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4,19

sur 27931 notes
Livre à la fragrance millésimée.
Cueillez-le, sentez-le, humez-le à vous en étourdir.
Ayez du flair, du nez, du tarin, ne passez pas à coté !
J'ajouterais qu'à ce prix, un tel Parfum, dont l'arôme n'a d'égal que la générosité, en est presque indécent...

La perfection olfactive a un prix et pour ce faire, votre vie, aux yeux de Grenouille, n'en a aucun !
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Inclassable, ce livre est devenu… un classique ! Inclassable car d'une grande originalité : pour la première et peut-être unique fois dans un roman, la description des lieux, des objets, des personnes, est d'abord rendue par les odeurs. le personnage principal, Jean-Baptiste Grenouille, est doté d'un odorat d'exception qui fait de lui un quasi surhomme (un super-héros dirait-on aujourd'hui, si l'action n'était pas située au XVIIIème siècle).

Son fabuleux odorat lui permet en effet de se diriger dans l'obscurité et de « voir » à travers les murs et les placards, il pourrait presque être aveugle, tant ses autres sens lui sont devenus inutiles. Mais cet étrange héros a bien entendu plusieurs défauts dans la cuirasse. Son intelligence est mise au service exclusif de son besoin d'accaparer et de mémoriser de nouvelles odeurs, et il passe donc auprès de ses semblables pour un parfait idiot, même doué de ce talent unique. Grenouille s'accommode parfaitement de cette situation (rien ne l'intéresse en dehors des odeurs). Rien ne peut l'émouvoir, tout lui est indifférent y compris la beauté et la vie humaine, et il ira donc jusqu'à devenir un tueur en série pour capturer l'odeur des jeunes femmes qu'il cherche à collectionner.

Ce roman est inclassable, car il est à la fois un roman historique, un roman fantastique, un polar et un conte philosophique. le héros est un monstre mais on finit par l'accompagner dans sa folie meurtrière et à comprendre sa quête qui correspond à la construction d'un idéal. L'auteur mène son idée très loin en opérant à notre insu une inversion des systèmes de valeurs, il nous entraîne vers l'acceptation de l'ignominie, la chosification des victimes - et donc leur déshumanisation - et la transformation inattendue de son antihéros en personnage quasi-divin, finalement capable après une condamnation et une résurrection spectaculaire de prendre le pouvoir absolu sur ses congénères et de choisir lui-même l'heure de sa disparition.

Il va sans dire que certaines scènes du roman et son épilogue procureront un sentiment de malaise à certains, car malgré son édifiant parcours olfactif, Jean-Baptiste Grenouille n'est certes pas un personnage en odeur de sainteté !
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Je me suis interrogée sur l'intérêt de mettre en ligne une énième critique. Aujourd'hui je l'écris. J'ai découvert ce matin une très belle critique de scoubs ce qui a ravivé certains souvenirs.
J'ai lu ce livre à sa sortie il y a une trentaine d'années. Je ne l'ai pas touché depuis. Deux raisons à cela:
Ce livre est le dernier cadeau que m'a fait ma chère maman, décédée peu de temps après. J'ai commencé cette lecture, embourbée dans le chagrin, le doute, la maladie. Patrick Süskind m'a offert une magnifique parenthèse faite d'évasion, et de sérénité. Dans une bulle on est si bien quand les murs se fissurent autour de soi. Jean-Baptiste Grenouille est bien doté d'un pouvoir magique. J'ai pu le vérifier.
La seconde raison pour laquelle je ne le relirai jamais. Simplement parce que je veux garder ce souvenir intact. La surprise ne sera plus jamais aussi vive. J'étais certainement en demande et ce texte a eu sur moi un effet lénifiant parce que je le voulait ainsi. L'auteur m'a raconté une histoire enveloppante parce que j'avais terriblement froid.


Je fais un commentaire au fil de la plume me basant uniquement sur l'image qui me reste de cette histoire riche, dense et originale. Trente ans après les faits, je me présente à la barre.

Jean Baptiste Grenouille naît et vit ses premières heures entouré des déchets de poisson immondes et odorants.
Dès la première page j'étais au parfum! J'ai senti la force de ce personnage qui loin de perdre son équilibre veut survivre, se différencier et tirer parti de cette situation tellement inconfortable et incroyable. Il veut vivre contre vents et marées. Il se renforce à travers cette épreuve de taille et renforce probablement son odorat à cette occasion. Il est prêt à combattre.


Le lecteur est invité à l'accompagner au fil de ses aventures et de ses voyages. Sa situation matérielle est loin d'être brillante. Elle est même précaire. Il survit. Ce n'est pas un problème. Il ferme les yeux et l'image de ce qui lui manque le plus apparaît. Des fauteuils en velours aux assises confortables le comblent lorsqu'il est assis sur une pierre. Et ça marche....Juste parce qu'il a fermé les yeux. le rêve, l'imagination viennent transformer la réalité pour qu'elle soit non seulement acceptable, mais très jolie. Si tout n'était qu'illusion ? Quel ascendant peut avoir le mental sur nos faiblesses ?


Grenouille, tel un compagnon, exerce son talent dans différents lieux. Je me souviens qu'il fait le bonheur d'un parfumeur en fabricant l'élixir le plus merveilleux, le plus remarquable qui ait existé. le parfumeur s'enrichit considérablement tandis que notre pauvre Grenouille reçoit un salaire misérable. Voilà l'imposture, la cupidité soulignées a grands coups de crayon. Grenouille est-il vraiment exploité? est-il pauvre ? le bonheur de créer, de sentir, de se réaliser, d'exister n'est-il pas suffisant à ses yeux ? Une passion épanouie ne vaut-elle pas une charrette de dollars ?


Grenouille assassin ? Et pourtant Il m'a été très sympathique jusqu'à la fin ce drôle de personnage. Il tuait des femmes dont il aimait l'odeur après en avoir tiré la substantive moelle. Les brunes, les rousses, les blondes, personne ne lui résistait. J'ai vécu ces meurtres comme un symbole fort : Il gardait de chacune de ses rencontres, de chaque personne qui l'attirait ce qui lui paraissait essentiel.
Ne pouvons nous aussi garder ce qui s'adapte le mieux à ce que l'on aime? le choix, la bonne couleur, le bon endroit, la bonne tournure, le bon mot. Faire de ce point fort un axe central, un pivot, un cadeau, un diamant. Ce diamant ne se monnaye pas. Il se respecte. Il se contemple. Il se conserve. Garder jalousement ce point fort à l'esprit tout comme Grenouille enferme l'essence de ses conquêtes dans une fiole. Garder ce trésor pour aimer plus, pour aimer mieux, pour aimer durablement. Fermer les yeux sur le reste non pas pour rêver cette fois, mais pour garder le meilleur.

Grenouille ne s'occupe plus de l'enveloppe charnelle, de l'apparence. Il jette tout cela.Il tue ce qui n'est pas si important à ses yeux. Il garde l'essence, l'âme, la personnalité. Il tue ce qui est inaccessible et conserve ce qui est à sa portée. Ce qui le concerne. Ce qu'il maîtrise: l'odeur.


L'auteur m'a embaumé de ces flagrances inouïes et j'ai refermé ce livre rassasiée de belles images en me promettant d'essayer d'être un peu plus forte, un peu plus passionnée, de garder précieusement mes plus beaux souvenirs dans des petites fioles pour ne pas qu'ils s'échappent.


Ce conte peut-être lu de différentes manières et le champ est largement ouvert aux nombreuses interprétations possibles. Grenouille horrible assassin, Grenouille maître nez doté d'un pouvoir magique, Grenouille, errant dans l'ombre, la souffrance, le dénuement, Grenouille le mal aimé......


Je viens d'en ouvrir une petite fiole et l'odeur du livre qu'elle dégage n'a rien perdu de sa force et de son enchantement. Elle est intacte. Je me souviens aujourd'hui à quel point j'avais froid. Et je me suis réchauffée dans les bras d'un assassin.
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Avoir du nez, c'est être capable de dénicher la lecture qui nous conviendra le mieux. Force est de constater que sur ce coup-là, je n'ai pas eu le nez creux. Je n'ai jamais réussi à adhérer, à pénétrer dans la fiction, à oublier l'auteur derrière les mots. Il y avait pourtant beaucoup d'indicateurs susceptibles de m'inspirer : un sujet original, une foule de lecteurs éclectiques convaincus, notamment de celles ou de ceux dont je tiens le jugement en haute estime, etc.

Dans sa critique, à laquelle je souscris pleinement, le lecteur Carré s'étonne du contraste entre son propre ressenti à propos de l'oeuvre (plutôt médiocre) comparativement à celui de la très large majorité des critiques sur ce site ou ailleurs (plutôt exceptionnel). Je vais même, une fois n'est pas coutume, le citer :

« je me sens bien seul devant l'avalanche de superlatifs concernant le roman de Suskind. Trop d'odeurs, à friser l'overdose, de descriptions, plutôt de perceptions odoriférantes qui m'ont souvent plus irrité que flatté. Bien sûr, l'écriture est remarquable, l'intrigue oppressante et la chute tout bonnement stupéfiante, mais ce Grenouille n'a jamais ne serait-ce qu'une seconde réussit à me passionner, ni dans sa folie, ni dans sa quête : je suis constamment resté en retrait, avec le sentiment de passer à côté d'une évidence pour de nombreux lecteurs »

Pour ma part, je vais aller encore plus loin que lui. Je tique notamment sur ce qu'il nomme « écriture remarquable » car pour moi, l'écriture de ce roman n'est pas ce que j'appelle " remarquable ", car, si elle eût été telle, elle m'aurait embarquée avec elle et c'est l'enthousiasme au coeur que je vous en parlerais. Or, point de cela. D'ailleurs, ce critique écrit juste après « je suis constamment resté en retrait », bon indicateur, selon moi, que l'écriture n'était justement pas " remarquable ", mais bon, ça c'est une autre affaire.

À ce titre, permettez-moi seulement d'invoquer Mario Vargas Llosa, qui écrit dans Lettres à un jeune romancier : « S'il n'est pas si difficile de parler de la cohésion d'un style, c'est une autre paire de manches d'en expliquer le CARACTÈRE NÉCESSAIRE, indispensable pour rendre convaincant un langage romanesque. La meilleure façon de le décrire est peut-être de recourir à son contraire, le style qui échoue dans le récit d'une histoire en maintenant à distance son lecteur, lucide et conscient de LIRE quelque chose d'étranger, non de vivre et de partager l'histoire avec ses personnages. Il y a échec quand le lecteur sent un abîme, que le romancier ne parvient pas à combler dans son écriture, entre ce qu'il raconte et les mots pour le dire. Cette bifurcation, ce dédoublement entre le langage d'une histoire et l'histoire en elle-même annule le pouvoir de persuasion. le lecteur ne croit pas à ce qu'on lui raconte, parce que la maladresse et l'inadéquation de ce style lui font prendre conscience d'une insurmontable césure entre les mots et les faits, une faille par où passent tout l'artifice et l'arbitraire, ces fondements d'une fiction, seulement effacés ou rendus invisibles dans les oeuvres réussies. »

Voilà, nous y sommes : quand je n'y crois plus, c'est fini, on peut plier les gaules plus rien ne mordra à l'hameçon. Et bien, en ce qui me concerne, c'est très rapidement qu'il y a eu disjonction et donc, cela fit globalement flop ! Alors voici un héros — anti-héros, assurément, tellement assurément que Patrick Süskind s'échine à nous le présenter tel, espérant qu'une petite voix en nous nous soufflera : « Bouh ! C'est un méchant, ce gars-là ! Rien n'est bon en lui. Rien à sauver. »

Nous débutons, donc, avec ce héros, qui, dès le stade nourrisson et dès sa première journée de vie possède déjà des intentions machiavéliques et qui, tenez-vous bien, pleure à dessein pour faire condamner sa mère à mort. Personnellement, j'ai eu beau arpenter à deux reprises les longs couloirs d'une maternité, j'ai le sentiment que ce postulat de départ à propos d'un bébé ne fonctionne pas bien. À vous de voir.

Ensuite sa première nourrice le prend en grippe et devinez pourquoi ? Parce qu'il n'a pas d'odeur. Vous conviendrez qu'en matière de péché capital et de motif d'exécration, on a déjà connu pire, surtout à l'époque où s'ancre la narration : le XVIIIème siècle. Pour ma part, et à l'instar de cet illustre empereur romain, Vespasien, j'aurais tendance à incliner vers la proposition qui affirme que l'argent n'a pas d'odeur, et que, précisément, s'il n'y a pas d'odeur, nul n'aura tendance à refuser de l'argent, d'où qu'il vienne, surtout si l'on en manque, comme cela semble le cas de cette brave nourrice. Deuxième anicroche, en ce qui me concerne, quant au pouvoir de persuasion de l'oeuvre.

Poursuivons : le sort de l'infortuné Grenouille échoira à la très monolithique et très antipathique Mme Gaillard, qui, comme par hasard, a perdu le sens de l'odorat d'un malencontreux coup sur le nez. Elle sera parfaitement inhumaine et glaciale durant toute la jeunesse du héros. Bon, là encore, qu'une femme puisse élever un enfant, même pour de l'argent, pendant une dizaine d'années, sans qu'aucune espèce de relation ne se noue entre eux, désolée Monsieur Süskind, je n'y crois pas : cela ne s'accorde en rien avec ce que je connais de l'humain.

Et puis, Grenouille prend de l'âge, son sens du tarin s'aiguise, se façonne, se développe jusqu'à atteindre des performances que même un ours ou un coati, pourtant figurant parmi les plus fins naseaux qu'on connaisse dans le règne animal, n'arriveraient pas à égaler. Ici, c'est la cohérence proprement biologique qui est mise à mal, mais admettons, admettons, s'il faut admettre, admettons.

Le voilà, ce méchant, méchant Grenouille, qui échoue chez Grimal, un tanneur, puis, par un hasard vraiment hasardeux se retrouve au contact d'un parfumeur, lequel parfumeur, par un autre hasard hasardeux se trouve n'avoir pas de nez, ce qui, pour un parfumeur de cette époque-là, est pour le moins inattendu. Et donc ce parfumeur aux sens altérés trouve le moyen de se faire rétrocéder l'apprenti-tanneur macrosmate. Et bien, croyez-moi si vous voulez, Paf ! Grimal, le patron tanneur prit sa dernière biture le soir même et ne profita jamais de sa jolie plus-value. C'est tout de même pas de bol, convenez-en.

Que dire du parfumeur au nez taquin, Baldini, qui, à l'orée de la fortune et de la gloire remportée grâce aux talents olfactifs du méchant, méchant Grenouille, se fait, Plouf ! emporter sa demeure, Blam ! comme ça, corps et biens, Flouf ! on n'en parlera plus, par un vilain, vilain effondrement de pont sur la Seine. Aïe, aïe, aïe ! Il porte vraiment la poisse ce satané Grenouille, moi je vous le dis !

Mais jouons le jeu jusqu'au bout, laissons à cette écriture l'opportunité de nous séduire et/ou de nous convaincre. Certes, Patrick Süskind a écrit son livre en allemand et il pouvait certes supposer que pour un public germanophone pas nécessairement francophone les jeux de mots malingres et les clins d'oeil appuyés, ça passerait. Certes, certes, mais tout de même, de vous à moi, quand je lis après une réplique du héros " coassa Grenouille ", j'ai envie de refermer le bouquin, car trop, vraiment, c'est trop.

Ensuite, vient l'épineux épisode de la grotte. Certains s'amusent à passer sept ans au Tibet, mais notre Jean-Baptiste Grenouille décide, lui, de passer sept ans dans le Cantal, au creux d'un boyau étroit et sombre comme la mort, dans la solitude minérale la plus totale. Sachant que les sept années en question correspondent à la période de vie du héros allant de 18 à 25 ans, âge où, c'est bien connu, tous les jeunes hommes hétérosexuels torturés d'hormones n'aspirent qu'à vivre reclus dans un étroit boyau de basalte loin de toute espèce de présence féminine ou même seulement humaine. Bon, bon, bon… voilà qui est pour le moins singulier et toujours hautement crédible à mes yeux.

Oups ! J'ai oublié de vous dire ! Savez-vous ce qu'il fait le méchant, méchant héros quand il est encore à Paris et qu'il sent une odeur subtile, délicieuse entre toutes, une senteur comme il en a toujours rêvé ? Eh bien dès qu'il trouve la jeune fille — car la fragrance en question appartient, bien entendu, à une jeune femme, belle et délicate de surcroît, parce qu'une grosse et moche ne peut pas sentir bon, c'est bien connu — dès qu'il trouve la jeune fille, donc, du haut de ses treize/quatorze ans (si j'ai bien compris) que fait-il ? Il la tue, en toute logique, puisque sans quoi il ne serait pas le méchant, méchant Grenouille qu'on attend. CQFD. Alors moi je m'interroge : Pourquoi tuerait-il l'unique porteuse du seul parfum qui le ravit dans tout Paris, lui qui est si sensible aux exhalaisons ? Ça ne me paraît décidément pas tenir debout. Je veux bien beaucoup de choses, mais là, d'après mes concepts, ça cloche, donc impossible pour moi d'adhérer au propos.

Sachez encore, mes bons amis, qu'à ce moment-là, vous n'êtes qu'au début des incohérences crasses auxquelles l'auteur nous soumet (incohérences crasses selon mes critères, cela va sans dire et n'engage bien sûr que moi). Il vous reste à avaler toute la période Grassoise (ville du parfum s'il en est) qui vaut, elle aussi, son pesant de pétales de rose en terme d'aberrations logiques. de sorte que si fable il y eut, si message ou si symbolique il y eut, elles furent totalement évaporées à mes narines par les insuffisances du reste. Bref, c'est un parfum d'échec sans appel qui se dégage en ce qui me concerne à propos du pouvoir de persuasion et de conviction de cette oeuvre sur la lectrice que je suis (et ça n'engage que moi, je le répète).

Toutefois, ce roman présente, selon moi, des qualités indéniables qui n'ont trait ni à l'intrigue, ni aux personnages qui sont tous, selon mes critères, d'épaisses caricatures, ni au style que je qualifierais de capiteux mais plutôt au fond, c'est-à-dire au terreau informatif que recèle l'oeuvre.

Là, j'avoue sans honte que j'ai été captivée par les passages concernant l'extraction des senteurs et les différents procédés utilisés au cours de l'histoire de la parfumerie. L'auteur a l'immense mérite de mettre l'accent sur des pratiques peu connues et, pour la plupart oubliées à l'époque où il écrivait son roman, sachant, au demeurant, qu'il n'y avait pas d'internet à l'époque et qu'il était très difficile pour monsieur ou madame tout-le-monde d'avoir accès à ce genre d'information dans les années 1980.

Donc, si je dois adresser un coup de chapeau au livre, c'est pour cet aspect-là. le reste, ma foi, me laissera un bien piètre souvenir mais, si vous pensez tout le contraire, prenez garde à ce que la moutarde ne vous monte au nez, car cet avis n'est que mon avis, il a le parfum évanescent des choses qui s'oublient, c'est-à-dire vraiment pas grand-chose.
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Voilà un livre aussi étonnant que passionnant, dont la dégustation me fut un rare plaisir.
Süskind emmène le lecteur (si j'ose dire) par le bout du nez. L'obsession et la folie de son héros sans odeur deviennent les nôtres. L'univers olfactif est restitué comme l'arc-en-ciel pour le monde chromatique...et Grenouille explore la partition des parfums, des fragrances qu'il traque sans relâche.
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Qu'ajouter de plus après 203 critiques je crois sur Babelio ?
Que ça y est, j'y suis enfin, au parfum.
Et que, je me sens bien seul devant l'avalanche de superlatifs concernant le roman de Suskind. Trop d'odeurs, à friser l'overdose, de descriptions, plutôt de perceptions odorisantes qui m'ont souvent plus irrité que flatté. Bien sur, l'écriture est remarquable, l'intrigue oppressante et la chute tout bonnement stupéfiante, mais ce Grenouille n'a jamais ne serais-ce une seconde réussit à me passionner, ni dans sa folie ni dans sa quête, je suis constamment rester en retrait, avec le sentiment de passer à côté d'une évidence pour de nombreux lecteurs : "Le parfum" est inoubliable. Et bien pour moi, c'est sur, mon odorat m'a joué un mauvais tour, car cette fragrance est bien loin du chef d'oeuvre annoncé
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…191 critiques, très bonne note globale, nombre impressionnant de lecteurs…que dire de plus !

Acte 1, A long time ago, in my bibliothèque far far away, sur les conseils d'amis et avant de découvrir l'aromathérapie( et par extension le monde des parfum), je me procure le livre mais très vite, reporte sa lecture…pour finir par ne plus savoir où je l'ai mis (à mon avis, vexé, le livre ayant une vie propre s'est fait la malle)

Acte 2. Il y a quelques mois, diffusion télé du film le Parfum…subjugué, envouté, conquis…mais où est donc ce fichu livre !

Acte 3. Je rachète le livre (donc selon les lois de la vexation universelle, vais bientôt retrouver mon premier exemplaire) et dévore ce fabuleux bouquin

PPP…non pas pensée positive permanente mais passionnant puissant prenant..pfiou !!!

Voyage entre soufre et encens, entre sordide et magnificence, entre dégout et fascination, entre haine et empathie, entre poésie et ordures, sorte de quête initiatique noire d'un personnage amoral mais attachant, parfois capiteux, parfois éthéré mais toujours envoutant.

Sujet original et traitement du sujet tout aussi original, (fallait oser-et heureusement, il y en a qui osent ! Car, même si, ayant vu le film, je connaissais donc l'histoire et l'épilogue, j'ai vraiment eu la sensation de découvrir cette histoire pour la première fois, avec un nez vierge.

Essai transformé, le Parfum fait désormais partie de mes Very Important Book !!

Fred-Fichetoux-Beg mode smells like teen spirit activé
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Véritable best-seller lors de sa parution il y a une trentaine d'année, le parfum est considéré comme l'un des meilleurs romans de sa génération. L'histoire qu'il raconte est tellement originale et captivante, qu'à l'époque, je l'avais lu d'une traite, comme un thriller, emporté à chaque page par l'envie irrésistible de découvrir la suivante. Libéré de cette frénésie lors de ma relecture, je me suis laissé prendre au charme envoûtant de ce livre sensationnel… – un qualificatif que j'emploie au sens propre...

Dans le parfum, mélange de fresque sociale et de fiction fantastique, tout commence et finit en effet par des odeurs. Elles marquent et différencient tout ce qui existe physiquement : la nature, les hommes, les objets ... Elles reflètent et submergent l'immatériel : les sentiments, les bruits, les pulsions... Et ça ne sent pas toujours la rose ; il est plus souvent question de puanteurs écoeurantes et de remugles peu ragoûtants, que de suaves fragrances.

Le personnage principal, Jean-Baptiste Grenouille, dispose d'un odorat hyper-développé qui lui sert de sens principal dans sa perception du monde, une fonction qui, chez l'homme du commun, est dévolue à la vue et à l'ouïe. Pourquoi pas ! Les parfums, les couleurs et les sons se répondent, écrivait Baudelaire. Cette sensibilité sensorielle exceptionnelle va porter naturellement Grenouille à s'intéresser aux métiers d'élaboration des parfums.

Mais il reste en marge. C'est un être totalement déshérité, tant par la nature que par le contexte social dans lequel il évolue. Ses disgrâces physiques, ses carences mentales et ses handicaps comportementaux le condamnent à une forme d'isolement dans une vie misérable et asservie. Étranger à toute conviction, il n'éprouve de sentiment pour personne, car seules les odeurs lui parlent, si j'ose dire. Et justement, celles de ses congénères lui répugnent. A l'inverse, lui-même ne dégage aucune odeur personnelle, une malédiction supplémentaire qui le rend inexistant aux yeux, ou plutôt aux nez des autres.

En quête d'un sens à sa vie, il entrevoit la confection d'un parfum sublime ; un arôme subtil, le bouquet parfait, qui, quand il s'en aspergerait, susciterait l'amour, le respect et l'admiration des autres... Oui, mais où en trouver les ingrédients de base ? Apparemment, pas d'autre terreau que le corps de jeunes filles vierges très belles !... Au fait, le titre complet du roman est : le parfum, histoire d'un meurtrier...

Une sensibilité perceptive exacerbée, le sentiment douloureux d'être différent et incompris, la volonté irrépressible de s'exprimer à sa façon propre : ne seraient-ce pas des caractéristiques déterminantes de l'artiste, du créateur ?... Et ce serait aussi celles du serial killer ! Observation préoccupante !... Reste la conscience du Bien et du Mal... Affaire aussi de circonstances : le peintre n'a nullement besoin d'ôter la vie à ses modèles...

Un mot sur l'écriture, très particulière, inspirée de la syntaxe de l'allemand, langue originale du roman : rigueur grammaticale sans faille, locutions claires et précises qu'on imagine traduites de mots composés allemands ; cela donne une narration au phrasé rythmé, à la tonalité égale, uniforme, sans être pour autant monotone, car il s'y révèle un fond d'humour décalé réjouissant, même dans les passages les plus sordides et les plus effroyables.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...

En variant le ton, Grenouille, - par exemple, tenez :
𝘼𝙜𝙧𝙚𝙨𝙨𝙞𝙛 : « Moi, Monsieur, si comme vous, rue aux Fers j'étais né
Au milieu des poissons puants, il eut fallu que je me lavasse dix fois par jour ! »
𝘼𝙢𝙞𝙘𝙖𝙡 : « Quelle tristesse, votre mère à votre naissance pendue haut et court.
Mon pauvre ami. Vous avez hérité de la corde j'espère ? »
𝘿𝙚𝙨𝙘𝙧𝙞𝙥𝙩𝙞𝙛 : « D'un appendice pareil, c'est certain, on s'en sert
Pour mélanger, mixer, fouetter et battre le beurre »
𝘾𝙪𝙧𝙞𝙚𝙪𝙭 : « Ah bon ? Vous n'aviez pas d'odeur ?
Mettez donc de l'Axe pour faire tomber les donzelles ! »
𝙂𝙧𝙖𝙘𝙞𝙚𝙪𝙭 : « L'onctuosité du lait et la douceur du miel,
La rosée du matin, la délicatesse du jasmin et du narcisse blanc,
La légèreté du coton, la chaleur du cuir et les volutes d'encens,
Toutes ces fragrances enivrantes, vous vous mîtes à sentir »
𝙏𝙧𝙪𝙘𝙪𝙡𝙚𝙣𝙩 : « La crotte puante et la sueur aigre aussi, cela va sans dire ! »
𝙋𝙧𝙚́𝙫𝙚𝙣𝙖𝙣𝙩 : « Pour sauver ce bougre de Baldini, vous lui avez créé
Cette 𝓝𝓾𝓲𝓽 𝓝𝓪𝓹𝓸𝓵𝓲𝓽𝓪𝓲𝓷𝓮. A la poubelle ce piètre 𝓐𝓶𝓸𝓻 𝓮𝓽 𝓟𝓼𝔂𝓬𝓱𝓮́ ! »
𝙏𝙚𝙣𝙙𝙧𝙚 : « A Grasse, cette jolie rousse avait pour elle le soleil et la grâce,
Et au milieu de ce champs de blé, par une belle nuit d'été, de guerre lasse,
Elle finit par rendre son dernier soupir, son joli cou dans vos mains enserré »
𝙋𝙚́𝙙𝙖𝙣𝙩 : « Oui oui... Bien sûr... Vous pouvez évidemment faire de votre nez...
MÔssieur sait extraire de la macération et de l'enfleurage à froid toutes ces odeurs...
Viola odorata, Jasminum polyanthum, Rosa piminellifolia... J'en passe et des meilleures ! »
𝘾𝙖𝙫𝙖𝙡𝙞𝙚𝙧 : « Mais d'un être humain, vous n'en eûtes jamais qu'un coeur cruel
Car à vivre sans odeur corporelle, vous dûtes chercher la fragrance universelle »
𝙀𝙢𝙥𝙝𝙖𝙩𝙞𝙦𝙪𝙚 : « Une seule goutte sur vous de ce divin breuvage,
Le peuple à vos pieds et Dieu peut bien faire ses bagages ! »

𝙍𝙚𝙨𝙥𝙚𝙘𝙩𝙪𝙚𝙪𝙭 : « Bien sûr, je n'ai ni la verve de Cyrano ni la plume de Rostand,
Mais je vous parle comme je le peux de ce magnifique roman,
Après tant de grandes et belles critiques,
Fallait bien éviter de faire dans l'identique,
Exaltation, volupté, tous les mots sont justes
Un roman que l'on sent autant qu'on le déguste ! »

Et pour terminer,
Avec la tirade des nez,
Laissons donc les vrais mots à Cyrano,
Parodiant Pyrame en un sanglot :
« le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
—Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit :
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.
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Jean-Baptiste Grenouille n'est pas un bonhomme sympathique, loin de là. Né à Paris au XVIIIe siècle, cet être difforme et monstrueux a pourtant pour lui une qualité exceptionnelle : un nez hors du commun, un nez absolu qui le pousse à vouloir être le plus grand parfumeur du monde. Le problème est que pour y parvenir Grenouille ne recule devant rien, au nom de cette ambition, il vole les odeurs nécessaires en perpétuant des actes atroces.

Un voyage mémorable dans les senteurs les plus exquises aux remugles les plus écœurants. On sent, on hume, on inhale, pour tour à tour se délecter et frôler la nausée, c'est puissant, comiquement effrayant, philosophique et inoubliable (ne dit-on pas que les odeurs le sont aussi ?).
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