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Critique de KrisPy


KrisPy
12 décembre 2015
Ce roman populaire, lu lorsque j'avais 12 ans la première fois (mon grand-père possédait une bibliothèque hétéroclite et pleine de "saveurs exotiques" communes à l'époque... la série des Angélique, Les survivants, le bagne des légionnaires, le pull-over rouge, L'ile aux trente cercueils...), possède un certain charme suranné, et m'avait laissé un souvenir ambigüe. Je me devais de le relire adulte.
Je retrouve cette écriture simple, presque trop, mais qui au final, ne nuit pas du tout à l'histoire, bien au contraire, mettant l'accent sur les personnages et la vacuité de leur existence.
L'histoire : trois jeunes femmes, venues d'horizons très différents, parviennent, usant de tous moyens, même les plus bas, à assouvir leur soif d'ambitions en lien avec le show-biz. Entre New York et Hollywood, elles luttent, contre leurs rivales, puis contre elles-mêmes, avec l'aide de leur beauté, de leur talent, et de leur ruse, mais aussi de « downers et de upers », ces petites pilules rouges, jaunes ou vertes qui sont des somnifères ou des amphétamines… Cette histoire un peu simpliste, prend parfois des allures de films « Lynchiens »… Je pense tout particulièrement à « Mullholland drive »… Car sont bien décrites ici les scènes où les actrices sont traitées comme un produit, rentable ou obsolète, interchangeable, par des producteurs cyniques cachés dans l'ombre. (Référence aux pages 294-95-96, voir citation.)
Il y a Anne la grande bourgeoise, qui fuit un avenir tout tracé dans la demeure familiale de Nouvelle-Angleterre, qui ne rêve que d'indépendance et de rencontrer le véritable amour passionnel. Son voeu sera exaucé : l'Amour passion, elle le rencontrera, mais ne parviendra pas à le garder, et se sentira seule toute sa vie, même après l'avoir retrouvé.
Il y a Neely, véritable « enfant de la balle », qui ne rêve que de devenir célèbre à Broadway puis à Hollywood. D'ingénue, elle n'a que l'allure… Sous ses dehors de jeune fille sympathique, elle va se révéler être un monstre de vanité et d'égoïsme...
Il y a Jennifer, qui n'a que sa beauté sans défaut et une mère réclamant toujours plus d'argent. Elle, rêve de se trouver un mari gentil, aimant, et qui pourra la mettre à l'abri du besoin. Elle aura elle aussi droit aux honneurs de la célébrité, puis effleurera son rêve avant de disparaitre tragiquement…
Ne dit-on pas : Méfie-toi de tes rêves…?
Jacqueline Susann a su rendre son oeuvre intemporelle malgré les nombreuses références à de célèbres endroits maintenant disparus. Se passant dans l'immédiat après-guerre, l'époque décrite pourrait aussi bien être la nôtre : consumérisme, arrivisme, superficialité, apparence, sensationnalisme. Les hommes tirent les ficelles, les femmes jouent le jeu qu'on leur assigne…
Ce roman cruel, mais un peu manichéen, traduit bien l'ambiance de l'époque, les années 50, et cette frénésie autour du divertissement. La guerre vient de s'achever, fini la récession ! On veut de « l'entertainment » ! du divertissement sensationnel ! Broadway et Hollywood deviennent les réservoirs de cette industrie juteuse. Toute jeune fille un peu bien faite, possédant une voix correcte et un visage à l'avenant peut prétendre à une carrière… Il suffit d'être au bon endroit au bon moment, et de croiser les bonnes personnes... le rêve américain est en marche… Et la machine à broyer les personnalités se pourlèche les babines. Les producteurs, vêtus de leur costume de bon vieux papa gâteau, se chargeront de nourrir la bête.
Le rêve américain est peut-être mort depuis longtemps, enterré avec Marylin et John, mais son squelette ravagé n'en finit pas de nous hanter…

J'ai apprécié cette relecture, ayant "pris de la bouteille", je ne ressens plus du tout les choses comme à douze ans (ouf ! ^^), et la naïveté apparente du récit, entrecoupée de scènes "hot", qui fonce gentiment vers ce dénouement cruel, m'a cette fois beaucoup plus amusé que la première fois. Un très bon divertissement qui a bien plus de saveur, par son érotisme et son décalage, que certains ouvrages de la "chick lit" actuelle.
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