Sur la route, dans le vent frais de ce premier jour de printemps, on parle de l’incendie qui s’est déclaré à TH2, le datacenter Telehouse ouvert en 1998 boulevard Voltaire, à Paris. Presque un site web français sur trois est hébergé dans ces infrastructures, dans cet entrepôt ultra-sécurisé caché derrière des immeubles haussmanniens.
Signature du registre, scan des empreintes digitales, remise de votre carte d’identité en échange d’un badge visiteur. Caméras de surveillance en circuit
fermé. Access Granted.
Entre ces « baies », ces longues rangées d’étagères noires où sont entreposés des ordinateurs pareils à des plaques de métal, un souffle lancinant vous étourdit le cerveau en quelques minutes. Ce mugissement mécanique insupportable, c’est le râle des ventilateurs. Des milliers de ventilateurs qui ne cessent de tourner sur eux-mêmes pour refroidir les innombrables neurones du cerveau d’Internet : les processeurs.
Les courants d’air froid tombent de la climatisation centrale et s’engouffrent partout afin de maintenir une température ambiante de 21 degrés. Les courants d’air chaud, eux, sont perceptibles à l’arrière des baies, recrachés par les machines.
Un datacenter, c’est infernal.
C’est bruyant, froid et chaud à la fois, ça rend malade si vous y restez trop longtemps. Vous sortez de là avec des acouphènes, tellement ça bourdonne, ce bruit, ce putain de grondement du Réseau. « Le cloud ». On n’aurait pas pu trouver pire métaphore.
C’est pas les nuages, c’est le magma.
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