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Critique de CoquelicoteAzimutee


Ce livre est le fruit des recherches de l'auteure sur un procès un peu singulier qui eut lieu en 1858 (ce n'est pas un roman). Alors que la procédure de divorce s'ouvrait plus largement, un homme a demandé le divorce en se fondant sur le journal intime de son épouse. Kate Summerscale nous raconte une époque, une femme, une grande affaire oubliée.

Le livre commence par un poème poignant de William Allingham puis pose le décor avec des arbres généalogiques et les hommes de loi intervenus au procès. Après un rapide prologue qui annonce clairement le procès (mais sans en donner l'issue), Kate Summerscale commence à nous parler d'Isabella Walker. Son premier mariage avec un Mr Dansey, son premier fils, le décès de son époux, et le remariage avec Henry Robinson, de nouveau des enfants, mais une vie insatisfaisante aux côtés d'un mari pétri de défauts, et une société qui ne lui convient pas. Femme intelligente et qui aime se cultiver, elle va coucher sur papier chacun de ses sentiments, même les plus honteux, ceux qu'elle devrait cacher, qu'elle devrait taire, en particulier sa passion naissante pour un certain Edward Lane.

Il faut se l'admettre, Isabella n'est pas vraiment une femme attachante. Je ne pense pas, contrairement à d'autres lectrices, que c'est dû au style de l'auteure. Elle nous livre de nombreux extraits de son journal, et celui-ci nous permet de connaître la femme telle qu'elle se représentait elle-même. Malgré un certain talent littéraire et des circonstances « atténuantes » (son deuxième mari était vraiment un gros c**), Isabella Robinson m'a fait l'effet de ne pas bien se rendre compte. Je ne l'ai pas appréciée, mais j'ai su la plaindre. La société victorienne est viciée par des convenances trop éloignées de la nature humaine et favorise le développement des défauts chez les uns et les autres. Entre l'hypocondrie et le traitement artisanal de véritables pathologies (j'ai frissonné d'horreur lors du passage consacré à la gynécologie de l'époque), la façon dont les individus, et bien sûr en particulier les femmes, étaient considérés, et les règles de bonne conduite, il y a de quoi se sentir piégée, comme Isabella, et faire des grosses bêtises.

Il est difficile de dire si oui ou non elle est « coupable » de ce dont son mari l'accuse. Je pense qu'elle l'était, et Edward Lane avec elle, ce qui fait de lui un sacré *bip* aussi. Trop facile de dire que l'autre affabule, a des crises de délire ou que sais-je encore ! Quel beau monde que celui où on accuse les autres pour se laver de tout soupçon ! Pas besoin d'aller dans les rues de Whitechapel pour constater que cette époque n'était pas si reluisante qu'elle veut bien le faire croire.

J'ai donc trouvé ce livre extrêmement intéressante. Les développements sur d'autres personnes, qui peuvent paraître trop s'éloigner du sujet principal (comme l'histoire de George Drysdale), m'ont beaucoup plu parce qu'il permettait de vraiment avoir une photographie réaliste de la vie de ces gens bourgeois. Cela permet aussi de croiser des personnages « historiques », qui ont fortement compté, et là je pense surtout à Darwin, qu'on voit régulièrement à partir d'un certain moment. J'ai appris beaucoup de choses (enfin, si tant est que je les ai retenues !) sans avoir l'impression d'avaler un manuel. J'ai trouvé l'écriture de Kate Summerscale très fluide. Sa démarche est tout à fait passionnante.

Là où je m'interroge, c'est sur les notes… Il y en a sur des dizaines de pages, mais elles ne sont pas indiquées dans le corps du texte, et j'ai eu du mal à comprendre l'intérêt de les lire après coup ! le format n'est pas très bien pensé. de même, le livre porte en sous-titre "Journal intime d'une dame de l'époque victorienne", ce qui a induit en erreur beaucoup de lecteurs, qui pensaient lire un journal. Je m'étais renseignée avant de l'acheter et n'ai donc pas été surprise, mais c'est vrai que la nature de ce livre n'est pas clairement indiquée. Mais à part ça, rien à redire.

En bref, ce fut une très bonne lecture, vraiment intéressante à tous points de vue, et je suis curieuse de lire d'autres livres de l'auteure, qui a écrit sur d'autres affaires.
Lien : http://sans-grand-interet.co..
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