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EAN : 9782070726622
688 pages
Gallimard (25/11/1992)
4.5/5   7 notes
Résumé :
Biographie de Georges Bataille.
"On le sait aujourd'hui : Bataille est l'un des écrivains les plus
importants de ce siècle." Ainsi parlait Michel Foucault.
Pourtant, plus souvent cité que réellement lu, cet auteur
exigeant, peut-être même intimidant, semble de nos jours
encore confiné dans une marge dont certains craignent de ne
pas avoir la clé, quand d'autres pensent lui être fidèles en le
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critiques presse (1)
NonFiction
21 décembre 2012
Si la biographie n’a aucune prétention théorique, elle tente de penser la vie de Bataille et d’éclaircir les thèmes qui l’ont portée. Son refus de l’anecdote lui aura valu de devenir un livre de référence pour quiconque veut comprendre Bataille.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Aussi naïf que cela paraisse, il faudrait pour commencer cette recherche, le dire ainsi qu'on le fait pour les histoires d'enfants "il était une fois"; mais cette naïveté est feinte : Bataille n'a qu'assez peu le sens des origines parce qu'il n'a aucunement celui des fins. Il n'y a pas dans son oeuvre d'origine dont avoir la nostalgie, pas de paradis terrestre antérieur à une quelconque faute. L'origine serait donc une supposition, la supposition d'un temps où le monde se serait donné à l'homme dans un pur rapport d'immanence. Ce qu'en d'autres termes, Bataille dit ainsi : le monde était alors l'intime de l'homme. Intime et immédiat : la démesure, l'ivresse, la passion auraient été le mode d'être originaire de l'homme au monde; ce qu'il définit dialectiquement " *Le monde intime s'oppose au monde réel comme la démesure à la mesure, la folie à la raison, l'ivresse à la lucidité" Où chacun lirait avec la survenue au monde de la mesure , de la raison et de la lucidité es les commencements pacificateurs de l'histoire - c'est-à-dire, les débuts de l'homme dans son humanité, Bataille dénonce l'irrémédiable perte du sacré. Sacré était le monde intime et immanent. Profane sera le monde médiat et transcendant. Sacré était le monde avant qu'on découvrit un jour (un jour, c'est-à-dire tous les jours de l'origine à aujourd'hui) l'asservissante opération du travail. Avec le travail l'homme se découvrit des fins. Car le travail est une opération effectuée sur le bénéfice de l'avenir, toute fin rompt avec l'immédiateté du temps intime, toute fin sépare l'homme de lui même, en lui promettant un surcroît, sépare l'homme de ses semblables (n'étant plus immédiats les uns aux autres) et sépare l'homme du monde, soudain réduit à l'usage, c'est-à-dire à l'utilité. Inventant le travail, l'homme en inventait les fins, et il inventait le temps. Le travail est une opération efficace. Pour un bénéfice hypothétique, il s'asservissait trois fois : à l'obligation, au temps et à l'échéance. Et il asservissait son semblable : si le monde devenait utile, si l'homme lui-même devenait utile, combien plus utile encore pouvait l'être celui qui en sa place remplirait la tâche nécessaire. Avec la mise en esclavage de son semblable, l'homme faisait plus que s'aliéner à la transcendance; il se séparait ontologiquement de l'idée qu'il avait de son être (Bataille pose que le primitif aurait évalué son être à l'image du "même" qu'aurait été pour lui son prochain) : la perte de la sacralité aurait donc été totale.


*extrait de la part maudite
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Est-ce à dire que Bataille convoitait la place de Breton ? André Masson qui connut l'un et l'autre est tout près de le penser.(...) Bernard Noël est sans doute considérablement plus près de la vérité en avançant l'hypothèse qu'il y a "chez Breton un Bataille qui s'ignore : on le divine derrière Nadja où l'éclat de la poésie se révèle hors des beaux moments qu'elle atteint, dans son échec, mais ce Bataille persistera ensuite à s'ignorer, quitte à reconnaître ici ou là, son Autre"; et "chez Bataille un Breton qui se connaît et qui se rejette, comme un double en passe de se satisfaire de soi..." Cette hypothèse est autrement vraisemblable : le Bataille de Documents, celui de Contre-Attaque, celui bientôt du Collège de sociologie et d'Acéphale sait quel Breton il y a en lui, et quel pouvoir à Breton qu'il dissimule mal "aussi" désirer. Et il y a l'autre Bataille, celui qui, en 1925, préféra la solitude à toute possible concession, celui scandaleux, des bordels, des beuveries, des nuits blanches et des coucheries, celui qui hait si fort la "belle poésie" qu'il écrit des lires impubliables, sinon sous le manteau. Plus d'un enjeu de leur époque put laisser penser qu'ils étaient les deux faces de la même médaille, et qu'ils se disputaient un même territoire. Il ne fait guère de doute que ce territoire appartenait à Breton (même s'il n'était pas plus apte que Bataille à s'en montrer propriétaire) et que Bataille ne le convoita au mieux que par défi, au pire que par contagion.
Contre-Attaque mit un terme à cette "rivalité". La guerre bientôt, l'âge venu aussi, ils témoigneront peu à peu l'un pour l'autre, passé les orages, de la plus vive estime, et même d'une profonde admiration.
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(...) ces deux annexes surréalistes eurent une influence considérable sur le mouvement; non qu'elles le modifièrent essentiellement mais c'est d'elles que partirent quantités d'idées nouvelles (qui toutes ne trouvèrent pas à s'exprimer au sein du surréalisme) avant que n'en partit la rébellion des surréalistes dissidents. Elles eurent sans doute une importance également considérable dans l'existence de Bataille. Introduit par Michel Leiris, il devint tôt l'un des familiers de la rue Blomet (...) avant de le devenir aussi de la rue du Château. Et cela appelle une remarque : il ne suffisait pas qu'en 1925 Bataille jugeât mal Breton, il ne suffisait pas qu'il fût un des très rares, sinon le seul, à ne pas accepter de lui faire allégeance, il ne suffisait pas qu'il développât, peu à peu, une pensée tout entière hostile à la sienne, il fallait encore qu'il se liât d'amitié avec quelques-uns des plus enthousiastes de la cause qu'il dénonçait et qu'auprès d'eux il entreprît patiemment de les en soustraire. On sait qu'il s'en était fait un enjeu. On mesure mal quelle fut vraiment son influence : considérable à n'en pas douter (l'amitié y aida) rue Blomet; incertaine rue du Château. Nous n'avons, la concernant, que le témoignage d'André Thirion, surréaliste de stricte observance et séide de Breton, l'un des moins susceptibles de complaisance : "La rue du Château n'était pas plus tourmentée par les préoccupations métaphysiques et politiques que la rue Fontaine. Pourtant , on était très ouvert à l'influence d'un personnage de grande stature, un vrai solitaire, dont l'oeuvre est modelée par une philosophie cohérente : Georges Bataille.
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Le pacifisme, nettement dominant à gauche (...) fait e lit d'une contagion révolutionnaire archaïque dont Bataille voit l'écrasement du soulèvement socialiste de Vienne comme une phase supplémentaire et décisive. Il note dans son journal à la date du 13 février 1934, soit au lendemain de la manifestation des gauches françaises sur le cours de Vincennes " Cette nouvelle catastrophique se laisse lire sans la moindre hésitation : Autriche nazi. De toutes parts, dans un monde qui cessera vite d'être respirable, se resserre l'étreinte fasciste" C'est fort de la réflexion entreprise sur la nature des fascismes (et il importe au total assez peu qu'elle ait été ou non achevée) que Bataille se prononce, à chaud, de la façon la plus tranchante sur les événements de janvier à à février 1934. Il ne fait pas de doute qu'il fut l'un des très rares à n'être ni assez niais ni assez confiant pour ne pas clairement voir de quelle importance étaient ces événements et vers quelle horreur ils portaient.
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C'est dans cette tourmente qu'a lieu la pittoresque et au total inefficace (selon Bataille) manifestation du cours de Vincennes du 12 février. Malade (...) Bataille prend part à cette manifestation avec Roland Tual et Michel Leiris; il y rencontre plusieurs des membres de ce qu'il dit être son "organisation" (selon toute vraisemblance le cercle communiste démocratique) L'impression dominante pour Bataille - que ne partagent pas tous ses amis réunis autour de lui (Queneau, Morise, Piel, Simone Khan) - est celle d'un échec. Certes la manifestation put lui paraître grandiose (...) mais à aucun moment elle ne lui parut avoir de commune mesure avec ce contre quoi elle prétendait se dresser. C'est l'évidence qu'à ses yeux prévaut le sentiment de l'impasse où se trouve engagé le mouvement ouvrier européen. Il n'est pas loin de penser que c'est à ses dernier feux que tous assistent. L'avenir lui donnera provisoirement tort : c'est du rassemblement unitaire du 12 février qu'est né, à terme, le Front populaire. Puis définitivement raison : l'arrivé de Hitler au pouvoir et la "nazification" de l'Autriche étaient par avance plus importantes que tous les fronts populaires possibles. La défaite du mouvement ouvrier européen était de fait antérieure à ses plus amples sursauts. Ceux-ci ne surent pas, et sans doute est-ce le tort principal que leur voit Bataille, poser la question essentielle à ses yeux : celle de l'Etat. De l'Etat, qui plus exacerbé, qu'est l'Etat fasciste.
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