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EAN : 9782490021093
180 pages
L'astre bleu (17/09/2019)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Arthur a perdu son père il y a deux ans.

Il replonge dans le film de ses dernières heures, les frontières temporelles s’effacent et les souvenirs s’enchaînent depuis sa plus tendre enfance. Son père dans le potager, son père coupant du bois pour la cheminée, son père à ses côtés dans les moments importants de sa propre vie. Les lectures partagées, sa philosophie qu’il inculquait à ses fils.

Et les vacances en Syrie où il découvre un « a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est amusant de remarquer certains paradoxes de la vie qui lui donnent à la fois un aspect drôle et un gout amer. Par exemple, comment le renouveau naît de la mort !
Croyants ou pas, lorsqu'on sent le besoin de se retrouver, de se renouveler, on prend le chemin du pèlerinage. Mais c'est drôle que, souvent, ces chemins, conduisent à une tombe, au cadavre enterré dans la terre d'une personne mort. Dans la culture humaine, la vie prend la complétude de son sens lorsqu'elle est confrontée à la mort. En Syrie, pour présenter ses condoléances, la personne dit aux proches du défunt : « que le reste soit dans votre vie ». A chaque fois j'assistais aux funérailles d'un proche, je me posais la question sur la signification du mot « le reste » dans cette phrase. Quel « reste » ? le reste de quoi ? Il en reste rien, il en reste son mémoire, c'est tout ! Je pensais que la phrase exprime probablement le souhait que le reste de la vie du défunt, qu'il aurait dû vivre s'il n'était pas mort, soit ajoutée dans la vie de son proche. Mais ce n'était pas très convaincant. Je pense avoir mieux compris ce que signifie « le reste », suite à la lecture de L'apparition de l'oubli. le « reste », c'est ce qui reste du mort en nous, et qui nous fait revivre, nous renouveler.
Si les matériels du pèlerin sont une paire de chaussures bien confortables et un chemin à travers un beau paysage, les matériels d'Alexis sont ses souvenirs. Avant le décès de son père, Alexis n'a jamais creusé la question sur sa relation avec son père, en tant qu'étranger. Il sait que son papa était syrien, il sait qu'il a des traits de caractères orientaux, mais quelque chose entravait de creuser plus loin, c'est probablement le confort dans la présence permanent de Raif, son papa, qui semblait imperturbable. Mais à sa disparition, à son départ précipité, la cloche sonne, fort, très fort dans les oreilles du fils, il entend l'écho d'un cri, des cris, qui surgissent du néant, et un visage commence à apparaître de l'obscurité, c'est un visage étranger, puis familier, puis il le distingue mieux, c'est un visage très connu, profondément aimé, mais étranger, celui du père. C'est drôle, et profondément perturbant, c'est un visage que le fils connait très bien, et ne connait pas. le papa tant aimé est d'un coup un étranger, un syrien. C'est alors que les images surgissent, les souvenirs d'enfance, le chemin de pèlerinage qui mène à la reconnaissance plus nette du visage de père, mais aussi de soi même, c'est alors que le pèlerin, de façon automatique et rapide, met ses chaussures, prend son petit sac, et part.
L'apparition de l'oubli c'est un pèlerinage dans les souvenirs en quête de découvrir l'aspect inconnu, ignoré, négligé depuis longtemps du père. Et, ce voyage ne pourrait qu'engager un autre, le voyage vers la redécouverte de soi.
Au même temps, comme le père est une partie essentielle de soi, sa disparition déclenche d'autres expériences, notamment celle qui concerne la relation avec la partie morte de soi. L'apparition de l'oubli représente une expérience spirituelle qui n'est pas moins importante que celle de la découverte du visage du père, celle de la libération de la partie morte de soi. Ce qui est particulièrement intéressant c'est que cette libération se fait en ravivant le défunt. Alexis décrit minutieusement son père dans les différentes situations dans lesquelles il nous le présente. Il prend son café le matin, il s'énerve pour telle ou telle chose, les mots qu'il aimait utiliser, ses rires, sa manière de se plaindre, etc. Raïf est à nouveau vivant, à travers le roman.
L'apparition de l'oubli c'est le pèlerinage qu'a fait Alexis à la redécouverte de son père et à la libération de la partie morte en lui, son père, L'apparition de l'oublie est le marteau de Kafka qui « brise la mer gelée » en Alexis, et en nous.
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Arthur vient de perdre son père. C'est alors que la peur de l'apparition de l'oubli va prendre forme, insidieusement. Et s'il finissait par ne plus se souvenir des traits de son papa, et s'il finissait par oublier ? Et pourtant, tous les souvenirs refont surface.

C'est un roman qui m'a énormément touchée pour bien des raisons. Alexis va explorer les diverses facettes du deuil qui sont propres à chacun mais qui pourtant ne sont pas si différentes d'une personne à l'autre. C'est de cette peur de l'oubli que va naître une autre perspective.

Arthur va commencer à se souvenir de ce père aimant, de ces détails auxquels on n'attache pas forcément une importance capitale sur le moment, mais que l'on sait finalement qu'ils nous ont forgés. J'ai été profondément émue par le personnage d'Arthur, par la relation avec son père.

L'auteur va alterner les passages traitant du deuil en lui-même, et celui des souvenirs d'avant. Il va ainsi se rappeler et évoquer à nouveau ces petites actions avec ce père aimant, ces vacances en Syrie, où il découvre un père différent. C'est vraiment émouvant et j'ai été très touchée.

La plume d'Alexis est sublime. Les mots s'alignent avec une harmonie parfaite et sans fausse note. Beaucoup de poésie dans les descriptions. L'émotion est là. Ce récit est intimiste, empli de pudeur.

Un récit sur le deuil, sur la peur de l'oubli, sur les souvenirs. J'ai été très émue pour beaucoup de raisons. Ce n'est pas un sujet facile, et pourtant, Alexis Sukrieh a su en faire un récit empli de pudeur et de sensibilité. C'est un très beau roman intimiste.
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La mort, le deuil, la séparation irréversible, l'abandon, la douleur silencieuse et puis les souvenirs qui fluctuent comme la fameuse « madeleine » de Proust.


La présence de son père, bien qu'elle soit éloignée, a toujours été une chose importante aux yeux d'Arthur. Il le savait, ici et là-bas, dans son jardin, dans sa maison, en compagnie de son épouse, de ses amis, de son frère ou de ses enfants. Les kilomètres n'effaçaient en rien les liens qui unissaient Arthur et son père Raïf.


Et puis un jour, plus rien, ni préavis ni conciliabule, la mort est là, souveraine et dans son droit. La vie s'achève, Raïf n'est plus, juste un nom qu'on peine timidement à murmurer. le temps passe, les blessures se pansent et, eux, ils restent.


Les mois s'écoulent et les souvenirs surgissent, comme un clown dans sa boîte, bourlinguant les affres du coeur. Arthur se rappelle les bons et les mauvais souvenirs, les anecdotes, ces phrases mystiques dites lors de conversations, ces moments de complicités et insolites, la lueur qu'illuminait parfois ses yeux, les vacances, un autre monde, la peine, la douleur, la colère, les cris silencieux, les larmes, le lendemain sans lui, sa vie sans lui et tous ces mots qui n'ont pas été dits. Puis jaillissent les questions sans réponses, les questions sur sa vie, les questions sur ce qu'il était, est et sera, les questions oubliées, les questions sans intérêt, les questions affectives …


Alexis Sukrieh dépeint avec grâce le kaléidoscope émotionnel d'un homme emprisonné dans les dédales du deuil et des souvenirs. Des mots puissants pour une histoire loin d'être banale. Une plume efficace pour une histoire touchante. Une histoire qui porte sur la famille et ses liens, sur les racines familiales et sur l'amour indéfectible. Une histoire de courage et d'humilité. Une histoire qui ne m'a pas laissé insensible. Une histoire sans chronologie particulière, juste portée par le flots des souvenirs qui s'ajoutent au fils des pensées. Un histoire en tout point émouvante.


Doit-on oublier pour se souvenir ?
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Paradoxalement, l'oubli peut se manifester lors d'une apparition, comme quand une petite-fille se rend compte qu'elle ne se souvient plus des traits de son grand-père.

Le père d'Arthur était un personnage sympathique et complexe. Il a réussi sa vie et se plaît à acheter un costume à son fils qui monte à Paris. le week-end, il s'occupe de son argent placé en bourse, tout en mettant un point d'honneur à couper sa haie de thuyas avec ses fils. Pas trop bourgeois donc, et ouvert d'esprit : médecin, il se met sur le tard aux pratiques énergétiques qui font rigoler les pontes de la science en Occident. Syrien, il n'a pas transmis sa langue, mais des locutions arabes ponctuent les souvenirs de son fils.

Arthur, le narrateur, est un personnage en retrait. Dans l'informatique, ni passionné ni passionnant, il semble doté d'un esprit cartésien. Sa figure est pâle devant le haut-relief de son père. Sensible, en mobilisant des souvenirs, il livre un ressenti reconstruit. C'est un fils hanté par les gestes de son père mort, par sa voix qu'il continue d'entendre, lui reprochant par exemple son manque d'aisance dans l'exécution d'une recette syrienne.

Dans ce « roman d'inspiration biographique » selon ses termes, Alexis Sukrieh, alterne les souvenirs anciens avec ceux de la fin de vie et du deuil. le récit est parsemé de petites parenthèses poétiques, comme celle du café pris ensemble sans rien dire ou de la cigarette qu'on refuse malgré le réconfort qu'elle promet. Les vacances en Syrie sous Hafez el-Assad. Sans oublier l'au-delà, décrit avec des images d'une délicatesse propre à apaiser les tourments des vivants.

A la mort du père, Arthur pose au frère de son père des questions auquel il n'avait jamais pensé sur la Syrie. S'en suivent des réflexions sur l'identité. « Redonner toute sa place à cette origine, c'est me reconnecter avec lui par-delà sa disparition. » se dit Arthur. Grandi par la mort du père, il se sent investi d'une responsabilité vis-à-vis de sa mémoire. D'où le livre. Un livre à recommander à ceux qui aiment chialer devant les histoires tristement banales qui sonnent juste.

La lecture de ce premier roman m'a été agréable. Ce n'est pas non plus un livre qu'on crayonne, un livre dont on aimerait apprendre des pans entiers. S'il faut faire des rapprochements, je dirais que je l'ai lu aussi facilement que Qui a tué mon père d'Edouard Louis et avec bien davantage de plaisir qu'un mauvais Modiano (à vrai dire je n'en ai lu qu'un, du plus loin de l'oubli, vraiment insipide). A mon avis donc, il n'y aucune raison qu'Alexis Sukrieh ne rencontre pas un vaste lectorat.
Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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Un livre qui ne peut que parler à la plupart d'entre nous.
L'auteur fait face à la disparition brutale de son père. Cette mort qu'il n'avait pas anticipée le renvoie dans son enfance, et replace son père au coeur de ses souvenirs et ses apprentissages. Mais également au coeur de sa double identité. Il va partir a la recherche de sa part syrienne, celle qui lui a été transmise par ce père disparu, cette part qu'il n'a peut être pas totalement appréhendée.

Au fil du processus du deuil, nous plongeons dans son passé, nous le suivons dans les quelques jours entourant le décès de son père et dans les mois qui ont suivi.

C'est une bel hommage très bien écrit et qui se lit facilement.
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