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EAN : 9782360133345
235 pages
Riveneuve éditions (17/09/2015)
3.65/5   10 notes
Résumé :
Si Bruno Bettelheim a le mérite de publier en 1976 une 'Psychanalyse des Contes de fées', son étude privilégie les récits des frères Grimm au détriment de ceux de Perrault. Par ailleurs, se centrant uniquement sur le héros, le psychanalyste américain envisage ces fictions littéraires comme l'illustration exclusive de fantasmes infantiles. Délaissés, considérés à tort comme secondaires, les nombreux adultes qui peuplent ces contes représentent pourtant le contexte qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce choix lors de la dernière Masse Critique non-fiction parce que j'aime beaucoup les contes traditionnels. J'ai dû commencer par le Petit Chaperon rouge, lu à haute voix par mes parents et mes soeurs. Vers 8 ans, je me suis régalée avec un recueil pour enfants des contes de Perrault. Et en sixième, la prof de français a eu l'idée géniale de nous faire découvrir les contes de Grimm (en Folio, traduits de l'allemand et préfacés par Marthe Robert). Enchantement à chaque fois, mélange de fascination et de répulsion/crainte, tandis que les contes d'Andersen m'ont toujours semblé glauques, et rien d'autre.
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Les versions de ces auteurs sont des transcriptions de contes transmis oralement. On retrouve d'ailleurs ces légendes populaires dans différentes cultures, avec des variantes et des similitudes. Ce qui nous mène tout droit à la psychanalyse puisque ces histoires cruelles s'adressent à l'inconscient collectif, avec des angoisses et difficultés universelles - prédation, viol, inceste, dévoration, mort, relations familiales et rivalités dans la fratrie, etc.
Je zappe Disney : leurs adaptations dénaturent complètement les pépites originales, les enrobant de sauce niaise, colorée et sautillante, occultant parfois des éléments clefs du récit. Aucun intérêt.
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Pour une approche psy des contes populaires occidentaux, on peut lire le brillant ouvrage de Bruno Bettelheim, paru en 1976 (Psychanalyse des Contes de fées).
J'ai adoré également la thèse d'Anne-Marie Garat consacrée au Petit Chaperon Rouge. Description de l'éditeur : "Sollicitant tour à tour, sans jamais sombrer dans le jargon des spécialistes [vrai !], la psychanalyse, les outils d'analyse stylistique, l'étymologie, l'histoire littéraire et l'histoire tout court, elle propose une interprétation inédite dans une langue lyrique et éclairante." Oui. Un tour complet, un régal !
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J'attendais donc beaucoup de cet essai de Pierre Sultan.
Déception, pour diverses raisons. Impression de remplissage, longueurs, lorsque l'auteur établit des parallèles avec des personnages historiques : La Belle au Bois Dormant serait une référence à Catherine de Médicis. La démonstration est lourde...
La comparaison entre Barbe-Bleue et Gilles de Rais m'a un peu plus intéressée. J'avais déjà lu des articles/ouvrages sur le sujet, et le personnage fait partie du folklore régional (dans l'ancien pays de Retz, au XVe siècle - visiter le château de Tiffauges).
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Je n'ai pas aimé le ton de l'auteur, prétentieux, qui pointe les erreurs de Bettelheim (touche pas à mon Bruno ! 😒).
Il énonce des évidences comme des trouvailles : "Chez Charles Perrault, les mères sont très souvent défaillantes. Certaines meurent trop tôt comme celles de Cendrillon et de Peau d'Ane, sont inexistantes comme celle du Chat Botté ou s'effacent derrière leur époux, comme dans 'La Belle au bois dormant'." On lui dit que c'était une réalité il y a moins de 100 ans - décès fréquents en couches donc enfants sans mère ; et société patriarcale, donc domination masculine/paternelle... ?
Et ces félicitations de Nothomb, en postface, soi-disant spontanées, alors que l'auteur lui a envoyé son livre ! Un peu pathétique, ce besoin d'être reconnu par une marchande de best-sellers et de le montrer, aussi intelligente et cultivée soit cette écrivaine. Ça pourrait n'être qu'un détail, mais ce fut la confirmation du manque d'humilité du monsieur, dont les analyses laissent à désirer, comparées à d'autres.
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Merci à Babelio et aux éditions Riveneuve.
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Passionnée depuis toute petite par les contes de fées, j'avais l'impression d'avoir fait le tour de la question. Quand il y a quelques années, j'avais trouvé dans une brocante Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, je m'étais dit que ce serait l'occasion d'avoir un oeil neuf sur ce genre littéraire. Malheureusement, je n'ai pas encore eu l'occasion d'ouvrir ce livre de référence. Il a donc fallu attendre que Babelio organise un Masse critique et propose ce livre Les contes de Perrault sur le divan pour qu'enfin, je me lance sur le sujet!

Dans son ouvrage, Pierre Sultan nous propose d'étudier sept contes de Perrault (son chiffre fétiche!) que sont Le Petit Chaperon Rouge, La Belle au Bois Dormant, Peau d'Ane, Cendrillon, La Barbe Bleue, Le Petit Poucet et le Chat Botté. Après un rapide résumé du Conte, il débute son analyse en s'attaquant à la psychologie des personnages secondaires, souvent représentés par les parents du héros/héroïne ou parents de substitution (marraine ou figure paternel). Il justifie ce choix par le fait que les personnages principaux ont davantage été étudiés et que se concentrer sur les personnages secondaires pourrait apporter un regard nouveau sur la psychologie des Contes de Fées. Il complète son analyse par des analogies aux Contes comme des personnages historiques (Catherine de Médicis pour La Belle au Bois Dormant ou Gille de Rais pour La Barbe Bleue), des oeuvres littéraires (La Princesse de Clèves pour Cendrillon), des références mythologiques (le cyclope de l'Odyssée pour Le Petit Poucet) ou des références artistiques (Film de Peau d'Ane ou Peinture de Goya). Enfin, l'auteur nous propose en fin d'ouvrage une bibliographie très exhaustive si l'on souhaite approfondir le sujet auprès de ses confrères.

Le résultat de cette analyse est pour moi très étonnant mais cela doit venir du fait que je n'ai que peu de culture en psychologie. Comme l'a dit précédemment Rickiss, il n'est pas toujours évident d'aborder cet ouvrage surtout lorsque l'auteur se lance dans des analyses avec des termes techniques. Néanmoins, un rapide coup d'oeil dans Wikipédia permet de pallier au problème! Pour en revenir aux conclusions de l'auteur, certains thèmes comme l'inceste (le père qui veut épouser sa fille dans Peau d'Ane) ou l'anthropophagie (l'ogre qui veut manger le Petit Poucet et ses frères) sont limpides. Mais d'autres comme le narcissisme (La mère de Peau d'Ane), le sadisme (la belle-mère de Cendrillon) ou le masochisme (servage intentionnel de Cendrillon) sont plus insidieux et difficiles à décrypter. Quant à l'analyse de la relation mère/grand-mère/loup avec le petit Chaperon Rouge, il apporte un oeil neuf sur le conte : quand Bruno Bettelheim parle d'un loup comme prédateur sexuel, Pierre Sultan le voit davantage comme une relation exclusive trop étouffante entre la mère et l'enfant. Pourquoi pas?

En conclusion, la vocation première de cette lecture était pour moi d'avoir un regard neuf sur les contes de fées : pari réussi! Certes, ils sont violents et mettent en scène des relations au sein de la cellule familiale peu favorables au développement du héros/héroïne. N'oublions pas non plus qu'au départ ce genre littéraire n'était pas destiné aux enfants!
Il est vrai qu'avec ces nouvelles clés de lecture, je ne les verrai plus de la même manière. Mais, de là, à ne plus en offrir à ma filleule en plein apprentissage de la lecture, non! Après tout des générations d'enfants (moi la première!) ont lu et apprécié ces contes et je n'ai pas été traumatisée pour autant! Au contraire, je continue aujourd'hui à prolonger le plaisir avec des contes de fées pour adultes : la Fantasy!

Je remercie Babelio et Riveneuve éditions de m'avoir fait découvrir cet ouvrage intéressant.
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Un grand merci à Babelio et à l'éditeur pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage qui a immédiatement attiré l'attention de la passionnée de contes de fées et de la psychologue que je suis !

Après avoir dévoré avec un grand intérêt "La psychanalyse des contes de fées" de Bruno Bettelheim il y a de cela quelques années maintenant, j'étais avide de compléter cette approche par d'autres analyses des contes. Le présent essai ne pouvait donc que m'attirer...

Je dois bien avouer que l'auteur commence très fort en nous proposant en premier lieu son analyse du Petit chaperon rouge : cette partie est très certainement la plus magistrale de son ouvrage, et se montre aussi passionnante que réellement pertinente. J'ai été littéralement enthousiaste en lisant l'interprétation (psychanalytique) qu'en fait Pierre Sultan, qui, si elle n'invalide pas celle proposée par Bettelheim et d'autres auteurs, apporte un regard neuf sur ce conte dont on pense avoir fait le tour.

Enflammée (oui, n'ayons pas peur des mots) par cet élargissement de ma compréhension des contes de Perrault, je me suis ruée sur les chapitres suivants, impatiente que l'auteur m'ouvre encore davantage les yeux... Hélas.
Pour le conte suivant, "La Belle au bois dormant", s'il nous offre un début d'analyse vraiment intéressant sur les figures parentales (défaillantes) au travers des adultes du conte, Pierre Sultan s'enferre ensuite dans une très (trop) longue digression historique sur Catherine de Médicis. Si cet aparté historique ne manque pas d'intérêt en lui-même (je suis toujours intéressée par l'Histoire, donc, pourquoi pas parfaire ma culture générale au fil de mes lectures ?), il ne présente honnêtement que peu de pertinence dans les liens qu'en propose ensuite l'auteur. Et surtout, Pierre Sultan ne s'inscrit plus, dans cette mise en parallèle de l'Histoire avec l'histoire, dans une analyse psychanalytique, comme il nous le promettait -il est, au mieux, dans une analyse littéraire (qui peut être tout à fait passionnante et pertinente, mais qui n'a pas lieu d'être dans un ouvrage justement intitulé "Les contes de Perrault sur le divan").
L'auteur réitérera malheureusement cet écueil dans le chapitre consacré au conte "Barbe-Bleue", où, même si un parallèle entre Barbe-Bleue et Gilles de Rais peut avoir du sens, n'a pas sa place non plus dans une interprétation psychanalytique des contes de fées.

Le chapitre centré sur "Peau d'âne" se concentre de nouveau davantage sur l'aspect psychanalytique de cet essai, ce qui m'a permis de retrouver un certain entrain dans ma lecture... jusqu'à ce que l'auteur parte sur une nouvelle digression (celle du film de Jacques Demy).
L'analyse du film ne manque toutefois pas de nous offrir plusieurs clés d'un grand intérêt, et élargit davantage la compréhension du conte d'origine. Ma seule réserve sur ce passage se situe toutefois dans le fait qu'il s'agisse là de l'interprétation du réalisateur quant au conte, et non pas de la proposition de Perrault lui-même : si elle ne manque donc pas d'un réel intérêt et n'est pas totalement hors de propos ici, l'analyse du film s'écarte toutefois à mon sens du propos initial (celui d'analyser les oeuvres écrites par Perrault, et lui seul). Autant la mise en perspective des versions de Perrault et des frères Grimm dans le chapitre consacré au Petit chaperon rouge avait du sens (on restait sur un même support, et les deux oeuvres se suivaient de peu dans le temps), autant ici c'est moins évident.

L'auteur semble se recentrer sur son propos initial avec les analyses des contes de Cendrillon, du Petit Poucet et du Chat Botté, même si là aussi quelques digressions littéraires et/ou historiques viennent un peu rallonger (inutilement) le propos.
Ces chapitres sont malheureusement assez inégaux : si Cendrillon semble avoir inspiré l'auteur, qui nous en propose des clés de lecture et compréhension véritablement passionnantes, le Chat Botté paraît en revanche avoir été survolé ou n'avoir présenté qu'un moindre intérêt analytique à l'auteur.

La conclusion, en revanche, a été une véritable surprise : loin de se contenter de faire un rapide bilan de ce qui a été analysé dans l'ouvrage, elle offre au contraire une pléthore de pistes qui auraient, à elles seules, pu donner lieu à des chapitres entiers dans le présent ouvrage ! Loin de clore cet essai, cette conclusion m'a laissée frustrée : j'aurais tant aimé que Pierre Sultan consacre la moitié de son livre à développer les points qu'il évoque dans son épilogue et qui, pour le coup, relèvent pleinement d'une approche psychanalytique des contes de Perrault (contrairement à ses digressions historiques et/ou littéraires) !

Pour conclure cette (longue) critique, je dirai que cet ouvrage est un complément indiscutable à l'essai de Bettelheim (et aux autres livres consacrés à ce sujet) : sans le contredire ni véritablement le critiquer, il apporte des interprétations valables et pertinentes, qui permettent d'appréhender encore plus largement les effets inconscients qui ont été à l'origine de l'écriture de ces contes.
S'il se montre malheureusement incomplet (les points évoqués en guise de conclusion auraient mérité d'avoir une réelle place dans cet ouvrage), cet essai est donc une ébauche prometteuse d'une véritable et complète approche psychanalytique des contes de fées.

NB : A noter que cet ouvrage s'adresse à des lecteurs déjà familiarisés avec les concepts et termes psychanalytiques. Si on n'en maîtrise ni les bases théoriques, ni le jargon, on risque d'être perdu et de passer à côté de la qualité de certaines interprétations.
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Challenge Petits Plaisirs 2014/2015

En 1976, Bruno Bettelheim publie son ouvrage "Psychanalyse des contes de fées", devenu aujourd'hui une référence. Cependant, Pierre Sultan émet trois critiques : Bettelheim privilégie les textes des frères Grimm à ceux que Perrault, il se focalise sur les héros et son analyse se rapporte exclusivement aux fantasmes infantiles et processus intrapsychiques de l'enfant. Partant de ce postulat, il publie "Les contes de Perrault sur le divan" afin de palier les défauts qu'il a noté.

Avant d'aller plus loin, il est important de souligner trois points essentiels à la compréhension et à la lecture du présent livre : mieux vaut avoir lu ou relu l'œuvre de Charles Perrault (Pierre Sultan introduit l'analyse de chaque conte par un résumé synthétique mais je ne pense pas que cela soit suffisant pour se lancer dans l'analyse d'un texte) ; lire l'ouvrage de B. Bettelheim avant celui de P. Sultan ; et avoir quelques notions en psychanalyse. Ceci fait, la lecture devient des plus compréhensibles.

Si je nuancerais les critiques de Pierre Sultan à l'encontre de "Psychanalyse des contes de fées", il faut reconnaître qu'il n'a pas tout à fait tort. B. Bettleheim a tendance à considérer les contes de Perrault comme "des contes de mise en garde" plus que comme des contes de fées ne serait-ce que par la présence d'une morale à la fin. Il n'est pas tendre certes, mais il a le mérite de très bien argumenter sa position. De plus, son analyse englobe bien plus que les contes des frères Grimm puisqu'il s'intéresse aussi au "Cycle de Jack" ou encore aux "Milles et une Nuits".
Quoi qu'il en soit, Pierre Sultan se propose d'analyser l'œuvre de Perrault et je m'en réjouit. Le problème c'est qu'il ne se penche que sur 7 des 11 contes publiés par l'auteur français. Pourquoi ? Pas de raison avancée. Peut-être un écho à son analyse du chiffre 7 dans le chapitre sur le "Petit Poucet" sauf que cela reste tout de même un choix de sa part tout à fait arbitraire qui n'a rien à voir avec Charles Perrault.

Ruminant ma petite déception, je me suis tout de même attelé à ma lecture…
Pour la plupart des contes, Pierre Sultan propose des interprétations que je n'avais encore lu nulle part : la figure maternelle représentée par une trinité mère/grand-mère/loup (Le Petit Chaperon Rouge) ; les portraits psychopathologiques de Peau d'Âne, sa mère et son père ; la projection des désirs de la marraine-fée sur Cendrillon ; ou encore l'éclairage de "la Belle au bois dormant" à la lumière du portrait de Catherine de Médicis.
D'autres parallèles comme celui de Barbe Bleue/Gilles de Rais sont plutôt connus mais reste toujours intéressant à relire ou à approfondir.

Venons-en aux digressions justement. Le livre fait 216 pages (sans compter les annexes, bibliographie et autres suppléments) avec une mise en page plutôt aérée. C'est donc relativement court. Cela n'empêche pas Pierre Sultan de faire de longues digressions plus ou moins pertinentes. Si j'ai pardonné celle à propos de Catherine de Médecis dans le chapitre sur la "Belle au bois dormant" c'est parce que j'ai un petit faible pour cette famille d'origine italienne. En revanche, la pertinence de l'analyse du film de Jacques Demy adaptant "Peau d'Âne" m'a échappée. Le propos de ces digressions est tout à fait intéressant mais il grignote bien trop sur l'analyse des contes. Pour exemple, la biographie de Gilles de Rais est, à elle seule, presque aussi longue que l'analyse complète du "Chat Botté". L'étayage et les illustrations que proposent ces digressions sont un peu trop prégnantes.

Et j'en arrive à un autre point : l'analyse inégale des différents contes.
Pierre Sultan prend un risque en se mesurant à l'ouvrage de B. Bettelheim. Il lui reproche certains points mais peut-il vraiment comparer les deux travaux ? Pas sûr.
A la lecture de "Psychanalyse des contes de fées" de Bettelheim, une relation s'établit entre le lecteur et l'auteur. Ce dernier interprète les contes pour en dégager une structure mécanique opérant sur le psychisme des enfants mais aussi des adultes. Il donne de nombreuses clefs psychanalytiques pour comprendre en quoi les contes participent à notre maturation psychique et propose des "conseils" sur comment lire un conte à un enfant, ou comment répondre à ses questions, etc. Il y a un double aspect didactique et pratique renforcé par quelques cas illustratifs. Le lecteur est invité à observer son rapport et celui des enfants avec les contes à la lumière de ce qu'il vient d'apprendre.
Dans "Les contes de Perrault sur le divan" on oscille entre "séance psychanalytique" des personnages de contes (et en ça le titre du livre est très bien trouvé) et simple analyse littéraire de l'œuvre de Perrault (le chapitre sur le "Chat Botté" frise le hors-sujet). Lorsque l'on referme le livre on reste sur notre faim et c'est bien dommage d'autant que l'épilogue propose des pistes de réflexions assez intéressantes voire même un débat (quel public pour les contes de Perrault ?).

En revanche, comme tout bon ouvrage du genre, il est complété par une bibliographie exhaustive dans laquelle on peut facilement plonger pour approfondir les sujets abordés.

Si je me suis permis ce parallèle entre le travail de B. Bettelheim et de P. Sultan c'est bien parce que l'ouvrage de ce dernier découle, et il ne s'en cache pas, des travaux du premier auteur. Au-delà de ça, le propos n'est pas tout à fait le même, pas plus que l'objectif. Les interprétations divergent (mais pas toujours) et c'est pas plus mal, bien au contraire.
"Les contes de Perrault sur le divan" a été une lecture enrichissante sur bien des points et je remercie Babelio et les éditions Riveneuve pour cette découverte.
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Dès la fin du 19 e siècle, les contes de fées ont fait l'objet d'études. En effet, ils intriguent. Ce sont des histoires que l'on raconte aux enfants, des histoires où il se passe des choses horribles : des parents qui perdent leur progéniture dans la forêt volontairement, des maris meurtriers…. Mais ces histoires sont racontées sur un ton badin.
Dans cet essai, les explications sont claires et je pense pertinentes sauf l'analyse du conte du petit chaperon rouge qui me laisse perplexe : « l'histoire du Petit Chaperon rouge et les versions orales dont elle est issue mettent en scène cette trop grande proximité des corps où le mélange entraîne l'abrasion du singulier et la confusion identitaire. » Par ailleurs, la version originale est beaucoup plus violente. le Petit Chaperon rouge des versions orales dévorait la chair de sa mère-grand et s'abreuvait de son sang.
Perrault a adapté des contes de tradition orale au public de la cour. Il ajoute des glaces et des parquets au logis de Cendrillon, restitue l'action du Petit Poucet à l'époque de la grande famine de 1693. Il enlève les éléments du conte pouvant choquer. Il les agrémente d'humour : « le prince et sa belle "ne dormirent pas beaucoup" après leurs retrouvailles. » pour rappeler l'origine orale du conte, il introduit des tournures de phrase vieillies ou archaïques, « tirer la bobinette et la chevillette cherra ».
C'est un contemporain de Jean de la Fontaine. Les contes clos par une morale sont à la mode. Avec la particularité que Perrault défend la supériorité des auteurs modernes sur les anciens. Aussi, ses histoires sont inspirées par la culture orale.
Pierre Sultan a inclus cette composante dans ses analyses. Aussi, j'ai particulièrement apprécié son analyse de « la belle au bois dormant ». Il fait le parallèle avec l'histoire de Catherine de Médicis. « La mise en perspective de ces monarques de conte avec l'histoire de France du XVIe siècle nous permettra d'éclairer différemment certains mécanismes restés obscurs jusqu'ici. »
Les autres études tiennent également compte de l'histoire de France et du milieu dans lequel évolue l'auteur, comme le conte du chat botté où il égratigne la cour (en 1683, suite à la mort de Colbert son protecteur, il est jeté de toutes ses fonctions et même de l'académie).
Il a étudié les 7 contes les plus célèbres de Charles Perrault, lui rendant ainsi hommage alors que Bruno Bettelheim s'en était complètement désintéressé. Ses analyses apportent une lumière nouvelle à ces contes que l'on connaît par coeur et qui continuent à nous parler. Passionnant, distrayant !

Lien : https://chrisylitterature.jo..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Cette extrême bonté peut [...] paraître suspecte et questionnera le psychanalyste. Cendrillon semble en effet dans l'incapacité totale d'éprouver une quelconque ambivalence de ses sentiments, comme si l'éventualité de se laisser submerger par des affects de haine, d'agressivité ou simplement empreints d'une certaine violence était alors vécue comme trop dangereuse, trop envahissante, trop destructrice pour les autres et pour elle-même. Cette bonté est alors sans doute à entendre comme le retournement en son contraire d'une agressivité qui ne peut s'exprimer... Cendrillon est contrainte à demeurer bonne, et ce, du début à la fin, définitivement inapte à nuancer des affects qui ne peuvent voir le jour que sous une forme exagérément positive.
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Chez Charles Perrault, les mères sont très souvent défaillantes. Certaines meurent trop tôt comme celles de Cendrillon et de Peau d'Ane, sont inexistantes comme celle du Chat Botté ou s'effacent derrière leur époux, comme dans 'La Belle au bois dormant'. Ici, en revanche ['Barbe-bleue'], la mère des deux jeunes filles a un rôle actif dans une tractation qui risque de perdre l'une d'entre elles. Elle expose sa cadette à un danger de taille puisqu'elle la pousse à se marier à un criminel.
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[ à propos de Catherine de Médicis ]
Son histoire nous a laissé entrevoir son goût prononcé pour l'ésotérisme et le surnaturel, comme chez bon nombre de ses contemporains d'ailleurs. La grossesse qui se fait attendre va l'amener à se tourner vers tout ce qui a la réputation de combattre la stérilité. On rapporte qu'elle but philtres et mixtures en tout genre, qu'elle s'appliqua des cataplasmes sur le ventre et évita les animaux stériles comme les mules.
(p. 58)
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Les maladies de ces deux reines (la mère de Peau d'Âne et la belle-mère de Blanche-Neige) s'exercent différemment, puisque dans Blanche-Neige, la Reine ira jusqu'au passage à l'acte meurtrier avec préméditation. Toutefois, la manipulation plus insidieuse de la mère de Peau d'Âne n'en est pas moins violente.Si l'on considère qu'elle est partie prenante dans la transgression incestueuse du père, elle est aussi coupable de meurtre, meurtre à l'image de ces parents bien réels cette fois que Pierre Sabourin appelle des "parents incestueurs".
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La malédiction, après avoir été formulée une seule et unique fois par la méchante fée, semble ne plus avoir été nommée par la suite. Devenue adolescente, la Belle au bois dormant rencontre un jour l'objet par lequel le sort va se réaliser (le fuseau) , sans se douter un seul instant qu'il est porteur de danger. Car jamais le roi et la reine ne l'ont mise en garde, ce qui paraît pourtant le moyen le plus efficace pour éviter l'accident. Par cette carence, ses parents l'ont donc littéralement exposée.
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