La véritable histoire vraie, tome 4 : Robespierre

Qui était vraiment Robespierre ? Si je n'avais que peu de doutes quant aux personnages détestables que furent Hitler et Staline, je me suis rendue compte que pour Robespierre, j'avais entendu tout et son contraire.

Pour certains, c'était un tortionnaire, un assassin, un génocidaire (vu comment il a fait tourner la guillotine) et pour d'autres, c'était un visionnaire, un homme bien, un homme opposé à la peine de mort, qui a fait beaucoup pour la France. Et moi, là-dedans, je ne comprenais plus rien.

En fait, le Robespierre, il est un peu comme le Pétain : un héros à une époque (Première guerre mondiale) et un salopard à une autre (Seconde guerre mondiale). Toute l'ambiguïté de l'Homme dans un seul.

Pour avoir une juste vision de l'homme de la révolution française, il faut tout prendre en compte et pas seulement ce qui nous arrange.

Oui, Robespierre était opposé à la peine de mort, sauf quand elle l'arrangeait. Couper les têtes du roi et de la reine, il était pour. Pour se débarrasser de tous ceux dont il se méfiait, dont il pensait qu'il complotait, ça ne lui en touchait même pas une de les laisser se faire faucher la tête par le rasoir.

Cette bande dessinée retrace donc le parcours de Robespierre, de sa naissance à la révolution et ce qui a suivi ensuite.

L'homme n'est pas tout blanc, en effet, et ce ne sont pas ses quelques prises de position contre la peine de mort ou pour faire avancer les choses du bon côté, qui me le rendront sympathique.

Pour moi, il entre dans le camp des salopards d'assassins qui, malgré leurs crimes, leurs horreurs, malgré les années de Terreur qu'ils ont fait régner, malgré les morts, sont toujours encensés de nos jours.

Si cette bédé n'atteint pas le niveau de celles consacrées à Torquemada, Hitler et Staline, elle m'a tout de même appris des choses historiques et permis de me faire une idée de cet homme, qui ne se retrouvera pas du côté des chevaliers blancs oeuvrant pour le bien du peuple.

La vie de Robespierre de sa naissance à sa fin.
J'ai déjà lu pas mal de choses sur la Révolution Française ainsi que sur Robespierre (Je suis allé au probablement seul lycée de France appelé Lycée Robespierre !). J'ai donc lu et entendu beaucoup d'avis divers sur Robespierre.

Après la calamiteuse expérience de lecture de la BD "Révolution" de Grouazel, j'ai abordé celle-ci avec beaucoup de circonspection.
J'ai été conquis dès les premières planches !

Le graphisme d'abord, clair, lisible, traitant le décor, les costumes, les personnages avec beaucoup de respect historique alors qu'au premier abord, on passerait d'abord à une BD humoristique. On sait aussitôt qui parle, où on se trouve, quelle catégorie sociale est concernée.
Certaines cases prêtent à sourire avec leur petite dose d'humour un peu potache mais sont surtout l'occasion de préciser un événement non historique mais un état d'esprit d'un personnage, une décision qu'il va prendre et dont la conséquence historique est importante.
Cela apporte un peu de légèreté dans cette époque particulièrement trouble et incertaine, donne une petite respiration, tout en n'étant cependant pas simplement gratuite.
Le dessinateur habitué à des planches humoristiques a su garder cette approche tout en effectuant un travail précis sur le plan historique.

Pour le scénario, là aussi le découpage est parfait. Les événements majeurs, y compris certains passés sous silence habituellement et pourtant importants, sont clairement présentés. Pas de confusion d'interrogations sur les tenants, les aboutissants ou les acteurs.
Le travail didactique est remarquable. Il réussit le tour de force de présenter de façon intelligible et claire l'enchaînement des événements et, beaucoup plus rares, les intentions de chacun, ce qui pousse à tel ou tel comportement.

Peut-être pourrait-on regretter la présence extrêmement discrète de Danton. Il est vrai qu'il s'agit de l'histoire de Robespierre et non de Danton, pas plus que celles des autres acteurs de cette époque.
L'approche est assez objective mais, comme dans tout ouvrage portant sur l'histoire, il est très difficile de les réaliser avec une totale objectivité. On sent très bien que l'auteur n'est pas un robespierriste mais ce n'est pas pour autant qu'il noircit le trait. Là aussi le travail est remarquable.

Voilà de quoi réconcilier certains allergiques avec L Histoire.
Voilà de quoi replacer en perspective les différents temps forts de cette période, tout en comprenant les articulations principales.

Enfin, pour compléter ce travail, les auteurs ont placé en fin d'ouvrage des extraits de livres ayant traité de Robespierre, par des auteurs pro ou anti Robespierre.
Un plaisir de lecture associé à un ouvrage historique sérieux.

Un livre que je recommanderai et qui me donne grande envie de lire les autres opus de cette sélections.

Robespierre est exécré par certains et vénéré par d'autres. Cette BD a l'avantage de laisser le lecteur se faire son avis en fonction des faits historiques connus.
L'humour qui se dégage des bulles facilite la lecture des moments dramatiques. le visuel des dessins et la colorisation sont agréables.
Les explications fournies en fin d'album sont intéressantes pour cerner l'homme politique que fut Robespierre.

A lire, au moins pour mieux connaitre l'histoire plutôt atypique de Robespierre. Pour le reste, si le trait de Bercovici colle bien aux Femmes en Blanc, il ne donne pas à l'oeuvre un relief particulier, rendant le tout parfois un brin...vulgaire. Et l'humour tombe souvent à plat. Dommage.