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Critique de Eric75


Inclassable, ce livre est devenu… un classique ! Inclassable car d'une grande originalité : pour la première et peut-être unique fois dans un roman, la description des lieux, des objets, des personnes, est d'abord rendue par les odeurs. le personnage principal, Jean-Baptiste Grenouille, est doté d'un odorat d'exception qui fait de lui un quasi surhomme (un super-héros dirait-on aujourd'hui, si l'action n'était pas située au XVIIIème siècle).

Son fabuleux odorat lui permet en effet de se diriger dans l'obscurité et de « voir » à travers les murs et les placards, il pourrait presque être aveugle, tant ses autres sens lui sont devenus inutiles. Mais cet étrange héros a bien entendu plusieurs défauts dans la cuirasse. Son intelligence est mise au service exclusif de son besoin d'accaparer et de mémoriser de nouvelles odeurs, et il passe donc auprès de ses semblables pour un parfait idiot, même doué de ce talent unique. Grenouille s'accommode parfaitement de cette situation (rien ne l'intéresse en dehors des odeurs). Rien ne peut l'émouvoir, tout lui est indifférent y compris la beauté et la vie humaine, et il ira donc jusqu'à devenir un tueur en série pour capturer l'odeur des jeunes femmes qu'il cherche à collectionner.

Ce roman est inclassable, car il est à la fois un roman historique, un roman fantastique, un polar et un conte philosophique. le héros est un monstre mais on finit par l'accompagner dans sa folie meurtrière et à comprendre sa quête qui correspond à la construction d'un idéal. L'auteur mène son idée très loin en opérant à notre insu une inversion des systèmes de valeurs, il nous entraîne vers l'acceptation de l'ignominie, la chosification des victimes - et donc leur déshumanisation - et la transformation inattendue de son antihéros en personnage quasi-divin, finalement capable après une condamnation et une résurrection spectaculaire de prendre le pouvoir absolu sur ses congénères et de choisir lui-même l'heure de sa disparition.

Il va sans dire que certaines scènes du roman et son épilogue procureront un sentiment de malaise à certains, car malgré son édifiant parcours olfactif, Jean-Baptiste Grenouille n'est certes pas un personnage en odeur de sainteté !
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