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sur 66 notes
Après Terminus, Demain et le jour d'après est le deuxième roman de Tom Sweterlitsch traduit en français, bien qu'écrit avant.
Pittsburgh a été rasée lors d'une explosion nucléaire terroriste, il y a dix ans, « cinq cent mille existences annihilées dans un éclair blanc aveuglant ». John Dominic Blaxton, éditeur de poésie et poète lui-même « Ç'avait toujours été ma véritable passion, publier les poèmes des autres – diriger une collection de poésie. » a perdu dans la catastrophe sa femme Theresa qui devait accoucher prochainement d'une petite fille. Lui-même était en déplacement ce jour-là. Il lui est impossible comme pour tous les survivants d'oublier ce jour fatidique. Il s'est reconverti en enquêteur pour la Cie d'assurances State Farm. Lorsque les familles demandent à être indemnisées pour les proches qu'elles ont perdus, le cabinet lui demande de vérifier que le décès a bien été causé par la bombe.
Pour mener ses enquêtes, il a recours à l'Archive, un super programme virtuel qui permet de suivre la vie des habitants de Pittsburgh jusqu'au terrible instant et de choisir de voir et de revoir tel endroit à tel moment quand on veut. En effet, en réaction à cet attentat, les États-Unis se sont enfoncés dans un réflexe sécuritaire et ont développé la cybernétique, à savoir les implants électroniques que l'homme peut utiliser pour augmenter ses capacités, la place très importante donnée aux réseaux, aux IA et au hacking et c'est ainsi que Dominic comme tout un chacun dans ce monde pas très lointain est équipé d'un neurospam, un implant dans le crâne, connecté au cerveau et à maints réseaux, qui lui augmente vision et capacités et le submerge quasiment en permanence d'infos et de pubs où la violence et le porno sont les maîtres, symboles de la décadence américaine. Et bien sûr, selon le modèle, les performances peuvent varier !
Tom Sweterlitsch inscrit son roman dans un contexte très noir où l'homme a été broyé, déshumanisé par l'émergence brutale d'une technologie à la vitesse d'évolution exponentielle.
Il dépeint une société imaginaire organisée de telle façon qu'il est impossible de lui échapper, dont les dirigeants peuvent déployer une autorité totale sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre.
Dominic, dépressif, se drogue depuis ce terrible choc et ne peut oublier sa femme. Il va sans cesse dans l'Archive, cette mémoire collective, pour la retrouver et retrouver les moments heureux passés ensemble. Il y va également pour ses enquêtes et c'est là qu'il découvre un jour, le corps d'un cadavre de femme qui dépasse de la boue et il va bientôt se retrouver face à des difficultés successives qui devraient l'empêcher de continuer et des gens haut-placés vont se charger de le faire renoncer. Mais cet homme, cette sorte de anti-héros, un être à la marge qui agit quasi comme un funambule poursuit son chemin envers et contre tout et va notamment se battre contre ce pouvoir dépourvu de toute éthique.
C'est pour cela que Demain et le jour d'après se classe à la fois comme thriller et Cyberpunk, classement que j'ai pu définir, grâce à l'excellent Guide des genres et sous-genres de l'imaginaire d'Apophis.
C'est une enquête passionnante et de longue haleine menée de façon virtuelle dans un contexte dystopique, une société gangrenée où violence, atrocités, féminicides sont monnaie courante, que notre protagoniste Dominic tente de débrouiller.
C'est lui, qui par son côté un peu inadapté, poète, un peu fou, d'homme à la marge, qui n'a plus rien à perdre apporte une dimension humaine et cependant tragique à cet ouvrage dans lequel le deuil, l'absence, le ressenti et le poids de la culpabilité des survivants mais aussi les dangers que peuvent présenter les nouvelles technologies entre les mains de dirigeants peu scrupuleux sont particulièrement bien analysés.
J'ai cependant eu du mal à m'immiscer dans cette ambiance grotesque d'images et de sons que j'avais l'impression de recevoir directement sans connaître leur provenance, voulant comme Dominic, m'en débarrasser sans y parvenir.
Difficile tout de même de plonger dans ce monde effrayant et impitoyable pour les femmes surtout, dans lequel je ne voudrais à aucun prix vivre.
Je remercie Albin Michel Imaginaire pour m'avoir permis de découvrir ce genre littéraire.

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États unis, dans un futur pas très lointain : Dominic a perdu sa femme dans l'attentat aux allures de cataclysme qui a rasé la ville de Pittsburgh dix ans plus tôt, quand une bombe nucléaire a tué des centaines de milliers d'habitants de la ville. Il ne s'est jamais remis de cette perte. S'il enquête pour un cabinet privé dans l'Archive, pour le compte des assurances, il en profite aussi pour revivre des moments avec sa défunte épouse dans cette même Archive.

Car l'Archive récolte tous les enregistrements et les garde en mémoire : on peut non seulement y retracer la vie d'une personne, mais la rejoindre et rester de longs instants avec elle, dans ce passé reconstitué par les données. Idéal pour mener des investigations sur des crimes commis. de son côté, Dominic, incapable de faire son deuil, lutte contre son addiction à la drogue et retourne sans cesse dans l'Archive retrouver sa femme. La thématique du souvenir reviendra souvent dans le roman, et le lecteur ne peut que penser qu'il n'est pas sain pour une personne éplorée de « revivre » avec l'être disparu : ces voyages le maintiennent dans le passé et l'empêchent de reprendre le cours de sa vie, malgré l'aide de son psychiatre.

Dominic a découvert dans l'Archive le cadavre d'une jeune femme, tuée avant l'explosion de Pittsburgh, et enquête pour le compte de son employeur. C'est le point de départ d'une succession d'événements qui va transformer le récit en véritable thriller d'anticipation.

Autant vous le dire tout de suite : j'ai kiffé.

L'écriture est très immersive : on vit l'histoire en même temps que le protagoniste (avec une narration réussie au présent et à la première personne du singulier, en « je »), on plonge dans ses pensées et ses sentiments, notamment son attachement à sa femme Theresa ou sa peur quand la tension monte, et les descriptions réalistes font vivre un monde encore proche du nôtre, mais avec une Archive qui forme presque un univers parallèle où le passé ne disparaît pas. Potentiellement, les conséquences d'une Archive sont vertigineuses.

Quelques éléments dystopiques imprègnent le récit : un neurospam greffé dans les cerveaux, qui non seulement permet d'accéder aux Archives, mais aussi vous déverse une quantité effroyable de publicités dès que vous voyez ou pensez quoi que ce soit : une pollution publicitaire dont notre internet actuel nous donne un aperçu. S'y ajoutent des émissions racoleuses diffusant sur les neurospams des vidéos de cadavres ou de scènes de sexe volées, pas si éloignées de ce que nous proposent aujourd'hui les réseaux sociaux.

Comme tout bon thriller ou roman noir qui se respecte, on va croiser des criminels sans merci, des obsédés du sexe violents, des familles puissantes, mais le point fort reste l'univers décrit et ses conséquences sur la psyché humaine, avec une mainmise de la technologie intrusive et une Archive qui ne laisse pas le passé là où il devrait rester : dans nos souvenirs, et pas ailleurs.

À chaque fois, j'ai trouvé l'écriture presque cinématographique. Les droits ont été achetés pour un éventuel film, et j'espère qu'il sera à la hauteur de ce roman.

Un très bon moment de lecture, prenant et sombre, qui m'a donné envie de lire l'autre roman de l'auteur déjà publié en France : Terminus.

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En France, Tom Sweterlitsch avait beaucoup fait parler de lui avec son roman Terminus, pur récit de science-fiction temporelle d'une noirceur glaçante et d'une précision machiavélique.
Aujourd'hui, c'est en remontant le temps que les éditions Albin Michel Imaginaire poursuivent la traduction de l'américain avec Demain et le jour d'après, premier roman de Tom Sweterlitsch dans la langue de Shakespeare et qui annonce déjà nombre des qualités de Terminus.

Achetez, vendez, baisez
Quelque part, tout a déraillé.
Le lecteur pénètre dans Demain et le jour d'après à tâtons, à travers les yeux de John Dominic Blaxton, éditeur de poésie hantée par la mort de sa femme Theresa Marie.
Le 21 octobre d'un futur proche, la ville de Pittsburgh aux États-Unis a été rayée de la carte. Un terroriste musulman a fait sauter une bombe nucléaire en plein milieu de la ville. Les conséquences en ont été terribles.
Et d'une manière bien pire encore que les centaines de milliers de morts causées par l'explosion elle-même.
Car à partir de là, les États-Unis se sont enfoncés dans un réflexe sécuritaire extrême encore renforcé par un capitalisme galopant dopé à la technologie neuronale appelée neurospam.
Connecté à votre cerveau, le neurospam « augmente » votre vision et vos capacités. Augmentant de fait la capacité intrusive de toutes sortes de publicités, applications et autres racolages en ligne que l'on connaît à notre époque. Car même si Demain et le jour d'après ne tourne pas directement autour de cette problématique, c'est bien l'univers de matraquage publicitaire incessant qui frappe au premier abord dans le roman de Tom Sweterlitsch.
John Dominic est sans cesse assailli par toutes sortes de pubs pour des produits, des shows, des pornos, des émissions de télé-réalités de l'extrême, des promos, des taxis… le monde est devenu un véritable paradis du spam.
Pire encore, cette libéralisation directement injectée dans le cerveau des gens s'est accouplée avec une montée galopante de l'extrémisme avec des émissions de télé-réalité toujours plus écoeurantes de violences et de voyeurisme qui filment tantôt les concours de suicides tantôt des sex-tapes de victimes d'homicides.
Les deux mamelles de la décadence américaine sont là : le sexe et la violence.
Il semble presque déplacé, et sacrément ironique, qu'au milieu de cet océan d'ordures surnage le personnage de John Dominic et son amour de la poésie. Comme un contre-poids à l'abjection, Tom Sweterlitsch fait de son personnage principal un éditeur de poésie et un amateur d'art, un gars délicat et sensible jeté dans un monde qui ne fait que lui gicler immondice sur immondice dès qu'il s'aventure à l'extérieur ou qu'il se connecte à la toile.
Dans ce brouhaha incessant, notre héros en perdition travaille pour une firme d'assurances chargée d'enquêter sur les morts de Pittsburgh pour déterminer si oui ou non les indemnités sont légitimes.
C'est ici que John Dominic tombe sur un os.

Reposer en paix
L'os en question, c'est Hannah et son cadavre qui dépasse de la boue au sein de l'Archive.
Pour que les survivants (et les autres) puissent se souvenir de Pittsburgh, s'y balader, s'y retrouver, les autorités ont construit l'Archive, un super-programme virtuel à la Matrix qui émule la ville de Pittsburgh jusqu'à sa terrible fin. John Dominc entretient un rapport complexe avec l'Archive, puisqu'il y passe tout son temps, à la fois pour son métier de consultant-enquêteur mais aussi (et surtout) pour revivre encore et encore les instants de sa vie passée avec sa femme, Theresa Marie.
Hannah, elle, est une des nombreuses victimes de Pittsburgh…enfin presque.
Il semble en effet que sa mort n'ait que peu à voir avec l'explosion de la bombe et que la personne qui l'a affreusement mutilé et tué soit encore en liberté. Pour se détourner de son obsession pour la disparue, et aussi pour se racheter après quelques menus problèmes de drogues, John Dominic reçoit l'aide d'un nouveau thérapeute, Timothy, qui le conduit bientôt à Waverly, riche magnat des nouvelles technologies lui aussi à la recherche d'une autre victime de Pittsburgh : Albion. Demain et le jour d'après va donc nous entraîner dans une enquête qui a tout du thriller technologique mais avec une attache particulière sur un thème particulièrement sensible et difficile : le deuil.
Au-delà des découvertes et des retournements de situation, Tom Sweterlitsch se concentre sur son personnage principal et retrace son calvaire émotionnel.
C'est l'histoire d'un deuil impossible, non seulement parce que John Dominic ne parvient pas à laisser reposer en paix sa défunte femme mais parce que la technologie ne le lui permet pas. L'Archive, prouesse technologique et réalité derrière la réalité, devient un lieu de douleurs infinies, un lieu qui perpétue la souffrance alors qu'elle était censée permettre l'acceptation.
Dans son roman, Tom Sweterlitsch nous parle de ce que ressentent les survivants, du poids de la culpabilité d'être encore là, du remords de n'avoir pas pu effacer certains actes passés. C'est aussi l'occasion de se pencher sur l'influence de la technologie sur nos processus humains, de quelle façon cette technologie augmentique brouille nos perceptions et nos mécanismes de défense, de quelle façon l'équilibre bascule. La frontière entre reviviscence et addiction se floute, les limites entre les réalités s'estompent. Voilà bien un univers que n'aurait pas renié Philip K. Dick.

L'Amérique, en noir
Pour ce premier roman, Tom Sweterlitsch déploie déjà des trésors d'imagination pour ficeler une intrigue policière qui exploite toutes les capacités de son univers science-fictif. On retrouve déjà en germes nombre d'éléments qui feront le succès de Terminus : la technologie avancée qui brouille les cartes, le background noir et sans concession, la violence crue et graphique, le relent christique en décomposition…
Moins complexe que Terminus mais tout aussi passionnant, Demain et le jour d'après offre certainement davantage d'émotions à son lecteur et s'ancre dans le réel d'une façon largement différente.
En filigrane, c'est l'impunité des puissants qui est remis en cause, une impunité qui ne sera qu'à moitié levée dans un final où la Fashion Week permet toujours l'exécution de criminels par une présidente américaine devenue la parfaite synthèse des vices de son pays gangréné par la peur, la souffrance et la violence.
En un sens, Tom Sweterlitsch livre autant un récit sur l'individu et sa capacité à commettre les atrocités les plus terrifiantes qu'une étude sur l'influence de l'environnement sur la production même de ces individus ultra-violents.
Car les meurtres qui jalonnent Demain et le jour d'après ne détonnent pas particulièrement dans l'Amérique imaginée par Tom Sweterlitsch, une Amérique toujours bien hypocrite et qui s'étonne des monstruosités terrées en son sein quand elle lui offrent toutes les possibilités (et les raisons) de croître.

Demain et le jour d'après n'a pas à rougir de son statut de premier roman. Portrait d'une Amérique perdue dans une spirale de libéralisme carnassier et d'ultra-violence, l'oeuvre de Tom Sweterlitsch cogne dur et sec. Derrière la noirceur de son récit, le roman n'oublie pourtant pas l'affect et l'homme égaré dans la folie et la mélancolie, offrant à cette histoire un côté aussi poétique que tragique.
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Premier roman de Tom Sweterlitsch, auteur du très remarqué Terminus, Demain et le jour d'après nous plonge en pleine enquête numérique : dans une ville détruite par un attentat terroriste particulièrement violent, reconstituée de façon virtuelle comme un vaste mausolée, avec ses habitants errant, fantômes numériques, Dominic va tenter de démêler le faux du vrai, de trouver les coupables de disparitions ou de meurtres non résolus.

Un enquêteur « épave »
John Dominic Blaxton est le prototype du personnage complètement déglingué, qui va aller de mal en pis tout au long de l'enquête. Alcool et drogue, menaces, tabassages, enlèvement, toute la panoplie. le héros typique, ballotté d'une souffrance à une autre, pas toujours conscient de ce qui lui arrive. Ça, on l'a déjà vu et lu des centaines de fois. Alors, certes, celui-ci n'est pas détective, mais tout comme, puisqu'il enquête pour une compagnie privée, chargée de faire la lumière sur la disparition de femmes et d'hommes lors de la catastrophe qui a rasé la ville de Pittsburgh (une bombe nucléaire dans une valise) pour le compte des assurances (qui préfèrent payer le moins possible). Certes également, il est un ancien poète et éditeur de poésie, donc venant d'un autre milieu que les détectives des classiques policiers. Mais il leur ressemble beaucoup par sa déchéance et sa décrépitude : son épouse est mort lors de l'attentat et il ne s'en est pas remis. Il passe tout son temps dans l'Archive, la récréation virtuelle de la ville, à observer Thérésa, sa femme. Il vit avec son fantôme en quasi permanence. Et pour mieux y croire, il se drogue tant qu'il peut. Une épave humaine, donc.

Un monde autrement plus original
Ce qui fait la particularité et l'intérêt de ce roman de Tom Sweterlitsch, c'est le monde qu'il a inventé. On commence par cette idée de ville détruite par un attentat terroriste et totalement reconstituée de façon numérique (car le site est toujours en cours de nettoyage et hautement radioactif). En accédant à l'Archive, on peut se promener dans Pittsburgh avant la catastrophe. Grâce aux multiples caméras qui émaillent la ville et aux implants vidéos, des milliards de scènes ont été enregistrées et modélisées. Ainsi, avec le code de votre domicile, vous pouvez retourner dans votre appartement, revivre des moments vécus avec une personne décédée. C'est ce que Dominic passe son temps à faire, retournant avec sa défunte épouse encore et encore, enfermé dans un passé pixelisé.

La connexion est essentielle
Et pour s'immerger totalement dans ce passé reconstitué, il utilise une autre invention de Tom Sweterlitsch, aussi fascinante que terrifiante : le neurospam. C'est un réseau de fils connecté directement à votre cerveau qui vous permet de vous connecter directement aux réseaux sans passer par un smartphone ou autre medium. Bien sûr, cette invention est fascinante, car vous êtes pleinement immergés dans ce que vous visualisez. On peut donc vivre parfaitement une scène. Mais la façon dont l'auteur nous la dépeint fait plutôt peur : imaginez tous les spams qui pourrissent votre navigateur et insérez-les dans votre cerveau. le regard, sans cesse pollué par des publicités, des appels flattant vos instincts les plus bas, cernant vos réactions pour mieux vous proposer l'objet de vos fantasmes. Cela doit être rapidement infernal. Ou bien on s'habitue ? En tout cas, c'est un monde violent, qui agresse en permanence ses habitants avec des injonctions fortes : « ACHETEZ AMÉRICAIN !!! BAISEZ AMÉRICAIN !!! VENDEZ AMÉRICAIN !!! ». Cela rappelle un peu la trilogie de Jean Baret (deux tomes parus : BonheurTM et VieTM, aux éditions du Bélial') et sa publicité omniprésente, tout comme le sexe mercantile. Et, dans une autre mesure, Vigilance, de Robert Jackson Bennett (l'auteur des Maitres enlumineurs), toujours au Bélial', pour la présence abrutissante des médias et le peu de prix qu'ils attachent à la vie, simple variable d'ajustement dans l'obtention d'un programme plus efficace, plus rémunérateur.

Et l'enquête dans tout ça ?
Et oui, Demain et le jour d'après est, après tout, un polar. Futuriste pour le décor, certes, mais classique dans con contenu. Un tueur cinglé, une famille puissante, un gros soupçon de religion bien cramée et vous avez l'essentiel. Je ne dis pas que l'intrigue est creuse, loin de là. le narrateur va mettre du temps à dérouler le fil des meurtres et, en tant que lecteur, je ne me suis pas ennuyé du tout. Je dis juste que ce n'est pas le principal intérêt de ce roman, qui m'a davantage intéressé pour son univers, sa construction, sa densité.

Lire Demain et le jour d'après a donc été pour moi un bon moment, distrayant, violent souvent, mais stimulant, car suffisamment riche et étoffé pour que je sois totalement immergé dans l'histoire. Et cela, sans neurospam !

Merci aux éditions Albin Michel Imaginaire pour ce SP numérique.
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Tom Sweterlitsch a fait son apparition sur la scène française en 2019 avec « Terminus », roman qui a rencontré un important succès auprès du public. Deux ans plus tard, les éditions Albin Michel proposent aux lecteurs de poursuivre la découverte de la biographie de cet auteur avec la traduction de son premier roman, un thriller de science-fiction se déroulant dans un futur proche, aux États-Unis. L'ouvrage met en scène un enquêteur d'un genre un peu particulier puisque ses investigations se déroulent dans une recréation virtuelle de la ville de Pittsburgh. Totalement anéantie suite à un attentat à la bombe nucléaire ayant eu lieu dix ans plus tôt, la cité de l'est des États-Unis a depuis été reconstituée virtuellement dans l'Archive, une formidable base de données qui permet à qui le souhaite de déambuler à nouveau dans la ville et d'y retrouver tous les gens qui y ont vécu, jusqu'au drame. Un endroit étrange donc, bourré de fantômes, dans lequel Dominic Blaxton passe l'essentiel de son temps. Pour son travail, d'abord, puisqu'il est chargé par des compagnies d'assurance de s'assurer de la présence lors de la catastrophe de telle ou telle personne, ou au contraire de leur absence. Pour lui-même, aussi, parce que sa femme était au nombre des victimes et qu'il ne parvient toujours pas à vivre sans elle. Revivant inlassablement ses souvenirs avec son épouse et adoptant une hygiène de vie de plus en plus dangereuse, notre enquêteur va voir son quotidien chamboulé par sa découverte dans l'Archive du cadavre d'une jeune femme, manifestement assassinée avant l'explosion de la bombe. Curieux, notre héros commence à creuser un peu l'emploi du temps de la victime, ce qui n'est pas au goût de certaines personnes puissantes. N'ayant pas lu « Terminus », ce roman est ma première rencontre avec Tom Sweterlitsch, et celle-ci s'est révélée assez contrastée puisque j'ai eu beaucoup de mal avec la première moitié du récit tandis que la seconde m'a bien plus emballée.

Le début du roman est assez fastidieux. L'intrigue met du temps à s'installer et on se demande sans arrêt où veut en venir l'auteur puisque celui-ci multiplie les pistes et fausses-pistes sans qu'on parvienne à discerner laquelle sera le véritable fil rouge du récit. Cela donne une impression confuse un peu désagréable qui ne sera vraiment dissipée que passée la seconde moitié du roman, ce qui met la patience du lecteur à rude épreuve. le second gros point noir concerne l'univers en lui-même qui ressemble par bien des aspects à celui développé par Jean Barret dans « Bonheur TM ». L'auteur nous y dépeint y futur ultra connecté, dans lequel tout le monde possède un implant cérébral qui permet de superposer à la réalité des éléments virtuels plus ou moins convaincants en fonction de la qualité de l'appareil. Cela s'accompagne évidemment d'une plus grande intrusion de la publicité dans la vie des citoyens qui sont parasités en permanence par des spams, des slogans ou des pubs vantant tel programme, tel objet, tel site… Cette omniprésence du marketing qui interfère en permanence avec les pensées du personnage se révèle extrêmement agaçante et, quand bien même il s'agirait justement de la sensation que l'auteur chercherait à transmettre à ses lecteurs, il n'empêche que le sentiment d'oppression persistant est lassant. Lassitude d'ailleurs renforcée par la nature de ces interruptions intempestives qui sont, dans leur grande majorité, pornographiques. La vision des femmes telle que véhiculée dans le roman est d'ailleurs problématique dans la mesure où, durant la quasi totalité du récit, celles-ci sont cantonnées à deux rôles types ultra clichés : celui de la future mère belle et pure et celui de la salope. Épouse décédée du héros mise à part, absolument toutes les femmes qui défilent dans la première partie du roman sont dépeintes comme aguicheuses, déambulent en petite tenue ou tiennent des propos évocateurs. Là encore on comprend bien qu'il s'agit d'une volonté de l'auteur de dépeindre une société ultra-sexualisée, et non pas de simple voyeurisme. Seulement, là encore, le sentiment qui prédomine chez le lecteur est la lassitude, voire le dégoût devant le côté vraiment trash de certaines scènes.

Toutes ces raisons ont failli venir à bout de ma motivation qui aura malgré tout été récompensée par la deuxième moitié qui se révèle plus intéressante et mieux rythmée. La lecture se fait plus fluide, l'aspect brouillon disparaît maintenant que l'on a bien cerné où voulait en venir l'auteur et les personnages se complexifient un peu plus. le roman prend alors des allures de véritable page-turner, les différents éléments de l'intrigue présentés au début du récit trouvant enfin tout leur sens. J'ai également été soulagée de l'apparition d'un personnage féminin plus travaillé échappant enfin aux deux figures types évoquées plus haut. Les intrusions publicitaires se font quant à elle plus rares, l'intrigue prenant enfin le dessus sur la simple exposition des spécificités de cet univers futuriste. le personnage principal m'a, en revanche, laissée totalement froide tout au long de l'histoire : impossible d'éprouver la moindre empathie pour cet homme tourmenté incapable de renoncer au fantôme de son épouse au sort de laquelle je n'ai pas non plus réussi à compatir (alors qu'il y a pourtant de quoi !). Peut-être cette indifférence est-elle due à la vision clairement idéalisée de cette femme que le personnage ressasse sans cesse, ce qui a pour conséquence de la faire paraître totalement artificielle… Les passages au cours desquels celui-ci se souvient des moments les plus marquants de sa vie avec elle parviennent pourtant parfois à émouvoir, notamment lorsque le sujet tourne autour de leur difficulté à concevoir un enfant. le second protagoniste, qui arrive trop tardivement, est quant à lui bien plus convaincant et attachant, ce qui participe grandement à rendre la seconde partie passionnante. La conclusion est toutefois décevante et un peu dérangeante car particulièrement sordide, ce qui vient renforcer la sensation de malaise évoquée dans la première moitié.

Tom Sweterlitsch signe avec « Demain et le jour d'après » un thriller futuriste intéressant mais qui m'a laissée un sentiment très mitigé. Car pour atteindre la deuxième moitié du roman et ainsi prendre véritablement plaisir à la lecture, il faut passer par une première moitié confuse et pesante qui permet, certes, de planter le décor, mais court aussi le risque de perdre le lecteur. le rôle dévolu aux femmes dans le roman est également problématique : quand bien même celui-ci s'explique par la nature même du futur dépeint par l'auteur, cette accumulation de corps féminins systématiquement sexualisés ou martyrisés a incontestablement participé à rendre la lecture très pénible.
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L'événement fondateur : l'explosion nucléaire d'origine terroriste qui détruit Pittsburgh dans les années cinquante de ce siècle. Cela s'est produit dans un monde hyper-connecte où routes les évènements sont enregistrés et stockés dans le cloud, et peuvent être restitués et consultés. le héros, John Dominic Blaxton, travaille comme enquêteur pour une compagnie d'assurance. Il est chargé d'examiner le bien-fondé des demandes d'indemnisation concernant le sinistre de Pittsburgh et donc à travailler sur les archives concernant l'explosion. Il a perdu sa femme dans l'explosion, et son travail lui permet de revivre et revivre encore les moments qu'il a vécu avec elle. Un dossier sur lequel il travaille l'engage dans une enquête policière. Il va découvrir des homicides et enquêter sur eux.
Le livre fonctionne très largement comme un roman policier.
Sa principale originalité réside dans la société hyper-connecte qu'il dépeint où chaque individu est équipé d'un implant neuronal qui lui permet de recevoir des flux continus d'information, tant sur ce qu'il recherche que sur ce qu'il ne recherche pas, notamment des publicités omni-presentes. Ces informations ne lui parviennent pas par le truchement d'un écran mais par impulsions neuronales directes, ce qui, notamment pour les remémorations et restitutions d'événements passés, tels que ceux de l'Archive de Pittsburgh, crée un effet d'immersion totale. La perte de contact avec la réalité est évidemment très facile.
Selon le rapport de chacun à l'informatique, aux réseaux sociaux et aux objets connectés,et aux objets connectés, la perspective de cette évolution apparaît comme un rêve ou un cauchemar. Malgré tout, cela n'est pas très engageant, à supposer qu'une telle évolution technologique soit possible et acceptée. Sur le plan de l'acceptation, voire pour certains de la désirabilité,cil ne faut jurer de rien.

A noter malgré tout que le principe même de l'archive qui implique que tout ce qui peut être enregistré l'est et peut être consulté aboutit à la suppression totale de la notion de vie privée, ce qui entraînerait une évolution législative qui semble inconcevable, tout au moins à moyenne échéance.
Je ferai par ailleurs une réserve sur le plan stylistique : la narration par phrases hachées, entièrement au présent, est pénible à la longue. Peut-être cependant est-elle appropriée à la description de la perception de la réalité induite par les implants neuronaux.
Par les questions qu'il pose, le livre est stimulant sur le plan intellectuel.
En revanche l'enquête policière peine à intéresser vraiment. Et comme dit plus haut, le style est fatigant.
Une demi-reussite donc
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J'avais lu le premier livre de Tom Sweterlitsch, Terminus, sorti en mai 2019, et il m'avait marquée. Parce que l'illustration de couverture, d'Aurélien Police m'avait agressée. Visuellement parlant, sexuellement parlant, il y avait une "double vision" possible. La chronique de Terminus ici : https://melieetleslivres.wordpress.com/2019/05/16/terminus-tom-sweterlitsch/ le monde construit par Sweterlitsch m'avait marquée aussi : j'ai fait la connaissance avec la mousse quantique, par exemple. J'avais déjà lu des romans de fantasy et d'anticipation, mais là, c'était du nouveau. Et finalement j'ai aimé. Surtout le côté horrifique et le suspense.

Pour "Demain et le jour d'après", Sweterlitsch immerge le lecteur dans un monde très différent. Nous sommes dans un futur proche, les humains n'ont plus de téléphone, plus d'écrans, d'ordinateurs ou même de télévision. Ils ont un neurospam, un implant dans le crâne, qui est branché sur leurs cinq sens, les démultipliant en puissance, ainsi que des lentilles rétiniennes. le neurospam est constamment connecté, à certains réseaux publics, ou privés. Ainsi des images sont projetées devant la personne, des publicités d'abord, qui aparaissent presque en hologramme, tant la vision est augmentée. Des recherches à faire ? On trouve dans le neurospam. Des films, concerts , évènements, on demande au neurospam. On le consulte. Et le nombre d'alertes info, de faits divers, la pub, chaque américain est presque submergé.Ce type de monde est la cybernétique, et on peut même le qualifier de cyberpunk, tant l'ambiance est pesante et noire.
L'histoire : Il y a dix ans, Dominic Blaxton, un éditeur de poésie, poète lui-même, était en train de mettre en place un codage pour éditer les livres de poésie au format numérique et une bombe nucléaire a rasé la ville de Pittsburg où il vivait. Ce 21 octobre-là. Sa femme, enceinte de huit mois a été transformée en cendres en un instant, comme les 500 000 autres habitants de cette ville. Mais Dominic était en déplacement. L'horreur absolue pour lui, et pour des centaines de milliers de proches des victimes parties en poussière.
Dominic travaille désormais pour une entreprise d'enquêtes pour les assureurs : autant de morts, autant de familles à indemniser, mais certaines morts ne semblent pas dûes à la bombe, mais accidents, ou crimes, ou suicide, dans ce cas les assurances doivent mettre à part ces gens-là. . Son neurospam est connecté à une mémoire publique qui a restauré le Pittsburg d'avant la bombe, reconstituée d'images de caméras de sécurité, de mémoire rétinienne des survivants. Cette mémoire est appelée L'Archive. Les enquêteurs comme Dominic ont un accès spécial à cette mémoire publique, en plus de leurs propres souvenirs. Il retourne constamment voir sa femme dans le passé, la regarder, être près d'elle, par ses souvenirs recréés en réalité augmentée, mais aussi dans l'Archive. Pour être à ses côtés.
Depuis dix ans, il est en dépression, traité pour SSPT aussi, et il voit plusieurs thérapeutes. Il se drogue, aussi parfois. Il est au bout du rouleau.
Mais au cours d'une promenade virtuelle, où il sait que sa femme allait se promener, donc il s'en va la rencontrer, dans un passé mémoriel et pourtant si réel en apparence, il tombe sur le cadavre d'une femme, qui est à moitié déterré du lit boueux d'une rivière. Son boss lui demande d'enquêter sur elle, trouver son nom, comment elle a été tuée, quand, et par qui. C'est son boulot. Il la "file" dans le passé, par l'Archive, et visite ainsi des dizaines de boucles temporelles et spatiales. Mais cette fois ce travail, auquel il est habitué : trouver, résoudre, faire un rapport, se heurte à des difficultés successives, et cette course dans l'Archive à la recherche de personnes disparues devient très dangereuse, des gens haut placés le menacent.

Ce livre est foisonnant dans le "Worldbuilding", il est tellement étonnant (pour moi, au moins, qui ne suis pas une spécialiste férue de SFFF) que j'ai mis longtemps pour comprendre, pour visualiser le contexte présenté par l'auteur. Page 90 environ, l'intrigue a pu démarrer, à force de notes de lectures nombreuses pour m'y retrouver. C'est un thriller également, mais j'avoue m'y être sentie perdue parfois, l'intrigue allant un peu dans tous les sens, avant que j'aie eu le temps de tout comprendre. Je ne doute pas un seul instant que les amateurs adoreront, mais je mets un petit bémol personnel pour les complexités rencontrées.


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Demain et le jour d'après est un roman de science-fiction que j'ai dévoré d'une traite. John Dominic est au fond du trou. Sa femme enceinte a perdu la vie lors de la bombe nucléaire qui a ravagé Pittsburgh. Depuis ce jour-là, John Dominic boit et se drogue pour oublier. Il aime traîner dans l'Archive, cette recréation virtuelle de sa vie d'avant, afin de revoir sa femme. Enquêteur pour une compagnie d'assurances, il découvre un jour, dans cette fameuse Archive, le corps d'une jeune femme. A-t-elle été assassinée? Et par qui? John Dominic ne sait pas dans quel piège il a mis les pieds…

Qui dit roman de SF dit technologie. Dans cette société, les êtres humains sont équipés d'une puce placée sous le crâne qui leur permet d'être abreuvé d'informations en permanence. Pubs, spams, CV, connaissances, tout apparaît en un instant à celui qui se connecte. La société est hyper-sexualisée et violente. Il n'est pas rare de voir en direct des exécutions ou la dernière sex-tape de la présidente… Ces infos parasitent le héros mais aussi le texte. Il faut donc s'y faire mais une fois le pli pris, j'ai trouvé que cette idée était vraiment géniale.

Les cent premières pages m'ont paru un peu longuette car le personnage de John est au fond du trou. Il se morfond et explore sans cesse l'Archive afin de revoir sa femme en virtuel. On sent son amour profond pour celle qui portait leur enfant. Il faut donc s'accrocher un peu jusqu'au moment où le thriller prend le dessus. J'ai été alors happée par cette enquête complètement délirante et violente. John Dominic a mis le doigt sur un terrible enjeu alors même qu'il enquêtait sur l'assassinat d'une jeune femme. C'était tout simplement passionnant et j'ai eu du mal à lâcher mon bouquin. Âme sensible s'abstenir.

« Demain et le jour d'après » est un excellent roman de SF qui met lumière de nombreux problèmes, peut-être futurs et possibles, de notre société: l'hyper-connectivité, le rapport aux réseaux sociaux, la sexualisation. Explorant la noirceur de l'âme humaine, Tom Sweterlitsch nous livre un roman haletant.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Du cyberpunk, Tom Sweterlitsch a conservé les implants, porte ouverte sur tous les savoirs et porte d'entrée à toutes les sollicitations (principalement commerciales, de sexe et de drogue) et le métavers, monde virtuel constitué de toutes les données archivées d'un lieu (ici Pittsburg, États-Unis). du polar, l'auteur a sélectionné le profil de l'enquêteur drogué, veuf suite à un attentat terroriste qu'une enquête va sauver de la chute inévitable. Que le narrateur soit ici un enquêteur pour une compagnie d'assurances ne change pas grand chose au propos…
Après un petit passage au shaker, le résultat donne « Demain et le jour d'après », dans lequel John Dominic Blaxton se rend journellement dans l'Archive, un Pittsburg virtuel, afin de savoir si les requêtes formulées par les assurés ont bien un lien avec la bombe nucléaire qui a rasé la ville. Forcément, il tombe sur un cadavre dont la mort n'est pas dû à la bombe.
Si le mélange des genres est sympathique, si l'écriture immersive est agréable, reste que l'auteur emprunte un sillon déjà allègrement labouré : la chute des États-Unis d'Amérique dans une dictature sécuritaire ; la mainmise de l'économie et du commerce sur le libre-arbitre et la pensée ; les mondes virtuels qui emprisonnent en ne laissant plus l'oubli faire son oeuvre.
J'ai regretté une surenchère de violences, de publicités, d'apparences, aux dépens de l'originalité et de la créativité : les « vrais » méchants ont une situation au-dessus de tous soupçons ; l'argent donne tous les droits ; la liberté est elle aussi virtuelle…
Un roman très prévisible, mais qui fait le boulot tout de même.
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Nous avions déjà rencontré l'auteur avec Terminus et là encore il nous livre une intrigue sombre où le désespoir fait rage. Si vous pensez que les polars sont trop violents, alors imaginez un polar qui se déroule dans un futur proche où un attentat nucléaire a eu lieu et a amené une profusion de décadence et de désolation. On a toujours le droit normalement au policier brisé par la perte d'un proche et qui boit un peu trop d'alcool, alors imaginez à présent un ancien éditeur de poésie qui a perdu sa femme enceinte, qui est devenu enquêteur pour les assurances et qui est continuellement connecté.

Bienvenue dans un futur plus proche de nous (plus réaliste même pour certains) où le monde a basculé définitivement du côté de la noirceur et de la déchéance. Bienvenue dans un monde où la technologie a presque détruit notre humanité, empêche quiconque d'avancer, pollue les pensées par des publicités constantes et où l'art, la poésie, l'amour des mots ne semblent plus avoir aucun sens... Vous l'aurez compris : après avoir lu ce livre vous aurez sérieusement besoin de revoir un ou deux films Disney pour vous remettre de cette atmosphère.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui intensifie les problèmes de notre propre société, qui démontre que nous allons droit dans le mur à continuer à avancer à l'aveugle, à ne pas vouloir voir ce qui nous attend au bout de la route. C'est un titre qui ne fait aucune concession, qui ne cherche pas à nous épargner et qui est pour cela d'une grande nécessité pour amener certaines prises de conscience. Bien entendu, l'enquête en elle-même est prenante, elle s'harmonise parfaitement avec les questionnements proposés par l'auteur sur notre avenir, notre société actuelle, notre rapport à la technologie et autres enjeux contemporains. Qu'est-ce qui nous attend demain et le jour d'après ? À vous de le découvrir et à vous de jouer pour éviter que cela arrive...
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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