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Critique de AgatheDumaurier


L'horrible énigme du meurtre du petit Saville Kent, 3 ans et 10 mois, en juin 1860, suscita en Angleterre une émotion intense. C'était les "débuts" de la police métropolitaine, et les débuts de la presse de masse et de la littérature policière.
Kate Summerscale tente de montrer les liens obscurs qui se nouent entre le meurtre réel de l'enfant, la police, la presse et la littérature. Presse et littérature boivent littéralement le sang de la famille Kent et des enquêteurs, jugeant la compétence des uns et le comportement des autres, s'inspirant éhontément de la situation de la famille pour produire, pour notre plus grand plaisir inavouable , quelques chefs-d'oeuvres : La dame en blanc (qui paraît en même temps que l'affaire), La pierre de lune, de Wilkie Collins, le mystère d'Edwin Drood (Dickens), le tour d'écrou (James), le secret de Lady Audley (M-E Braddon), j'en passe... Cette étude est intéressante.
Mais le plus fascinant est ce qui apparaît de cette famille anglaise victorienne mise à nue par la presse et la police, ou plutôt ce qui n'en apparaît pas. Car, si le meurtre est résolu, si la presse a multiplié les articles et la police les rapports, d'immenses zones d'ombres demeurent, les êtres gardent leurs secrets et surtout d'étranges silhouettes encore plus fortes que la fiction se dessinent : une épouse folle -ou pas, une (très méchante ?) gouvernante, un père tyran, satyre ? Des enfants maltraités ? Des enfants favorisés ? Des domestiques complices ? ou menteurs ? Qui a tué les femmes du patriarche ? Pourquoi donc a-t-on assassiné le petit Saville ? Vraiment vraiment intriguant, tout cela, toute cette violence feutrée puis éclatante entre deux tasses de thé...

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