Édith se moque des conséquences, tant qu'elle accumule le pouvoir. Pour elle, plus les choses tournent mal, plus elle prend de l'importance.
Mourir est bien plus facile à accepter si tu sais que tu laisses un héritage, que tes pairs se rappelleront toujours l'écho de ton nom.
- Je ne sais plus qui je suis, reprit-elle. Je ne suis pas une One, je sais au moins ça. Mais je n'ai pas l'impression non plus d'être une personne normale.
Quand Kai acquiesça, elle s'empressa de poursuivre :
- [...] Plus rien ne m'attend à Shasta. J'avais donc l'impression que tuer Norton était le seul moyen... La seule chose qu'il me restait à accomplir. Et souhaiter la mort d'une personne ne suffit pas à définir une identité. Alors, qu'est-ce que je fais, maintenant ? Où est-ce que je vais ? Qui suis-je ?
C'était une question qu'elle avait déjà dû se poser : comptes-tu vivre pour toi ou pour les autres ?
C'est une insulte que tu me fais de gâcher ta vie si jeune. J'ai tout sacrifié pour toi, j'ai consacré mon existence à t'offrir une chance de réussir. Je n'ai pas fait tout ça pour que tu la gaspilles à dix-sept ans sur un coup de tête, si noble soit-il. Tu as la possibilité de faire beaucoup plus que ça, de changer le monde en profondeur. Et si tu la laisses échapper, si tu repars d'ici pour aller te faire tuer, cela revient à me cracher au visage.
Tu m'as dit que chaque mouvement avait besoin d'extrémistes. Les barjots. Les fous qui veulent voir le monde brûler. Tu m'as dit que tu avais besoin de pions pour faire le sale boulot. Que si des extrémistes existent, il y a par définition des gens plus raisonnables avec lesquels négocier. Les plus civilisés, ceux que l'on peut apprivoiser. Tu m'as dit que lorsqu'un groupe désirait suffisamment quelque chose de la part des personnes au pouvoir, il suffisait qu'une poignée de dingues se mettent à tout cramer. Après quoi, les autres sembleraient bien plus tolérables.
- Vous avez raison, je ne suis pas comme vous, répliqua Cody. Je suis en quête de justice, pas de pouvoir.