Citations sur Le rêve de Ryôsuke (61)
Etre ici. Avoir été là. Quelle était la différence ?
Dans la lumière ruisselante, il réfléchit aussi au commencement et à la fin de ce phénomène qu'on nommait soi. Par moments, il ne ressentait plus sa propre existence. Et si ce qu'il croyait être, en réalité, n'existait pas ici-bas ? Et s'il n 'était qu'un caprice de l'univers ?(p. 208)
Imaginez, vous avez commencé par creuser une tranchée ensemble, et maintenant vous faites du fromage. Vous pouvez cheminer chacun de votre côté, vous êtes amis pour la vie. C'est plus précieux que tout. (p. 182)
« Kikuchi, si tu tiens absolument à faire du fromage, tu n'as qu'à partir à Aigaki. Là-bas, il y a encore les maisons et les chèvres des gens qui ont quitté l'île. Si tu faisais comme tu l'entends, dans ton coin ? »
L'assistance éclata de rire.
Tu sais, Ryôsuke, je crois que... Quand on est à un tournant de sa vie, qu'il s'agisse d'une défaite ou d'une victoire ne change pas grand-chose. Au contraire, la victoire est peut-être pire parce qu'elle ne nous ouvre pas les yeux. C'est une bonne chose que tu aies échoué.
Les vagues se brisaient sur les écueils en soulevant des gerbes d'écume. La végétation s'accrochait au flanc des falaises. Et comme une balafre sur la paroi, s'ouvrait la bouche sombre d'une grotte...
Vivre sur une île... c'est devoir faire soi-même tout ce qu'on a pas besoin de savoir faire en ville, parce que quelqu'un d'autre s'en charge pour vous ; c'est dur. Le fondement de l'existence humaine est assez cruel.
P. 108
On est tous pareils. Quand on parle de nos rêves... on finit par se sentir obligés de les réaliser. On croit avoir échoué, sinon. Mais moi, je connais quelqu'un qui, à force de s'accrocher à son rêve, a fichu sa vie en l'air. Un rêve peut tout simplement en rester un, non ?
- On est tous comme ça, ici, constata Hashi. Ce n'est pas parce que c'est une île que c'est le paradis. Au contraire. C'est un ramassis de déclassés. Une véritable encyclopédie du genre humain.
Quand on cherche à acquérir son autonomie, on s'arrange d'abord pour ne pas causer d'embarras aux autres, vous ne croyez pas ?
C’était une saveur tout à fait particulière, différente du goût généreux d’un fromage au lait de vache. Le parfum de l’herbe, la chaleur de Hanayo, une averse soudaine… C’était tout cela, concentré, qui rayonnait.