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EAN : 9791022606936
256 pages
Editions Métailié (31/08/2017)
3.88/5   39 notes
Résumé :
Ernesto a 12 ans lorsqu’on lui annonce la mort de son père dans les troupes cubaines envoyées en Angola. Fini les aventures trépidantes avec ses amis Lagardère et la belle capitaine Tempête, lui, le courageux comte de Monte-Cristo, se voit obligé de devenir “le fils du héros”, une tâche particulièrement lourde dans un pays socialiste.

Plus tard, obsédé par cette guerre dans laquelle son père a disparu, il étudie avec passion cette période sur laquelle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Le fils du héros est un roman qui avait été mis en évidence à ma bibliothèque de quartier. Je n'avais pas prévu l'emprunter mais il semblait m'appeler. Ici, je dois préciser que je possède un autre bouquin de l'auteure Karla Suarez donc le nom ne m'était pas inconnu. Quoiqu'il en soit, la couverture m'a intrigué, le résumé à l'endos m'a convaincu. Ernesto est un jeune cubain de douze ans bien ordinaire, sa principale occupation consiste à s'amuser avec ses amis. Ils se sont rebaptisés comte de Monte-Cristo, Lagardère et capitaine Tempête. À cet âge, avec un pied dans le monde des adultes, ils apprivoisent leur univers, se trouvent des repères, changent un peu. Ou radicalement : le père d'Ernesto est envoyé en Angola et meurt au combat. le garçon devient donc «le fils du héros». Et il semble s'en montrer digne, accumulant les honneurs académiques.

Toutefois, bien des années plus tard, même alors qu'il a refait sa vie et habite en Europe avec son épouse à moitié allemande, le sort de son père et cette guerre en Angola devient un intérêt, une passion (il créé un blog sur le sujet) puis une obsession. Au point de mettre en péril son mariage qui bat de l'aile. C'est là que mon enthousiasme s'est refroidi. Je n'ai pas perdu mes parents, je ne peux vraiment comprendre comment un pareil drame peut influencer le cours d'une vie, surtout quand cela arrive tôt. Toutefois, j'ai de la difficulté à croire que cette obsession tardive se développe de manière si importante alors que, visiblement, il paraissait y avoir échappé pendant toute son adolescence et sa vie de jeune adulte. Ça devait être une fêlure bien enfouie…

Ainsi, après une centaine de pages, il me semblait que cette histoire commençait à s'enliser. Il faut dire que les chapitres commencent habituellement par un passé par si lointain, où il est clairement indiqué que les problèmes de couple entre Ernesto et Renata mèneront au divorce. de là, on plonge dans l'enfance du fils du héros. Et à chaque chapitre on recommence. Ça faisait redondant. J'avais l'impression que cette partie de l'histoire n'avançait pas. Éventuellement, les deux trames (celles du Ernesto adolescent et celle de l'adulte) finissent par se rejoindre. Et cette obsession pour la guerre de l'Angola, qui l'avait mis en relation avec un certain Berto, fournira la clé à une finale qui se faisait de plus en plus prévisible. du moins, moi, je la voyais venir.

Malgré cela, j'ai plutôt apprécié la lecture du roman le fils du héros. Ça m'a plongé dans le Cuba des années 1970, à quoi ressemblait le quotidien des gens ordinaires là-bas. Et j'ai beaucoup appris, je ne savais rien sur l'Angola à part le fait que c'était un pays africain, autrefois une colonie du Portugal. Alors imaginez ma surprise en apprenant que les Cubains et les communistes y avaient combattu. Là et ailleurs.

Aussi, ce jeu qu'Ernesto et ses jeunes amis, se donner les noms de grands personnages de la littérature, ça m'a fait sourire. J'avais fait de même, quand j'étais enfant. Cet élément et d'autres en font un roman d'apprentissage (qui se transforme en roman psychologique) et j'aime ce genre. Ça m'a rappelé un roman, Kamchatka, de Marcelo Figueras. Un autre élément à mentionner, les titres des chapitres portent les noms de bouquins comme La métamorphose (Kafka), Les frères Karamazov (Dostoïevski) et L'étranger (Camus). Une façon de rendre hommages à des lectures qui ont influencée Karla Suarez ? Ou un désir de partager avec ses lecteurs ? Dans tous les cas, j'essayais de tisser des liens entre ces titres et ce qui se passait dans les chapitres. Parfois, souvent, ça concordait. Bref, je recommande le fils du héros à ceux intéressés par les thèmes qui y sont exploités.
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C'est dans un café de Lisbonne qu'Ernesto, ingénieur cubain, rencontre Berto, un vieux monsieur expatrié comme lui. Berto, qui est un ancien combattant d'Angola, ne peut qu'intriguer le quadragénaire, son père, Miguel Angel, est mort dans ce pays d'Afrique. Alors Ernesto se souvient de son enfance à Cuba dans une famille d'intellectuelle épousant les idées de la révolution.

Orphelin à douze ans, il devient aussi un exemple pour tout le quartier, il est le fils du héros et le fils d'un héros doit être exemplaire. Brillant étudiant il partira travailler en Allemagne et au Portugal, au gré de ses amours, mais Ernesto cache une fêlure, il ne s'est jamais remis de la mort de son père et à Cuba un garçon ne pleure jamais, c'est sa grand-mère qui le lui a dit.

Quel beau roman tendre et délicat, Karla Suarez nous prend par la main et nous raconte Cuba, son pays. Au coeur de la havane, en pleine guerre froide, des enfants jouent et étudient, des familles militent, s'aiment et se déchirent.

Saga familiale, politique et humaniste, la romancière interroge la géopolitique de la fin du siècle dernier et comme elle aime aussi la littérature elle convoque Dante, Goethe, Vian, Camus, Hemingway, Yourcenar, Kundera et autres glorieux ainés pour le plus grand plaisir du lecteur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai suivi Karla Suárez, par curiosité, dans un roman sur une jeunesse à Cuba. Elle nous conte, entre quotidien et grande Histoire, une histoire de guerre triste comme toutes les guerres avec son cortège de dégâts collatéraux, mort, deuil, silence et incompréhension. Elle veut nous faire partager les cicatrices laissées par la guerre en Angola pour les gens de sa génération, ceux dont les pères ne sont pas toujours rentrés au pays.

C'est L'histoire d'Ernesto, même prénom que le Che, entre Cuba, Berlin, Lisbonne, l'Angola…à la poursuite de lui-même, pour remplir les vides laissés par les non dits.

Cuba, ce n'est pas du tout mon secteur géographique de prédilection , mais quand l'écriture est belle dès les premières lignes, on part n'importe où avec un auteur, et là j'ai découvert ce que c'est de grandir dans ce pays dans les années 70 ou 80, dans un monde moins triste que dans nos représentations centrées sur Fidel et sa paranoïa.

l'Angola, c'était il y a longtemps et pas dans les gros titres de notre presse, je ne connais rien de ce conflit, ni ce qu'y faisaient les Cubains, rapide coup d'oeil sur Wikipedia, une espèce de bourbier où les grandes puissances se sont faits la guerre par alliés interposés.

J'ai adoré les pages sur l'enfance, marquée par des héros de romans d'aventure. Des gosses jouent à la « guerre froide » sous le regard amusé des adultes , une famille aimante et assez bouillonnante, latine dans ses solidarités et disputes. J'aime beaucoup tout ce récit d'enfance, pétillant et joyeux, les petites peines de coeur, des morsures qu'on emporte longtemps avec soi, les bêtises et les transgressions, cette vieille voiture américaine qu'on répare, la maison de vacances.

ce temps de l'innocence finit avec la nouvelle de la mort du père, qui fige tout dans un impossible deuil pour Ernesto, 12 ans, sommé de devenir un homme du jour au lendemain.

J'ai aimé le récit bien mené de cette quête de vérité, loin de l'histoire officielle, et cette volonté d'émancipation qui passe par la recherche et l'écriture d'un blog sur l'Angola, pour solder le passé, la rencontre avec un ancien combattant mystérieux, taiseux, mais chaleureux. La fin du roman nous prend un peu par surprise, apportant une nouvelle nuance de complexité à toute cette affaire.


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Decouverte d'une auteure cubaine grâce à ce livre.
L'histoire d'Ernesto, un enfant de 12 ans qui perd son père parti combattre en Angola et qui devient le fils du héros du jour au lendemain. Toute sa vie à partir de cet instant est formaté par cet événement , ses choix de vie, ses relations aux autres (famille, amis, femme).
Par le biais de la création d'un blog, il effectue des recherches sur Cuba et l'Angola afin de découvrir ce qui est arrivé à son père.
Le roman souffre de quelques longueurs, Ernesto est un peu agaçant dans son parcours de vie et se laisse totalement envahir et guider par ce qu'il pense être un devoir, il subit sa vie plus qu'il ne la vit et il en devient un peu pathétique. La fin du roman m'a surprise et aurait mérité d'arriver plus tôt pour éviter peut être ma lassitude au deux tiers.
Par contre, le roman m'a permis de découvrir l'histoire de Cuba et de ses relations avec le continent africain, en particulier avec l'Angola. La vie quotidienne des cubains, l'école et la façon dont l'armée est omniprésente dans le parcours des enfants, des adolescents et des adultes. Une culture de l'armée au quotidien bien loin de ce que nous connaissons. Cette partie là du roman est passionnante , vraiment instructive. J'ai beaucoup appris.
L'auteure nous transporte à Cuba dans les petits quartiers et retranscrit l'ambiance de cet endroit à travers la vie quotidienne de ses habitants.
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Le fils du héros est un roman bien construit et captivant, dont l'auteure, Karla Suarez, est née à La Havane en 1969, tout comme Ernesto, son personnage principal et narrateur.

Tout est dit dans le premier chapitre. Enfin, presque ! Il faudra quand même avoir lu le livre en entier pour en comprendre les tenants et aboutissants. Pourquoi Ernesto, que sa femme Renata a récemment quitté, prend-il l'avion pour l'Angola ?

Tout avait commencé pour lui, trente ans plus tôt, à l'âge de douze ans, le jour de l'annonce de la mort de son père, tué en Angola, où il avait été mobilisé dans les forces armées cubaines venues soutenir un mouvement indépendantiste « ami ». Dans son quartier, au lycée, puis à l'université, Ernesto était ainsi devenu le fils du héros.

En dépit de l'absence d'un père qui avait compté dans son enfance, Ernesto aura vécu une adolescence pleine et heureuse, entouré d'une famille unie et d'amis fidèles. Révolution castriste oblige, il aura fallu supporter quelques « volontariats organisés » : travaux agricoles, préparation militaire, agitation de petits drapeaux sur le passage de chefs d'états en visite. Mais Cuba, ce n'est pas la Corée du Nord – où en tout cas ce qu'on en imagine. Cuba, ce sont les Caraïbes, le soleil, la mer, la plage, la musique, la fête. Ce sont aussi des universités et des bibliothèques de qualité. Dans les années quatre-vingt, les jeunes ont en tête des modèles occidentaux dont ils n'ignorent rien. Grâce aux amis dont les familles sont bien placées, on récupère en douce de la musique américaine, des vêtements à la mode. C'est l'âge d'or de la révolution castriste, généreusement sponsorisé par l'Union Soviétique.

Tout change dès le début des années quatre-vingt-dix. Effondrement de l'URSS et de sa sphère d'influence. Paix en Angola, où la guérilla entre des factions soutenues par les grandes puissances n'était qu'une déclinaison locale de la guerre froide, désormais reléguée sur les rayons de l'Histoire.

Devenu adulte, Ernesto s'interroge sur la mort de son père. Un noble sacrifice, dit-on officiellement à La Havane. Qu'allait-il faire dans cette galère, a plutôt envie de dire Ernesto. Pourquoi le régime avait-il sacrifié la vie de milliers de compatriotes tombés en Angola ? Oh certes, on avait célébré le culte des héros. Ils avaient eu droit à des funérailles nationales en grande pompe. Les familles avaient été soutenues financièrement… tant que l'Etat en avait eu les moyens. Car à Cuba, isolée politiquement et commercialement, c'est désormais la crise économique et l'austérité.

Le destin de son père va miner la vie d'Ernesto, malgré l'amour de Renata, une étudiante bénéficiant d'une double nationalité péruvienne et allemande, qui a jeté son dévolu sur lui. Une fois mariés, elle l'emmène vivre à Berlin, puis à Lisbonne, où Ernesto rencontre des compatriotes exilés, dont certains ont combattu en Angola. L'un d'eux, Berto, un petit homme au comportement étrange, a l'âge qu'aurait eu son père. La question de la mort du père devient une obsession dans laquelle Ernesto s'enferme. Il monte un blog pour rechercher d'autres anciens combattants et réunir des informations sur la présence des Cubains en Afrique, fouille dans les archives de presse, rassemble des ouvrages sur l'Histoire. Il se replie sur lui-même, au point de gâcher sa vie, sa vie professionnelle et surtout sa vie conjugale, menant son épouse Renata au-delà de ce que peut supporter son empathie et sa patience, incapable qu'il est de partager sa douleur avec elle.

Dans chaque chapitre de son récit, Ernesto entrecroise son quotidien obsessionnel à Lisbonne, avec ses premières enquêtes à Berlin et les souvenirs attendris de sa jeunesse à La Havane. Cela brouille un peu la compréhension du lecteur, qui a par moment l'impression que l'intrigue tourne en rond. Une construction littéraire probablement intentionnelle, qui permet à l'auteure de faire monter la tension progressivement jusqu'au dénouement final très inattendu.

Une narration continue, quasiment sans dialogue. L'écriture de Karla Suarez, précise et fluide, a quelque chose d'enveloppant. L'auteure s'est aussi attachée à illustrer chaque chapitre par le nom d'un ouvrage de la littérature universelle. Une table de vingt-cinq titres qui va de Dante à Kundera, en passant par Goethe et Hemingway. Un geste littéraire élégant, mais plus symbolique que profond.

Le fils du héros est un roman psychologique placé dans un contexte historique et politique réel. Une fiction romanesque attachante et émouvante, aux confins d'un système où Fidel Castro sera parvenu pendant trente ans à faire croire qu'il était plus qu'un simple pion sur l'échiquier mondial. La disparition du système soviétique l'aura ramené à sa juste importance, limitée aux frontières de Cuba, où la politique de « rectification des tendances négatives », annoncée à coup de discours-fleuves et accompagnée de simulacres de procès suivis d'exécutions, aura rencontré scepticisme et ironie dans les foyers havanais, sous une apparence factice d'approbation collective.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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critiques presse (1)
LaCroix
10 novembre 2017
Dans « Le Fils du héros », roman de Karla Suarez, Ernesto est obsédé par le passé et la mort de son père, au point de manquer son propre présent…
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens des derniers mois où mon père était avec nous comme d’une longue période. Ces mois, ma mémoire les a répétés à l’infini. Voir et revoir le film. Le revoir encore. Comment serait la vie si on pouvait avoir conscience qu’on fait quelque chose pour la dernière fois.
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Ce n'est pas le muscle qui fait l'homme, disait-il, du moins pas le muscle du bras. Une brève pause avant de conclure : c'est le muscle du cerveau, n'ayez pas l'esprit mal placé.
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Parfois, les souvenirs sont comme des morceaux de pain trempés dans le lait. Ils se défont, mais pas en mies, plutôt en bouts informes qui font plouf plouf, en tombant dans le liquide.
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Parfois, je me demande comment fonctionne l'ordre des choses : est-ce que les enfants reproduisent les jeux des adultes, ou c'est le contraire?
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Je sortais le matin pour y prendre un petit-déjeuner, puis j'allais courir le long du fleuve sur la piste cyclable, et vers midi je m'asseyais dans un des petits bars près de la gare de Cais do Sodré, au bord de l'eau, je commandais une bière et je lisais ou prenais des notes dans mon agenda. Je baptisai cet endroit "ma Havane" parce qu'il me rappelait un lieu précis de ma ville. Entre les deux rives, le Tage est ici si large qu'il me fait penser à l'entrée de la baie de La Havane.
En face, il y a le Christ et, bien qu'ils soient différents dans les deux villes, ce sont deux christ. De plus, le bateau qui traverse le fleuve ressemble à la petite embarcation de Regla qui franchit la baie. C'était ma Havane et j'y passais un moment à lire et à écrire comme si j'étais un adolescent rêvant encore d'être écrivain.
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