AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 42 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tiens ! J'ouvre le bal !
C'est le troisième livre de Kate Summerscale que je lis, et c'est toujours passionnant.
Elle est spécialisée dans les faits divers victoriens, qu'elle reprend et analyse, comparant les mentalités de l'époque et la nôtre. Ici, il s'agit d'un matricide de 1895. Un jeune garçon de treize ans poignarde sa mère, avec la complicité tacite de son petit frère de 11 ans...Beurk, dites-vous, pauvres gens...Effectivement.
Ce qui est très intéressant est le procès des enfants, jugés comme des adultes, mais pas tout à fait, et, surtout, les analyses psychiatriques très datées des jeunes meurtriers. On accuse...leurs lectures ( des feuilletons à sensation type Eugène Sue ou Jules Verne) de leur avoir perverti l'esprit et de les avoir incités à la violence...Comme aujourd'hui les jeux vidéo. L'auteur analyse aussi la crainte de la société devant l'alphabétisation croissante des classes pauvres. Leur esprit ne peut pas supporter trop d'informations...On cherche chez eux des signes physiques de dégénérescence... Crâne etc...Dommage, ils sont tous les deux très beaux et harmonieux...On va très peu chercher dans l'histoire familiale, mais c'est aussi parce que la défense veut plaider la démence. de fait, l'aîné est jugé irresponsable et se retrouve au célèbre asile de Broadmoor...Foin des clichés, il y est très bien traité et grandit...
Relâché en 1914 à 30 ans ( entré à 13 ans, quand même), il s'embarque pour l'Australie, puis c'est la guerre. Kate Summerscale réussit ensuite à retrouver sa trace jusqu'à sa mort, toujours cherchant des réponses à ce crime extraordinaire.
La fin du livre est particulièrement émouvante. Elle rebat les cartes. On ne peut pas tout comprendre d'une âme aussi complexe que celle de ce garçon, mais certains voiles sont levés. L'horreur du crime reste entière...Peut-on passer une vie à se racheter ?
Commenter  J’apprécie          357
En 1895, Robert, un adolescent de treize ans, assassine sa mère, Emily, plus ou moins avec la complicité de son frère cadet. A ce moment son père, steward sur un paquebot, était en train de traverser l'océan en direction de New York. La famille vivait dans les faubourgs de Londres, un quartier de petites maisons mitoyennes, ils menaient une vie un peu plus difficile que leurs propres parents, avaient un peu de mal à joindre les deux bouts, sans être dans la misère. Après le meurtre, les deux garçons continuent de vivre comme si de rien n'était, alors que le corps de leur mère est dans la pièce d'à côté, et racontent aux voisins qu'elle est en voyage. Ils tentent d'emprunter de l'argent, de gager des objets de famille, pour pouvoir aller s'amuser, puis pour se nourrir. Ce comportement posera beaucoup de questions et permettra à l'avocat de Robert de trouver une ligne de défense, de plaider la folie.
Kate Summerscale, journaliste et auteure anglaise, plonge pour la troisième fois dans des documents d'archives, après L'affaire de Road Hill House et La déchéance de Mrs Robinson. Je n'ai pas lu les deux premiers, mais j'avais écouté un entretien passionnant avec l'auteure lors des Assises Internationales du Roman l'année dernière.
L'époque victorienne est minutieusement reconstituée par Kate Summerscale, la vie de famille, la rue, l'école, les métiers harassants, la justice et même dans ce livre, la psychiatrie. Ce dernier point ne manque d'ailleurs pas de surprendre. L'hôpital psychiatrique dont il est question dans le roman, et où Robert est le plus jeune détenu, ne suivait pas les méthodes en usage à l'époque, et beaucoup de commentateurs trouvaient que les meurtriers qui passaient pour fous ou malades étaient enfermés dans des conditions passablement clémentes, voire luxueuses selon certaines exagérations. J'ai trouvé ce roman captivant, jusqu'à la fin où l'auteure recherche en Australie les traces De Robert, émigré après sa libération et la guerre.
Maintenant, entre les romans classiques d'époque victorienne et les romans contemporains qui s'emparent de cette période historique, il faut ajouter les livres de Kate Summerscale.
L'éducation dans cette deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la façon dont sont considérés enfants et adolescents, la crainte que les petits romans d'aventures vendus quelques pennies, que les jeunes lisent abondamment, ne leur corrompent l'esprit, ces questions sont particulièrement bien cernées par l'auteure. Elle a recherché de nombreux documents d'archives et en a tiré le meilleur parti. Je prévoirais volontiers de lire les deux autres livres qu'elle a écrits, si mes listes à lire n'étaient pas déjà aussi longues !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          110
A partir d'un fait divers terrible et bien réel, un matricide commis par deux jeunes frères alors âgés de 12 et 13 ans, Kate Summerscale reconstitue les bas-fonds londoniens de la fin du XIXème siècle. Son approche purement documentaire, dénuée de tout point de vue moral, passe au crible les conditions de vie de cette classe laborieuse, les arcanes d'un procès criminel puis les conditions de détention du condamné avant de retracer son changement radical de vie. Basé sur une solide documentation, ce « singulier garçon » tire les fils de la société victorienne marquée une grande contrainte morale, une violence quotidienne et un libéralisme économique qui bouscule autant qu'il détruit.
Essai sociologique et politique, ce documentaire romanesque se lit également comme un grand roman policier au sang-froid.
Commenter  J’apprécie          90
Kate Summerscale, comme dans tous ses ouvrages est d'une précision chirurgicale. Tout est daté, précis, découverte du crime épouvantable, étude psychologique des auteurs, juste ou erronée, c'est selon l'expert, courriers, presse, procès, violence et maltraitance des enfants peu ou pas évoquées au procès (on n'accable pas la victime).
J'ai été toutefois moins emballée que par L'affaire de Road Hill House. Pourtant le crime est tout aussi effroyable.
Mais lecture très intéressante.
Commenter  J’apprécie          10
Londres, 1895. Dans un quartier populaire, en l'absence de leur père en déplacement pour son travail, deux garçons de 12 et 13 ans mènent une vie de loisirs. Ils assistent à un match de cricket, vont au théâtre, organisent une partie de pêche. Pour subvenir à leurs besoins, ils mettent au clou, petit à petit, des objets de la famille. Où est passée leur mère ? Aux voisins qui s'en inquiètent les deux frères répondent qu'elle est chez leur tante. C'est quand la police intervient après 10 jours de disparition qu'elle découvre le cadavre de la malheureuse Emily Coombes, dans son lit, déjà dans un état de décomposition avancée. L'aîné des garçons, Robert, avoue aussitôt que c'est lui qui a poignardé sa mère.

Comme elle l'a déjà fait, Kate Summerscale s'est saisie de ce fait divers et a enquêté sur les motivations et le devenir de Robert Coombes.

Ses motivations : la justice britannique de l'époque n'interroge pas les prévenus (ce que j'avais déjà découvert en lisant Anne Perry). Seuls les témoins sont appelés à déposer. Une fois son crime avoué, on laissera peu à Robert l'occasion de s'expliquer sur ses actes. L'auteure se base sur ces premiers aveux et sur les rapports des médecins qui ont observé Robert après son arrestation mais cela fait des sources maigres et je ne trouve pas ses conclusions toujours très convaincantes. Peut-être parce qu'il est difficile d'accepter qu'un enfant puisse devenir meurtrier et de sa mère en plus. le déroulement du procès de ce pauvre garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive me fait penser à celui de Mary Bell, plus de 70 ans après.

Le devenir De Robert : jugé coupable mais fou Robert est interné à l'asile de Broadmoor, construit spécialement pour recevoir les hommes et femmes reconnus déments devant les cours de justice. S'il reçoit de vrais forcenés cet asile semble aussi avoir été un moyen pour les jurys de l'époque d'éviter la peine de mort à de trop jeunes condamnés ou à des criminels présentant des circonstances atténuantes pas prises en compte par la justice. Libéré en 1912, Robert émigre pour l'Australie en 1914 puis s'engage comme volontaire lors de la première Guerre mondiale.

Sur ses traces et à son habitude, Kate Summerscale explore tous azimuts ce qu'a vécu son personnage. Après le déroulement du procès, elle présente l'asile de Broadmoor, les conditions de vie et l'histoire de quelques internés. Robert s'engage dans l'harmonie de l'asile, elle présente les harmonies à la fin du 19° siècle. Il y a ensuite de longs développements sur les combats des troupes australiennes durant la première Guerre mondiale, dans l'empire ottoman (à Gallipoli) puis sur la Somme. le cas particulier des brancardiers et des musiciens est plus particulièrement étudié. C'est tout cet aspect de son travail qui m'intéresse le plus car je découvre plein de petits détails sur la vie à cette époque. J'ai donc apprécié la lecture de cet ouvrage.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10
Dans ce roman passionnant, fruit d'un travail de recherche forcené et d'une enquête minutieuse, Kate Summerscale revient sur un fait divers particulièrement morbide.
L'assassinat d'une mère par son propre fils va glacer d'effroi la population anglaise et faire les gros titres de la presse. Les circonstances de ce crime et l'attitude paisible affichée par les deux frères ajouteront encore une couche à l'horreur.
Un beau matin de 1895 Nathaniel et Robert Coombes, respectivement 12 et 13 ans, sortent de chez eux pour assister à un match de cricket. Leur père, marin, vogue vers New York et les deux enfants prétendent que leur mère est allée à Liverpool pour un héritage. Au bout d'une dizaine de jours l'odeur émanant de la maison alerte une tante, qui force la porte de la chambre à coucher maternelle...
Les forces de police y découvrent le cadavre décomposé d'Emily, la mère de famille, sauvagement assassinée à l'arme blanche. L'attitude des deux frères épouvante les inspecteurs. Calme et déterminé l'ainé avoue son crime sans rechigner, tandis que le cadet reconnait la préméditation. Lors du procès le procureur évoquera en particulier l'influence pernicieuse des penny dreadful sur l'esprit du garçon.
Dans ce récit captivant, qui intègre les éléments de contexte de l'époque, l'auteur tente de comprendre les raisons de ce geste et l'étrange attitude du jeune meurtrier. Elle suit Robert jusqu'à sa mort et fait ainsi le portrait d'un homme qui reste néanmoins un mystère, devenant à sa sortie de l'asile un héros de guerre.
Commenter  J’apprécie          10
Plus une etude des balbutiements de la psychiatrie fin 19ème , debut 20ème: intéressant mais ne m'a pas captivée, apporte des renseignements sur les méthodes éducatives en Angleterre, le milieu pauvre des docks, la misère des ouvriers de ce quartier déshérité de Londres et ensuite, une redemption en Autralie....
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (144) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1048 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *}