Il n’y a guère de gens qui se désintéressent absolument des questions qui confinent à l’au-delà. Indifférents et croyants tiennent à voir clair ; et de même que le scepticisme absolu est exceptionnel, le mysticisme pur dont parle le Dr Grasset tend à devenir tous les jours plus rare. Les chrétiens sont moins crédules, moins faciles à duper, ils demandent des preuves et au besoin tentent des expériences : nous connaissons à cet égard nombre d’hommes et de femmes du monde qui se livrent curieusement, mais avec prudence, à l’étude des pratiques spirites pour s’instruire et montrer qu’elles n’ont rien de surnaturel. Les sociétés psychiques qui ont été fondées ces dernières années avaient pour but l’observation et l’expérimentation, et les prêtres séculiers ou réguliers s’y rencontraient avec les médecins pour vérifier en toute indépendance les tours des médiums.
L’ouvrage du professeur Grasset s’ouvre par une courte nomenclature des travaux parus sur les sciences psychiques depuis douze ans. Quelque insuffisante que soit cette documentation, elle montre que le sujet n’est pas indifférent au public. Malheureusement les auteurs qui s’y consacrent sont presque tous inféodés au matérialisme : il suffit de citer nos confrères Dariex, Charles Richet, Pierre Janet, Dupouy, surtout En- causse, dit Papus, l’occultiste bien connu, chef des Martinistes.
J’essaierai de vous démontrer que la vérité scientifique est en dehors •de ces trois théories : que tout n’est pas fumisterie et que, sans évocation d’esprits infernaux et sans intervention du périsprit fluidique, il reste certaines choses, des mouvements automatiques involontaires et inconscients, qui sont déjà fort curieux et qui forment un chapitre vrai de science acquise, de physiologie démontrée.
Un duel est donc engagé entre la science et le spiritisme, et c’est un duel à mort. Pour reprendre un mot célèbre, ceci tuera cela. L’ignorance et la superstition sont les grandes ennemies de l’esprit humain, elles trouvent aujourd’hui leur refuge dans le spiritisme. Et c’est la science qui nous en débarrassera, rendant ainsi un inestimable service à la religion, la divine libératrice des âmes.