Malgré la mauvaise presse ceux qui forment des
black blocs à travers le monde affirment utiliser la violence sans l'aimer. Elle est un moyen de défense contre la répression policière, mais jamais une fin en soi. Et ce phénomène à proprement parler historique n'est pas dénué de stratégie, n'en déplaise aux médias mainstream ou aux politiques populistes et autoritaires qui tentent de le diaboliser. Car former un
black bloc est une tactique, une formation presque militaire qui a vocation à uniformiser et protéger les participants tout en s'imposant visuellement.
Ce processus ne peut donc en aucun cas se réduire aux individus qui le composent, il est une entité collective, le fruit d'un effet de groupe ponctuel : on ne peut donc pas parler d'une personne "
black bloc". Pour donner un exemple un individu ne peut être qualifié de queuleuleu ou de farandole, mais plusieurs personnes, différentes, peuvent en composer une... Y a bien que Renaud qui pouvait incarner une bande de jeunes à lui tout seul mais bon on peut pas dire que ça lui aura réussi ! le
black bloc est donc bien une forme d'action collective, militante, éphémère, fluctuante, dont l'objectif est d'empêcher l'identification ou l'interpellation de ses membres tout en manifestant une opposition.
Ainsi l'amalgame récurrent et perfide entre activistes et casseurs, voire terroristes est non seulement une hérésie mais aussi et surtout un moyen de manipuler l'opinion publique en dévalorisant les actions et les manifestations légitimes. Nous avons pu en avoir l'exemple au moment des affrontements de Sainte-Soline, alors même que les forces de l'ordre déployaient une violence disproportionnée l'on nous présentait les militants comme des "eco-terroristes", afin de justifier le traitement qui leur était fait.
Manifestation d'une nouvelle dynamique militante, une première version du terme apparait dès les années 80 en Allemagne, dans le cadre des luttes antifascistes menées par le mouvement autonome. Directement issue des formes d'actions directes défensives, cette tactique se voit perfectionnée par les militants locaux, avant de gagner 10 ans plus tard l'Amérique du nord. Adaptée aux luttes anarchistes et anticapitaliste, la fameuse "bataille de Seattle", en 1999, met le phénomène sous les feux de projecteurs. Un essai nécessaire pour mieux comprendre les enjeux et l'histoire de cette stratégie toujours d'actualité.