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Critique de anniefrance


"Rivière trop tôt partie, d'une traite, sans compagnon,
Donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion.

Rivière où l'éclair finit et où commence ma maison,
Qui roule aux marches d'oubli la rocaille de ma raison.

Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété.
Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson.

Rivière souvent punie, rivière à l'abandon.

Rivière des apprentis à la calleuse condition,
Il n'est vent qui ne fléchisse à la crête de tes sillons.

Rivière de l'âme vide, de la guenille et du soupçon,
Du vieux malheur qui se dévide, de l'ormeau, de la compassion.

Rivière des farfelus, des fiévreux, des équarisseurs,
Du soleil lâchant sa charrue pour s'acoquiner au menteur.

Rivière des meilleurs que soi, rivière des brouillards éclos,
De la lampe qui désaltère l'angoisse autour de son chapeau.

Rivière des égards au songe, rivière qui rouille le fer,
Où les étoiles ont cette ombre qu'elle refuse à la mer.

Rivière des pouvoirs transmis et du cri embouquant les eaux,
De l'ouragan qui mord la vigne et annonce le vin nouveau.

Rivière au coeur jamais détruit dans ce monde fou de prison,
Garde-nous violent et ami des abeilles de l'horizon.

René Char, "La Sorgue" dans le recueil ​​​​​​​Fureur et mystère.

Je n'ai pas résisté! Lucien Suel est un poète, il a beaucoup de cordes à son arc et nous donne à lire ici son quatrième roman.
Ici, il s'agit de Jean-Baptiste Rivière qui préfère la marche au vélo, la lenteur à la rapidité. En 1970, l'histoire commence par le mariage avec Claire. En 2 CV, ils traversent la France du Nord au Sud jusqu'en Lozère où ils festoient avec Paul et Brigitte, leurs amis.
Bref retour sur l'enfance de JB: il lit, d'abord le Larousse, seul ouvrage présent dans la maison , les livres de la bibliothèque de classe et ceux d'une gentille dame qui étale des livres dans son salon.
En 2009, il est sauvé de la noyade dans une bâche de la côte d'Opale par un champion de natation; il n'oubliera pas ce 23 août! c'est à cela qu'il pense en regardant sur internet les naufrages, notamment ceux des migrants.
La suite est l'évocation d'un amour sublime pour Claire; elle et lui regrettent seulement que leur désir d'enfant ne se soit pas réalisé. Evocation de leurs jours heureux, nuit sous tente, beuveries entre amis...
Vient bien trop tôt la maladie de Claire (cancer du pancréas) l'hôpital puis les soins palliatifs. JB toujours auprès d'elle.
Claire n'est pas une morte muette: (née en 52, morte en 2001). "Je suis morte. Je suis présente absente, âme flottante..."Elle lui rappelle son amour.
Tout devient indifférent à JB enfermé dans son chagrin; grande solitude si ce n'est son chien et le jardinage. Finie la musique, fini le cinéma. Un peu d'internet, de twitter car la contrainte des cent-quarante signes oblige à être bref; un moment d'échanges avec Darkdada pas vraiment intéressant. JB jardine avec frénésie...il finit par briser sa sauvagerie en offrant ses légumes aux voisins puis en rendant visite à des amis auxquels il n'a pas appris la maladie et le décès de son épouse. le jardin de ses amis est à l'abandon, il va s'y mettre et peu à peu il va renouer avec la vie par ses travaux.
Des chapitres courts, une lecture facile et agréable, un style poétique, émergence de souvenirs heureux jusqu'au drame. Parfois un peu d'humour mais surtout de la mélancolie. Que d'émotion!

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