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Critique de Nicoleta_


C'est la polyphonie des témoignages qui donne la force de ce livre poignant, polyphonie qui parfois se traduit par une cacophonie des visions de vie; des étrangers du même pays. Rêveur, obstiné, mystique, optimiste, résigné, désesperé, haineux, révolté...tels sont les mots qui pourraient décrire cette espèce du xxème siècle - homo (post)sovieticus. Un pays éclaté, plusieurs époques et encore plusieurs perspectives... Des incompréhensions non seulement entre les générations, mais aussi entre les gens d'une même époque...
Comme un protagonist l'a bien résumé : tout le monde voulait parler, les gens en avaient besoin, mais ils ne prennaient plus le temps de s'écouter...

La fin précipitée de l'homme rouge qui refusait de mourir et qui ne pouvait pas être autrement annihilé qu'en faisant recours à la suppression du soi. Dernier geste de sacrifice, cri d'une détresse sans fin, anticipation de la sélection capitalisto-darwinienne? le suicide semble omniprésent...avec Soljenitsyne, c'est un des sujets récurrents des témoignages. Admirer le courage d'avoir affronté le Goulag, mais se montrer incapable de vivre dans un quotidien sans un idéal grandiose. Ce n'est pas qu'un mur qui s'est écroulé, un pays dissous et une idéologie enterrée, mais un tourbillon de violence et folie qui s'est déclenché, en poussant sur les cimes du désespoir des gens condamnés au silence par un monde trop occupé et pressé pour vivre. Pleinement et intensément. Car vivre ce n'est plus se sacrifier, mais profiter : des opportunités, comme des gens. Dans le chaos post-soviétique, tout devient une marchandise.

Il faut du courage pour partager de telles émotions, encore plus pour aller les chercher et les écouter jusqu'à la fin. Merci Svetlana pour ta force émotionnelle; c'est grâce à toi que ces voix ne se sont pas éteintes entre les murs de leurs cuisines...
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