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Critique de Escapist


Une légende qui s'inscrit à jamais dans l'histoire de la bande dessinée. Amateurs et amatrices d'heroic fantasy médiévale, de combats cruels et sanglants, de violence irraisonnée et de sagesse sauvage, n'attendez plus pour dévorer cette série.

On se sent tout d'abord attiré par les splendides première et quatrième de couvertures aux reflets de feu rehaussées par l'or flamboyant du titre dont le soucis du détail le place comme une oeuvre forgée par l'art médiéval. Dominé par un homme aux traits déterminés dont le regard nous fixe intensément, un jeune garçon à l'air plus indécis se tient sous la protection de deux loups gris. le ton est donné. Les chaudes couleurs nous incitent à nous approcher de plus près dans cet univers mystérieux où combats et souffrances semblent régner. La page est alors tournée... et nous voilà plonger au coeur d'une forêt sinistre aux arbres dénudés dont la sérénité n'est troublée que par une cavalcade d'hommes armés. "Nous l'avons perdu!" C'est sûr ces mots que débute l'histoire, une histoire prise en cours d'action et qui nous prend en haleine dès la première page, au rythme des essoufflements des soldats et du claquement des sabots des chevaux lancés au galop. S'en suit une mortelle bataille avec un homme inconnu, pourchassé avec une telle intensité qu'il semble évident qu'un destin particulier l'attend. Exténué, ravagé par la douleur, notre blond chevalier bascule et s'effondre au seuil de la piteuse demeure d'une sorcière. Ces événements nous sont contés par un mystérieux narrateur qui se présente sous le nom d'Aered de Hilseim. Ce chroniqueur cède alors la parole à celui dont il retrace la vie. Perlant de sueur et à l'aube de la mort, notre mystérieux inconnu se décide alors à raconter l'histoire de sa propre vie.

Au coeur des cités médiévales, l'histoire se déroule dans un duché germanique où traîtrise, mensonges, alliances empoisonnées et jeux de pouvoir se mêlent à la sorcellerie. C'est dans ce monde agité qu'évolue notre chevalier, Tristan de Halsbourg, encore à l'âge de l'enfance. En parallèle d'une vie ducale malsaine, il mène une existence heureuse aux côtés d'une meute de loups, recueilli par un étrange Garou au sein des forêts verdoyantes jusqu'à ce que son destin le rattrape et le mène à la rencontre de ses tourments. Trahison, sang, éducation rigoureuse... sa vie ne fait que débuter au son des fers qui s'entrechoquent et des gifles assénées tandis que plane le mystère de sa naissance et la raison pour laquelle on tente à tout prix, surtout celui du sang, de le capturer.

Swolfs signe ici une bande dessinée de qualité et illustre la célèbre locution "l'homme est un loup pour l'homme". Ayant déjà pu lire la série "Le prince de la Nuit" du même auteur, la différence est évidente et la profondeur de l'enseignement plus marquée. le canevas de l'histoire peut sembler simple, mais Swolfs l'amène d'une manière originale, ponctuée d'énigmes et de surnaturel. La qualité du dessin s'observe au fil des pages et plus on avance, plus les traits semblent plus forts et l'énergie plus vive. Les personnages sont marqués par une intense puissance, des traits, d'esprit. Les caractères nobles et les plus vils se mêlent pour proposer un monde ravagés par la haine, l'envie, la fornication, la dureté de l'enseignement, la vengeance et la cruauté.

Il en sort que ne sont pas plus sages et humains ceux que l'on pense, ceux qui se targuent de construire des cités florissantes et de dresser d'imposants monuments dans une société réglementée par des lois. La sagesse et la philosophie de vie la plus saine se trouvent finalement au coeur de la "sauvagerie".

Remercions donc les éditions Soleil pour, à nouveau, nous proposer une magnifique version d'un bande dessinée riche en puissance et en détails. Mais remercions également Swolfs de nous faire profiter de son univers, implanté dans des faits historiques, et qui choisit à merveille un sujet intéressant sur lequel faire fleurir son imagination. Avec un nom pareil, on ne pouvait rêver plus approprié qu'un travail sur le loup, l'homme et sa cruauté.
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