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EAN : 9782070374519
192 pages
Gallimard (23/03/1983)
3.64/5   7 notes
Résumé :

S'apercevoir que l'on a vécu une enfance ; la voir refluer sur soi avec émerveillement alors qu'on s'en était toujours défendu ; y lire en même temps une menace, un signe de mort : telle est l'expérience que rapporte l'auteur-narrateur de Devance tout adieu.

Un jour vient, après la longue absence des sentiments conventionnels, qu'il retrouve sa mère à travers une amitié plus forte, du moins le croit-il, que l'attachement de la chair.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Conseillée par un ami, fervent adepte de Jean Sulivan, je commence la découverte de cet auteur par Devance tout adieu. Quel choc cette rencontre avec Jean Sulivan ! J'ai aimé la sensibilité de cet homme-prêtre-écrivain-poète, son authenticité, ses blessures, son refus de la mollesse cléricale, sa foi à l'état pur, sa quête de la Vérité. Je me suis retrouvée dans la proximité et la pudeur de la relation de ce fils avec sa mère, et, lorsque l'âge venant, dans la crainte que chaque au-revoir devienne un adieu.
Ce récit est magnifiquement écrit, il vous saisit de bout en bout. Il aborde tous les thèmes qui traversent une vie et les inévitables questions face à la mort.

Chaque dimanche, Jean Sulivan retourne au village retrouver sa mère vieillissante, son enfance aussi. L'enfance est si prégnante et déterminante. Pour Jean Sulivan, ce fut une enfance de petit paysan aux côtés d'une mère pleine de bon sens, acceptant le destin sans apitoiement, vivant la foi chevillée au corps, sans faille, ne remettant jamais en cause les certitudes ni les rites. ”Une mère, longtemps, c'est comme l'air qu'on respire, la pierre sur laquelle on s'appuie, l'ombre d'un arbre.”

Les rencontres du dimanche sont pour Jean Sulivan l'occasion de traverser le miroir des souvenirs et de revisiter sa vie. Une vie de prêtre atypique et d'écrivain. Un prêtre ayant du mal à se situer devant la contradiction entre annoncer l'évangile et faire carrière dans l'Église. L'écriture sera pour lui salvatrice. ” Je me mis à écrire pour cerner cette vérité qui était mienne, qui n'était pas seulement mienne”… ”J'écrivais pour me trouver moi-même, trouver Dieu déjà trouvé, jamais trouvé, retrouver un chemin perdu.”

Et vint le jour où il n'y eut plus de rencontre du dimanche, où le fils-prêtre-écrivain est confronté à la réalité d'une mère hospitalisée, déclinant jusqu'à l'ultime passage. Les pages sont poignantes d'humanité, de questionnements sans fuite ni retranchement. ”J'avais toutes les réponses là, dans ma tête, toute la philosophie, toutes les certitudes de la foi mais les larmes coulaient de mes yeux qui disaient : Pourquoi nous as-Tu faits mortels ? Les idées étaient intactes mais cette nuit-là les idées ne me servaient à rien.”

Il est des amis sur votre route qui vous guident vers des lectures qui vous marquent. Peut-être le serai-je pour vous, si mes quelques mots vous ont donné envie d'ouvrir Devance tout adieu, que je comprends comme devant ce tout à Dieu.
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C'est une belle rencontre que celle de cet écrivain au parcours insolite, prêtre qui s'est libéré par l'écriture, que je rapprocherais de Christian Bobin.
Le roman, parcelle d'autobiographie, nous livre l'enfance de l'auteur et la puissance de la relation à la mère, tout ceci avec une pudeur et une retenue qui pourtant renvoient à une universalité et une profondeur qui tient de la parole de l'Évangile. Ces pensées sous influence biblique sont empreintes d'humanisme mais aussi non-conventionnelles ("La vie n'était pas une entreprise pour posséder, connaître, mais pour déposséder, revenir à rien, exister autrement"; "Je redoute ceux qui sont reconnus, ils ont souvent trahi quelque chose"), et incisives à l'égard du religieux dogmatique, de cérémonial et d'apparat, plutôt que de foi et d'expériences d'alignement de l'action. C'est pourquoi, il a été qualifié de curé rouge et d'écrivain insurgé.
Et l'écriture de Sulivan, qui vise l'excellence est parfois lumineuse, comme messagère de révélations.
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J'ai aimé ce livre qui raconte l'histoire de tout un chacun.
Le début de l'ouvrage est poétique avec ses descriptions de campagne, d'une maison d'antan, aux odeurs de cuisine, à la vaisselle de faïence. La vie s'écoule au fil des saisons, avec les travaux des champs et ses rituels.
C'est la maison aux parterres fleuris de ma grand-mère, infatigable et travailleuse, toujours de noire vêtue qui ne laissait jamais deviner le moindre de ses sentiments. C'était une époque où les morts de 14 étaient encore bien présents dans les familles traumatisées. La religion était un mélange de rites et de superstitions auquel certains ne comprenaient pas grand-chose.
Ce prête est avant tout le fils de sa mère, un homme ordinaire. Son monde citadin, intellectuel est tout en contraste avec la simplicité maternelle. À l'âge mûr, ses visites dominicales à sa mère le ramènent à l'essentiel de la vie. Il s'interroge sur la direction qu'il a donnée à la sienne, de l'évanescence de sa popularité, sur son ego, sa vocation. Il revient à la source, aux paroles et aux gestes qui font l'homme.
J'ai été particulièrement touché de la dernière partie, l'hospitalisation de la mère, les relations avec le personnel hospitalier, l'attente, l'espoir, la résignation à l'inévitable, la solitude (celle de mourir, celle de perdre).
Et puis le décès et les rituels du temps d'obsèques qui à l'époque étaient ostentatoires, mais sans doute plus accompagnés que la discrétion actuelle de rigueur.
Il parle enfin de son deuil, de ses larmes de l'intérieur, du « vide » de la maison et de lui-même.
Sa condition de prêtre, les formules consacrées, l'espérance, la foi ne le protègent pas de l'image du visage de sa mère sous la terre. Il écrit la complexité de son ressenti, ses doutes existentiels et spirituels. Il y écrit les signes auxquels il se raccroche, la leçon qu'il retire de la mort de sa mère et cette vie qui se poursuit immuable malgré tous les morts des siècles et des siècles…
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Jean Sulivan est l'un des écrivains catholiques français les plus importants de la deuxième moitié du XXème siècle. Il a écrit plus de trente romans et essais, tous chez Gallimard.
Ordonné prêtre en 1938, il découvre très vite que la théologie et la structure censée servir la religion sont, le plus souvent, en total désaccord avec la parole du Christ.
Dans ces ouvrages, il défend le principe d'une expérience personnelle de la religion, de la relation à Dieu, qui dépasse le seul respect du dogme et des pratiques religieuses qu'il suppose.
Ses personnages et les situations qu'ils vivent sont une illustration de ce principe.
Après des années de pratique religieuse, la mère de Jean Sulivan se retrouve seule face à la mort.
Il évoque le combat de cette mère qu'il retrouve alors qu'elle disparait., Après des années de pratique fervente, la femme, seule, confrontée au passage de la vie à un ailleurs que le chrétien espère, elle éprouve une crainte de la mort que le symbolisme religieux ne peut pas apaiser.
Elle quitte la vie avec ce doute, et délivre à son fils ce message réaliste et cruel : la mort n'est pas naturelle.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un livre qui me fascine, il m'arrive d'en lire vingt pages et de le planter là pour toujours. La beauté blesse, il faut s'en approcher avec prudence. On a envie de disparaître.
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