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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est son chef-d'oeuvre "La conscience de Zeno" que je voulais lire au premier, mais le hasard m'a mené à celui-ci. Et à dire vrai, je n'étais pas déçu.

Le tout peut paraître assez maigre: quatre personnages importants, deux histoires d'amour et de souffrance. Or Svevo a touché l'universel avec l'histoire individuelle de son anti-héros Emilio.

Un trentenaire indécis, voire aboulique, sans gloire, à la vie modeste et médiocre, tombe amoureux d'une jeune fille infidèle et insatiable, tandis que sa soeur, une vieille fille, s'éprend secrètement de son ami indifférent et séducteur (mais bon). Emilio connait son malheur, il l'analyse, mais ne peut changer d'attitude, ni prendre de décision sérieuse pour son bien et le bien de sa soeur au sort douloureux.

Un roman plein d'amertume sur la solitude, la jalousie, la peur de vieillir, d'être oublié, de ne pas être aimé.. Svevo est un artiste dans la peinture des sentiments.

Je terminerai par cette phrase de Valéry Larbaud:

"Ce qui est fascinant chez Svevo, c'est l'infatigable enquête sur eux-mêmes que poursuivent ses héros sans jamais cesser d'observer autour d'eux, sans jamais cesser d'agir."
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Emilio et Amalia sont frères et soeur. Tous deux vivent à Trieste. le frère s'amourache d'une femme aspirant à une sérieuse ascension sociale, Angiolina. La soeur, qui doit penser à un parti convenable tombe elle aussi amoureuse d'un camarade de son frère, Balli, alors que cette sénilité lancinante semblait s'emparer d'elle autant que son frangin. Mais l'illusion et la réalité ne peuvent en aucun cas s'accorder et cet amour désespéré pour Balli la conduit au suicide à l'éther ( pas glamour...)
De son côté, Emilio plonge de jour en jour dans une solitude des plus sombres, ajoutant à cela l'attitude d'Angiolina qui le répugne. le personnage "svevien" focalisé sur le monologue intérieur est évidemment présent, associé au jugement du narrateur qui y laisse son point de vue sur la situation. Sénilité ou comment vieillir avant de vraiment vivre!
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Svevo, cet auteur classique à présent, a écrit très peu de romans et a même cru très longtemps, après l'échec cuisant de "Senilità", publié quand il avait 37 ans, qu'il ne serait jamais qu'un écrivain raté, ce qui serait advenu si James Joyce, son professeur d'anglais à Trieste, ne lui avait manifesté son soutien et son admiration et ne l'avait incité à écrire plus tard son chef d'oeuvre, "La conscience de Zénon."
Et pourtant quelle maîtrise dans ce court roman aux phrases rédigées avec l'élégance et le raffinement d'un style qui épouse au mieux les hésitations et les inflexions de l'âme aux prises avec des doutes et des incertitudes permanentes !

Les personnages sont peu nombreux, Emilio Brentani, un modeste employé de bureau, au centre du récit, sa soeur Amalia, disgracieuse et effacée, son ami le sculpteur Stefano Balli, qui servira de confident, et surtout la femme dont Brentani est amoureux, la coquette et infidèle Angiolina, surnommée bien à tort "Ange".
Emilio, sensible, porté à l'introspection et surtout dépourvu de volonté et d'esprit de décision, suivant les impulsions du moment dont il se repent ensuite trop tard, prisonnier du sentiment qui le domine, qu'il s'agisse d'amour, de colère ou d'une forme de lâcheté, cherche constamment à justifier à ses yeux ses propres inconséquences... Devant le comportement peu fiable d'une Angiolina charmante mais encline au mensonge et aux caprices, il ne cesse de s'auto-morigéner, de prendre des résolutions définitives, de chercher à rompre avec elle, mais ne parvient pas à respecter ses propres décisions. Jouet de l'amour, de la jalousie qui le ravage au moindre soupçon (très souvent justifié !), il aspire à la douceur, à la tendresse, se forge une image idéale de cette femme qu'il méprise intellectuellement et qui l'attire sentimentalement. Dans cette mauvaise conscience permanente, qui sera aggravée par le sort tragique de sa soeur, on perçoit déjà les germes de la "conscience" de Zénon... En observateur impitoyable, Emilio analyse continuellement ses sentiments et leurs motivations, mais cette lucidité ne l'empêche pas d'agir à l'encontre de ses propres jugements... Perspicacité de l'esprit, faiblesse de la volonté, le lecteur retrouvera cette même dualité dans le reste de l'oeuvre de Svevo, où elle mènera même à l'humour le plus déroutant.

On comprend certes le désaveu des contemporains de Svevo car il ne se passe presque rien dans le roman, et l'intrigue, s'il y en a une, ne suit pas de progression visible, au fil des contradictions du héros et de ses allers-retours entre détachement affecté et passion réelle. Seule la dramatique péripétie de la maladie d'Amalia, qui clôt le livre et où la douleur du deuil supplantera la fascination amoureuse, vient apporter une alternative à l'analyse psychologique du reste du récit.

Toutefois la finesse de l'analyse des sentiments, la peinture de la passion et de son irrationalité, l'obsession de la jalousie, font irrésistiblement penser à Proust et à "Un amour de Swann", publié quinze ans plus tard. Certes les deux écrivains différent beaucoup et par leur style et par leur propos, mais que de points communs entre Odette et Angiolina, adorables, mais si peu fiables, et qu'on pourrait si aisément mépriser...! Que de tourments causés dans les deux oeuvres par une jalousie ravageuse !
Plus que d'une filiation littéraire, on pourrait parler d'une convergence, qui a valu parfois à Svevo le titre de Proust italien, à tort ou à raison.

Alors pourquoi lire "Senilità" ? Eh bien parce que la subtilité des analyses et le raffinement de l'écriture y transforment la lecture en un régal permanent !
Lu en V.O,
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SENILITÀ de ITALO SVEVO
Second roman de Svevo après Une Vie.
Emilio Brentani vit à Trieste avec sa soeur Amalia. Il a écrit un roman, il a sa petite notoriété et occupe un emploi de bureau. Il va tomber amoureux d' Angiolina, une jolie fille un peu légère tandis que sa soeur s'éprend d'un de ses amis. Comme dans son premier roman, tout l'intérêt de cette lecture réside dans l'analyse des sentiments. Emilio scanne tout dans sa tête et devient indécis pour les actions. C'est un remarquable observateur, plutôt lucide mais incapable de toute volonté.
Ce roman a failli être le dernier de Svevo, il a eu très peu de succès. C'est Joyce en le lisant 20 ans plus tard, alors qu'il lui apprenait l'anglais à Trieste, qui poussera Svevo à écrire ce qui est considéré comme son chef d'oeuvre, La Conscience de Zeno. A suivre...
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