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Critique de Arakasi


Y-a-t-il un sort plus affligeant que celui des vieux tireurs ? Que celui de ceux qui ont manqué le coche, n'ont pas su mourir à temps alors qu'ils étaient au sommet de leur gloire et de leur jeunesse et sont à présent condamnés à traîner leurs vieux os dans un monde qui les redoute et les exècre ? C'est ce sort funeste qu'expérimente John Bernard Books, redoutable tueur avec plus de trente morts à son actif, mais qui, au début du XXe siècle, se retrouve coincé à El Paso, une petite ville de l'Ouest, avec pour seuls biens son cheval, ses revolvers, sa valise et un cancer de la prostate qui le dévore impitoyablement.

Condamné à une mort qu'il sait terriblement douloureuse, Books souhaiterait terminer ses jours en paix et dans l'anonymat, mais c'est sans compter avec la curiosité morbide et l'avidité des habitants de la ville. Rapidement les charognards se rassemblent autour du cadavre en devenir de Books : anciens ennemis ravis de profiter de sa maladie pour régler leurs comptes, petits jeunes avides de gloire, vieilles maitresses décidées à avoir leur part du gâteau et bien d'autres. Rares sont ceux à lui montrer une réelle compassion et encore celle-ci n'est-elle offerte qu'à regret… Pourtant Books refuse d'être dévoré vivant : plutôt que d'être réduit en charpie et de mourir en hurlant dans son lit, il décide de prendre en main sa mort et de tenter un dernier baroud d'honneur pour inscrire définitivement son nom dans la légende de l'Ouest.

Western réaliste, noir et glaçant, "Le Tireur" prend aux tripes dès les première lignes et se dévore avidement en quelques heures. Les thèmes autour de la mort, du meurtre et de la fascination que les hommes éprouvent pour eux, jalonnent le roman. Splendidement écrit, celui-ci nous offre une passionnante série d'études de caractère, pour la plupart peu sympathiques, il faut bien l'admettre. Books arrive, bien entendu, en tête, malgré le fait qu'il n'ait rien d'un angelot. le vieux tueur est dur, froid, arrogant, mais il s'avère impossible de pas éprouver une profonde compassion pour lui : en vérité, comment ne pas prendre en pitié un homme en train de se noyer ? A noter également une dernière séquence absolument sublime de tension et qui, à elle-seule, justifierait la lecture du roman tant elle marque durablement l'esprit. Un très beau moment de lecture.

(Mais, bon sang, pourquoi les meilleurs westerns sont-ils toujours les plus déprimants ?)
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