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sur 148 notes
Une bière, une fenêtre. Je plante le décor. Pas beaucoup plus. de cette bière, je perçois sa fraicheur, son intimité, son amertume. de par la fenêtre, je vois mon coin de rue, un paysage inchangé depuis des années. Amertume aussi d'un regard vide sur ce bout de bitume et le jardin du voisin, vieux grincheux et aigri. Je pense à cette année écoulée. Cette femme qui s'est fait assassinée juste en bas, ma femme !

Je ne cesse de repenser à ce jour où je m'attelais en cuisine, des spaghettis à la bolognaise, herbes fraiches et senteurs méditerranéennes. Je l'attendais. Elle était en retard. J'étais en colère. Elle a sonné, je n'ai pas répondu de suite. Elle a sonné de nouveau, je lui ai ouvert tranquillement, sans faire plus attention, sans même prendre le temps d'écouter l'interphone. On a sonné encore. Je suis descendu. On m'annonce que ma femme vient d'être descendue, juste au portail. J'étais sonné.

Depuis…

Depuis, je ressens cette douleur lancinante qui m'étreint toutes les nuits.

Depuis, je me sens perdu dans ce monde, et je repense à cette soirée, debout nu à la fenêtre. Il y a un truc qui cloche, dans ce décor. Je n'arrive pas encore à le définir, mais…

[...]
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Le début de ce roman est très séduisant : Peter Taler est inconsolable depuis le meurtre (inexpliqué) de sa femme, Laura, assassinée en bas de leur immeuble alors qu'elle sonnait pour entrer, un an avant le début de l'histoire. Depuis un an, il maintient certains rituels lui rappelant la présence de la défunte, et passe ses soirées à scruter le panorama depuis son salon, avec l'impression que « quelque chose n'était pas pareil, mais il ne savait pas quoi ». Jusqu'au jour où il se rend compte que son voisin d'en face déplante certains de ses massifs pour en replanter d'identiques, mais plus jeunes. Quand ce même voisin lui envoie par la poste des photos de son immeuble datant du jour de la mort de sa femme, il traverse pour sonner chez lui, et va découvrir le projet fou de cet homme : prendre le temps de court.

Donc si ce début, baignant dans une ambiance hitchcockienne m'a bien accrochée, la suite, entre polar et roman fantastique, m'a plutôt déçue, même si ça se lit. le retournement ne fut pas, pour ma part, insoupçonné, et l'intrigue traîne en longueur. J'ai décroché. Et pourtant, c'était tellement prometteur…
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Oublions la parenthèse des Allmen, exercice divertissant mais anodin. Avec le temps, le temps, Martin Suter revient à son genre de prédilection que, faute de mieux, on appellera le thriller métaphysique. En gros, il s'agit ici de faire la nique au temps qui passe, qui n'est qu'un leurre puisqu'il n'existe pas (le temps). Oui, bon, l'écrivain suisse explique tout cela bien mieux et en plus, il prend tout son ... temps. L'idée est de reconstituer, à l'arbuste et au pied de lampe près, l'environnement d'une journée de 1991, quand les épouses des deux héros du livre étaient encore vivantes. Comme souvent chez Suter, l'intrigue du livre est une implacable mécanique de précision au service d'un concept qui frise ici l'abstraction. Entre analepses et mise en place minutieuse d'une stratégie pour retrouver le passé, l'auteur nous noie parfois sous les détails les plus prosaïques même si l'humour vient de temps à autre faire diversion. Sous le couvert du thriller nimbé de fantastique, le vrai thème est pourtant celui du refus du deuil qui donne une tonalité très grise et triste au roman. Son dénouement est particulièrement déconcertant, une pirouette qui discrédite pratiquement tout ce qui a été écrit les 300 pages précédentes. Evidemment que cela doit amuser Suter d'auto-détruire in fine son roman mais c'est c'est diablement frustrant.
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Laura, l'épouse de Peter Taler, a été assassinée devant la porte de son logis, il y a un an. Depuis, Peter traîne sa peine, refait inlassablement les mêmes repas, met le couvert pour deux et allume des Marlboro Gold qu'il laisse se consumer en souvenir de celle qu'il aimait. La police n'a aucun indice sur le meurtrier mais Peter ne désespère pas : il passe de longues heures à la fenêtre pour essayer de voir ce qu'il n'avait pas vu ce soir-là et, en effet, "quelque chose n'était pas pareil"... Il s'aperçoit ainsi de menues modifications dans le paysage qu'il observe de sa fenêtre et finit par comprendre que ces changements sont l'oeuvre de son voisin, un octogénaire du nom de Knupp. Les deux hommes, tous deux veufs, vont se rapprocher et Taler va finit par adhérer au projet pour le moins extravagant du premier : recréer l'environnement de la journée qui a précédé le décès de Martha Knupp afin de changer le cours du le temps.
Mon avis sur ce livre est plutôt mitigé : j'ai aimé le prétexte (faire revivre celle disparue trop tôt) et la réflexion sur la culpabilité et le temps mais j'ai trouvé beaucoup de longueurs. Les descriptions sur les travaux entrepris pour que tout soit semblable à l'année 1991 m'ont paru un peu fastidieuses. J'ai lu en diagonale les 20 dernières pages (ça, c'est pas très bon signe) pour arriver au dénouement - qui m'a laissée un peu circonspecte pour tout dire. Pas vraiment emballée par cette première rencontre avec Martin Suter donc.
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Martin, Martin. Mon cher Martin. On peut se tutoyer? Bien sûr qu'on peut, j'ai un peu l'impression de te connaître à force de lire ce que tu écris. Martin, il faut que je te le dise, tu m'as fait peur. Ta série des Allmen, là, c'était un peu flippant. C'était sympa, hein, pas de doute là-dessus, mais bon ça cassait pas trois pattes à un canard, même borgne. Je commençais même à me dire que tu t'étais empâté, là, dans ton île sous le soleil (ouais, je suis jalouse, comme tout le monde, non?). Mais en fait non, petit canaillou. Tu te planquais pour écrire le Temps, le temps où je t'ai enfin retrouvé et où j'ai aussi retrouvé le plaisir de ton écriture et de tes histoires sévèrement burnées.

Franchement, je ne sais pas trop d'où a pu venir cette histoire, ou plutôt je vois trop bien d'où c'est venu et ça fait que ça me parle infiniment. Je fais partie de ces gens qui regrettent souvent qu'on ne puisse pas revenir en arrière pour changer un détail, un petit quelque chose, pour revivre une journée délicieuse. J'aime que les choses avancent vite et en même temps je souhaite souvent que tout ralentisse.

Là, pour le coup, le héros et son voisin, les deux zozos de l'histoire, ben ils le font. Faut du courage! Ils le font et j'ai été complètement accro à cette histoire, j'ai bouquiné avec ardeur en cherchant à la fois à connaître le fin mot de l'histoire et aussi… ben à ralentir, parce que je ne voulais pas terminer le roman. Je vous l'dis, c'est pas logique tout ça. Mais voilà, ils sont à la fois attachants et pas, mignons et pas. Leur projet finit… ben finit par se tenir, en fait! Et on commence à frémir à l'idée que ça puisse ne pas fonctionner, ou alors que leur reconstitution ne soit pas assez minutieuse. Ah, oui, parce que je ne vous ai pas dit, leur but c'est de reconstituer un pâté de maison exactement comme il l'était vingt et un ans auparavant pour revivre cette journée et changer les décisions qui y ont été prises. Un poil chtarbe, oui. Et ils passent des mois à refaire les mêmes plis sur la housse de couette, à comparer des photos…

On s'y attache, à ces deux fous. On n'a pas envie de les quitter. Je vous conseille de les rencontrer vite!
Lien : http://www.readingintherain...
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Il y a un an Peter Taler a pris un peu trop de temps pour aller ouvrir la porte à Laura. Juste un peu trop. Juste assez pour la retrouver abattue d'une balle en plein coeur à la porte de l'immeuble. Depuis, le temps lui semble vide, insignifiant, arrêté. Depuis un an, les rituels et le refus de tout changement (le bureau atelier de Laura, graphiste, est resté exactement dans le même état) se sont imposé. L'enquête de la police n'a rien donné.

De l'autre côté de la rue, il y a Knupp. Un vieil homme qui a aussi perdu sa compagne, il y a a bien plus longtemps. Knupp refuse aussi la perte et le temps qui passe. Il considère d'ailleurs que le temps n'existe pas. Ce qui existe ce sont les modifications. Il suffirait d'annuler les modifications pour annuler le temps. le grand projet de Knupp est d'annuler toute les modification de son environnement et de tout remettre en l'état, tel que cela était du vivant de sa femme, 20 années plus tôt. Tout : les arbres et les plantes, les salissures des murs, les voitures garées ce jour-là dans la rue... Tout d'abord sceptique, Taler se laisse embarquer dans ce projet fou qui petit à petit devient de plus en plus pointilleux, ambitieux et presque moins fou. Il faut dire que Knupp qui a fait des milliers et de milliers de photos de la rue au fil des ans a peut-être des images qui permettrait de résoudre l'énigme de la mort de Laura... Jusqu'au jour où tout, absolument tout dans la rue est exactement comme 20 ans plus tôt, au brin d'herbe près...

L'éditeur fait référence à Hitchcock en présentant "le temps, le temps". C'est vrai qu'il y a quelque chose de Fenêtre sur cour au début du récit où chaque petit détail devient un indice. La précision obsessionnelle de la mécanique à remonter ou nier le temps peut aussi rappeler le scénario labyrinthique de Vertigo. La chute du roman sera toute aussi surprenante et déroutante, pour les personnages comme pour le lecteur.

Une écriture précise qui nous embarque dans un projet fou et fascinant, qui nous fait à nous aussi, lecteur, oublier le temps. le récit ne semblerait pas donner lieu à suspense, on ne bondit pas d'une péripétie à une autre, mais on est malgré soi entraîné jusqu'au dénouement inattendu sans voir passer le temps. Ni roman noir, ni "whodunit", ni littérature fantastique, ni roman d'une folie... et tout cela à la fois.

Le temps que j'ai pu prendre à lire "le temps, le temps" a tellement filé qu'il n'a pas été perdu. Mais ce temps là existe-t-il vraiment?...
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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Qui ne s'est jamais dit : « je voudrais que tout soit comme avant. »

Avant quoi ? Avant un drame, une séparation, le passage des jours.

L'écrivain suisse de langue allemande Martin Suter a développé dans « le temps, le temps » cette idée mélancolique jusqu'au vertige.

Il en résulte un roman troublant, écrit sans fioritures, de façon linéaire et classique, mais d'autant plus efficace à cause de cette économie de moyens.

Dans la banlieue de Zurich, une zone de pavillons et de petits immeubles locatifs. Chacun est au courant des habitudes de ses voisins. Un espionnage mi-bienveillant, mi-hostile.

L'épouse du comptable Peter Taler, Laura, a pourtant été assassinée devant sa porte. le meurtrier n'a pas été retrouvé et Peter ne survit à son chagrin qu'en respectant des rituels quotidiens qui lui donnent l'illusion d'une certaine permanence : ne pas bouger les objets de Laura, cuire tous les soirs les mêmes spagettis al pomodoro, passer de longues heures à sa fenêtre.

Un soir, il remarque que quelque chose a changé. Il ne sait quoi. Il s'aperçoit aussi que son voisin d'en face, Albert Knupp, un vieil homme, l'observe. Et aussi que ce retraité s'active continuellement dans son jardin.

Après une période de méfiance réciproque, les deux hommes finissent par se rencontrer. Knupp, veuf lui aussi, souffre tellement de la mort de sa femme qu'il a développé une théorie sur le temps.

Le temps ne passe pas, le temps n'existe pas. Ce qui donne l'impression de l'avancée du temps, ce sont les modifications : les arbres qui poussent, les cheveux qui blanchissent, les voisins qui repeignent leur maison.
Par conséquent, si l'on empêche les modifications, le temps s'arrête… Si l'on supprime les modifications, on peut revenir à un espace où les deux épouses seraient vivantes…

Les deux hommes vont alors s'embarquer mutuellement dans une entreprise délirante. Photographier, faire des plans, cartographier, remplacer les arbres, les plantes, retrouver des voitures anciennes, s'injecter du botox.

Une folie. Folie humaine. Folie financière.

Parallèlement, Peter Taler enquête sur la mort de sa femme à l'aide des photos de Knupp.

Le roman peut être lu de diverses manières : comme un témoignage sociologique et obsessionnel de précision sur un quartier de banlieue (suisse … ), comme un thriller policier, comme une démonstration philosophique sur la relativité du temps, mais surtout comme une manière pour l'auteur de mettre des mots, ses mots, sur cette constatation tragique que « le temps est assassin. »

Sachant que Martin Suter a perdu son petit garçon de trois ans, on
comprend que cette tentation de tuer le temps a pour lui un sens particulièrement tragique. Que chacun partage, parce que les modifications souvent nous détruisent au point de vouloir rétablir le passé.
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Après les lénifiants Allmen, c'est un plaisir de retrouver un roman Martin Sutter avec une ligne narrative méticuleuse.
Et, sans être emballé, j'ai apprécié le cheminement obsessionnel de ces deux personnages et cette idée de non temporalité et de superposition.
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Un très bon roman. Une histoire un peu déroutante où l'on se demande si c'est du policier ou autre chose. Mais non c'est une histoire fantastique dans tous les sens du mot. Nous suivons les "aventures" du héros en se demandant où tout cela va bien pouvoir le mener ??? et la fin est inatendue
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Ce que doit être un roman, une excellente histoire, bien menée et originale. Suter est un maître.
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