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3,6

sur 370 notes
Tout comme son héros Maravan cache des ingrédients aux effets ayurvédiques puissants dans ses plats si séduisants, Martin Suter cache un message assez subversif et critique dans son roman en apparence si léger et attrayant...

Le cuisinier parle en effet de gastronomie, de passion et d'amitié, mais aussi du déracinement, du racisme, des difficultés des réfugiés, de la morale, de la corruption du monde des affaires, des injustices, du Sri Lanka et de la Suisse. le tout avec un assaisonnement, heu non pardon un style, très digeste et parfaitement relevé.

Ce qui compte, ce ne sont pas les personnages, attachants mais pas particulièrement approfondis, mais les ressorts romanesques que sont les questions éthiques et les passionnants passages en cuisine.

C'était mon premier Martin Suter, ce ne sera certainement pas mon dernier... A noter pour ceux qui maitrisent l'allemand que c'est tout à fait accessible et remarquablement gourmand en VO.
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Voici un Roman des plus caustiques, truculent , doux - amer,une espéce de thriller gastronomique , j'exagère à peine......lu d'une traite qui brasse de nombreux sujets....
Maravan,un jeune réfugié Tamoul épluche les légumes, effectue la plonge dans un restaurant Suisse trés sélect ,méprisé par ses collégues de travail......
Licencié, il monte sa propre entreprise avec la complicité d'Andréa, une ex serveuse..."la Love Food", il sert des menus aphrodisiaques à domicile dont il a le secret car c'est un esthéte de la cuisine....un fin connaisseur initié par sa tante Nangay.. Il souffre beaucoup de sa condition de réfugié, sa famille , membre de la communauté tamoule est restée au Sri Lanka.
L'auteur Martin Suter brasse nombre de sujets brûlants mêlés à la gastronomie: l'immigration et ses douleurs, le statut de réfugié pas facile à vivre,le choc des cultures,la prostitution de luxe, la crise financière de 2008, les us et coutumes d'un pays, ses traditions séculaires, et surtout la corruption, les scandales des ventes d'armes, le comportement des hommes d'affaires, la cuisine moléculaire.....la menace nucléaire.....la tableau social d'une société en crise...Dolman l'homme d'affaires sans scrupules rapace, pitoyable à bien des égards, Sandana, jeune fille Sri lankaise , réfugiée qui désirerait s'affranchir de la tutelle étouffante de sa famille.....de sa culture d'origine., Maravan, un homme respectueux, réservé ,, modeste, cuisinier talentueux.
Un roman satirique qui sollicite nos papilles, oú l'on fait connaissance avec les secrets de la cuisine ayurvedique notamment ses sortilèges aphrodisiaques...qui redonnent de l'allant à des couples défaillants, l'art culinaire est décrit d'une maniére précise et sensuelle.
Les recettes sont d'ailleurs données à la fin du livre...pour ceux et celles qui seraient tentés!
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Première approche avec un écrivain Suisse né à Zurich, donc de langue allemande.
Au début, le roman fait penser à En cuisine de Monica Ali, le personnage du cuisiner émigré, cuisinier émérite s'il était resté dans son pays natal, en Suisse, employé à l'épluchage, la découpe des légumes et la vaisselle des poêles sans aucune considération, il n'est qu'un émigré !
La ressemblance avec le roman de Monica Ali s'arrête là, Martin Suter nous fait découvrir, par le biais de Maravan, jeune réfugié tamoul, la cuisine et les moeurs de ces émigrés venus du Sri Lanka, du sud de l'Inde.
Maravan ayant perdu son travail, s'associe avec une serveuse pour créer une entreprise, Love Food dans laquelle son art de la cuisine va exceller. Pour sa cuisine aphrodisiaque, il crée des plats dans lesquels se mêlent la cuisine traditionnelle, apprise de sa grand'tante, la cuisine ayurvédique, apprise lors d'un stage effectué dans un hôtel au Kerala, et la cuisine moléculaire.
Martin Suter, dans le cuisinier, évoque une gastronomie érotique, moléculaire et ayurvédique, sur un fond de crise financière et de trafic d'armes.
Le cuisinier de Martin Suter, à découvrir !
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Le cuisinier est le premier roman que j'ai lu de Martin Suter, sur les conseils avisés de mon libraire. Qu'est-ce que je fait bien de l'écouter! Je me suis régalée avec cette histoire.

Le romancier suisse germanophone maîtrise les structures de la narration, développe avec bonheur les prouesses culinaires de son personnage principal, Maravan, jeune cuisinier ayant fui le Sri Lanka pour la Suisse. Les Helvètes le cantonnant à des corvées d'épluchage et de nettoyage, il prend son envol en combinant gastronomie et sciences ayurvédiques. La cuisine ouvre les portes du paradis et Maravan va le prouver ave  son entreprise Love Food. Merci tantine restée au pays pour les conseils et les recettes ancestrales aux vertus... puissantes.

Pourtant, avec le cuisinier, Martin Suter va plus loin qu'une simple chronique gastronomique. Il tranche dans le vif en présentant la situation au Sri Lanka, le racisme latent et les dessous pas très propres de la Suisse. Sa plume est vive et acérée. Son texte est plutôt cuisson à feu vif que lentement mijotée. Une pincée d'ironie, une pointe d'humour, ... La recette est une réussite.

Bon appétit... Pardon bonne lecture!
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Je ne vais pas vous faire un nième résumé du bouquin.
C'est à lire et à déguster sans modération et en plus il y a des recettes à la fin du livre... Malheureusement aucune fille ne s'est jetée sur moi après le repas ce qui est certainement du au fait que je ne connais pas les fameux secrets de la grand mère
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Traduction d'OLIVIER MANNONI

On pourrait s'étonner de voir le nom de l'écrivain Serge Joncour associé à ce roman de Martin Suter qui nous immisce dans les coulisses d'un restaurant quand la brigade est au fourneau et aborde la thématique de la cuisine ayurvédique, moléculaire.
Mais pas si étonnant si on a en mémoire la panoplie littéraire que l'auteur a décliné dans la revue Décapage (1), consacrant un chapitre sur «  Les livres et la cuisine ». D'ailleurs il ne cache pas sa préférence pour «  les auteurs qui aiment manger. »
Il confie avoir été plongé, enfant, au coeur du métier de restaurateur par ses parents, et a ainsi baigné, comme le héros du roman, Maravan, dans les exhalaisons de cuisine, fumets. le livre passe par l'odeur, affirme Serge Joncour, dans une émission.
Le Cuisinier de Martin Suter en est la preuve.

D‘où vient la passion de cuisiner de Maravan, ce jeune réfugié Tamoul, demandeur d'asile, que Martin Suter met en scène dans son roman ?
Si en Suisse, il est contraint d'accepter une place de commis, relégué à la plonge, aux découpes de légumes ou à la manutention, il a hérité du savoir faire d'une grande tante et acquis une expérience de cuisinier au Sri Lanka. Pays qu'il a quitté pour fuir la guerre, mais sans perdre le contact avec sa soeur et Nangay, sa grande tante malade à qui il envoie de l'argent pour lui permettre de se soigner.
On suit d'abord Maravan chez Huwyler, où sa dextérité est remarquée.
Un récit rythmé par les gestes de manipulation d‘un arsenal d'ustensiles ( «  tawa »), par le ballet d'actions diverses, bien rodées, il déverse, ajoute, mixe, oint, pétrit, laisse reposer, découpe en rubans ou en petits coeurs, étale, fait réduire, injecte du ghee, congèle. Ça mijote, croustille ou explose dans le palais.

« Lorsque l'on goûte la cuisine de quelqu'un, l'on peut deviner, si ce n'est sa personnalité, du moins les relations qu'il entretient avec les produits, donc avec les saisons, le monde auquel il aspire, la vie qu'il cherche à offrir. », déclare Ryoko Sekiguchi. (2)

Maravan rêverait d'avoir un restaurant, de créer une start up : «  Maravans catering ». Andrea, ex-serveuse dans l'établissement huppé où tous deux travaillaient avant d'être congédiés, est prête à investir pour ce concept. Elle qui avait décelé son talent «  sous l'ongle du petit doigt », vu le spécialiste du curry à l'oeuvre.
Vont-ils réussir dans leur challenge de repas à domicile sous le label : «  Love food », alors que la crise économique se profile ( en 2008) ?
Le Love Menu dont Maravan a le secret se révèle aphrodisiaque au point de faire tomber les deux convives dans les bras l'un de l'autre même si le partenaire n'est pas de la même orientation sexuelle. Expérience vécue par Andrea, lesbienne. Puis testée par Esther, sexologue qui , convaincue, leur adresse des couples désireux de stimuler leur libido , d'éveiller le désir, d' « imprimer un nouvel élan à leur relation ».
La nourriture comme lien, prélude à l'amour, aux vagues de plaisir.
L'allusion d'Esther, quant à la connotation sexuelle de son bouquet d'arums blancs convoque les photographies de fleurs de Robert Mapplethorpe d'une étonnante puissance érotique.
Leur entreprise connaît des hauts et des bas, comptant sur le bouche- à- oreille. Opiniâtres, ils se lancent des défis. Parmi leur clientèle, une galerie de personnages haut placés, d'autres aux activités suspectes, tous cherchant la discrétion. Suspense.
L'écrivain ausculte la relation complexe du trio : Maravan /Andrea/ Sandana, aborde l'homosexualité ( Andrea/ Makeda) et les liaisons extra-conjugales. Mais lève aussi le voile sur le mariage arrangé par les parents dans la culture hindoue, ce que Sandana, rebelle, refuse. Il dénonce la hiérarchie, le despotisme du chef et son machisme dont Andrea et Maravan ont été victimes.

Martin Suter a l'art de créer un décor envoûtant, exotique, émaillé de termes hindous, nous initiant à tous les rites ( «  puja, méditation », « pottu » sur le front), aux nombreuses fêtes. Il soulève la question de l'exil, de l'intégration. Pas facile pour Maravan de s'adonner à ses prières chez lui, «  à la lueur de la dîpam ». le choc des cultures, le contraste des tenues : «  punjabi », «  sarong », « sari », «  tibeb brodé ».
La diaspora tamoule, installée en Suisse perpétue les traditions, ce qui donne l'occasion à Maravan de fournir des pâtisseries, confiseries ou «  le pachadi aux fleurs de nîm ».
Et l'auteur de faire saliver le lecteur à l'évocation des mets concoctés par Maravan, «  gourou de la cuisine érotique » : «  mothagam, chappatis, arlettes, espumas injeras..».
Une vraie jouissance en bouche. Délicieusement fondant.

Qu'il décrive les intérieurs, le travail de Maravan en cuisine, la tenue vestimentaire ou le physique des personnages, il ne lésine pas sur les détails les plus infimes.

L'argent, nerf de la guerre, sorte de fil rouge. Deux classes sociales se côtoient, d'un côté celle capable de s'offrir des restaurants réputés, celle qui vit dans des «  penthouses gigantesque », et de l'autre cette communauté tamoule, entassée dans des immeubles gris.( banlieue)
L'argent qui permet de se procurer « un rotovapeur », ustensile magique et indispensable pour Maravan. Mais aussi l'argent pour soutenir la lutte des LTTE, que deux Tamouls réussissent, sous la pression, à extorquer à Maravan (3).
En parallèle l'auteur radiographie la situation des banques, pointant l'évasion fiscale et les affaires occultes comme les exportations d'armes. Avec les fréquents allers -retours entre la Suisse et le Sri Lanka, il démontre l'horreur, la sauvagerie de la guerre et dépeint des scènes touchantes entre Maravan et sa soeur, tous deux en pleurs, à l'annonce des drames.
Tout en campant le récit en territoire helvète, véritable melting pot, les termes anglais sont de mise : « joint venture, outfit, catering , «  business-plan », «  fifty-fifty », «  I absolutely worship you», «  hoppers », «  cheers ».

En toile de fond, le récit qui court de 2008 à avril 2009 embrasse la crise économique, les soubresauts d'un monde violent avec le conflit des Tamouls au Sri Lanka (guerre civile), la coupe d'Europe de football ( dont la Suisse avait été éliminée), la campagne des élections américaines et la victoire d'Obama. Cette vaste fresque du monde suscite l'admiration de Serge Joncour, car même si tout romancier caresse un projet ambitieux, «  bien peu y arrivent », fait-il remarquer.

Ce qui fait l'originalité et « la richesse de ce roman-monde », comme le souligne Serge Joncour dans sa préface, c'est qu'il combine plusieurs genres à la fois « roman social, visionnaire, satire géopolitique et même thriller ». Martin Suter signe un roman dépaysant, exquis, quelque peu sulfureux, débordant de sensualité ( cf la couverture), aux multiples senteurs ( santal), arômes et saveurs ( cannelle), qui a «  le goût de la vie : amer, sucré, acide, frais et épicé ». Il met en exergue l'art de cuisiner, synonyme, pour le virtuose Maravan, de «  métamorphoser ».
Un récit qui ne manque pas de piment !
«  La cerise sur le gâteau » ajoute Serge Joncour (4), ce sont les recettes offertes en annexe «  qu'il n'est pas interdit d'essayer » !


(1) Revue Décapage 55, automne hiver 2016 – Flammarion
(2) Nagori de Ryoko Sekiguichi – P.O.L
(3)LTTE : Les Tigres de la libération de l'Eelan tamoul
(4) Dernier roman de Serge Joncour : CHIEN-LOUP, Prix LANDERNEAU 2018, Éditions Flammarion


Version courte
Envie de pimenter vos menus, d’y glisser une pointe d’exotisme et ainsi séduire votre partenaire ?
Suivez le jeune Maravan, réfugié Tamoul, que Martin Suter installe, comme commis, dans l’arrière- cuisine d’un restaurant suisse. Il y croise Andrea une jolie serveuse qui aura le privilège de découvrir le talent de ce cuisinier virtuose. Son savoir-faire hérité d’une grande tante, sa dextérité étonnante, son expérience lui permettent d’exceller dans la cuisine ayurvédique. Une vraie jouissance en bouche que ses mets aphrodisiaques. De quoi saliver. Andréa, sous le charme, devient son soutien quand ils se retrouvent congédiés. Ils se lancent dans les repas à domicile, destinés à des couples désireux de stimuler leur libido. Leur renommée les conduit vers une clientèle variée, huppée mais aussi interlope, d’où un rebondissement. En filigrane, la crise financière de 2008, la guerre civile au Sri Lanka, le trafic d’armes et corruption, les élections américaines, la coupe d’Europe de football, l’homosexualité, les liaisons clandestines, les traditions tamoules.
L’originalité et la richesse de ce « roman monde » comme le souligne Serge Joncour dans la préface est qu’il est à la fois » social, visionnaire, satire géopolitique et même thriller ».
Et « cerise sur le gâteau , Maravan, « gourou de la cuisine érotique », vous livre une série de recettes dont le Love Menu, « qu’il n’est pas interdit d’essayer », précise Serge Joncour ! (1)
Lecture gourmande, dépaysante, aux multiples senteurs et saveurs, saupoudrée de suspense.
(1) Dernier roman paru : ChIEN-LOUP, Flammarion
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Le cuisinier n'est pas un roman social, ni un roman gastronomique, ni un roman noir. Il est tout cela à la fois (plus ou moins bien dosé) et c'est ce qui fait son originalité.

Martin Suter nous emmène dans les arrière-cuisines de milieux qu'on connaît mal, dans un pays où le monde des affaires est omniprésent.

Maravan, un clandestin tamoul réfugié en Suisse, travaille dans les cuisines d'un grand restaurant renommé. Doté d'un grand talent qu'il tient de son expérience de cuisinier ayurvédique acquise dans son pays (notamment auprès de sa grand-tante, Naguey), il devient vite un très bon élément. Désireux de retrouver les saveurs de son pays, de son enfance, il tente chez lui des expériences de cuisine moléculaire étonnantes qui mêlent traditions et nouvelle cuisine. Renvoyé sèchement de son poste de commis pour avoir emprunté un ustensile spécifique, il se retrouve dans une situation très délicate et craint d'être obligé de retourner au Sri Lanka, alors en proie à une guerre civile. Mais sa maîtrise de cette nouvelle cuisine associée à son talent vont lui permettre de saisir une toute autre chance. Avec l'aide d' Andréa, la jolie serveuse du restaurant où il travaillait, impossible à séduire mais ambitieuse et prête à l'aider, Maravan va mettre au point un concept novateur de cuisine aphrodisiaque livrée à domicile, le Love Food, associant l'originalité de la cuisine moléculaire et les vertus ancestrales de l'Ayurvéda. Lui et son associé Andréa vont être rapidement victimes de leur succès auprès des couples en mal de passion. Les bénéfices s'accumulent et le bouche à oreille aide à remplir le carnet de commandes.

C'est à ce moment que le roman prend un tournant décisif, et que Martin Suter nous plonge astucieusement dans une autre ambiance. Car Maravan se rendra compte que grâce à l'un de ses repas s'est conclu un accord entre des hommes d'affaires suisses et des trafiquants d'armes qui alimentent la guérilla dans son pays. Pris au piége d'une machination infernale, il ne peut supporter d'être l'auxilliaire des massacres perpétrés parmi les siens. Mais la décision d'arrêter ce commerce culinaire fructueux est difficile à prendre au regard de sa situation. Et la note pourrait bien être salée…

L'auteur réussit à nous embarquer dans une histoire à la fois fantaisiste et plausible, entre chronique sociale et histoires d'amour. le roman gagne son rythme grâce à un revirement de situation surprenant, très plaisant.


Cet écrivain a du talent pour l'observation juste, les dialogues enlevés, les personnages impeccablement dessinés. Entre sa pure passion de poète des saveurs et son besoin de survivre, Maravan illustre à la fois une culture déracinée, la nostalgie de l'exil se grisant du pur «parfum de l'enfance», et la réalité quotidienne suisse si froide ; son portrait est très convaincant et émouvant.

Dans le soin qu'il apporte à la construction Suter inclut une investigation précise, sur les milieux qu'il explore ou les aspects techniques et scientifiques des thèmes qu'il traite, tels la cuisine ayurvédique ou la situation politique au Sri Lanka.

Au final, cela nous donne un conte moral agréable à lire, bien construit : un bon roman à savourer en attendant l'été... touchant ! Mais j'avoue que la fin m'a laissé sur ma faim. La résolution de l'intrigue manque de finesse. L'écriture de Martin Suter est peut-être meilleure dans la fable qu'en prise directe avec la réalité. Appliquée, elle séduit tout d'abord et crée une tension, qui hélas retombe ensuite comme un soufflé.


J'ai cependant eu constamment les papilles en éveil en suivant les péripéties de Maravan. Plusieurs de ses recettes sont reproduites en fin d'ouvrage. Mais même si elles ont été revues (et révisées à la baisse) par un chef connu, la virtuosité qu'elles réclament est néanmoins bien réelle. Si vous voulez jouer les maestro culinaires déguisés en Tamoul dans votre cuisine, il va falloir vous équiper. Sans parler des ustensiles indispensables à la réalisation des «espumas» les plus nuageuses, il vous faudra aussi un «rotovapeur», instrument de distillation fort onéreux, dont l'acquisition par Maravan entraîne d'ailleurs dans le roman toutes sortes de drames… Dommage !


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Marvan est un Sri-Lankais installé en Suisse pour fuir la guerre civile qui fait rage dans son pays. C'est un excellent cuisinier qui a appris auprès de sa grand-mère tous les secrets de l'ayurveda et en particulier ceux de la cuisine aphrodisiaque. Comme son statut de réfugié ne lui permet pas de briguer un emploi à hauteur de ses talents , il doit se contenter de jouer les commis dans un restaurant haut de gamme de Zurich. Il y rencontre la belle Andréa dont il tombe amoureux et pour la séduire, l'invite à partager un repas tout à fait particulier.
La jeune femme, stupéfaite du résultat provoqué par cette cuisine, flaire très vite la bonne affaire et propose à Marvan de s'associer afin de créer un service de repas à domicile. Ils ne proposeront qu'un seul menu, celui qui a su si bien mettre en éveil les sens d'Andrea. Et voilà le brave homme embarqué dans une aventure qui l'obligera à renoncer à une partie de sa culture tamoule et de ses principes moraux pour réussir à survivre.
Le roman de Martin Suter n'est pas un roman culinaire ordinaire. En parallèle de l'activité de Marvan et Andréa, se développent celles d'hommes d'affaires dont on ne comprend pas grand chose au début mais qui finissent par prendre sens au fil des pages. Sur fond de racket, de guerre, de trafic d'armes et crise économique mondiale, le cuisinier s'ancre dans une réalité qui lui donne une dimension sociale aussi inattendue que bienvenue.
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Sous toile de fond de crise financière et de récession, Martin Suter nous présente un jeune réfugié tamoul, cuisinier, amateur de cuisine moléculaire, qui a grandi entre les poêles et les épices au Sri-Lanka. Il se laissera embarquer par une collègue dans la commercialisation des repas à effet aphrodisiaques destinés à des grandes personnalités de la finance.

Aux descriptions détaillées sur la culture tamoule et des recettes enivrantes, se mélangera l'actualité de la guerre civile au Sri-Lanka.
Le personnage va se perdre dans un dilemme entre la fidélité qu'il voue à sa communauté ethnique et son rêve de consécration et de réussite.

Plume sensible d'un auteur du petit pays alpin! Jolie découverte!

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Depuis Small World, son tout premier roman, le succès ne quitte plus Martin Suter, non seulement dans sa Suisse natale, mais un peu partout dans le monde. Ses livres ne sont pas à proprement parler des polars mais contiennent tous un élément criminel qui sert de révélateur ou de catalyseur à une intrigue dont le sujet contient des éléments politiques, sociaux et artistiques. On a l'impression que l'alchimiste Suter concocte dans sa tête un certain nombre d'ingrédients, qui, une fois dosés et assemblés, se dissolvent en un roman ficelé de main de maître. Bien entendu, l'alliage est plus ou moins convaincant, et s'il peut donner de petits chefs d'oeuvre (La face cachée de la lune), il peut aussi s'avérer indigeste (Le dernier des Weynfeldt). La dernière création en date du maître queux zurichois s'intitule le cuisinier et mérite de figurer parmi ses plus belles réussites. Suter y donne une image de la Suisse peu reluisante, xénophobe et ultra conservatrice, dont la douce neutralité cache malversations financières, trafic d'armes, prostitution de haut vol, entre autres joyeusetés. Ceci est la toile de fond d'un roman où le personnage principal est un émigré tamoul, véritable génie de la cuisine moléculaire et ayurvédique, entraîné, à son corps défendant, à confectionner des "Love menus" à une clientèle haut de gamme et douteuse, sur le plan éthique. Comment Martin Suter arrive t-il à concilier guerre civile au Sri Lanka et cuisine aphrodisiaque ? C'est tout l'art d'un écrivain qui, dans les dix dernières pages du livre, rassemble tous les éléments du puzzle qu'il a longuement mis en place, avec un sens du détail prodigieux, pour délivrer une conclusion limpide et mortelle. Imparable !
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