'heure, figure à la fois diabolique et séduisante, mortifère et sublime, en lequel Eugène Sue s'est très probablement projeté lui-même, à une époque charnière de son existence.
Cette Salamandre-là, figure dénaturée d'esthète, de nihiliste et de contestataire, confère au roman une fascinante instabilité, chaque chapitre semblant relever d'un style littéraire différent, égarant le lecteur dans des fausses pistes, des impasses, des bluettes sentimentales, des visions d'horreur, où l'idéal côtoie le cynisme, où l'amour se nourrit de haine ou de mépris, où le courage martyr se soumet à la lâcheté triomphante.
Malgré d'indéniables désuétudes, « La Salamandre » est une oeuvre absolument fascinante, enflammée et perverse, qu'Honoré de Balzac tenait pour un chef d'oeuvre égalant les siens. Hommage sans doute excessif, mais il faut admettre que l'écriture d'Eugène Sue atteint ici une sorte de magnificence fébrile, maladive, qui préfigure, avec un demi-siècle d'avance, le décadentisme et l'anarchie, dans une oeuvre labyrinthique d'une incroyable densité, d'une effrayante esthétique nihiliste, que l'on peut regarder comme le pendant littéraire du célèbre tableau de Théodore Géricault, - et dont la lecture se révèle une édifiante brûlure empoisonnée, signature indélébile de la Salamandre.
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Surprise pour moi de constater le peu de notoriété qu'à rencontré ce roman bouleversant. Je l'ai lu alors que j'avais 15 ans, et il m'a chavirée. Vraiment.
Je dirais que toute la désillusion romantique est condensée dans ce court roman, huit clos maritime à l'effet d'une bombe. On suit le parcours du capitaine et de son fils, forcés de côtoyer le cynisme incarné dans le personnage de Szaffie, qui va planter sa graine empoisonnée sur toutes les belles valeurs morales d'un duo d'amour, jusqu'à les pourrir, tourner la force de leur beauté en force de laideur insupportable.

A NE PAS DONNER A LIRE AUX ENFANTS.
A NE PAS LIRE VOUS MEMES SI VOUS FRISEZ LA DEPRESSION ET AVEZ DES IDEES SUICIDAIRES.
Je ne rigole pas. Ce livre est à la fois sublime (l'écriture d'Eugène Sue est inégalable) et dangereux.

Peut être n'y serez vous pas aussi sensible que je l'ait été à l'aube de mes naïfs 15 ans, en tout cas je ne peux que recommander ce roman pour la force qu'il délivre, à manipuler avec précaution.
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Mésaventures d'un navire militaire, mal commandé, à l'époque de la Restauration. On retiendra de ce roman un vibrant éloge du principe du commandement, un peu inattendu chez Eugène Sue, ce futur rebelle, et l'intéressante mise en scène d'un noble émigré d'ancien régime qui se voit confier le commandement d'un navire alors qu'il n'a plus navigué depuis longtemps et doit s'en remetttre à un subordonné mal inspiré. Échouement du bateau, cannibalisme des survivants... C'est la transposition, très romancée, de l'affaire de la Méduse. Le roman, écrit en 1832, évoque le drame resté dans les mémoires depuis 1816, une quinzaine d'années plus tôt. On hésite pourtant à encourager le lecteur à embarquer dans cette littérature, certes pittoresque, mais boursouflée, avec quelques morceaux de bravoure.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
D'autres croyaient revoir la chaumière où ils étaient nés, leurs femmes, leurs enfants, tout ce qui leur était cher. Ils s'attendrissaient alors, baisaient leurs enfants au front, et leur promettaient de ne plus naviguer.
Mais tout cela avec le rire aux lèvres ou les larmes aux yeux, avec la meilleure foi du monde. C'était un délire qui s'exprimait par des voies si convaincues, si naturelles, qu'un aveugle eût pris les aberrations de cette fièvre pour des réalités.
C'est qu'un des symptômes de cette fièvre est de développer à l'extrême le désir culminant de chacun, de mettre en relief sa pensée fixe et habituelle, comme dans toutes les folies complètes ou passagères. De là cette vérité naïve que les malheureux mettaient dans la description de leurs rèves in- sensés.
À la vue de cet affreux délire si froid, si serein. Szaffye resta frappé de stupeur. Car, ayant, ainsi que Paul, pris quelques atomes de nourriture, il ne partageait pas cet état d'excitation comateuse, cette exaltation cérébrale dévorante, développée par un soleil ardent et par la réaction sympathique d'un estomac crispé sur un cerveau affaibli; la calenture enfin, cette espèce de mirage moral, ne lui faisait pas éclater le crâne en offrant à sa vue, comme à celle de ces malheureux, de trompeuses images de sites enchanteurs, de festins, de femmes ou de famille.
Szaffye et Paul étaient seuls de sang-froid au milieu de cette effrayante orgie intellectuelle.
Quoique affaiblis par de longues privations, ils avaient conservé assez de lucidité d'esprit pour tout voir, pour tout entendre; Paul surtout, substanté par cette parcelle de nourriture que, la veille, il avait disputée à son père.
Aussi éprouvait-il une horrible angoisse à la vue de ce spectacle qui devint plus affreux encore par l'apparition d'Alice...
D'Alice meurtrie, souillée, les cheveux en désordre, d'Alice, hâve, pâle et amaigrie, mais les joues couvertes d'un vif et éclatant incarnat, les yeux brillants et doués pour ce moment d'une force surnaturelle; d'Alice qui se leva lentement du milieu des deux barriques où elle s'était tenue jusque-là; qui se leva droite et raide comme une statue, à moitié couverte par le caban que Pierre lui avait laissé.
Elle s'avança.
Paul cacha sa tête dans ses mains.
Elle parut chercher quelqu'un des yeux; puis, son regard tombant sur Szaffye, elle repoussa avec une force surprenante les marins qui obstruaient le passage, et arriva près de Szaffye.
- Oh ! Szaffye, dit Alice d'une voix douce et faible en se penchant sur lui avec tendresse, tu es à moi, à moi mon amant, mon amant adoré que seul j'ai aimé de toute mon âme.
Ici Paul voulut s'éloigner; le misérable ne le put. Il avait assez de force morale pour entendre, mais la force physique lui manquait pour fuir.
- J'ai cru aimer Paul, pauvre ange ! Je me trompais. C'était pour moi comme une compagne, comme une sœur; c'était une amie faible et tendre, voilà tout.
Mais toi, oh toi, dit-elle en se redressant avec orgueil, tu es mon amant; chacun de tes regards est pour moi un plaisir et une torture; et puis tes caresses brûlent et enivrent... Oh ! Tes caresses, depuis ce jour où, craignant la mort, je me suis donnée à toi, toute à toi, je les ai toujours senties... Tes caresses ! L'impression m'en est restée et dure encore !
De ce jour, m'a vie n'a été qu'un long plaisir. Car tes baisers... Je les ai encore aux lèvres.
- Oh ! Oh ! Mourir ! cria Paul d'une voix déchirante.
- Qui parle de mourir ?... Vivre avec toi, Szaffye, vivre. Viens, Szaffye, viens. Ma tante est morte, je crois, comme mon père, comme ma mère, comme tout le monde est mort pour moi, du jour où je t'ai aimé. Viens ! Je suis à toi !...
Tiens, vois-tu cette chambre bleue ? C'est la mienne... Ce lit à rideaux blancs ? C'est le mien; le tien, voulais-je dire... Ces fleurs que tu aimes, c'est moi qui les ai mises dans ces vases d'albâtre.
Viens, mon amant, car tu es mon amant... Que me fait le mépris du monde ? Je n'ai pas besoin du monde pour te dire : tu es ma vie, mon âme ! Que me fait le monde ?... Le monde, c'est toi... Viens, Szaffye ! Viens mourir pour revivre et mourir encore au milieu de ces voluptés enivrantes, dont le souvenir me dévore; car depuis... Ce n'est plus le sang, c'est le désir ! Le désir qui circule et bat dans mes veines !
Les yeux de Szaffye devinrent étincelants.
Puis Alice ajouta, en feignant de se déshabiller :
- Tiens... Cette robe noire qui me rendait si blanche... Elle tombe... Que ces lacets sont cruels ! Tiens... Tiens... Ils sont brisés... Au vent, ma longue chevelure brune que tu aimes tant; qu'elle tombe sur mes épaules ! Maintenant, oh ! Viens mon amour, viens... Je t'attends... Oh ! Viens donc...
Et la malheureuse enfant fit le simulacre de monter dans un lit, enjamba le radeau et tomba dans la mer.
Paul poussa un cri terrible, se dressa sur son séant, les mains tendues en avant; mais il ne put se lever..
- Sauve-la donc, monstre ! cria-t-il en montrant Alice qui reparut un instant à la surface de l'eau en étendant les bras. Son dernier mot fut :
- Szaffye.
- Elle meurt heureuse, répondit Szaffye d'une voix sourde, et une larme brilla dans ses yeux.
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- Écoutez-moi, Paul. Supposez par la pensée un homme d'un génie immense, d'une beauté parfaite, d'une richesse royale, d'une âme sublime. Eh bien ! Paul...
- Hélas, monsieur ! Faut-il donc tout cela pour être aimé ?
- Il faut tout cela, Paul, pour se voir souvent sacrifié à un être dégradé, stupide et difforme.
- Oh ! Monsieur ! C'est une cruelle raillerie !
- Je ne raille pas, je parle vrai ! Paul, il n'est pas donné aux passions de l'homme ou de la femme de s'arrêter à un terme, tel complet qu'il soit; l'activité de l'esprit humain ne s'éteindrait pas même dans la possession d'un être idéal. Ainsi, Paul, une femme arrivant à rencontrer une perfection, ne s'en tiendra pas là. Par cela même qu'elle n'aura plus rien à chercher au-dessus, elle cherchera au-dessous, et se jettera dans les contrastes. Or, une fois aux contrastes, les plus tranchants sont les meilleurs; c'est l'histoire de la femme de Joconde : car sous un vernis de fadeur et de légèreté, il y a là une vérité bien profonde et bien vraie, soit qu'on l'applique au physique ou au moral. Avez-vous lu Joconde, Paul ?
- Non, monsieur.
- Eh bien ! Joconde était un prince riche, beau, aimable et spirituel. Il quitte sa femme pour faire un voyage; elle était encore chaude de ses baisers d'adieu qu'il revient à l'improviste, et la trouve couchée avec un laquais crétin, idiot et difforme.
C'est, comme je vous le disais, l'irrésistible besoin des contrastes. C'est encore cet ancien symbole du fruit défendu, appliqué au moral, c'est encore l'amour de l'imprévu, du bizarre, qui leur fait mettre des pagodes et des monstres sur leur cheminée ou dans leur lit.
- Oh ! C'est horrible ! Horrible ! dit Paul en cachant sa tête dans ses mains.
- Et je vous le répète, ce que je dis de la difformité physique, s'applique bien mieux encore à la difformité morale; mais c'est une recherche.
Pour en revenir à l'homme complet que nous supposons, figurez-vous, Paul, notre type idéal, notre grand homme, amant passionné d'une femme jeune et belle : mais cette femme aura mille moyens de fouler aux pieds cet homme, dont la supériorité l'écrase et la blessera toujours; et elle les emploiera. Car il n'y a chez la femme qu'un sentiment profond et inaltérable, c'est celui de l'amour-propre.
Songez donc que d'un baiser, elle pourra faire un sot, un crétin, plus grand que lui grand homme; plus grand, surtout à ses yeux à lui, qui se verra sacrifié, qui verra un crétin jouir du bonheur qu'on lui refuse.
Alors, Paul, voyez les tortures, écoutez les cris, les sanglots de ce grand homme, qui aime avec plus de frénésie encore depuis qu'on le délaisse ! Le voilà qui renie sa gloire, son nom célèbre, son génie, sa beauté, sa richesse; le voilà qui se maudit, lui Byron, lui Bonaparte, lui Dante, lui... Que sais-je, moi ? Le voilà qui s'abhorre, le voilà, par l'infernal caprice de cette femme, amené, lui si grand, à donner avec délices son sang, son âme, s'il le pouvait, pour être stupide pendant une heure, une seconde, toute sa vie ! Puisque sa maitresse aime les gens stupides, et qu'elle n'aime plus les grands hommes !
Et vous croyez, Paul, qu'il existe une femme capable de résister à la jouissance de se dire : "Par un caprice frivole, caprice né en lissant mes cheveux ou en chiffonnant une écharpe, moi, moi fémine faible, obscure et sans nom, j'ai amené l'homme qui fait l'orgueil, l'éclat et la gloire d'une nation, d'un monde, - d'un univers ! - à maudire ces dons divins, l'envie des hommes, l'admiration des autres femmes; à les maudire et à crier les mains jointes, à genoux, les yeux en larmes : Mon Dieu ! Mon Dieu ! Fais-moi donc aussi abject que tu m'as fait puissant; et elle m'aimera peut-être !" ?
Non, non, aucune fille d'Ève ne résisterait à cette tentation, jeune homme.
- Mais, au nom du ciel, que faire donc ? Que croire ?
- Un vieux vers hindou le dit : "S'attendre à tout, pour ne s'étonner de rien".
- Mais c'est le doute, cela; c'est l'incrédulité qui ronge le cœur.
- Oui, Paul; tant qu'on a un cœur. Mais après ? Mais quand on n'en a plus, de cœur; quand, flétri, desséché, il est mort, insensible et froid, on défie le monde et ses déceptions : car alors ce cœur n'est plus qu'un cadavre que l'on expose aux tortures sociales, - et l'on rit. -
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CHAPITRE I. - LE BUREAU DE TABAC.

Par divers moyens on arrive à pareille fin. ( Montaigne.)

Les mouvements les plus minutieux de sa méchante
femme étaient réglés aussi juste que la meilleure montre marine
fabriquée par Harisson. ( Lord Byron, Don Juan.)

Vers le milieu de la rue de Grammont existait à Paris, en 1815, un bureau de tabac fort achalandé ; rien n’y manquait : on voyait à l’extérieur le long rouleau de fer-blanc qui renfermait une lampe sans cesse allumée, l’énorme tabatière de buis et, au dessus, une fresque de quatre pieds carrés représentant l’inévitable priseur qui, le pouce et l’index à la hauteur de ses narines dilatées, aspirait avec délices la poudre odorante.
Aussi une foule d’Allemands, de Russes, de Prussiens, de Bavarois, d’Anglais, désireux de charmer les loisirs du corps de garde, se pressaient chez M. Formon, qui leur débitait d’innocentes distractions en carottes, chiques ou cigares.
Par un beau soir de juillet, l’air était tiède, le ciel pur, et l’atmosphère se chargeait d’une poussière épaisse qui tourbillonnait sous les pieds des chevaux ; de brillants équipages se croisaient dans tous les sens, et les plumes bigarrées qui ondoyaient sur les shakos étrangers se mêlaient aux voiles et aux écharpes blanches dont toutes les femmes se paraient alors ; les boulevards s’émaillaient pour ainsi dire d’une foule de cocardes aux couleurs vives et variées, sans compter les riches dolmans des Cosaques de la garde russe, le costume pittoresque des chasseurs écossais, et le sombre aspect des hussards de la mort, qui faisait encore ressortir l’élégance de ces splendides uniformes, tous étincelants de broderies et de galons. (p17/18)
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Or, maître Buyk, d'ailleurs devin fort habile et fort estimé à bord, participait, quant au moral, de la froide dureté du parquet de fer qui couvrait son plancher.
Voyez plutôt :
Sur un coffre assez bas un homme accroupi tenait sa tête dans ses mains. C'était maître Buyk.
Il portait pour tout vêtement un pantalon de toile grise, et pas de chemise, selon son habitude, vu la chaleur étouffante qui règne dans cet espace étroit et presque privé d'air et de jour.
Il paraissait d'une taille moyenne, maigre, mais merveilleusement musclé. La lueur du fanal qui éclairait la fosse ne jetait qu'une clarté douteuse et rougeâtre.
Il leva sa tête. Ses cheveux étaient gris et rares; ses yeux creux et ternes; ses pommettes saillantes; et par négligence il portait sa barbe longue.
- Misère ! cria-t-il d'une voix forte.
On ne répondit pas.
- Misère ! Misère ! Misère !...
Silence.
- Misère ! Misère ! Misère ! Misère !
À la quatrième fois, une voix faible et éloignée répondit avec un accent de terreur :
- Me voilà, me voilà, maître... Me voilà...
Et la voix approchait en répétant toujours :
- Me voilà ! Me voilà !
Enfin, un enfant de sept à huit ans sauta d'un bond dans la fosse. C'était Misère.
Maître Buyk était toujours assis. Il fit un signe de la main.
Misère sentit un léger frisson courir par tout son corps en allant prendre dans un coin de la porte une espèce de martinet fait de plusieurs houts de corde à noeuds bien serrés. Il le présenta au maître.
Puis il se mit à genoux et tendit le dos.
Et c'était pitié que ce pauvre corps maigre, chétif, souffreteux, jaune et étiolé.
Maître Buyk parla :
- Je t'ai appelé quatre fois, et tu n'es pas venu. Et quatre coups fortement appliqués fouettèrent l'enfant, qui ne poussa pas un cri, pas une plainte, se releva, prit le martinet, dont il s'essuya les yeux sans que le maître pût le voir, le remit au clou, et revint se planter debout devant le maître.
- À présent, dis-moi : Pourquoi as-tu tardé autant ?
- Maître, on me battait là-haut.
- Tu mens ! Tu jouais.
- Je jouais ! Maître... Je jouais ! Mon Dieu ! Je jouais ! Qui donc voudrait jouer avec moi ? dit le triste et chétif enfant avec un accent d'amertume indéfinissable. Les autres mousses me battent quand je leur parle; ils me prennent mon pain, ils m'appellent rat de cale; et tout à l'heure, maître, on m'a fouetté là-haut, parce qu'ils disent que dix coups de fouet à un mousse donnent du bon vent. Oh ! Maître ! Allez, vous m'avez bien nommé... Misère ajouta-t-il en soupirant, car il n'osait pleurer; et tout son corps meurtri et bleu tremblait comme la feuille; la chaleur était étouffante, et il avait froid.
- Quel temps fait-il donc ?
- Depuis hier, il vente du nord-ouest, maître.
- Et le vent du nord-ouest souffle toujours ? demande Buyk d'une voix tonnante.
- Oui, maître, dit l'enfant tout peureux.
- Il souffle du nord-ouest ! répéta le maître tout pensif.
- Oui, maître.
- Qui te parle ?
Et ces trois mots furent accompagnés d'un soufflet.
Maître Buyk tomba dans une profonde méditation qu'il n'interrompit que pour faire des figures et des signes avec des cailloux, des bouts de cordes et son couteau.
L'enfant ne bougeait; immobile, craignant de s'attirer de nouveaux coups, retenant son haleine. Et en vérité, Misère était bien à plaindre. Ce malheureux avait été embarqué à bord par pitié; sa mère était morte à l'hôpital, et maître Buyk, l'ayant pour ainsi dire adopté, en avait fait son mousse, et lui faisait bien, je vous assure, payer le pain qu'il ne mangeait pas toujours, le pauvre enfant !
Enfin Misère était si chétif, si souffrant, que, pour cet étre maladif, il eut fallu de l'air, du soleil, des jeux d'enfant, bruyants et animés, une bonne vie joyeuse et insouciante, du repos et du sommeil. Lui, au contraire, ne quittait la cale que le moins possible, tant il redoutait les autres mousses, qui le pourchassaient, le tourmentaient et le battaient. Aussi le seul plaisir du misérable, c'était la nuit, pendant que son maître dormait, de se glisser comme une couleuvre sur le pont, de monter sur les bastingages, et de là, dans les porte-haubans.
Alors, sa pauvre figure souffrante s'épanouissait, frappée, ranimée qu'elle était par ce bon air marin; il éprouvait un bonheur d'enfant à voir les lames bondir, bouillonner, et se briser sur l'avant du navire en l'inondant d'une clarté phosphorescente; à regarder les étoiles briller dans le ciel, à écouter Ja voix de la mer, et à rester une heure sans être battu.
Mais ces momens de vif plaisir étaient courts et rares, tant il craignait de ne pas répondre à la voix terrible de maître Buyk. Aussi, par instants, le faible cerveau de ce malheureux se dérangeait. Alors, pâle et livide, un affreux sourire sur les lèvres, agrandissant ses yeux d'une manière horrible, il disait de sa petite voix grêle et stridente :
- Le rat de cale a de bonnes dents, de bonnes dents, et il rongera la noix.
Et en prononçant ces paroles inintelligibles, il tournait sur lui-même avec une effrayante rapidité; puis enfin, épuisé, il tombait dans un sommeil léthargique, que son maître interrompait à grands coups de corde, le rappelant ainsi à lui-même.
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PRÉFACE.

Quand je n’aurais d’autre preuve de l’immatérialité
de l’âme que le triomphe des méchants et l’oppression
des justes en ce monde, cela seul m’empêcherait de douter.
( Rousseau, Émile. )
__________
Paris, le 18 janvier 1832.

Il doit y avoir, je pense, dans toute composition littéraire, deux parties bien scindées.
D’abord le drame, la fabulation, le pittoresque et le descriptif, que l’on pourrait appeler le corps de l’œuvre, ou sa partie matérialisée.
Puis, suivant la même comparaison, la donnée morale et philosophique, qui serait l’âme, la pensée de cette œuvre, autrement dite, sa partie spiritualisée.
Ainsi le corps du livre appartiendra de droit, et sans aucune restriction, à la critique, parce que l’auteur comprendra sa position d’écrivain dans toute son étendue ; mais il pourra, ce me semble, défendre la question morale de son ouvrage.
J’insiste sur cette distinction, parce que l’on m’a reproché d’avoir jusqu’ici fait systématiquement succomber la vertu et triompher le vice.
...... E. S.(p6)
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