Ce livre a été édité après le décès de Soeur Emmanuelle. Il est né des rencontres entre la religieuse et l'auteur, Angela Silvestrini, professionnelle dans le domaine social et membre de la Communauté de Sant'Egidio (www.santegidio.org).
Cet ouvrage est composé de trois parties :
- Entretiens avec Soeur Emmanuelle
- Rencontres (discours, interventions publiques, interview)
- L'héritage de Soeur Emmanuelle, Asmae (www.asmae.fr)
J'ai lu pas mal d'ouvrages d'entretiens avec Soeur Emmanuelle, ai eu, et ai toujours, une profonde admiration pour cette femme qui a souhaité mettre en pratique sa foi au point de vivre pendant 22 ans dans la crasse, au milieu des immondices et des rongeurs, d'une façon plus que précaire.
J'ai admiré aussi la chrétienne qui n'a pas méprisé les autres religions mais a toujours fait en sorte d'écouter les autres, de s'en approcher, dans une démarche oeucuménique.
Dans cet ouvrage, Soeur Emmanuelle, est toujours fidèle aux mêmes principes qui ont régi son existence. Mais l'âge aidant, les entretiens ont eu lieu lorsqu'elle était en maison de retraite, très âgée, il me semble qu'elle se leurre sur la qualité de l'Homme et qu'elle le regarde d'un oeil un peu trop bienveillant, pensant souvent que comme il est né enfant de Dieu, et même s'il est le plus vil des assassins, il faudrait juste un souffle divin pour le sortir de l'ornière ou de la fange, et lui faire recouvrer sa qualité d'Homme... Ceci me semble bien être la réflexion d'une vieille religieuse portée par la foi chrétienne, et qui a foi en l'Homme, créature de Dieu...
Comme j'aimerais partager ses convictions... mais je ne suis pas une nouvelle Soeur Emmanuelle, je suis une femme de peu de foi, et je n'ai pas foi en l'Homme et à ses vertus cachées ou en devenir... Je pense à certaines affaires criminelles, dont les protagonistes sont encore sous le feu des projecteurs très régulièrement, tueurs en séries d'enfants le plus souvent, vont-ils pouvoir se racheter aux yeux de Dieu et de la société par un repentir sincère? et en ont-il seulement le désir? Enfants de Dieu à la naissance n'ont-ils pas basculé définitivement dans la catégorie des monstres?
Il y a aussi, ici, un autre écho... Soeur Emmanuelle, a vécu pendant des années avec une idée généreuse chevillée à l'âme l'oeucuménisme. En Egypte, elle fréquentait toutes les confessions, musulmans, juifs, chrétiens orthodoxes... Et apparemment, sauf quelques têtes brûlées, tout le monde vivait en bonne intelligence... Depuis son décès, et ces dernières années, l'Egypte a été meurtrie et endeuillée par des massacres de coptes, et par des attentats dirigés contre leurs églises et leurs fidèles... Quelle aurait été la réaction de cette vieille religieuse? Comment aurait-elle vécu aussi les attentats de Paris, de Toulouse, de Nice?
Je referme ce livre, n'adhérant pas à toutes les convictions de cette vieille religieuse... Mais son témoignage est toujours à découvrir, à approfondir, cette personne ayant marché sur les chemins de la sainteté dans les pas de saint François d'Assise... Lorsqu'on a vécu tout à la fois entouré de faux dévots ou d'anti-cléricaux auto-proclamés, découvrir les pensées et les espérances sincères de cette vieille dame, dans un monde plus que vacillant, cela fait un bien fou.
A lire, bien entendu...
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Chacun doit trouver où mener son combat pour qu'il y ait plus de joie dans le monde. Le monde est comme un miroir : si tu donnes la joie, tu en reçois. Donner procure à la vie une effervescence, cela nous fait comprendre que nous sommes vivants, et frères et soeurs de tous les hommes qui nous entourent.
Nous avons un corps, mais nous avons aussi un coeur, et nous sommes faits pour l'éternité. La vieillesse a quelque chose d'éternel. Elle nous apprend, à travers les événements, à ne pas trop nous laisser prendre par eux et à regarder plutôt nos frères et soeurs en humanité. Elle nous invite aussi à nous tourner le plus possible vers Dieu qui est Amour, afin de pouvoir affirmer, comme le disait un moine de Lérins que "la vieillesse est le temps de l'amour. Aimez maintenant le Seigneur qui vous aime. Aimez vos frères et soeurs , aimez les événements, afin qu'un jour vous puissiez mourir en souriant ; vous mourrez d'amour et vous tomberez dans les mains de Dieu" (...)
Grâce à la vieillesse, je vous assure que les problèmes diminuent de plus en plus. La vie devient plus simple.
Il s'agit seulement d'accepter à chaque instant ce qui arrive.
Dans le bidonville régnaient une convivialité, une solidarité et une fraternité qui permettaient aux personnes d'être beaucoup plus joyeuses. Dans mon livre "La richesse de la pauvreté", j'ai essayé de montrer quelle grande richesse on peut trouver dans le dénuement. Dans la pauvreté, on possède le sens de l'autre; pour survivre, on est obligés de s'entraider, de vivre les uns pour les autres. La pauvreté aide l'homme à se dépouiller de tout ce qui alourdit son propre coeur, qui rend son pas pesant. Dans la richesse, on cherche à avoir toujours davantage. Toujours plus de choses, toujours plus d'argent. Et dans cette course au luxe, aux plaisirs, on n'arrive à rien. Il faut se remettre en question. Alors, si nous sommes contents de notre vie - grâce à Dieu! -, continuons ainsi; mais si nous trouvons que notre vie est insatisfaisante, qu'elle n'a aucun sens, nous devons nous demander pourquoi.
Elle reconnaissait les avantages que procure la vieillesse : pouvoir s'asseoir à côté d'un homme, fût-il un leader musulman, et lui parler franchement, comme avec un fils ou un neveu.
Tant de gens meurent de solitude, de tristesse, tant de gens ne sont pas assez aimés, depuis les enfants jusqu'aux personnes âgées qui meurent seules. Demandons à Dieu de nous donner le pain, de nous faire trouver autour de nous des personnes qui donnent le pain de l'amour, qui s'intéressent à nous, avec lesquelles nous puissions marcher main dans la main. Le pain quotidien, le pain du coeur, mais aussi le pain de l'intelligence. Sur terre, nous ne comprenons pas grand-chose, même si, avec notre éducation, notre instruction, nos écoles et nos universités, nous voudrions tout comprendre. Nous coupons les cheveux en quatre, nous nous battons contre des moulins à vent, comme don Quichotte, et nous nous demandons pourquoi les choses se passent d'une manière et non d'une autre, et pourquoi, pourquoi, et encore pourquoi. Et pourquoi Dieu le permet-il? Et le mal, la souffrance, pourquoi existent-ils? On veut toujours tout comprendre, on essaie de tout rationaliser.
Vahina Giocante dans les pas de Soeur Emmanuelle au Burkina .L'actrice soutient une grande campagne de l'association Asmae dont elle est la marraine et nous raconte son immersion dans une mission au Burkina Faso. | Retrouvez sur notre site toutes les vidéos du Nouvel Observateur