Ce premier baiser reste un banal souvenir pour certains, mais pour moi, quelque chose d’attachant, d’émouvant et d’une puissance indescriptible. Vraiment. Et maintenant, attention ! Je savais embrasser ! N’étant pas vraiment doué pour les études, car l’enseignement donné ne m’intéressait pas, sauf l’anglais, pour lequel j’avais de vraies facilités et qui allait m’aider à devenir quelqu’un dans le domaine musical, je vous expliquerai pourquoi un peu plus loin dans ce livre. Il me faut aussi préciser que culturellement, je me suis toujours senti beaucoup plus proche des Américains et des Anglais que de notre pays fromager. Ceci explique très certainement cela. Autrement, j’ai toujours eu une attirance pour les thèmes parlant de l’intelligence hors norme et les pouvoirs du cerveau humain, des facultés paranormales et les « super pouvoirs » de certains et certaines d’entre nous, de jusqu’où pourrait nous emmener les très hautes technologies dans notre manière d’être et de vivre, de ce qui touchait l’espace, le temps, enfin vous voyez, tout ce qui peut impliquer l’inexplicable et engendrer des millénaires de réflexion.
Après ce qu’on appelle des préliminaires, je me glissais doucement dans son entre-jambes, cherchant le chemin encore jamais emprunté, mais commençant à se dessiner en se dilatant de désir, pour enfin pouvoir m’accueillir en son fondement encore inexploré. La tête de mon intimité commençait son excursion quand vint le moment fatidique où je me heurtais à cette porte dotée de scellés humains de naissance que j’allais éradiquer de ce corps à tout jamais, et qui allait devenir mien à cette minute précise. Simultanément, deux légers soubresauts se firent sentir pour chacun de nous, pour nous signaler que le moment était venu de prendre en compte le fait que nous ne faisions plus qu’un, et que plus aucun frein de part et d’autre n’existait encore pour rendre impossible cette chose. De toute ma longueur, enfin restons modeste quand même, ça n’avait rien à voir avec un obélisque, je réalisai mes premiers allers-retours dans ce corps, et surtout dans ce trou, que j’allais façonner maintes et maintes fois dans les mois à venir.
Avec le temps, nous savons tous et toutes que le premier vrai amour reste gravé en nous à jamais, et que, quoi qu’il nous arrive après, il demeure irremplaçable. Sauf les curés peut-être. Et encore, là non plus on ne sait pas tout. Enfin si. On commence à savoir, bande d’enculés. Son premier vrai amour. Cela reste indescriptible. Le monde n’existait pas. C’était elle, Marie, et le reste après. C’est tout juste si je ne voulais pas respirer le même air qu’elle, si je ne souhaitais pas le respirer en premier pour être sûr qu’il soit bon pour elle. Toutes les combines, prétextes, et mensonges étaient bons pour se voir, ne serait-ce qu’une heure, qu’une minute, qu’une seconde.
Je préférais recevoir trop d’amour et d’attentions que pas assez. J’aimais déjà la performance sexuelle à cette époque. J’aimais exténuer mes partenaires. Je ne suis modéré en rien. Quand je travaille, je le fais jusqu’à m’en épuiser, quand je m’entraîne, il m’est déjà arrivé de pousser mon corps tellement loin que j’étais à la limite du vomissement et de l’évanouissement, quand je suis en colère, je peux péter les plombs à tout instant et détruire tout ce qu’il y a autour de moi. Alors oui, quand on me parle de sentiments, de ressenti, je veux toujours plus que tout ce qu’on peut avoir. Je suis un insatisfait permanent.
Nous avions devant nous un océan de passion
Il n’en reste que des ruines asséchées, lézardées, et ses fonds
Comment tant de mots ajustés à nos envies
Ne peuvent-ils en rester qu’en état de sosies ?
La moindre de nos paroles est maintenant l’égale d’un cri
Et accompagne ce vide et ses horribles tournis
Est-ce finalement à penser et à dire
Que cette vie vanille qui devait nous unir
Ne se résume qu’à parler, mentir ou trahir ?